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Un exercice de style remarquable: l'histoire d'un délinquant racontée sous la forme d'une suite de parodies d'attendus, de coupures de presse, de rapports d'expertises psychologiques et de rapports de contre-enquête. Ça commence à la maternelle et ça se termine dans les suites d'un braquage pas clair. Drôle et décalé, mais profond. Une pépite !

Voilà qui change de l'ordinaire, assurément ! On commence par une cinquantaine de pages de paragraphe commençant par « Attendu que » (rassurez-vous, on finit par ne plus les voir) décrivant les bêtises de gamins de cinq ans à la maternelle sur ton de rapport judiciaire: le petit Bruno mord les fesses de la petite Valentina, le ton monte entre les parents et les enseignants, provoquant une cascade de catastrophes. Tout enseignant a été le témoin de ce genre de conflits dans sa vie de tous les jours. Ils sont si bien caricaturés qu'ils forcent à rire et le ton judiciaire ne fait qu'augmenter le côté disproportionné de la réaction que peuvent avoir certains parents face à de banales disputes d'enfants (bien que, c'est vrai, on rencontre parfois des petits monstres qui souffrent d'une réelle pathologie).

Et puis le petit Bruno grandit et devient un délinquant. Ses frasques sont alors rapportées sous forme de coupure de presses, dans lesquelles on s'amuse à voir un même événement rapporté de diverses manières, suivant les sensibilités politiques des différents journaux. Bruno est alors arrêté et fait l'objet d'une expertise psychologique, dont on lit les rapports. Là, on voit le jeune se jouer du psychologue qui, stoïque, interprète son comportement d'une manière qui semblera complètement déconnectée de la réalité. On peut espérer que ce rapport est une réelle parodie (le psychologue deviendra en fait son allié). Prise au second degré, cette parodie fera réfléchir aux difficultés de dialogue avec certains délinquants et peut-être au temps qui est nécessaire à des équipes sociales pour leur apporter une aide effective. Mais au premier degré, avec une dose de mauvaise foi, la parodie est succulente. Je ne peux résister à l'envie de citer un long extrait: «  D'évidence, parmi les boutades obscènes et attaques directes qui nous ont été adressées -dont celle-ci: ‘Les pédopsys, caca-pipi-thérapie, non merci!'-, le jeune détenu a fait usage de nombreuses formules toutes faites. Sous l'apparence d'une feinte spontanéité, ces assertions restituent à la lettre les stéréotypes d'un endoctrinement préalable. Ce qui donne à croire que cet agitateur d'un âge propice à toutes les influences a dû être, est et demeure sous le joug d'un petit milieu sectaire, animé par quelques manipulateurs expérimentés qui, en faisant miroiter la faillite des pouvoirs institués, cherchent à exercer sur lui une autorité a-morale. » Et le récit continue avec d'autres coupures de presse etc.

Mais le livre n'est pas un simple divertissement stylistique. Il offre un fin portrait de l'évolution d'un jeune, mettant l'accent sur l'importance de ses proches et de ses fréquentations et montrant, parfois par la caricature, comment il peut se retrouver pris dans un engrenage l'entraînant vers sa perte.

Je suis persuadé que ce livre peut être lu et relu: à chaque relecture, on découvrira une pépite que l'on avait manquée (c'est comme pour Astérix, oserais-je écrire).

Il y a bien longtemps, j'ai échangé quelques messages avec Yves Pagès. Il venait de faire paraître le recueil de tous les slogans que ses parents avaient soigneusement recopiés des murs de la Sorbonne, où ils travaillaient en mai 68. Mais je ne le connaissais pas comme auteur. Heureusement, ma bibliothèque favorite avait mis ce livre en évidence, piquant ma curiosité. Je garde maintenant Yves Pagès en bonne position parmi mes auteurs à suivre.
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Ce roman m'a fait passer des moments fort agréables, plein de sourires, d'ironie. Il est écrit dans les différents jargons de la justice : le Tribunal, les experts, la police, les journalistes.
C'est une pépite et un remède à la morosité.
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Yves Pagès est un auteur et éditeur français bien connu dans ce petit monde. le voilà qui revient en librairie avec Encore heureux publié aux Editions de l'Olivier. L'histoire d'un rebelle en quête de liberté dans une France qui se cherche après mai 68. Un roman ponctué d'humour et à la construction plus que surprenante que Lettres it be est allé découvrir pour vous.


# La bande-annonce


Bruno Lescot est en cavale. Sa jeunesse, il l'a passée à collectionner les délits, jusqu'à son dernier exploit, ce faux braquage qui a coûté la vie à un policier. Aujourd'hui, coupable tout désigné aux yeux des juges, il préfère disparaître. C'est donc sans lui que se déroule son procès, et que s'enchaînent les expertises et les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé. le portrait qui se dessine alors est celui d'un homme de sac et de corde, aux fidélités multiples, prêt à toutes les aventures, pourvu qu'elles défient l'ordre et ses gardiens dont il aime à se moquer.


Car Lescot est un ironiste d'un genre particulier, plaçant si haut la liberté qu'il est prêt à la perdre pour un mot d'esprit retors.


Encore heureux ? Une bombe littéraire. Au lecteur d'allumer la mèche.


# L'avis de Lettres it be


Le nom d'Yves Pagès ne vous est peut-être pas inconnu. Déjà grâce à sa bibliographie plutôt bien fournie, que ce soit par des essais ou des romans, mais aussi par le fait que notre homme soit l'un des actuels dirigeants de la collection de la maison d'édition Verticales. Un palmarès bien intéressant et qui suffit à se convaincre de se pencher sur son dernier livre, Encore heureux.


Ce récit est donc découpé entre manchettes et articles de presse, dépositions et éléments juridiques puis, de temps à autre, récit narratif tout à fait classique. Voilà une chose qui saute aux yeux dès les premières pages. L'auteur y fait le pari de l'originalité en débutant son roman par toute une collection de « Attendu que », exactement comme ce que l'on pourrait retrouver dans un texte de droit, un compte-rendu de jugement etc. L'idée étant de suivre, à travers ce puzzle savamment construit, le parcours du jeune Bruno Lescot, de ses premiers faits d'armes déjà à l'école jusqu'à ses plus grands actes de rébellion.


On suit donc le fil d'une vie qui interpelle, le fil d'une existence placée sous le signe du refus de la condition trop imposée dans une France des années 70 et 80 au tournant de se période contemporaine. La politique, les premiers tremblements sociaux, le réveil post-68 … Tout y passe dans ce roman qui, parfois, se perd entre critique autobiographique d'une société qui a (déjà) implosé et roman d'initiation d'un punk bien de chez nous et un peu anar' qui se cherche sans vraiment se trouver. Toujours est-il que l'auteur tient à instiller dans nombre de paragraphes un humour qui fait mouche à bien des reprises. Un petit plus qui égaie largement la lecture.


Découvrez le reste de la chronique sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Avec « Encore heureux », Yves Pagès ancre une intrigue policière dans une France qui chemine grosso modo des événements de Mai 68 à l'élection de Mitterrand en Mai 81. Son personnage principal, le dénommé Bruno Lescot, multiplie les bourdes, et se fait vite connaître des services de police; ‘encore heureux' qu'il puisse compter sur le soutien sans faille de quelques proches : sa grand-mère, son psy, son simili beau-père.
Déjà tout petit, Bruno Lescot avait l'art de se mettre dans des situations délicates. Adolescent frondeur, il se marginalise peu à peu, jusqu'à se trouver impliqué dans un hold-up grandguignolesque, qui coûte la vie à un policier. Pourchassé par les forces de l'ordre, condamné par contumace à la perpétuité, il disparaît, puis réapparaît…il mène une vie de cavale, enchaînant les pieds de nez à l'autorité, et semant derrière lui comme des petits cailloux ses graffiti provocateurs.
La structure du livre alterne comptes rendus juridiques, articles de journaux, expertises psychiatriques et auditions de témoins ; et le style du récit, à chaque fois, s'adapte en fonction de ces différentes sources d'information, avec toutefois un point commun : le pas de côté de l'auteur qui transforme subrepticement ces proses ‘officielles' en ajoutant son petit grain d'humour féroce. Je me suis régalée, car aucun personnage n'en sort indemne, et ils sont nombreux à avoir un jour côtoyé Bruno. Or cet anti-héros, avec ses maladresses, sa naïveté, a le charme des malfaiteurs d'antan; il n'a pas vraiment la classe, mais il a la tchatche, il cisèle ses slogans et peaufine ses croquis. Si les évènements avaient tourné autrement, il aurait peut-être pu devenir concepteur-rédacteur en agence de pub ! Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : http://bit.ly/2nJe0jz
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A la fois exercice de style, portrait entomologique d'une époque et d'une société, récit familial, ce roman est une découverte surprenante.
Le récit se construit "par le côté", sous forme d'articles de presse ou de compte-rendus policiers ou autres, le héros apparaît en creux, ce qui pourrait gêner certains lecteurs peu à l'aise avec la suggestion ou qui auraient besoin d'une narration plus précise ... des évènements reçoivent plusieurs éclairages, avec plus ou moins de recul, ce qui complète des "blancs" dans la compréhension.
La fin du livre nous projette dans le présent, et tout s'emboîte et s'enchaîne jusqu'à la fin, qui nous laisse, peut-être, encore en suspens ... avec plaisir et joie de s'être laissé embobiner !!!
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Bruno Lescot est un bandit d'un genre particulier. Premièrement il est encore en cavale et deuxièmement il est poursuivi pour un faux braquage ayant dérapé, un policier a été tué. Les circonstances de ce braquage plutôt floues n'empêchent pas Bruno Lescot de devenir quasiment l'ennemi public numéro un. Dans ce singulier bouquin, Yves Pagès retrace la vie de cet homme à travers son procès (sans le principal concerné) et de nombreux témoignages provenant de son entourage. On découvre un personnage qui rencontre tôt quelques difficultés avec l'autorité. Et surtout on découvre un personnage plus complexe qu'il en a l'air. Yves Pagès écrit un livre qui retrace un parcours avec beaucoup d'originalité dans la forme. le lecteur se laisse porter par le portrait qui se construit au fur et à mesure, avec un rapport médical, un article de journal, etc. En même temps on sent que l'ironie n'est jamais loin et que Bruno Lescot est aussi la victime d'une société qui déraille une fois sur deux. "Encore heureux" est un roman inclassable et surprenant. Une vraie découverte qui emporte le lecteur dès les premières pages.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre de par son construction, je pense. Pourtant suivre le parcours de Bruno Lescot est intéressant. En plus, l'auteur a beaucoup d'humour. Mais je ne sais pas, c'est le style qui n'est pas passé. Dommage !
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Toute la première partie d'exposition des faits à le mérite de poser le contexte, mais le style est répétitif. La longueur de cet exposé le rend barbant et j'avoue en avoir lu certains passages en diagonale. Je me suis même rendu compte qu'ils n'ont que très peu d'interêt pour la suite.
En fait, j'ai lu beaucoup de passages de ce livre en diagonale…

Lien : https://labaronite.com
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a offrir christophe
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La cavale d'un jeune punk, Bruno, flirtant avec le situationnisme et les revendications anarchistes ne pouvait que m'attirer.

Les premiers faits qui lui sont reprochés remontent à ses cinq ans. Et depuis rien ne semble convenir à ceux en charge d'évaluer les actes de chacun.

À commencer par la justice qui ouvre le livre en énonçant les récriminations. « Attendu que… » et elles s'égrènent sur le premier chapitre et sur l'enfance de Bruno. « Attendu que… »

Viendront les jugements de valeur d'un journaliste de Paris Match, les analyses toutes teintées de morale et de bienséance d'un psychiatre arrogant.

Bref, c'est la société dans son ensemble qui condamne ce jeune homme en en le regardant qu'à travers le prisme de la bien-pensance.

Mais n'allez pas croire qu'il s'agit d'un livre triste. Mélancolique, certainement. Mais on sourit souvent en suivant Bruno durant ces années 80 qui ont vue tous les renoncements devenir des valeurs, pour cause de « réalisme », et les rêves d'autrefois, des utopies d'enfants gâtés, sous la plume de ceux qui « savent » et font l'opinion.

Si le psychiatre, au fil du récit, évolue jusqu'à jouer un rôle moins archétype que sa première apparition le laissait entendre, toute la société condamne Bruno et le contraint à fuir.

Yves Pagès mêle les registres d'écritures pour livrer un presque polar aboutissant au coup de théâtre final.

Un livre foncièrement politique, avec son héros en Don Quichotte des temps modernes.

Un livre où l'humour et le désespoir se mêlent pour nous offrir un merveilleux moment de lecture.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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