Le château de ma mère

Le château de ma mère… Ou la relecture d'un bouquin retrouvé lors d'un déménagement.

- Tu relis des trucs ? Comme si t'en avais pas assez que t'as jamais lu …
- Bin oui des fois je relis des trucs… ça m'arrive, c'est pas un crime non plus…
- Ça, ça se discute… dis le à ceux que t'as pas lu et qui meurent doucement à côté de ton lit…
- Mouais bon…
- Et elle était bien cette relecture ?
- Heuuuu…. Non.

Et oui… non… elle était pas bien. Déjà je dois dire deux trois trucs.

Ma première lecture date d'une autre vie, le bouquin lu au collège (pas la lecture obligatoire, le prof s'en foutait de ce qu'on lisait, il nous laissait choisir, lui pourvu qu'on lisait c'était le plus important.) Et à cette époque-là, je découvrais le père Marcel, et je m'étais fait la trilogie, La gloire de mon père, le dit château de ma mère et le temps des secrets, où je me souviens avoir verser toutes les larmes de mon corps, je me souviens même du moment, et même de la phrase plus de trente ans plus tard, foutu Lili !…. A cette époque j'avais encore un petit coeur tout mou…

J'ai d'ailleurs confondu durant toute ma vie, la phrase en question est dans le château et non pas dans le Temps des secrets, à moins qu'il ne l'ai ressorti… ça je ne sais pas, je ne sais plus…

Bref….
Ensuite, je soulève mon chapeau aux vielle Edition de poche où c'est écrit gros ! le mien en l'occurrence, les lunettes sont restées sur la table de nuit. Merci. Alors peut-être que c'était destiné à la jeunesse ? Mais pas certaine… il n'empêche ça c'était bien.

Niveau style ça se défend, pas désagréable, ça se lit bien, facile, tranquille. Certes une écriture d'un autre temps. J'ai lu des trucs pire, et bien plus chiant à ce niveau-là.
Ensuite cela vaut-il un coup de pitch ? genre c'est quand même ultra connu… entre les films, les adaptations télé et que sais-je encore.
Mais soit.
Pitch :
Un homme, Marcel, raconte le gamin qu'il était dans ses collines provençales. le gamin à neuf ans, et c'est les vacances. En gros.

Et bin je m'attendais pas à ça…. J'ai sauté des pages.
-Toi sauter des pages ? nan mais j'ai bien entendu ? Sur du Pagnol ? C'est quoi ce bordel ?
-ouaip… plein en plus, à la toque… des tas.
-Mais pourquoi donc ?
-en deux mot : Chasse et oiseaux.

Toutes la première partie de ces soi-disant vacances est de la chasse… chasse aux oiseaux, avec fierté d'en avoir chopper autant. Ah Paul comme je te comprends (et même si tu es un monstre avec ta petite soeur, un vrai C… avec le ard à la fin, à notre époque ça serait direct chez le psy. Docteur j'ai bien peur d'avoir un psychopathe.), les faire démourir…

Ouais les deux gamins le Paul et le Marcel, sont de mon point de vu, à l'heure d'aujourd'hui des vrais psychos… l'un, Paul Le plus petit, kiffe à mort de martyriser sa soeur sous les yeux bienveillant de son grand frère le Marcel (qui lui a fait les même). Qui quant à lui kiffe à mort de tuer, de toutes les manières possibles, glu, piège, couteau, à coup de pierre toutes les bêtes possibles. Il a même rencontré un copain le Lili qui a les mêmes aspirations et qui lui apprend bien…
Les oiseaux en font les frais, même ceux où y a rien à bouffer dessus.. genre les merles… les pies… même les buses, bêtes des collines prenez gardes les psychos sont lâchés… Mais d'un autre côté c'est tout ce que font les adultes quelle que soit la saison, le père et l'oncle ne font que ça dès quatre heure du mat.

Perso pour me faire lever à quatre du mat alors que c'est les vacances c'est qu'on est dans un monde parallèle… qui n'existe pas. Et n'existera jamais.

Et en plus, les adultes entrainent le pauvre gamin, parce que franchement, il meilleur qu'un chien pour le rabattage, et que de toute façon un chien on en a pas.. vas-y, y te reste plus qu'à aboyer… dis wouf wouf. Et le gamin est content… là j'ai haussé le sourcil.

Y en a pas un pour rattraper l'autre, niveau stupidité, la stupidité des paysans avec leur secrets cons, la stupidités des gens de la ville… la stupidité des gamins, voir la malignité des gamins, leurs rêves d'assassinats ne sont pas à piquer des hannetons.
La mort plane.. la mort fil conducteur du livre. La mort des bêtes, la mort des gens, des amis, de la famille.. la mort qu'on donne, qu'on imagine donner, la mort qui prend…

De là on pourrait lancer le débat, que certes c'est pas super, mais que c'était avant, que y a eu l'évolution des moeurs, et pour tout un tas de trucs… relation familiales, éducation/école, passe-temps. Un bouquin presque ethnographique, sociologique.

On pourrait également dire que dans le château y a pas que ça… Certes il y a d'autres choses abordées. Parfois même de façon subtile et tendre… voir parfois, mais c'est quand même vachement rare, drôle.

Certes, il n'empêche.

Ce matin au petit dej, j'ai sorti à mon chéri que « putain je relis le château de Pagnol, c'est abominable ! » lui interloqué de la chose, me parlant que c'est le deuxième, que faut commencer par le premier La gloire, pensant un erreur de compréhension de ma part. Je l'arrête en plein élan. « rien à voir… ça parle que de chasse aux oiseaux, sur des pages et des pages…. »
Lui un sourire narquois sur le visage, et la voix qui accompagne le sous-entendu « mais c'est la tradition…. On peut rien dire sur la tradition » en rigolant jaune.

Et bin vous savez quoi, j'emmerde la tradition, qui font de monuments nationaux de simples psychopathes…

Avant de commencer à exprimer mon ressentiment sur cette lecture, je tenais à vous informer que ce roman est le second tome des Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol, qui est une autobiographie concernant l'enfance de l'auteur. Je n'ai pas lu le premier volet, mais ce second était dans ma bibliothèque depuis très longtemps. Comme ils se lisent séparément, je n'ai pas voulu acheter le premier, et me suis contenté du second... fort heureusement, car j'aurais regretté mon achat !

Marcel Pagnol est un auteur provincial, qui vient du sud, dans les Bouches-du-Rhône, qui a écrit bon nombre de romans, d'essais, ou encore de pièces de théâtre. Comme tout bon sudiste qui se respecte, son langage recèle maintes expressions typiquement provinciales, qui fait peiner l'avancée de la lecture. Néanmoins, son style d'écriture est extraordinairement parfait ; entre modernité et poésie, Marcel Pagnol est arrivé à créer un récit parfaitement adapté à tous.
Quand je parle de récit, c'est surtout une autobiographie que nous dessine ici l'auteur. Il raconte sa propre vie, notamment durant son enfance, et nous narre avec de nombreuses descriptions et des détails très réalistes, sa jeunesse oubliée.

Malheureusement, même si j'ai adoré le style d'écriture posé de l'auteur, j'ai trouvé le contenu du livre assez plat. Il se passe certaines choses, des actions qui devraient donnaient de l'ampleur au récit, mais Marcel Pagnol passe rapidement dessus, et ne s'éternise pas à les narrer. On se perd dans l'espace-temps du livre, dans les lieux et les personnages ; tout s'embrouille et se mêle. (Peut-être, me direz-vous, tout ceci aurait été plus clair si j'avais lu le premier tome avant de débuter ce second).

Il n'empêche que les années se font sentir. Tout semble vieux, dépassé, tout semble provenir d'une autre planète, d'une autre ère, d'une vie lointaine, alors assouvie depuis longtemps.
Le style de l'auteur est sublime, mais pas entraînant pour un sou. Les personnages ne dégagent rien de particulier, et font qu'ils deviennent rapidement de simple figurant dans ce vaste champ littéraire. Je me suis rapidement lassé et ennuyé. C'est regrettable de dire ça, surtout quand on regarde l'incroyable talent d'écriture de l'auteur. Seulement, il ne faut pas, à mon amble avis, sortir les oeuvres de leurs contextes.

En regardant et en comparant la bande-annonce de l'adaptation cinématographique réalisée par Yves Robert avec ce tome-ci, la même ambiance s'est dégagée du film que du livre. Tout à l'air mou et lent, et assez sombre, de surcroît.

Pour conclure, je dirais quand même que je suis assez contente d'avoir découvert la magnifique plume de cet auteur. Même si le récit ne m'a pas plût à cause son côté "vieillot", l'admiration que je portais aux somptueux phrasées de l'auteur m'a permis d'apprécier un minimum son autobiographie.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..

Souvenir d'une lecture obligatoire au collège, à l'époque où j'étais déjà insensible à l'oeuvre de Marcel Pagnol.