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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu d'une traite, ce roman terrible et foisonnant de vie, tout à la fois traité politique, tragédie et étude sociale, m'aura donné une magnifique occasion de plonger par la fiction dans la complexité du réel, celle de la société iranienne contemporaine.
Il ne fallait pas moins que la forme du roman choral pour rendre cette complexité, entre modernité et tradition, orient et occident, et chacune des voix qui s'exprime tour à tour vient apporter sa nuance tout en impulsant un rythme singulier au récit. Même si ce rythme s'essouffle par moment, le cauchemar vécu par Raha ne laisse pas insensible et l'on brûle de savoir si elle parviendra à obtenir réparation dans un univers si masculin, si chahuté et si fanatisé.
Une expérience immersive et enrichissante, loin de mes bases.
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35 ans après la révolution islamique en Iran et la prise de pouvoir del'Imam Khomeiny, Azadi raconte l'oppression d'une jeunesse iranienne éprise de liberté et décidée à contester la réélection probablement truquée du président Ahmadinejad en 2009. Cette jeunesse descendue spontanément dans les rues de Téhéran à l'annonce des résultats électoraux représente la partie éduquée de la société iranienne, riche d'une deuxième culture, « occidentale », qu'elle s'est constitué grâce à la télévision, à Internet et aux souvenirs de leurs parents qui se rappellent l'Iran d'avant la révolution islamique de 1979.
Dans ce roman choral poignant, Saideh Pakravan fait parler alternativement 3 jeunes gens et leurs familles : Raha, jeune fille éduquée des beaux quartiers de Téhéran, son fiancé Kian et Hossein, un jeune « gardien de la révolution » qui vient en aide à Raha à l'occasion d'une manifestation.
Elle y dénonce avec vigueur le manque de libertés, la condition des femmes, la séparation implacable des sexes et l'aberrante loi du chiisme qui autorise les hommes à prendre des femmes « provisoires », une façon pratique de légaliser le viol…
Raha et ses amis n'ont pas connu l'Iran d'avant la Révolution islamique : ils ne savent pas ce qu'est la liberté mais souhaitent amener le pays vers quelque chose de plus doux, de plus calme, raisonnable.
Outre le contexte politico-religieux, c'est une société tout en contraste et en contradiction que dépeint Saideh Pakravan, et c'est passionnant.

La seule petite chose qui m'a (légèrement) agacée ou gênée est ce parti pris d'utiliser des mots en parsi pour les traduire après…

Azadi est un roman passionnant, un roman féministe, réaliste et sentimental et il ne paraitra pas en Iran… allez savoir pourquoi.

Merci BABELIO !!!
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Téhéran 2009, malgré l'interdiction et dans un climat particulièrement tendu, des milliers d'iraniens investissent les rues de la ville pour s'insurger contre le résultat des élections. Les policiers sont partout présents, usant de grenades lacrymogènes et de matraques pour disperser les manifestants. Etudiants appartenant à la classe aisée, femmes voilées, personnes de tous âges, enfants, sont vite réprimés par les bassjidjis qui n'hésitent pas à frapper et à emprisonner.
Raha et ses amis comptent parmi eux. Au cours d'une de ces manifestations, Raha sera arrêtée, emprisonnée, et subira les pires sévices. de retour presque miraculeusement dans sa famille, alors que ses projets de vie volent en éclats, elle va tenter de se reconstruire sur les cendres des illusions perdues de son adolescence.
Saïdeh Pakravan raconte. Les protagonistes et les expériences se succèdent pour donner une image assez précise, à plusieurs voix, de l'Iran actuel, mais aussi de celui du Shah, que certains osent à peine regretter, de celui de Khomeiny, instaurateur d'une république islamiste contraignante, liberticide et si peu bienveillante, mais également entre les lignes, de l'Iran de demain rêvé par la jeunesse parfois bien naïve et pourtant souvent optimiste d'aujourd'hui.
Saïdeh Pakravan raconte, à travers les voix de plusieurs personnages vivant dans l'entourage de Raha, étudiante en architecture, issue d'une famille aisée de Téhéran. Les voix se succèdent, en particulier celles de Nasrine, sa mère ; Celle de Gita, qui vit aux Etats Unis et revient quelque temps à Téhéran, spectatrice impuissante dans son propre pays ; D'Homa, chirurgien à l'hôpital, elle voit chaque jour les méfaits du pouvoir ; de Pari, qui vit dans l'opulence, protégée par les excellentes relations de son mari avec le pouvoir en place ; de Mina, gardienne de prison par nécessité, mais qui a un coeur gros comme ça et saura aider Raha ; de Hossein, gardien de la révolution, religieux par tradition familiale plus que par conviction, policier par nécessité, issu d'un milieu modeste, il tombe amoureux de Raha sans pouvoir se l'avouer ni réaliser son rêve ; de Kian, étudiant, fiancé à Raha, qui ne saura jamais dépasser les apparences ni les préjugés.
Des voix qui racontent les gardiens de la révolution, les règles qu'il faut suivre mais qu'on ne connait pas toujours, la police des moeurs qui contrôle la longueur d'un voile, qui vérifie que les femmes circulent bien avec un homme ayant un lien de parenté avec elles, sinon gare à elles.
Qui parlent de la condition des femmes, si peu reconnues, souvent si maltraitées, elles qu'un homme peu violer en toute liberté à condition d'avoir prononcé les mots lui accordant un « mariage temporaire », elles aussi que l'on va violer avant de les exécuter, car sinon vierges, elles entreraient tout droit au paradis. Qui évoquent les contradictions d'un peuple, les moyens de s'évader des contraintes, surtout quand on appartient à la classe aisée, qui présente cette jeunesse qui rêve d'ailleurs et de liberté, d'une piscine privée où bravant les interdits, filles et garçons vont se baigner ensemble, de films téléchargés illicitement, d'internet, des réseaux sociaux qui ouvrent au monde.
C'est particulièrement intéressant d'entendre ces différents points de vue, même si forcément ils sont aussi issus du propre vécu de l'auteur. Au début je me suis un peu perdue dans la multiplicité des personnages, mais au final juste quelques-uns sont importants dans le récit, les autres servant essentiellement à ajouter une opinion, une vision propre à leur condition.
Le rythme du roman est parfois dense, ajoutant à l'intrigue une description de la situation politique du pays, et c'est aussi ce qui fait son intérêt. Les chapitres alternent avec aisance, d'un personnage à l'autre, d'un témoignage à l'autre, on tourne les pages, on vit avec Raha, ses aspirations de jeune femme un peu naïve, d'étudiante, sa chute et son combat. L'insertion de mots persans est agréable car immédiatement traduits, pas en bas de page ou en annotations lointaines, il sont facile à assimiler à mesure de la lecture. Ils sont là comme une mélodie qui donne son rythme au roman, inconnu, singulier, bouleversant, musical.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Azadi signifie LIBERTE en persan. Un tableau de la société iranienne en 2009. le livre raconte les réactions d'une jeune femme et des personnes qui sont à son contact après les élections jugées truquées par tous et qui ont conduit à des manifestations étudiantes en 2009 à Téhéran ; les chapitres alternent avec les personnages si bien qu'une même situation est considérée
de plusieurs points de vue, ce qui donne une richesse et une profondeur à ce récit. L'écriture est à la fois pudique et très précise.
L'histoire montre que cette femme, qui perd une partie de ses illusions, conserve une force intérieure qui lui permet de rebondir avec de nouvelles perspectives. La toile de fond historique, vécue de l'intérieur, avec des interdits vestimentaires multiples et une police des moeurs stricte permet de constater la chape de plomb qui pèse sur les libertés qui nous paraissent naturelles comme celles d'avoir les bras ou la tête nus et de regarder un homme dans les yeux. Très beau roman, j'ai beaucoup aimé.
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Azadi, liberté en persan, en kurde également; un mot que crie toutes celles et ceux qui en manquent cruellement comme ces gens qui vivent en Iran. C'est eux que raconte ce roman. L'auteure rend plus particulièrement hommage à celles et ceux qui ont osé braver les autorités en organisant des manifestations pour dénoncer les fraudes électorales lors des présidentielles de 2009 qui ont porté à la victoire Mahmoud Ahmadinejad. C'est le mouvement vert qui n'a pas duré, qui a échoué, qui n'a pas su arracher la liberté. Mais ils ont au moins essayé. Ils ont au moins espéré. Et certain(e)s ont payé, dure, le prix de leurs essais. C'est le cas, ici, de Raha, étudiante en architecture, pleine d'espoir et d'envie pour son pays qui verra ses rêves et son corps brisés après une arrestation injustifiée. L'histoire est triste, forcément, malheureusement.

Saïdeh Pakravan réussit, dans ce roman, à me "réveiller". le temps de la lecture, elle me rappelle les souffrances et les douleurs de toutes celles et ceux qui vivent dans des régimes autoritaires, totalitaires. Elle me rappelle les risques que ces gens encourent lorsqu'ils osent exiger ce qui leur revient de droit. Mais malheureusement, ais-je envie de dire, ce que Raha subit, tout le monde, quelque soit le pays et son régime - même démocratique- peut l'éprouver. Il suffit qu'on ôte à l'individu ses droits et qu'on le soumette à un système qui donne à certain(e)s autres l'autorité pour que ceux-là ne se privent pas du sentiment d'impunité. Et pour que celle-là ne soit pas, il ne faut jamais abandonner, jamais se résigner. Il faut toujours opposer à l'autre qui veut nous avilir la puissance de notre droit à être et à exister. Ce roman nous le rappelle avec une certaine efficacité.

Tour à tour, en faisant parler différents personnages, Saïdeh Pakravan nous raconte également l'Iran. Sans jamais approcher le manichéisme, sans jamais faire dans le simplisme, elle dessine les portraits de possibles citoyens iraniens qui expriment leurs points de vue, leurs opinions et leurs sentiments sur leur pays et son régime. Ce sont des jeunes enthousiastes, des anciens désillusionnés, une iranienne expatriée, un sepahi ... ils contestent, dans l'ensemble, le régime, critiquent leur pays, parfois avec sévérité, pour avouer, au fond, qu'ils l'aiment, en vérité, profondément. Ils chérissent l'Iran et veulent, pour lui, un avenir brillant mais savent, qu'il faut, pour cela, s'émanciper de ce régime qui les briment tant. Mais comment y arriver? D'une écriture fluide, tout à fait jolie, presque poétique et même journalistique, Saïdeh Pakravan nous invite à ressentir la douleur de l'Iran, à percevoir ses difficultés, à entendre ses interrogations et à aller au delà des apparences. Petit bémol à son récit: elle fait parler tous ses personnages à la première personne du singulier sans jamais changer de style ni de ton. Résultat, j'ai eu le sentiment que tous parlaient de la même voix; une voix à l'image de la plume, féminine. C'est assez déconcertant quand il s'agit de lire le témoignage des protagonistes masculins. Mais le défaut est minime. Il n'entache pas la qualité de ce roman que je conseillerai avec empressement.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Quel plus grand privilège que la liberté ? C'est ce que je me suis dit en fermant ce livre bouleversant. Saïdeh Pakravan réussit le tour de force de présenter au travers de son héroïne Raha – étudiante en architecture - le quotidien des iraniens soumis aux incroyables vicissitudes juridico-religieuses imposées au pays par le gouvernement, les affronts et humiliations faits aux femmes mais aussi des éléments d'histoire de l'Iran avec ses puissantes racines persanes. C'est le grand avantage de la fiction que de donner à ressentir, à comprendre une réalité mieux que la réalité elle-même.

Ce roman choral donne la parole à plusieurs protagonistes : Hossein d'abord, un jeune sepahti – gardien – qui va aider Raha –– assommée lors des manifestations qui se sont déroulées à Téhéran après les élections truquées de 2009. Puis Nasrine, la mère de Raha, Kian son fiancé, Djamchid son oncle, Gita une amie de la famille revenue des Etats-Unis pour quelques mois. Chacun fournit une vision singulière sur la situation en Iran.
Ce sont surtout les approches de Hossein et Raha qui offrent une double perspective sur les événements. L'un confiant dans le pouvoir, les principes de la révolution islamique va voir sa vie bouleversée par l'intrusion de Raha, jeune femme cultivée, engagée dans les réformes qu'elle croit possible pour son pays. Elle est le principe féminin du roman, elle porte tous les maux de cette révolution. Elle est celle a qui l'on s'identifie pour voir par ses yeux un quotidien fait d'interdits et de mensonges.

Les récits s'entrecoupent au travers de nombreux personnages mais une ligne sombre coupe le roman en deux quasiment au milieu. L'enthousiasme du début va laisser place à une grande noirceur après l'incarcération de Raha dans une prison calamiteuse.

La maturité avec ses doutes et ses incertitudes va prendre la place de l'espoir. "Azadi", Liberté, est au bout du roman mais on sent que c'est aussi le cri du coeur de l'auteur pour son pays. Saïdeh Pakravan semble avoir confiance dans le sens de l'histoire - car les peuples finissent toujours par briser les jougs qu'on leur impose - mais le roman nous montre à quel point le prix à payer est/sera lourd.

Pour ne pas quitter le roman après l'avoir fermé, j'ai continué à explorer sur internet, les lieux et les évènements cités dans le livre, je me suis pris un bain d'histoire, de beauté mais aussi de terreur. On ne peut que souhaiter que les fils de Saïdeh connaissent – comme elle l'espère dans sa dédicace – « un jour un Iran meilleur »
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Azadi, c'est d'abord une plongée dans la Révolution iranienne, après 1979. le roman composé de courts chapitres où chaque personnage parle permet de donner différents points de vue. C'est aussi une description de la vie quotidienne en Iran. La plupart des personnages appartiennent à la bourgeoisie libérale. Leur instruction, leur contact avec l'étranger les amènent à porter un jugement critique sur la Révolution. Ils habitent de beaux appartements. Ils organisent des fêtes où on boit de l'alcool. Les filles échangent le tchador pour des habits à l'occidentale. le jeune Hossein , issu d'une famille pauvre a quitté la campagne pour devenir gardien de la Révolution. Des événements dramatiques vont le mettre en contact avec ce milieu.
Mais, Azadi, c'est le roman de la vie bouleversée de Raha. Jeune étudiante en architecture, elle est arrêtée au cours d'une manifestation;Elle est emprisonnée : expérience terrible qui bouleverse sa vie. Son regard sur le monde, son entourage, sur elle même en est radicalement transformé. Elle ne va alors cesser de témoigner, manifestant ainsi son droit à la liberté : azadi.
Saïdeh Pakravan réalise une véritable oeuvre littéraire. Elle n'a pas vécu directement ses événements. Et, pourtant, elle réussit à nous y plonger. Son récit n'est pas un reportage. Elle fait une analyse subtile de l'évolution de Raha. Aucun pathos, aucune sensiblerie ou excès romanesques. Mais, un plaidoyer intelligent et vibrant pour la place des femmes dans la société, leur droit à la parole et leur liberté.
Un roman à lire pour comprendre la révolution iranienne mais aussi pour soutenir l'engagement des femmes qui réclament leur azadi, leur liberté.
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Ce roman est particulièrement bienvenu dans le contexte que nous connaissons depuis le 7 janvier 2015.
Il se déroule en 2009, dans un Iran sous le coup d'une élection présidentielle truquée qui a vu confirmer au pouvoir un homme dont les mandats se seront caractérisés par la brutalité, la répression et l'intolérance.
L'Iran, c'est ce pays qui a subi à peu près ce qu'on peut imaginer de pire en termes d'obscurantisme religieux, de fanatisme monstrueux, de bêtise de l'extrême. La liberté d'expression y a été écrasée, la pensée individuelle annihilée, les femmes y ont été maltraitées, avilies, ensevelies sous des voiles, interdites de mouvement, d'air et de soleil. L'endoctrinement y est devenu la règle.
Le paysage a changé, aujourd'hui, un peu. Les voiles laissent apparaître quelques mèches, hommes et femmes ne risquent plus la prison, voire pire, s'ils se côtoient dans l'espace public. Au-delà de l'histoire douloureuse de l'héroïne, Raha, et grâce à son histoire, on voit ce nouveau ce nouveau paysage qui tente d'émerger, de sortir de cette nuit voulue par les mollahs. On suit le quotidien d'une famille pour laquelle la religion compte peu, sinon sous la contrainte, une famille où l'on ne fait pas ramadan, où on ne dédaigne pas un verre de vin, où garçons et filles peuvent se fréquenter sans crainte, où l'on cultive l'ouverture et la tolérance.
Dans un monde post 7 janvier où les excès du fanatisme religieux nous terrifient et où il est difficile de prévoir jusqu'où vont aller l'endoctrinement et l'aveuglement des plus vulnérables, voilà un roman qui ouvre des perspectives pour espérer que dans un pays où l'obscurantisme a fait des ravages, le jour se lèvera enfin sur une vie normale à l'abri de la folie et de l'extrémisme religieux.
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Azadi est un roman choral qui dresse, à travers le regard des proches de Raha, un tableau de la société iranienne en 2009.

2009. Des élections truquées portent Ahmadinéjad au pourvoir. A travers des personnages fictifs narrateurs de ce qu'ils vivent au quotidien dans les jours et les semaines qui suivent ces élections, l'auteur dresse un certain portrait de l'Iran, mentionnant des personnages politiques réels qui participent à l'histoire (la petite et la grande) du pays.
Nous naviguons entre tradition, conservatisme et modernité dans cet Iran contemporain.
Modernité, puisque nous suivons le point de vue d'une famille ouverte, pas ou peu pratiquante, Raha s'habille à l'occidentale, avec un voile léger couvrant à peine ses cheveux, et elle est étudiante. Si elle se couvre la tête et les bras, c'est pour ne pas être arrêtée par les gardiens de la révolution.
Tradition et conservatisme, à travers ces gardiens de la révolution, au service de la République islamique ces hommes en noirs qui chargent les manifestants, les matraquent, envoient les gaz lacrymogènes, arrêtent et torturent. Dans ce contexte tendu, les manifestations d'opposition au régime sont nombreuses dans les jours qui suivent les élections. le peuple, les jeunes descendent spontanément et massivement dans la rue, place de la liberté (Azidi). Pleins d'espoir, ils pensent que la pression populaire va suffire à faire plier le régime. Mais ils doivent faire attention, sous peine d'arrestation.

C'est ce qui finit par arriver pour Raha.
‘'Tu vas être exécutée dans une heure, il me dit. Tu ne vas pas mourir vierge, ou tu irais au paradis. Les putes n'ont aucune place au paradis ! » Humiliation, violence, torture.
Mais au lieu de l'abattre, ce qu'elle a subit va faire d'elle une militante, bien qu'elle rejette le mot. Toujours soutenu par sa famille, elle s'élève contre les institutions, contre le gouvernement, et porte plainte pour l'exemple contre les hommes qui l'ont violée, subissant pour cela publiquement le regard de tous.
Parviendra-t-elle à trouver sa place et un avenir dans l'Iran d'aujourd'hui ?

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"Je veux une vie, j'ai des examens qui arrivent, je veux changer mon PC contre un Mac, je veux choisir un film à regarder avec les batchéha - les copains -, aller à la Caspienne sans être arrêté par les Gardiens ou les rondes de morale publique, je veux discuter avec Raha de la maison qu'elle dessinera pour nous quand nous serons mariés, des voyages que nous ferons à l'étranger, et ne plus vivre avec ce poids, comme un nuage toxique qui empêche de respirer." (Kian)
Ils y ont cru, les jeunes iraniens, à la possibilité d'un vrai changement lors des élections de 2009 ; mais c'est encore Ahmadinéjad qui est élu, paraît-il grand gagnant de ces élections truquées. L'immense déception entraîne des manifestations monstres à Téhéran, en particulier place Azadi, la place de la liberté. L'héroïne du livre, Raha, étudiante en architecture, participe à ces manifestations ; c'est une jeune femme plutôt gaie, qui se veut active et solidaire de tout ceux qui exigent qu'Ahmadinéjad s'en aille, c'est à dire de tous les jeunes et de beaucoup de moins jeunes. Elle raconte une partie de l'histoire, ses propres émotions et les événements auxquels elle participe ; mais elle est arrêtée et subit de terribles violences. Déterminée à se relever, elle fera preuve d'un courage et d'une liberté de pensée étonnants, en particulier dans ce pays où la femme a bien peu de place ou de valeur.
D'autres personnages prennent la parole, qui nous permettent d'avoir différents avis sur la situation ; il y a Hossein, jeune "Gardien de la Révolution", c'est lui qui ramasse Raha évanouie lors d'une des premières manifestations et la met à l'abri. C'est lui aussi qui sortira Raha de prison une douzaine de jours après son arrestation. Il ne sait pas trop quoi penser au début ; il se persuade que les élections n'ont pas été truquées et que les troubles correspondent à un complot sioniste et des puissances étrangères opposées à la révolution. Il y a Kian, le fiancé de Raha ; sa mère est chirurgien et s'occupera de Raha après sa sortie de prison ; mais Kian est un homme, assez lâche ; peut-il supporter ce qui est arrivé à sa fiancée, continuer de l'aimer ? Il y a Nasrine, la mère de Raha, et il y a Gita qui apporte un regard extérieur, car elle vit depuis quarante ans aux USA.
Le très grand intérêt du récit sont les conversations entre iraniens, les problèmes sont ainsi vus de l'intérieur et relatés avec tous les points de vue possibles.
"Avant mon arrestation, j'étais une jeune femme de vingt-deux ans qui devait bientôt terminer ses études, se marier. J'aimais la vie, mes amis, Kian. J'avais aussi découvert l'action politique et nourrissais l'espoir que le régime deviendrait raisonnable et l'Iran, un pays civilisé. Mais à présent ? Qui suis-je à présent ?" (Raha)
"Azadi" est un livre formidable, très prenant, un témoignage fort ; à la fois une terrible dénonciation de la république islamique d'Iran et en même temps une déclaration d'amour inconditionnel à ce pays.
Merci aux éditions Belfond et à Babelio (opération masse critique).
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