Shannon est un mannequin superbe à qui tout réussit. Et hop, une balle perdue, son joli minois laisse place à un steak tartare. Shannon devient alors un monstre invisible, et sa laideur un passeport pour une virée glauque et grotesque accompagnée d'un transsexuel nommé Brandy, vers un final et des révélations…incendiaires.
Nous ne sommes pas au niveau des indépassables
Survivant ou
Choke, mais il s'en faut de peu. le style
Palahniuk est encore un peu vert dans celui-ci, ses thèmes encore en gestation. Avec en plus, une traduction médiocre.
Et pourtant, comme souvent avec l'auteur, on se prend bien un bon uppercut là où ça fait mal. Lire du
Palahniuk, c'est toujours un peu physique, on a parfois l'estomac noué ou carrément au bord des lèvres.
Le roman a une structure aussi éclatée que le visage de Shannon. La chronologie nous parait au premier abord totalement aléatoire, on s'y perd, les anecdotes semblent innocentes, gratuites voire sans intérêt. On devine aussi légèrement que l'auteur, qui est à ses débuts, complique un peu trop cette structure par envie de montrer sa virtuosité. Tout ceci sent un petit peu la sueur, l'effort de l'écrivain. Et puis, même si cela semble un peu forcé, si la trame affleure parfois sous le motif du tapis, ça commence à fonctionner à plein régime (avec moi tout du moins), grâce à cette énergie, cette rage du style, et un humour noir et pervers totalement irrésistible. Cet homme est un génie pour dénoncer par l'absurde les monstruosités de l'Amérique, voire du monde occidentalisé contemporain, son vide et son autosatisfaction.
Ayant lu dans le désordre tout
Palahniuk (Avertissement : ne faites pas comme moi qui ai commencé par en lire 7 à la suite, l'excès de noirceur même couplée à un humour ravageur peut-être nuisible pour votre santé mentale et votre rapport aux autres), si je ne m'abuse,
Monstres Invisibles à ceci de très particulier dans l'oeuvre de l'auteur : il est le seul à surtout parler d'amour(s), de manière tordue et douloureuse certes, on ne se refait pas. Mais quand même, dans une oeuvre vouée à un cynisme incisif et radical, c'est à noter !