Freres de la Zone

Edilivre, 2013

Gilles Palomba est un Poète, un vrai, un qui a tout lâché d'une vie confortable et sans risque de fonctionnaire de la poste pour travailler à son Art. Son imagination puise dans une vie ancienne passée sur mer - dans la marine - et aussi sur terre à l'occasion de voyages qui lui ont permis des rencontres humaines, de celles qui remplissent l'âme.
Des rencontres, il en a faites de belles (1): le poète Louis Montalte, Louis Aragon en 1979, Lucien Feuillade, Jean Marais qui lui a adressé une lettre magnifique en septembre 1994 : « je suis émerveillée par La Plume Brisée et par votre génie » écrit-il… Et aussi certainement des rencontres d'anonymes tout aussi enrichissantes.
« La Plume Brisée » est un recueil de poésie qu'il a écrit en 1996 (2) mais il y en eut avant et d'autres s'ensuivirent. Les ouvrages de Gilles Palomba sont essentiellement mais non exclusivement des recueils de poèmes.
« Frères de la zone » est le quatrième volet du Cycle d'Elaya (3), écrit de manière exigeante en quatrains et alexandrins mais pas uniquement. Parfois les mots s'échappent, débordent, trop pleins d'une douleur ineffable. Mais la poésie qui est la sienne, permet de border, de contenir cette souffrance tel un voile délicat, pudique et solide à la fois ou un écrin sublimant la douleur en un trésor à découvrir.
De quelle zone s'agit-il ? Les intitulés des quatre parties de ce recueil fournissent des indices : Zone d'ombres, Zone de fractures, Zone de transit, Prose de Florentin (datée d'un 14 février, l'amour vaincrait-t-il ?).
Il s'agit d'amour, de fraternité – « qu'est-ce que c'est que « frère » alors demandes-tu / C'est l'apparence en moins et la substance en plus » -, de temps qui passe avec pour unique issue la mort … Gille Palomba parle, de manière très quignardienne, d'une « même solitude entre naître et mourir » (p.11). La solitude est très présente, tout comme la tristesse, le vide subjectif, la folie, le suicide, les regrets, la désillusion, « le deuil de l'idéal et des rêves d'antan » (p.19). La mer aussi, qui peut être protectrice mais aussi cruelle, rejetant sur les plages les corps des marins … le Poète parle de l'enfance comme personne. Je ne peux m'empêcher de reproduire cette strophe du poème Ronde aquatique (p. 66) :
« L'enfance est un manteau blanc dessus les glaciers
Un capuchon de neige enveloppe sa face
Du drap de la candeur en apparat princier
Dont il faut se défaire à la fonte des grâces »
Mais s'y trouvent aussi des sujets beaucoup plus légers, je pense au poème Prière Champêtre que je vous laisse découvrir. J'ai dû le lire plusieurs fois pour bien m'assurer que cela parlait bien de ce que je pensais... C'est très drôle .Il y a aussi l'espoir, la rédemption sous la forme de l'Amour.
Une phrase me semble essentielle dans ce recueil (p.76) :
« Méfie-toi du savoir qui relève du nombre
Et survit par le doute et n'est rien sans la lettre »
Le mieux est encore de se procurer Frères de la zone car, finalement, chaque mot est essentiel et Vrai. Tout est à lire, à écouter, à ingérer, à respirer …


(1)cf son site internet gillespalomba.fr
(2)La Plume Brisée, Edition Saint-Germain-des-Prés, 1996
(3)Le livre d'Elaya, Adoramis et Derniers poèmes à Elaya sont édités chez Edilivre.

Lien : http://liresortiraparisetail..