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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au club lecture de la médiathèque j'ai la chance d'avoir fait connaissance avec une lectrice férue de littérature grecque, traductrice en plus. C'est elle qui m'a soufflé le titre de ce roman.
Ce n'est pas du tout un livre récent, écrit en 1903 il n'a pas pris une ride.

Dans ce dix-neuvième siècle finissant en Grèce, naître fille était un grand malheur, une vie promise au travail incessant et parfois aux coups du père, du mari. Un drame pour la famille qui se devait de réunir une dot et par là sacrifier un champs, une oliveraie.
Trouver un époux avait un prix et plus la fille était laide plus le prix atteignait des sommets.
Voilà la famille de Yannou, sa fille s'est mariée à un homme dont il y aurait beaucoup à dire et elle va accoucher, deux de ses fils ont quitté le nid pour un avenir en Amérique. « A mesure que la famille s'était accrue, les amertumes s'étaient multipliées » l
Denier problème en date, la naissance d'une petite fille dont la santé est chancelante, Yannou la veille, les heures passent et Yannou se revoit jeune femme, elle prend conscience de n'avoir jamais vécu autre chose que la servitude « domestique de ses parents. Une fois mariée, elle est devenue l'esclave de son mari ».
Elle ne peut se résoudre à laisser cette enfant vivre la même chose, elle veut faire une bonne action, lui éviter de souffrir.
Elle qui sait soigner, qui connait les herbes qui font du bien, elle divague « Mon Dieu, pourquoi faut-il que celle-là soit venue au monde ? » elle s'interroge « Mon Dieu, pourquoi faut-il que celle-là soit venue au monde ? »
De machine à faire les enfants elle devient la force du destin.
La mort de petite fille passe pour un accident mais Yannou se laisse emporter par la violence, la frustration, et les actes de mort se multiplient finissant par alerter les autorités.
Une longue traque va commencer sur cette terre aride, la culpabilité ronge Yannou mais ne l'empêche pas d'être certaine que « le plus grand cadeau serait d'avoir à leur donner, pardon mon Dieu ! L'herbe à rendre stérile »
Elle apparait monstrueuse elle qui est sûre d'avoir agit par charité et qui se réjouit car la dot n'aura coûté qu'un linceul !! Elle est le bras armé de Dieu.
Un roman à la fois moderne par l'oeil qu'il porte sur la condition féminine mais un drame antique pas sa violence et son côté inéluctable. Faire le mal par devoir est ce encore faire le mal ? le roman flirte avec le questionnement de Dostoïevski dans les Frères Karamzov.
Court, dense, très réussi, c'est l'occasion de découvrir cet écrivain parfaitement ignoré en France.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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En 1903, A. Papadiamantis écrit un court roman, Les Petites Filles et la mort , dont la figure centrale est une vieille femme,Yannou, aussi fascinante que terrifiante.
Alors qu'elle veille sa petite-fille malade, Yannou –– réfléchit sur sa vie de misère : mariée de force , et acablée de grossesses non voulues, elle découvre ce soir-là qu'elle "n'avait jamais fait que vivre dans la servitude".
De réaliser à quel point, elle a vécu à la fois dans la misère et la soumission,; cela l'amène à réfléchir à sa condition de femme mais aussi à celle des futurs bébés-filles qu'elle imagine à leur tour souffrir, faisant le malheur de leurs parents, obligés de s'endetter pour constituer leurs dots..., puis de devenir l'esclave de leur futur mari

C'est ainsi que Yannou, afin d'épargner cette vie de misère et d'asservissement à l'enfant qu'elle en train de veiller, commet l'irréparable et bascule dans le meurtre . Yannou tue par charité, pour délivrer l'enfant et la préserver d'une souffrance inutile.

Tragique dilemme du bien et du mal ... dans un contexte intolérable pour les femmes... mais la réflexion du Mal est omniprésente: en dépit de tout cela, est-ce que Yannou, dont nous comprenons les souffrances subies et les sombres réflexions pour l'avenir de ces petites filles-nourrissons a le droit de les empêcher de vivre ?

Texte bouleversant et dérangeant que j'ai découvert grâce à l'une des 1ères éditions en français, réalisée par le célèbre éditeur François Maspéro, réédité depuis, avec bonheur, en 1995, par Actes Sud
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"Classique de la littérature néo-hellénique" nous annonce l'éditeur en quatrième de couverture, et pour cause, en 2018 ce roman résonne de manière extrêmement moderne. J'aurais pu le lire comme un bon roman noir si la finesse et la justesse des problématiques abordées n'en faisait pas un excellent roman sociologique. Une vieille femme au chevet de sa petit-fille nouvelle-née et malade se remémore sa vie de femme pauvre et considère le poids social de la naissance d'une fille dans une Grèce du XIXème siècle où la pratique de la dot est largement répandue. Il est difficile d'en dire plus sans trahir le livre. Les ambiances de huis-clos rendent le lecteur captif de situations angoissantes et économiquement inextricables, où l'amour ne semble plus avoir sa place, où la frontière entre bien et mal n'a plus rien de raisonnable, où folie meurtrière et extrême lucidité flirtent dangereusement.
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Comme il était difficile d'être une femme dans les îles grecques au 19ème siècle !
Yannou, berçant sa petite fille malade, « découvrait qu'elle n'avait jamais fait que vivre dans la servitude. Jeune fille, elle avait été la domestique de ses parents. Une fois mariée, elle était devenue l'esclave de son mari – et pourtant, par l'effet de son propre caractère et de la faiblesse de l'autre, elle en était en même temps la tutrice. »
Loin de présenter les femmes comme le sexe faible l'auteur met en scène des fortes personnalités. Yannou a élevé de nombreux enfants, c'est elle qui a construit de ses mains sa maison, elle connaît aussi les herbes de la montagne. On fait appel à elle pour soigner. Pour sortir son fils meurtrier de prison, elle a quitté son île, convaincu la mère de la victime de l'accompagner …. Parce que Yannou, perpétue aussi la malédiction de naître femme, elle pardonne tout à son vaurien de fils qui l'a traînée dans la rue, qui a même poignardé sa soeur. Que n'a-t-elle trouvé l'herbe à faire les garçons ?
Mettre au monde des filles est une malédiction pour la famille en raison de la dot : pour marier une fille, il faut lui donner une maison, un champ, une olivaie… Comment marier plusieurs filles quand on est pauvre sur une île aride ?
« Mon Dieu, pourquoi faut-il que celle-là soit venue au monde ? » formule-t-elle en secret.
« Que peut-on faire d'utile pour les pauvres ? le plus grand cadeau serait d'avoir à leur donne, pardon mon Dieu ! L'herbe à rendre stérile… »
Yannou se réjouissait même de la mort des petites filles pour qui la dot n'aura coûté qu'une paire de drap pour faire le linceul. Mais de là les faire mourir….

La deuxième partie du livre est une poursuite haletante entre les gendarmes qui ont des soupçons à la suite d'une noyade suspecte et Yannou qui connait la montagne et les bergers. Eprouve-t-elle des remords ? Certes, oui, au début, mais elle poursuit sa funèbre mission persuadée également de la justesse de ses actes. Sa course s'arrêtera « au milieu du chemin entre la justice des hommes et la justice de Dieu »

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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