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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pour les jeunes filles, la vie dans les îles grecques du 19e siècle était dure. Ça ressemblait presque à de l'esclavage, s'il faut en croire les mots d'Alexandros Papadiamandis :
« Jeune fille, elle avait été la domestique de ses parents. Une fois mariée, elle était devenue l'esclave de son mari - et pourtant, par l'effet de son propre caractère et de la faiblesse de l'autre, elle était en même temps sa tutrice. Quand ses enfants étaient nés, elle s'était faite leur servante ; et maintenant qu'ils avaient à leur tour des enfants, voici qu'elle se retrouvait asservie à ses petits-enfants. »

Après avoir menée une pareille vie, je peux comprendre la vieille Yannou de souhaiter un sort différent à sa petite-fille et même à d'autres fillettes. Mais passer de la parole à l'action… Surtout que ce n'est pas vraiment son choix. Si au moins elle avait commis l'irréparable dans un moment de folie passagère qu'elle regrettait ensuite. Mais non. C'est l'aïeule de Patrick Bateman !

Et, après l'avoir fait une fois, pourquoi ne pas « libérer » les petites voisines aussi… Brrr… À en donner des frissons. Deux, trois crimes plus tard, des soupçons commencent à peser sur la vieille Yannou, mais ils sont vite écartés. Je trouve assez ironique que ce soit l'enfant qui meurt réellement par accident, sans le concours de la vieille femme, qui apporte sa chute…

Les petites filles et la mort est l'ouvrage de Papadiamantis qui semble le plus apprécié et, étrangement, c'est celui qui m'a le moins plu. Je n'ai pas détesté, au contraire, mais il y manquait un petit quelque chose, selon moi. Oui, l'univers de ses nouvelles est aussi dur (des gens qui s'échinent sur leur terre rocailleuse et peu productrice, qui survivent de presque rien) mais les moments difficiles étaient entrecoupés de moments de plaisir. Que ce soit un jeune homme en quête d'une fiancée, d'une fête improvisée avec danses, musique et chansons, d'un repas partagé, de la naissance d'un enfant, le recueillement dans un monastère, etc. Ici, le lecteur n'a droit qu'à la misère et à une violence vicieuse.

Autre élément peu engageant : la protagoniste est une vieille femme aigrie, une faiseuse d'anges. Malgré cela (et c'est tout le génie de l'auteur), on ne la déteste pas. On comprend sa situation et on sympatise avec elle (jusqu'à un certain point, cela va de soi !). Toute sa vie n'était que noirceur. Mais toute cette noiceur et cette violence gratuite deviennent rébarbatif et m'ont tenu à distance…
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Franco Yannou est au chevet de sa petite fille nouvelle-née souffreteuse. C'est une femme qui connaît les herbes qui guérissent. Pendant ses nuits de veille, elle se remémore sa vie, toujours au service des autres, ses parents, puis son mari, ses enfants maintenant ses petits-enfants. C'est le sort des femmes, aussi Franco Yannou s'interroge sur la valeur de la vie des femmes mais aussi sur la charge qu'elles représentent pour leur familles avec la dot qu'il faut rassembler pour leur mariage. Or selon elle, les familles pauvres font plus de filles que de garçons. La vieille femme pense donc qu'elle doit agir...

Bien mais sans plus.

Challenge ABC 2019-2020

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Yannou est au chevet de sa fille, nouvellement accouchée, et de sa petite fille, déjà malade.
Ses longues nuits de veille sont l'occasion pour elle de se remémorer sa vie passée et ses difficultés à être une femme dans la grèce du 19ème. Les actes meurtriers dont elle va devenir coupable ne sont pour elle qu'une bonne action envers ces filles afin de leur éviter de souffrir comme elle. Les autorités finissent par la soupçonner : Yannou fuit, se cache à l'intérieur de l'île et continue de méditer sur ses actes.

Paru en 1903, ce roman très dur est une réflexion sur la condition féminine au sein de la société grecque traditionnelle et rurale. La contraception inexistante, les femmes sont mères de 6, 8 enfants. Mais avoir trop de filles est un véritable poids : la dot qui doit être versée pour le mariage de chacune est l'occasion de sacrifices extrêmes pour les parents qui doivent se saigner au travail et réduire leurs dépenses alimentaires au strict minimum. Les hommes grecs, faibles et dépensiers, laissent la tenue du foyer aux femmes de caractères ainsi que les difficultés qui les accompagnent.
"La meutrière", titre original du roman, est considéré comme le chef d'oeuvre de Papadiamantis.

L' île natale de l'auteur, Skiathos, est décrite de façon réaliste, en particulier les montagnes où se perd l'héroine.
Les interrogations de Yannou sur le bien et le mal, sa frustation et les justifications de ses actes sont très bien évoqués et le lecteur ressentira de l'empathie pour ce personnage, pourtant capable d'actes barbares.
Le récit est une alternance entre le présent et les souvenirs de Yannou, de son enfance ou de ses actes honteux mais le rythme reste malgré tout assez lent.
Je dirais qu'il manque pourtant le petit truc en plus qui fait que la lecture nous emporte.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Moi, c'est le qualificatif qui m'est venu tout au long de cette lecture.
Car dans la Grèce du début 20ème siècle, il se passe des choses étranges. Des petites filles meurent juste après leurs naissances, tout le monde croit à la fatalité. Puis des petites tombent dans les citernes, dans les puits... Ce qui est étrange c'est que la vieille Yannou est toujours dans les parrages. Mais qui se méfierait d'une vieille femme, qui de surcroît en a aidé tant d'autres ?
Au fil des pages Yannou explique ses troublantes réflexions. Elle est en mission. On est d'accord que son argumentaire ne tient pas, que tout cela va trop loin, et pourtant on a envie de comprendre, de continuer de le lire. le lecteur est complice.
Pourquoi ? Parce que Yannou fascine. Elle m'a personnellement rappelée Hélène Jegado, qui se disait envoyée de l'Ankou. Yannou, elle, s'apparente à une Parque qui éviterait aux petites filles un destin de servitude. Tout en en retirant un certain plaisir. Alors qui croire ?
Si vous avez envie de vous triturer les méninges et de vous torturer l'esprit, je vous conseille cette lecture, qui m'a aussi permis de decouvrir la plume d'Alexandros Papadiamandis. Et si le personnage vous intrigue tout autant que moi, pourquoi ne pas poursuivre par Fleur de Tonnerre de Jean Teulé ?
Et n'hésitez pas à me dire ce que vous en aurez pensé de ce roman troublant !
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