Le roi tué par un cochon : Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?

Est-ce du lard ou du cochon? Michel Pastoureau enchantera ou consternera le lecteur suivant que celui-ci s'attend à un roman distrayant ou à un travail historiographique sérieux. Car Michel fait ici oeuvre de romancier. Son histoire de France parallèle et pastoureaulogique se développe de façon parfaitement fantaisiste et gratuite à partir de faits réels et objectivement insignifiants auxquels il donne une importance complètement disproportionnée. C'est très amusant à lire, et je le recommande comme oeuvre d'imagination. Maintenant, c'est une autre affaire, je frémis à l'idée que certains illettrés prendront ça pour argent comptant. Quant aux grincheux, historiens de profession, qui diront que Pastoureau est soit un imposteur, soit fou à lier parce qu'en effet, il n'est nulle part fait mention du diable dans Suger pour qui le "diabolicus porcus" signifie seulement "satané cochon" sans plus (deux lignes plus loin, Suger s'étend sur le fait qu'il a proposé lui-même Louis VII, béni de Dieu, et qui est entouré de présages laissant espérer qu'il fera aussi bien que son frère...) - pour les historiens gricheux donc: non, Pastoureau n'est ni un fou ni un imposteur. C'est un poète, comme Umberto Eco, et, si l'on est attentif: il a entouré la publication de son ouvrage de toutes sortes de mises en garde! le texte lui-même, s'il s'emballe parfois sous l'effet de l'imagination créatrice, reste humble et modeste: Pastoureau ne cache pas qu'à son propre avis, sa "reconstitution" part d'une hypothèse vraiment très improbable. Ce livre, il voulait l'écrire depuis 1980. Il aurait peut-être seulement dû écrire sur la couverture: "ROMAN"...