- La société numérique rassemble un peuple de drogués hypnotisés par l'écran. À trop faire le parallèle avec les habitudes qu'avaient créées chez nous les journaux, la radio, la télévision, nous n'avons pas pris garde au glissement de l'habitude vers l'adduction.
Page 24, Éditions Grasset & Fasquelle
Notre vie culturelle et intellectuelle est devenue stroboscopique.
au delà de 30 minutes sur les réseaux sociaux, notre santé mentale est menacée
Le temps qui nous a été volé est celui du manque, et donc du désir. Celui de l’amour, de l’autre, et de l’absolu.
La fracture numérique existe encore, bien sûr. L'inégalité qui vient est tout autre, cependant: il s'agira d'avoir non plus accès à la connexion, mais à la déconnexion. Accès non pas à la musique, mais au silence, non pas à la conversation, mais à la méditation, non à l'information immédiate, mais à la réflexion déployée.
Chez les enfants, la capacité à effectuer un choix raisonné qui ne succombe pas à la tentation immédiate n'est pas encore totalement formée.
Nos rêves numériques se brisent sur cette durée dérisoire. L’infini nous était promis. Il était entendu que le cyberespace ne connaitrait de limite que celle du génie humain. Au lieu de quoi, nous sommes devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au manège de nos alertes et de nos messages instantanés.
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L'économie du doute vise à produire de la vraisemblance pour remplacer la vérité, et à donner à des idées "marginales " plus de poids qu'elles n'en ont en réalité.
Phineas Taylor Barnum, l'inventeur du cirque moderne, racontait stupéfait que sa principale découverte, "ce n'est pas à quel point il est facile de tromper le public, mais à quel point le public aime être trompé, pour autant qu'il soit diverti". p100
"Le bombardement de pseudo-réalités finit par produire des humains non authentiques, aussi faux que les données qui les entourent de toute part. Les fausses réalités vont créer des faux humains ; et les faux humains vont à leur tour produire des réalités et les vendre à d'autres humains en les transformant à leur tour en faussaires. C'est juste une version élargie de Disneyland."
[Philip K. Dick]