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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est une belle surprise que ce roman de Valerie Paturaud. le portrait d'une femme libre qui ne s'embarrasse pas du regard des autres, qui trace sa route, émouvante et paisible. Racontée par ses proches (la narration est particulièrement réussie), c'est également le témoignage de tout une époque, d'une vie à la campagne, et de la difficulté à sortir de sa condition et à s'accomplir autrement que dans la maternité quand on est une femme en 1884. Nezida va bien essayer de s'émanciper mais la vie, cruelle, va vite la rattraper. le texte est court, la plume simple et gracieuse et l'histoire marquante, reflet d'une époque révolue. Un roman d'une grande finesse.
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Nézida, en route vers l'émancipation

«Nézida Cordeil, 1856-1884». C'est en découvrant une photographie de cette jeune femme que Valérie Paturaud a décidé d'en savoir plus et de nous raconter la vie de cette féministe avant l'heure. Un premier roman réussi.

Il y a quelques années maintenant, Valérie Paturaud s'est installée à Dieulefit et s'est intéressée à l'histoire de sa ville et de sa nouvelle région. Elle a alors appris que coin de la Drôme était connu pour être haut lieu du protestantisme et de la Résistance. En cherchant à en savoir davantage, elle tombe un jour sur une photographie de femme portant la mention «Nézida Cordeil, 1856-1884». Intriguée par ce prénom peu usuel, elle est alors partie sur les traces de cette femme avant de choisir de la faire revivre dans son premier roman.
Elle nous entraîne dans la seconde moitié du XIXe siècle, du Second Empire aux débuts de la Troisième République dans ce coin de France où de nombreux Vaudois venus d'Italie ont trouvé refuge. La Drôme est alors le quatrième département le plus protestant de France et compte 26 pasteurs réformés. Et s'ils «prônaient davantage le réveil religieux que le combat politique», ils n'en instillaient pas moins dans l'esprit de leurs concitoyens de petites graines d'idées nouvelles. Il n'est de ce fait pas trop étonnant de voir Nézida s'interroger sur sa vie, son rôle et ses ambitions. Mais ne brûlons pas les étapes et revenons sur les jeunes années de cette femme étonnante. À l'image de sa fratrie et de ses amis, son destin semblait tout tracé. À Comps, dans son village natal, il fallait travailler la terre, essayer de trouver le meilleur parti, avoir des enfants et s'en occuper. Son père imagine par exemple qu'elle pourrait épouser son ami Isidore qui travaille au château, «cette imposante bâtisse qui dominait à la fois le village et ses habitants.» Si l‘idée ne semble pas lui déplaire à priori, elle a dans son caractère ce que certains voient comme un vilain défaut, une insatiable curiosité. Elle veut sans cesse apprendre et découvrir. Aussi décide-t-elle de seconder son Maître d'école après avoir très attentivement suivi ses leçons.
Et quand un jeune homme «venu de l'extérieur» tombe sous son charme, elle y voit le moyen de ses ambitions. Elle épousera André Delaitre et partira s'installer avec lui à Lyon. C'est dans une ville industrielle où les soieries vont connaître leur apogée qu'elle s'intéresse au prolétariat, qu'elle leur tend une main secourable, qu'elle veut ensuite aider en devenant infirmière, partageant ainsi le rêve de son amie Camille.
Si ce roman est réussi, c'est parce que Valérie Paturaud a choisi d'en faire un témoignage polyphonique, donnant tour à tour la parole aux différents acteurs (Voir la liste des personnages ci-dessous), à ses parents, à ses frères et soeurs. On a ainsi un panorama riche et vivant de la société et des opinions de l'époque. On peut aussi lire certains avis tranchés entre ceux qui voient dans cette femme courageuse et intrépide un exemple à suivre et ceux qui pensent que son ambition est démesurée et qu'elle déroge aux règles patriarcales et conjugales. Comme fort souvent, on imagine que la vérité se situe quelque part entre ces deux extrêmes. Que si elle ne s'était pas autant investie durant sa grossesse, elle aurait pu vivre un peu plus longtemps. Mais grâce à Valérie Paturaud, sans doute émue par son destin tragique, elle revit aujourd'hui.

Personnages principaux
Nézida Cordeil
Née le 18 novembre 1856 à Comps dans la Drôme.
Antonin Soubeyran
Né le 3 septembre 1853 à Dieulefit dans la Drôme.
Suzanne Cordeil
Mère de Nézida, née Gougne le 12 mai 1836 à Comps.
Pierre Cordeil
Père de Nézida, né le 12 février 1831 à Comps.
Paul Cordeil
Frère de Nézida, né le 19 septembre 1859 à Comps.
Jean-Louis Cordeil dit Léopold
Frère de Nézida, né le 10 mars 1862 à Comps.
Joséphine
Amie d'enfance de Nézida, née le 28 mars 1857 à Comps.
Jean-Antoine Barnier
Maître d'école de Nézida, né le 5 septembre 1820. Instituteur de 1841 à 1886, à Comps.
Ovide Soubeyran
Frère aîné d'Antonin, né le 11 avril 1851 à Dieulefit.
Henry Soubeyran
Frère puîné d'Antonin, né le 10 décembre 1855 à Dieulefit.
Louise Soubeyran
Mère d'Antonin, née Defaysse en 1816 à Dieulefit, épouse d'Antoine Soubeyran, son cousin germain.
Éliette
Garde-malade de Louise Soubeyran, née en 1861.
Camille Delaitre
Amie de Nézida, née le 30 janvier 1859 à Lyon.
André Delaitre
Mari de Camille, né le 20 février 1850 à Lyon.


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Si Gallmeister a fait des trappeurs et des forêts sa spécialité, il semblerait que Liana Lévi creuse son sillon dans les champs de patates car après Alto Braco, Nézida parle encore de terroirs et de généalogie. Cette boutade mise à part, Nézida est un beau roman sur le désir d'émancipation d'une femme en cette fin de dix-neuvième siècle qui se sédentarise et s'industrialise (belle description des soieries lyonnaises - p120-122). Les campagnes se dépeuplent, les enfants s'instruisent et pour les idées politiques, certains hommes sont prêts à mourir. le progrès et la modernité, Nézida, tragique héroïne, les a ardemment souhaités - il y a une certaine ironie dans le fait qu'elle n'en disposera pas au moment le plus opportun. Pour raconter son histoire, Valérie Paturaud a choisi la formule du roman choral. Cela fonctionne à merveille parce que la vie de Nézida est subtilement déroulée à chacun des témoignages de celles et ceux qui l'ont croisée. L'écriture de Valérie Paturaud est gracieuse, efficace. Elle convient si bien aux mystères de la descendance, à la complicité des fratries, à l'incommunicabilité des sentiments.
Nézida, c'est comme avoir entre les mains une photo de famille et s'imaginer le destin de ceux qui la composent. A ce propos, petit regret, Je n'ai pas compris l'épilogue. Amis écrivains, arrêtez de nous dévoiler vos secrets de fabrication, ça gâche tout. Chère Valérie Paturaud, il suffisait de dire : « ce roman m'a été inspiré par la photo d'une certaine Nézida, dont le visage m'avait émue ».
Bilan : 🌹🌹
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Nézida, quel drôle de prénom donné à cette petite fille venue au monde dans la Drôme provençale à la fin du 19ème siècle. du côté de Dieulefit, entre Lyon et Valence vit tout un village partagé entre catholiques et protestants. On ne se fait pas la guerre, non, mais on ne se fréquente pas non plus. Il suffit de voir quel médecin on consulte, à quelle école on envoie ses enfants, chez quels commerçants on se sert et on sait si on est protestant ou catholique. La grand-rue est ainsi nettement coupée en deux.

La vie de Nézida devrait être toute tracée : aider sa mère à la maison, se marier jeune et vite donner plusieurs enfants à son époux, participer à l'office chaque dimanche et aux bonnes oeuvres des associations.

Sauf que Nézida a d'autres ambitions : elle est intelligente, aime apprendre et n'est pas prête à convoler avec le premier jeune de la communauté juste parce que c'est ce qu'on attend d'elle. Alors, elle quitte le ville natal, part à Lyon, y entame des études, une vie sociale, et même - enfin ! à 26 ans on la croyait perdue pour le mariage ! - elle s'éprend d'un jeune homme de bonne famille. Elle, la paysanne mal dégrossie, devra regarder en silence, apprendre comment on utilise les couverts à table, ne jamais prendre l'air étonné ou confus, se taire, observer, reproduire.

Reproduire...C'est précisément ce que les femmes du village désespéraient de la voir faire. Et pourtant, la voilà enceinte, heureuse, au point de vouloir renouer avec sa famille au village perdu dans les collines. Et la vie bascule avant même qu'elle ait pu réaliser ses rêves.

Nous sommes au 19ème siècle, la vie de la femme oscille entre bonheurs et douleurs. Il n'est pas si simple de voir échapper aux contraintes sociales, ni à celles imposées par le corps.

Nézida est une belle figure de femme, un exemple de ce qu'elles ont parfois tenté pour s'affirmer. L'histoire est une sorte de roman-choral où chaque protagoniste livre une partie des événements. Un livre agréable à lire, d'autant que, curieusement, il m'en est échu la version pour mal-voyants de l'édition A vue d'oeil qui apporte un réel confort même aux « bien-voyants » !.
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Nézida a vraiment existée !
Vivant dans la Drôme non loin de Dieulefit, j'ai particulièrement appréciée ce retour vers le passé.
Nézida née non loin de Dieulefit dans une famille protestante . Toute petite déjà ,elle montre son indépendance ,son caractère affirmée .
Son prénom est aussi singulier qu'elle le sera elle singulière . ou en avance sur son temps;
A 26ans , au grand désespoir de sa mère,elle n'est pas encore mariée !
Elle rencontre Antonin ,un lyonnais bien né, se marie avec lui
et pars habiter à lyon ou elle s'intègre très bien à la société .
Elle ambitionne de devenir infirmière!
Merci à l'auteur pour cette rencontre avec cette femme du passé mais aussi du présent!

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Drôle de prénom (emprunté à une héroïne de roman québécois) pour un drôle de destin.

Dès le début, le lecteur sait que cela finira mal pour cette belle et vaillante héroïne née dans la Drôme à la fin du 19ème. Celle-ci grandit dans une ferme auprès d'une mère peu aimante. Pleine de charme, jolie, dotée d'un caractère enjouée et affable, elle est cependant aimée et même admirée de son père, grand-père et de ses deux jeunes frères. Très tôt, elle montre des dispositions intellectuelles et aspire à une vie selon son goût. Au grand regret de ses parents, alors qu'elle est devenue une belle jeune femme, elle refuse les prétendants les uns après les autres . Elle attend le grand amour et elle le trouvera en la personne d' Antonin Soubeyran.

Son mariage avec ce bel homme fortuné lui fera quitter son village natal pour rejoindre la ville de Lyon. Tout semblera alors au mieux quand surviendra une tragédie que l'on devine peu à peu en lisant ce beau livre polyphonique . En effet, chaque chapitre est raconté par un de ceux que Nézida a fréquentés (parents proches, mari, amis…). Chacun donne son témoignage et fait revivre sous nos yeux la personnalité charmante et volontaire de cette jeune femme à la fois douce et exigeante, en avance sur son temps.

J'ai aimé ce livre qui évoque, avec beaucoup de délicatesse, le destin d'une jeune femme très attachante mais qui décrit aussi, avec un grand sens du détail, la vie quotidienne à la fin du 19ème tant à la campagne qu'en ville. L'auteur a indéniablement un talent de conteuse.

Le ton du récit, très classique et identique selon les différents intervenants, peut lasser le lecteur et la psychologie des personnages reste sommaire (sauf celui de la mère très réaliste et plus fouillé) mais personnellement je me suis laissée bercer par ce beau récit inspiré et dépaysant d'une grande qualité littéraire. J'en recommande la lecture.
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