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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je connaissais l'auteur, Frédéric Paulin, de nom pour sa trilogie « Tedj Benlazar » constituée des tomes « La guerre est une ruse », « Prémices de la chute » et « La Fabrique de la terreur » dont le plus grand bien avait été écrit sur internet. Je n'ai pas pu m'empêcher de me procurer ce livre récemment mais peu de temps avant, son dernier roman est paru lors de la rentrée littéraire en 2021 avec « La Nuit tombée sur nos âmes ».

Ici, Frédéric Paulin se concentre sur le sommet du G8 de 2001 qui s'est déroulée à Gênes en Italie et qui s'est soldée par la mort d'un manifestant, tué d'une balle dans la tête par un carabinier.

C'est une plongée totalement immersive que l'écrivain offre à ses lecteurs. Cette immersion l'est tant du côté des manifestants altermondialistes que du côté des politiques réunis à l'occasion de cette réunion et de celui des forces de l'ordre. J'ai trouvé que c'était intelligemment écrit et absolument captivant !

Par la lecture de ce bouquin, le lecteur a lui-même l'impression de se trouver sous le soleil plombant de Gênes, évoluant dans les rues, sous la pression constante et permanente des policiers et carabiniers où la moindre étincelle risquait de mettre le feu aux poudres, comme cela fût d'ailleurs le cas en 2001.

Il faut se rappeler qu'à titre précurseur, plus tôt dans l'été, un précédent sommet international avait eu lieu et des échauffourées s'étaient déjà déroulées. Afin d'éviter de potentiels débordements, les forces de l'ordre avaient été massées en masse dans la ville de Gênes. Cela en vue d'éviter le même résultat, par le contre-sommet organisé par des associations altermondialistes et gangrené par la présence de membres d'extrême-droite. Maintenant que l'on connait la suite, ce fût encore bien pire !

Le style fluide est très visuel et permet de revivre le désastre où les victimes se sont comptées par centaines. Car, en plus de la mort d'un manifestant, des jeunes et moins jeunes ont littéralement été tabassés gratuitement par de nombreux fascistes présents au sein des forces de l'ordre elles-mêmes.

En faisant quelques recherches sur ce sommet, pour lequel je n'ai que des brides de souvenirs (soit parce que j'étais assez jeune ou soit parce que les terribles événements qui se sont déroulés 2 mois plus tard lors des attentats du 11 septembre ont totalement occulté mes souvenirs), je suis tombée sur un article de 2017 où le chef de la police italienne tentait de faire son mea culpa en reconnaissant des actes de tortures sur des manifestants !

Tout dans ce bouquin m'a tenue en haleine. Même si on connaît les dégâts au final bien avant la fin, on ne peut s'empêcher de « vivre » ce moment hors du temps, comme si on faisait un saut plus de 20 ans en arrière. Documenté et enrichissant, c'est une lecture à ne pas passer à côté !

Si comme moi, les faits de société vous intéressent, ce livre en est un parfait représentant pour une lecture immersive, totalement aboutie et saisissante.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Gênes, juillet 2001, sommet du G8.
Frédéric Paulin, qui entre parenthèses y était, nous invite à suivre des altermondialistes, des journalistes, des policiers français et italiens, des politiques français et italiens durant ces quelques jours de folie qui ont saisi la ville.
Nous avons ainsi un oeil au coeur des manifestations et un autre dans les coulisses d'où sont donnés les ordres de la répression hyper violente orchestrée par les autorités italiennes. On pénètre même un peu dans la zone rouge où sont réunis les chefs d'Etat qui papotent alors qu'à l'extérieur la ville brûle.
L'alternance des points de vue permet de saisir les dissensions entre les groupes d'ultra-gauches : LCR, anarchiste, tuniques blanches… leur paranoïa. Cela permet de saisir aussi les manipulations politiques notamment des néofascistes qui infiltrent certains de leurs membres dans les cortèges pour contribuer au saccage…
C'est dynamique, rapide, haletant et… révoltant.
Certes, les black blocs ne sont pas des anges, ne sont pas des tendres.
Mais la violence dite « légitime » est tout bonnement intolérable.
En ces temps bien sombres où la France semble faire le choix du recours systématique à cette forme de violence, cette lecture est nécessaire.
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C'était il y a 20 ans. Gênes accueillait le G8.
Je me souviens très bien des infos qui nous montraient d'un côté les chefs d'états et de l'autre un demi-million de militants altermondialistes venus manifester un autre vision du monde de demain.
Je me souviens surtout de ces images qui faisaient peur. La ville saccagée par le black block. La mort d'un jeune italien.
Le Forum Social qui se déroulait en marge du somment était un évènement historique, mais on nous donnait une vision très partielles des choses.
On nous montrait une ville en émeute et des méchants casseurs. Très peu de voix pour évoquer la répression policière et je ne suis pas sure d'avoir profondément réfléchi à tout ça à l'époque. Comme tout le monde, quelques semaines plus tard, j'allais avoir le regard fixé sur les tours jumelles de New York. L'actualité était ailleurs….

Frédéric Paulin vient nous replonger dans ces 3 jours en mêlant la fiction à une sordide réalité. Il ne simplifie rien, il explique le contexte (un mois avant Gênes, l'ouverture du sommet européen de Göteborg, en Suède, est marquée par des scènes de violence), les différentes mouvances au sein des altermondialiste et les dissensions, le contexte politique de l'Italie de Berlusconi, les néo-fascistes et la police du pays qui est devient une police politique.
Chaque protagoniste du roman représente une des composantes de ce rendez-vous historique. Ils sont italiens ou français, ils sont militants, conseillers politique, policiers, carabiniers, ou journalistes. Tous vont se retrouver mêlés à la grande histoire et je vous promets que l'histoire est sale, salement sale, révoltante….

Je ne vais pas m'étendre sur toutes les émotions ressenties à la lecture de ce roman. Si on pouvait juger l'effet d'un livre au nombre de jurons, gros mots et de « c'est pas possible » prononcés, La Nuit tombée sur nos âmes arriverait sur le podium. J'ai été vraiment chahutée.
Je vous invite avec insistance à découvrir ce livre, très noir, très didactique, très politique, et nécessaire.
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Après sa trilogie maintes fois primée (voir ma chronique de Prémices de la chute), Frédéric Paulin frappe une nouvelle fois un grand coup dans son style caractéristique mêlant l'Histoire et les petites histoires, cherchant à dévoiler des vérités cachées ou falsifiées… ou tout le moins à nous faire réfléchir.

Ici l'évènement c'est le G8 à Gênes en juillet 2001, ses manifestations, ses affrontements, ses violences, ses coups bas politiques, ses mensonges… le tout vu par le prisme de quelques personnages forts : Wag et Nathalie, activistes ; mais aussi une journaliste et un photographe français, un sous fifre scribe de Chirac, et quelques pontes policières italiennes …

C'est évidemment très précis, factuel, mais pas que : le récit est vivant et passionnant grâce à ces personnages que l'on suit tour à tour, jour après jour dans cette cité devenue champ de batailles.

C'est aussi violent, dur, noir, ça fait mal comme un coup de poing… je suis sorti de cette lecture groggy comme rarement.

Au final, un livre encore une fois impressionnant, un travail journalistique exhaustif rendu vivant par le biais de personnages ambivalents… un choc, une énorme réussite !

Merci Agullo pour cette lecture !

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Toutes celles et tous ceux qui ont lu la « trilogie Benlazar » de Frédéric Paulin composée de :
- La Guerre est une ruse
- Les Prémices de la chute
- La Fabrique de la terreur
Toutes et tous savent de quoi l'auteur est capable.
Il a cette faculté de passionner ses lecteurs et lectrices sur un sujet difficile ou, comme ici, un évènement presque isolé, passé à la trappe, gommé par un évènement sans précédent qui a secoué la terre entière.
Un sommet du G8, regroupant les dirigeants des grandes « forces » mondiales, dont le but est de s'accorder ou en tout cas d'essayer, sur des sujets de politique, d'économie ou de stratégie, n'est pas forcément un des sujets que l'on attend avec impatience et que l'on suit avec fébrilité.
Frédéric Paulin, lui, a décidé de nous relater celui de juillet 2001, du côté de militants anti-mondialistes, de black-block, de jeunes gens pour qui un tel sommet est à l'opposé de ce qu'ils attendent.
Il nous parle de violence policière, de répression sous un gouvernement (très très) à droite en Italie à cette époque. Une Italie dirigée par Berlusconi.
Le fascisme, avant ou après 1945, a les mains pleines de sang, aucune pureté n'est sienne.
Il nous raconte cette violence policière sur laquelle les politiciens ferment les yeux, parfois l'encouragent, et qui mène à la mort des gamins. (On se souviendra au passage que ceci n'est pas l'apanage de l'Italie et on ne peut penser qu'à Rémi ou à Steve en lisant certains passages).
Nous sommes donc à Gênes en juillet 2001 parmi les contestataires de ces gouvernements capitalistes. Des militants d'extrême-gauche, infiltrés de policiers et de membres des diverses agences de renseignements des pays représentés au G8, dont la France. Nat est une black-block, Wag une taupe de la DGSE et ils sont amants. Ils vont vivre 3 jours de violence, de chaos.
Comme pour sa trilogie, Frédéric Paulin a visiblement effectué un travail de recherche impressionnant. Et de la même façon, il nous happe dans cette histoire et tout ce qu'on ne sait pas ou ne comprend pas devient limpide.
Si on se souvient parfaitement de l'attentat qui a secoué le monde entier deux mois après, pour ma part, je n'avais aucun souvenir de ces évènements s'étant déroulés dans un pays voisin. Ce qu'on a pu vivre ensuite, surtout ces dernières années, fait qu'on n'est même pas étonné que de telles choses aient pu arriver, qu'on est presque habitués à ce que la police soit synonyme de violence, de répression, de menace plutôt que de protéger et servir…
Encore une fois, j'ai été plongée dans un roman de Frédéric Paulin, comme infiltrée, moi aussi.
Toujours la même qualité, toujours la même force, l'auteur ne faiblit pas et on en redemande.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Service de presse.



Policiers, manifestants ou habitants, quelles que soient d'ailleurs les parties prenantes et quelles que soient les villes où cela s'est déroulé, il est difficile d'imaginer que l'on ait pu oublier les événements qui ont jalonné les contre-manifestations du G8. Pour ce qui me concerne, je garde toujours en mémoire les images du contre-G8 se déroulant à Genève où j'officiais déjà en tant que jeune policier. C'était le 2 juin 2003 et je revois encore clairement les quelques scènes qui ont marqué mon esprit que ce soit les commerces barricadés, ce fameux samedi soir où toutes les vitrines de la grande rue commerçante de la ville ont été brisées par un groupuscule de casseurs, la grande manifestation de dimanche rassemblant près de 30'000 participants et les débordements qui ont suivi, au terme de la journée avec son cortège de commerces saccagés, parfois pillés, ainsi que les confrontations avec le fameux black bloc. Je me souviens encore de l'adrénaline, mais également de l'appréhension qui m'habitait durant les différentes phases de ces longues journées, soirées et nuits chargées de tensions. Je me souviens aussi de la fatigue et du soulagement lorsque tout cela s'est terminé. Au mois de juillet 2001, Frédéric Paulin s'est rendu à Gênes pour participer au contre-sommet du G8 qui a viré à la tragédie. Vingt ans plus tard, lui non plus n'a rien oublié et reste marqué par des événements terribles qui se sont soldés notamment par la mort d'un manifestant, Carlo Giuliani, abattu par un carabinieri. Comme pour exorciser un fardeau qui pèse encore sur ses épaules, Frédéric Paulin a donc choisi d'intégrer son témoignage par le prisme d'un magistral roman coup de poing, La Nuit Tombée Sur Nos Ames, qui revient sur les événements jalonnant les trois jours d'une ville de Gênes prenant l'allure d'un camp retranché pour abriter les dirigeants d'un sommet conspué par des milliers de manifestants.

Nathalie Deroin et Chrétien Wagenstein, que tout le monde surnomme Wag, sont un couple de militants d'extrême gauche, coutumiers des manifestations tournant à la confrontation avec les forces de l'ordre que ce soit en France ou à l'étranger, comme à Göteborg à l'occasion du contre-sommet du G8. Désormais, c'est à Gênes qu'ils se rendent pour grossir les rangs des 500'000 manifestants qui disent non au nouvel ordre mondial des dirigeants du G8 se réunissant dans un centre-ville qui prend l'apparence d'une cité assiégée. Mais le grand raout des altermondialistes tourne court avec des confrontations d'une extrême violence entre des groupuscules de manifestants déchaînés et des forces de l'ordre débridées et dirigées par un pouvoir italien qui instaure une stratégie de la tension sans précédent. Qu'ils soient manifestants, journalistes ou flics infiltrés, tous vont observer, durant ces trois jours, cette fureur qui s'abat sur la ville, en atteignant son paroxysme avec la mort d'un jeune manifestant, tué d'une balle dans la tête par un policier, mais aussi avec de terribles exactions du côté de l'école Diaz et de la caserne Bolzaneto où le déploiement des forces de l'ordre va prendre, peu à peu, l'allure d'un règlement de compte sauvage, ponctué d'actes de tortures sadiques. Pris au coeur de cette tempête de violence effrénée que vont devenir Nath et Wag ?

Le talent de Frédéric Paulin, repose déjà sur l'originalité des sujets sensibles de notre histoire récente qu'il traite en évoquant notamment le terrorisme islamiste sur l'espace de trois décennies débutant avec La Guerre Est Une Ruse (Agullo 2018) abordant la guerre civile qui sévissait en Algérie durant les années 90, suivi des Prémices de la Chute (Agullo 2019) restituant le parcours de l'organisation terroriste Al-Quaïda pour s'achever avec La Fabrique de la Terreur (Agullo 2020) qui se concentrait sur la guerre en Syrie et l'embrigadement des jeunes dans l'armée de Daech. de trois décennies on passe à un laps de temps de trois jours avec La Nuit Tombée Sur Nos Ames qui dépeint avec une précision chirurgicale le déroulement du contre-sommet du G8 à Gênes avec cette tension permanente qui plane sur l'ensemble d'un récit restituant l'atmosphère dantesque régnant dans les rues surchauffées de la ville. Tout y est parfaitement restitué que ce soit l'ambiance au sein des grands cortèges défilant dans les artères de la cité, ou le fracas des échauffourées, nimbées de nuages de gaz lacrymogène, qui tournent parfois à la tragédie avec, en toile de fond cette musique tonitruante résonnant sur les façades des immeubles pour clamer la rage et la colère des manifestants. Avec le mot juste et la phrase précise qui caractérisent l'écriture de Frédéric Paulin, le lecteur ressent ainsi cette tension permanente planant sur l'ensemble d'une galerie de personnages ambivalents, parfois troublants à l'instar de Wag endossant le rôle de preux chevalier auprès de Nath, la rebelle anarchiste qui fait partie du black bloc, dont il est fou amoureux, mais qui sert d'indic auprès de deux agents infiltrés de la DST qui l'accompagnent durant son périple gênois en devenant ainsi, par la force des choses, témoins des exactions de leurs collègues italiens tout comme Génovéfa Gicquel, journaliste française pour le Journal du dimanche et d'Erwan, photographe baroudeur, free-lance. Afin de ne pas sombrer dans le pamphlet, mais de dénoncer tout de même les dérives, Frédéric Paulin nous invite à adopter le point de vue du côté du sommet du G8 et des forces de l'ordre avec Franco de Carli chargé de la sécurité à Gênes qui rêve d'un grand retour du fascisme en Italie, de Laurent Lamar, chargé de la communication auprès du président Chirac et du caporal chef Dario Calvini, membre des carabinieri qui, de son propre aveux, aurait pu frayer avec le black bloc s'il ne s'était pas engagé dans la police. Des individus troubles autour desquels Frédéric Paulin pose quelques explications quant à la mentalité , voire même la culture d'entreprise, qui régit l'ensemble des forces de police dont de nombreux dirigeants se réclament de partis d'extrême-droite en encourageant l'usage de la force, ceci de manière immodérée comme en témoigneront les exactions commises à l'école Diaz et à la caserne Bolzaneto. Altermondialistes pacifistes versus anarchistes violents, Frédéric Paulin dépeint également de manière brillante les différents courants qui émergent au sein des manifestants avec cette sensation de disparité irréconciliable qui se cristallise avec la présence du fameux black bloc dont l'auteur démystifie certains aspects organisationnels ce qui explique l'aspect incontrôlable de ce mouvement. Il en résulte un roman âpre et passionnant dont la densité, mais également la pertinence des différents points du vue nous entraînent ainsi dans l'intensité d'un récit chargé d'une émotion brut qui va bouleverser à jamais l'âme de ceux qui ont participé à ce contre-sommet du G8 à Gênes qui vire à la tragédie en s'achevant de manière abrupte en nous laissant bouche bée pour finalement nous demander ce qu'il est advenu de tous les protagonistes sur lesquels planent un grande incertitude comme si la nuit était tombée sur leurs âmes.

Intégrant la précision des faits historiques au gré d'une intrigue solide qui prend l'allure d'un roman choral, La Nuit Tombée Sur Nos Ames devient l'un des ouvrages majeurs de cette rentrée littéraire avec un sujet sensible qui a pu sombrer dans l'oubli alors que deux mois plus tard survenaient les événements du 11 septembre changeant définitivement la face du monde.


Frédéric Paulin : La Nuit Tombée Sur Nos Ames. Agullo 2021.

A lire en écoutant : Riot van de Arctic Monkeys. Album : Whatever People Say I Am, That's What I'm Not. Domino Records 2016.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Le petit avis de Kris pour Collectif Polar
Militants d'extrême gauche français, Wag et Nathalie se rendent à Gênes en juin 2001. le G8 se tient dans la cité italienne et le mouvement altermondialiste entend bien contester cette incarnation de l'ordre mondial néolibéral. Mais la répression policière se déchaîne et entre les journalistes encombrants, les agents de la DST et les propres tiraillements des deux héros, l'histoire vacille.
Frédéric Paulin est un historien contemporain. Sous couvert de roman, il nous dévoile les coulisses de ce G8 qui laissa des cicatrices indélébiles. Après sa magnifique trilogie sur l'Algérie qui éclaire sur beaucoup de choses, ce nouvel opus ne dépare pas dans ces récits violents sur ce qui restera pour beaucoup une plaie qui ne guérira jamais.
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Ouvrir un roman de Frédéric PAULIN, c'est s'approcher de la violence des hommes. Et avec son dernier roman, l'auteur nous plonge au coeur du maelstrom.

Il y a Wad, de son prénom Chrétien (il y a des parents bizarres tout de même….), thésard mais surtout trotskiste.

Lors d'une manif, il sauve Nathalie, elle plutôt toto, comprenez (si vous êtes néophyte comme moi) mouvance autonome.

Pour l'anecdote, j'en étais restée à la querelle Trotski-Staline et au meurtre du premier. Après, je n'ai plus suivi les divergences de doctrines. Je ferme la parenthèse.

Ensemble, ils vont grossir les rangs du contre-G8 du Gênes de juillet 2001. Ils rejoignent les Tute Bianche (les tuniques blanches), mouvement de résistance passive qui disparaitra à cette occasion. RIP.

Il y a Génovéfa, la journaliste du JDD qui décide de couvrir l'événement, en ayant assez de couvrir de faux événements, comme le dernier vol du Concorde.

Il y a Laurent Lamar, le communiquant de l'Elysée qui voue un culte à Jacques Chirac (et oui, à l'époque, c'était encore le pantagruélique président), et qui va se retrouver entre le marteau et l'enclume, comprenez entre la DST et la sécurité italienne et son retors Calvini.

Carli, chef du service d'ordre, et aimant l'ordre à la fasciste, fait déployer l'équivalent des forces spéciales dans la ville de peur des débordements.

L'action se déroule en juillet, sous un soleil torride qui échauffe les esprits.

Si j'ai eu un peu de mal avec les différents acronymes et factions gauchistes de la lutte contre la mondialisation, l'auteur a fini par m'entraîner au coeur de ces jours fatidiques qui, s'ils n'ont pas changés la face du monde, lui ont mis un sacré coup.

Mais à quels prix : des jeunes adultes brisés physiquement et mentalement.

Car si certains personnages disent éprouver du plaisir à casser les magasins de la Grande Consommation et autres banques, ce sont avant tout des enfants idéalistes qui ne méritaient pas de tomber face à des fascistes déchaînés avançant eux aussi en meute.

J'ai aimé l'ironie de l'auteur : Et tout ça se déroule sous un soleil magnifique, le bleu du ciel est cinégénique. Il fait si chaud, la mer doit être agréable. (p.22)

Le style est concis, les phrases s'enchainent vite, comme si il y avait une certaine urgence à raconter.

Pendant ma lecture me revenaient en mémoire les émeutes des gilets jaunes, le déchainement de violence de part et d'autre.

Comme si nous étions condamné à cette violence pour nous faire entendre.

Une citation :

On entend partout « La violence, c'est mal. ». Qui nous vend ce discours à ton avis ? Ben moi je vais te le dire : ce sont ces huit mecs barricadés dans la zone rouge en ce moment. Les huit mecs les plus violents du monde. (p.179)

L'image que je retiendrai :

Celle des coulées de sang sur les murs de l'école Diaz dans laquelle les manifestants ont été pris au piège à minuit.
Lien : https://alexmotamots.fr/la-n..
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Il y a vingt ans à Gênes, se tenait un sommet du G8 ainsi qu'un contre sommet historique. Ce furent trois jours d'affrontements dans une ville en état de siège durant lesquels un jeune militant italien trouva la mort. La nuit tombée sur nos âmes nous plonge dans ces jours de tension extrême et de violence. L'auteur nous raconte ces journée si particulières qui posèrent les jalons des luttes sociales à venir. Je n'avais jamais rien lu de similaire et autant le dire tout de suite, j'ai été complètement emportée par ce roman.
Alors que le coeur du Gênes se referme pour accueillir les chefs d'état du G8, 500 000 personnes se préparent à manifester. Venant de toutes les mouvances de la gauche et de toute l'Europe en portant des revendications sociales et politiques. Tous refusent l'ordre mondiale. Parmi eux il y a Wag, un français habitué aux manifestations et Nat, une militante proche des Black Blocs. On rencontre aussi des journalistes, des policiers infiltrés et des conseillers politiques. Toutes les parties prenantes des événements qui vont agiter le sommets sont présentes. Des politiques italiens fascistes, aux militants de gauche les plus radicaux, l'auteur nous brosse un portrait exhaustif des mouvances en présence.
Très vite le lecteur est happé par l'action. Les événements s'enchaînent, les personnages doivent prendre des décisions rapidement et le rythme s'accélère à mesure que le roman avance. Nous sommes omniscient, à la fois dans les coulisses du pouvoir et au coeur des manifestations. La violence et la tension règne dans la rue mais aussi dans les salons dorés ou dans les casernes des carabiniers. L'inévitable arrive et un militant est tué. Carlos Giulina si prend une balle, c'est le déchaînement. Frédéric Paulin était présent au contre sommet et nous sentons dans son écriture une forme d'urgence, de révoltes. Même si ses affinités avec les militants altermondialiste sont claires, il reste lucide sur leurs dérives et leurs contradictions. En plongeant au coeur de la fougue de la manifestation, le lecteur est pris d'une forme de révolte face une répression disproportionné.
Alors que s'organise le contre sommet, les tensions au sein des opposants politiques sont vives. Entre les black blocs, les parties d'extrême gauche traditionnelles et les diverses mouvances alter-mondialistes, les divergences sont profondes malgré la présence d'un ennemi commun. Cette incapacité à réellement s'entendre et échanger gangrène la diffusion des idées de gauche. En parallèle des débats internes aux opposants d'autres discutions ont lieu entre les cercles du pouvoir. Un chargé de communication de Jacques Chirac affronte un fasciste du ministère de l'intérieur italien. Deux visions et des intérêts divergents se confrontent en entraînant compromissions et manipulations. Les journalistes ne sont pas en reste dans ce tableau tout en nuance. Nous suivons une jeune femme ambitieuse qui assiste impuissante à la violence policière. Elle comprend alors son incapacité à témoigner de ce qu'elle a vu et le peu d'intérêt que son journal porte à cela.
Frédéric Paulin s'attaque à un sujet rarement vu en littérature avec une force et un réalisme saisissant. Il raconte des journées qui ont changées le militantisme et le rapport avec la police. C'est un texte qui m'a passionné par son sujet mais aussi par la manière dont l'auteur brosse des personnages extrêmement justes. En racontant cet événement quelque peu oublié, Frédéric Paulin nous donne à reflechir sur nos luttes actuelles. Un coup de coeur !
Lien : https://lapagequimarque.word..
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Bonjour amis lecteurs,
Je remercie chaleureusement les éditions Agullo pour l'envoi du livre de Frédéric Paulin: « La nuit tombée sur nos âmes » Un roman noir très intéressant qui nous plonge dans le sommet du G8 à Gènes en 2001 . L'auteur nous raconte ces quatre journées dramatiques pendant lesquelles la violence s'est invitée dans les deux camps. L'auteur intègre des faits historiques à une intrigue captivante totalement maîtrisée grâce à son style enlevé.
Une belle découverte !
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