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Citations sur Prémices de la chute (28)

Il s' efforce de prendre des notes, mais rien ne le touche comme il l' aurait voulu. Il essaye d' imaginer les avenues que traversaient en courant les habitants à la merci d' un tireur embusqué là-haut dans les étages d' un immeuble. Bien sûr, devant la bibliothéque de Sarajevo entièrement détruite, il éprouve un instant d' horreur. Il est capable de comprendre la monstruosité qui a présidé à ce gigantesque autodafé : même lui sait que quand les livres brûlent, les hommes meurent. Mais ce n' est pas en tant que Bosniaque qu' il est touché, ce n' est pas son être intime qui frémit devant ce crime. Il ressent seulement l' immense gâchis que les Européens et les Américains ont laissé aller à son terme.
Il se sent coupable, comme un Français, comme le citoyen d' un pays qui n' a pas fait grand chose quand il était important d' agir. La France a bien perdu soixante-dix soldats, souvent abattus par des snipers, mais à part le renforcement de la Forpronu qu' ils ont insufflé, Mitterrand et Chirac n' ont pas brillé par leurs solutions au problème de l' ex-Yougoslavie : une apparition médiatique à Sarajevo pour le premier, des déclarations énergiques pour le second....et la guerre a continué.
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L’histoire se répète inlassablement, aucune leçon n’est jamais retenue. Quand il a alerté sur la possible collusion entre services secrets algériens et islamistes, on lui a ri au nez ; quand il a signalé la présence de Français parmi les combattants de la brigade El Moudjahidin à Zenica, personne ne l’a écouté. S’entêter à jouer ce jeu a-t-il encore un sens ? Ça le démange de refaire le coup de la démission ; maudire ses chefs, mépriser le pouvoir en place, les laisser tous se démerder sans lui.
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Un romancier peut recueillir plus de confidences qu’un journaliste, le roman, ça rassure les gens, ils ne savent pas que le romancier peut révéler la vérité.
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Sur l’échelle de la dangerosité, un jaloux armé se trouve juste en dessous du cobra cracheur.
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-L'arrivée des réfugiés afghans a déstabilisé l'équilibre démographique des zones tribales et la structure du pouvoir pachtoune. Les Pachtounes n'ont eu d'autre choix que d'abandonner leur nationalisme ethnique. Et seule l'identité religieuse est capable de remplacer le nationalisme comme politique mobilisatrice d'un groupe.
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On ne se prépare pas à la guerre.
Parfois on s’est entraîné, parfois on s’est armé, parfois on a dressé des plans d’attaque ou de défense, mais rien ne prépare à la guerre. À l’absence d’issue, à la violence totalisante, à la peur qui vous paralyse, à l’avenir qui n’est plus que hasard. Il n’y a pas de préparation à la guerre, il n’y a que des mensonges qui poussent les hommes à y partir.
On ne se prépare pas à la guerre.
On fait face, au dernier moment.
« Stop priorité. On nous a tiré dessus, un collègue est touché. Ils sont plusieurs… » Des coups de feu claquent. Gros calibre, pas de celui que les flics ont déjà pu croiser dans les rues.
« Attention ! Ça tire encore ! Il est derrière, il est pas loin, là ! Il nous a tiré dessus encore une fois ! »
La guerre a commencé.
Des véhicules de police foncent vers le point névralgique de la guerre, là où la bataille s’est engagée. Il en vient de Lille, de Roubaix, de partout. Leurs sirènes rompent le silence nocturne dans un vacarme ahurissant.
« Il y en a un qui a un fusil à pompe ! Il nous a fait feu. Ils sont en face, je sais pas. C’est la panique, là… »
Dans la 405 de la PJ qui fonce à tombeau ouvert, le capitaine Joël Attia et le lieutenant Riva Hocq sont muets. Les yeux écarquillés, ils sont hypnotisés par la voix de leur collègue, le major Cardon, sur la bande passante. Ils sont entraînés, ils sont armés, mais ils n’ont jamais imaginé partir à la guerre. Jusqu’à cette minute.
Autour d’eux, les rues de Croix sont désertes. Les petites maisons cossues ou les grandes demeures à colombages qui défilent sont plongées dans le sommeil, contrastant avec la fureur qui se déchaîne tout près. Les façades sont seulement zébrées par la lumière du gyrophare posé sur le tableau de bord.
Attia est pied au plancher. Dans l’habitacle, la tension coupe le souffle des flics.
– Bordel ! Mais qu’est-ce qui se passe ? demande Hocq en dégainant son pistolet.
– Ils sont en train de se faire fumer, grogne Attia. Putain ! Mais ils ont quoi, comme flingue ?
Les minutes sont pareilles à des heures et les kilomètres, interminables. Le compteur indique 127 km/h. En ville, c’est suicidaire. Mais dans la confusion, Attia a désormais compris que des flics qui s’apprêtaient à contrôler une Audi se font arroser à l’arme de guerre. Philippe Gouget et Didier Cardon sont ses collègues, ses amis, il travaille avec eux depuis longtemps/
Hocq ne parle pas, elle voudrait lui dire d’aller plus vite encore. C’est étrange : la peur n’empêche pas de se précipiter vers la guerre. Les mensonges que l’on vous a répétés avant sont plus forts que la peur : la justesse de votre cause, la supériorité de la justice… Des mensonges.
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La ville est toujours calme, figée. Comment est-ce possible ? Comment cette fusillade ne réveille-t-elle pas le
monde entier?
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Il y en a un qui a un fusil à pompe ! Il nous a fait feu. Ils sont en face, je sais pas. C’est la panique, là…
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Et seule l'identité religieuse est capable de remplacer le nationalisme comme politique mobilisatrice d'un groupe.
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Ben Arfa éclate de rire :
— Tu déconnes? Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Je ne sais pas trop : la BAC est tombée sur une
voiture volée et des mecs les ont reçus à la Kalach.
L’autre continue à se marrer.
— Putain de ta mère : à la Kalach?
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