Les oiseaux rares ? Ce sont ces vies un peu oubliées, ces personnes laissées pour compte à qui la société ne fait plus confiance, ces gens hors du système classique, hors des normes rassurantes. Ce sont Shiem, pleine de colère qui reprend ses études à vingt-trois ; Achir, résigné, coincé en Algérie qui rêve d'ailleurs ; Émile, ce retraité charismatique, et son imposant passé. Des pépites noyées sous la boue. Pas forcément des pépites en or, mais en quoi le bronze serait-il moins précieux que l'or ?
Les oiseaux rares ? Ce sont aussi ces hommes et ces femmes (surtout ces femmes dans ce roman) qui se tendent la main, leur tendent la main, s'écoutent, les écoutent, croient en la valeur de l'autre quel qu'il soit, d'où qu'il vienne, où qu'il aille. Comme Hélène, prof d'un lycée alternatif, inépuisable de bonté et de générosité. Ou Rose, directrice de résidence autonomie où vivent Émile et Shiem.
Même si
Les oiseaux rares ne fut pas un coup de coeur foudroyant, c'est un récit que j'ai pris un immense plaisir à lire.
On pourrait se contenter de dire que c'est un roman d'apprentissage où chaque personnage grandit au côté des autres. Ce qui est tout à fait vrai. Mais ce n'est pas seulement ça. C'est aussi un roman sur les dits et les non-dits, sur la confiance et l'amitié, le mensonge et le pardon. Sur l'espoir, le (poids du) passé, (le poids de) l'héritage. Sur la vieillesse, l'engagement, le déracinement, le décrochage scolaire mais le raccrochage humain.
Vaste programme, n'est-ce pas !
La première chose qui frappe à l'ouverture de ce récit, c'est le style minimaliste de l'auteur. Des phrases courtes, percutantes, pour un style haché qui exprime bien l'urgence de vie des personnages. La seconde, c'est l'absence déroutante de dialogues directs. Point de guillemets ou de tirets cadratins, les dialogues sont sans cesse inclus dans la narration. Un choix qui peut surprendre sur les premiers chapitres mais auquel on se fait très rapidement. La langue est directe, dans un style parlé qui oscille entre courant et familier. Beaucoup d'émotions à fleur de peau, de ressentis. À l'inverse, le roman ne déborde pas de descriptions, le minimum nous est livré et c'est bien suffisant.
Tous ces éléments donnent au récit un côté très visuel, très théâtral. On le voit presque, ce conteur sur scène, qui retranscrit ces tranches de vies.
Tous ces éléments, surtout, rendent les personnages particulièrement justes, réalistes et attachants. Particulièrement vivants. C'est d'ailleurs cet adjectif qui pour moi résume le mieux cette lecture
Les oiseaux rares est un récit vivant.
On pourrait reprocher quelques facilités au roman (notamment une histoire d'amour assez convenue) mais ce sont des facilités qui mettent du baume au coeur, qui ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe et qui ne dégoulinent pas de mièvreries. Alors on pardonne, voire même on apprécie que par moment, tout se passe comme prévu.
En bref,
Les oiseaux rares est un roman tout simple, certes, mais qui nous fait passer un très beau moment aux côtés de personnages lumineux. Ce serait dommage de passer à côté !
PS : Je remercie la Masse critique Babelio et les éditions du Seuil pour la découverte de ce roman !
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