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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Résumé : En région parisienne, Sihem, jeune fille de 23 ans, essaye de se raccrocher à la scolarité en se rendant au micro-lycée, et loge dans une résidence autonome, où elle fait la rencontre d'un vieux monsieur, Zapata. Rose, qui gère cette résidence, et Hélène, professeur de français de Sihem, vont assister à cette rencontre qui permettra peut-être d'apaiser chacun. En Algérie, Achir rêve de liberté et de départ…

Mon avis : Tout d'abord merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour m'avoir proposé de lire ce roman. L'auteur, qui jusqu'ici écrivait des pièces de théâtre, écrit ici son premier roman.

Et ce dernier m'a profondément touchée, car il résonne d'une grande justesse, aussi bien dans les situations que dans les mots.

Nous y faisons la rencontre de plusieurs personnages, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs secrets, qui tous rêvent d'un monde meilleur, mais que la vie a parfois durement ballotté.

Tout d'abord, il y a Sihem, jeune fille lumineuse, mais que ne le sait pas encore, car cabossée par la vie, sans famille, avec aucune confiance en elle, et la peur que tout le monde la juge et la prenne pour quelqu'un de nul. Cette fois, elle a décidé de reprendre ses études à 23 ans, et de passer son bac. Pour cela, elle s'est inscrit au micro-lycée de Vitry-sur-Seine, qui accueille des élèves décrocheurs, où elle fait la rencontre d'Hélène, professeur de français, qui va progressivement lui apporter de la confiance, et lui faire découvrir l'amour des belles lettres et de l'écriture.

A la résidence autonome où vit Sihem, mélangeant les générations, elle croise le vieux Zapata, qui attire les femmes malgré son grand âge, et a un passé familial glorieux de résistance à l'oppression. Tous les deux se situent à des âges opposés, mais sont marqués par la vie, et vont progressivement se rapprocher. Zapata va s'attacher à Sihem, qui va donner un sens à sa vie, mais cache aussi de lourds secrets.

Rose, la directrice de la résidence, travaille avec passion et aime tous ses pensionnaires, et voit d'un oeil positif cette relation se nouer entre Sihem et Zapata.

Hélène, la professeur de français de Sihem, s'est engagée dans le micro-lycée avec ardeur et ferveur, souhaitant permettre à tous ses élèves de retrouver le chemin de la vie, mais en néglige parfois sa famille.

En Algérie, Achir, un jeune homme qui vit chez son oncle garagiste, vit de petites magouilles, et sait que son destin est de partir hors de son pays, et aime une femme qui le considère comme son meilleur ami.

Tous les cinq vont se croiser ou se rencontrer, et chacun d'entre eux va en ressortir plus vivant et plus fort, malgré les aléas et les coups durs.

Un beau roman qui redonne espoir en les relations humaines, où chacun peut trouver sa place dans le monde, et où l'amitié et l'entraide permettent de reprendre confiance et d'avancer, malgré les sombres douleurs et les coups durs de la vie.
Les émotions sont à fleur de peau, et le lecteur ressentira à la fois la beauté et la tristesse de certains gestes.

Ce premier roman met en valeur l'engagement des personnes, qui croient que le meilleur est toujours possible, qui s'attachent, jour après jour, à rendre le monde plus beau, en apportant aide et soutien aux autres.

Merci à l'auteur pour ces belles rencontres.
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Si Hugo Paviot propose ici son premier roman, l'auteur a déjà une grande expérience de l'écriture. Dramaturge et metteur en scène, il a écrit une dizaine de pièces, pour lesquelles il a reçu plusieurs prix littéraires. le milieu qu'il évoque dans ce roman, il le connaît bien pour avoir animé plusieurs projets culturels dans des lieux où il faut redonner le goût du rêve et la confiance en soi.
La Méditerranée les sépare, mais ils ont les mêmes racines et la même rancoeur. Achir vit à Alger avec son oncle. Ses nuits sont emplies de traversées cauchemardesques, quittant ce pays où la jeunesse n'a aucun avenir.
Sihem est née en France. A vingt-trois ans, elle suit des cours dans un lycée pour élèves décrocheurs. Elle est logée dans une résidence autonomie où cohabitent des personnes âgées originaires de tous les continents.
« La famille est le premier sanctuaire du processus de casse.»
Sihem, abandonnée par sa famille puis par la société, n'a aucune confiance en elle. Elle se protège derrière une agressivité qui l'isole.
Hélène, professeur de français, les connaît bien ces élèves meurtris. Chaque élève est unique, il faut en trouver la clé. ( Tableau de Kadinsky, Upward)



Grâce à des projets culturels, et surtout parce qu'elle ne les juge pas, elle parvient à leur redonner confiance.

« Ses élèves sont des oiseaux qui ne savent pas encore qu'ils peuvent voler. »

Auprès d'Hélène et surtout d'Emile, un vieil homme solitaire et bougon de la résidence, Sihem apprend le français, la géographie et l'histoire. Petit à petit, elle retrouve une famille.
Emile n'a rien à perdre. Ses dernières forces, il veut les consacrer à cette gamine qu'il aime pour son répondant et ses origines. Quand il l'accompagne à Alger, nous parcourons avec eux une ville chatoyante et accueillante.
« Ce pays n'a pas de chance. Il renferme des trésors et personne ne s'en soucie. »
Le musée du Bardo, Notre-Dame d'Afrique, la Madrague, Tipaza où souffle le souvenir de Camus, le musée d'art moderne et la Casbah. Avec ce voyage, Emile achève la transformation de Sihem d'animal blessé en jeune femme déterminée.
Si le roman commence dans la noirceur, les personnages deviennent lumineux. Impossible de rester insensible à cette rencontre entre un vieil homme qui a enfermé ses souvenirs dans des cartons et une jeune femme qui aimerait retrouver confiance en la vie.
Certains jugeront que l'auteur joue la carte facile de l'émotion. Peut-être mais je suis tombée sous le charme d'Emile et de Sihem et de cette belle ville d'Alger la Blanche.
Les oiseaux rares est un roman bouleversant et lumineux.
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Enfin un coup de cœur pour un livre de parution récente. Oui, c'est arrivé ! Je n'avais pas eu cette chance depuis un moment. le titre est intriguant et le bandeau bienvenu pour donner une direction à ce que le lecteur va découvrir au fil des chapitres. Les oiseaux rares sont-ils ces rencontres inespérées ? Hugo Paviot est assez habile pour ne pas donner toutes les clés immédiatement ; les rencontres décisives se préparent, se méritent, et il faut le plus souvent faire preuve de patience, même si la chance joue un rôle important. J'ai beaucoup aimé ce récit pour les thèmes très actuels qu'il traite et pour la qualité de narration.

Achir, jeune algérien, peine à trouver sa voie en Algérie. Il aide son oncle qui possède un garage. La narration est diablement efficace : « le soleil monte et ressemble maintenant à un citron derrière la vitre. La police attend au carrefour. Ralentir. »

Sihem, 23 ans, Franco-Algérienne, étudie dans un établissement pour élèves décrocheurs en banlieue parisienne. « Il y a un prof pour douze élèves et on les considère comme des personnes. »

Émile dit Zapata est un homme âgé, avec un esprit rebelle et une généalogie incroyable touchant même à l'Histoire révolutionnaire mondiale, rien de moins ! A travers lui, passe le thème de la transmission.

Rose dirige la résidence autonomie Auguste-Blanqui à Vitry-sur-Seine qui accueille des habitants venus de tous les continents. « Elle se sent utile. » Se sentir utile, à sa place dans son activité, autre thème fort de ce livre.

Hélène, prof principale de Sihem, va se ressourcer sur l'île d'Ouessant, elle en a bien besoin car ses élèves ne sont pas de tout repos. « Elle est une prof comme les autres, mais pas tout à fait. Elle regarde le phare de la Jument et se dit qu'elle aussi, peut-être, empêche ses élèves de s'échouer sur les récifs d'une société hostile. »

J'ai apprécié la construction du récit avec peu de personnages, ce qui permet de se sentir proche d'eux. Très vite un lien s'est tissé et j'ai eu envie de retrouver au plus vite Sihem, Achir, Émile, Hélène et Rose. J'ai bien eu des doutes sur ce qui pourrait advenir, au fur et à mesure de la progression de l'intrigue, surtout dans les toutes dernières pages. Encore réussi ! La surprise, les questionnements ont constitué un nouveau motif d'intérêt et au final de satisfaction.

La richesse des lieux est là avec une narration qui va de la banlieue parisienne à Ouessant et à Alger la Blanche. le parcours n'est pas forcé et correspond totalement à l'intrigue. Pas de séjour gratuit. Je n'en dis pas trop, l'intérêt du roman est justement de se laisser porter par ces nécessités de déplacement, de voyage, pas pour bronzer bête au soleil mais pour avancer dans la vie.

La nature est là également, appréciée surtout de ceux qui ne sont pas écrasés par leur passé, par leur destin incertain, et peuvent s'en imprégner. Hélène se passionne pour les oiseaux, observés à Ouessant : le chevalier solitaire, le pipit farlouse, la grive musicienne, le pétrel tempête, le crave à bec rouge et bien d'autres aux noms comme des poèmes minuscules. Rose est associée à la vie apaisante de la forêt de Rambouillet et Achir à la mer, notamment lors de la partie de pêche avec son oncle, ainsi qu'à l'immensité du ciel étoilé.

Bienveillance, empathie... J'ai vite terminé ce livre sans refermer toutes les émotions qu'il m'a procurées. Celles-ci refont surface lorsque je tourne à nouveau les pages afin d'écrire cette chronique. J'éprouve beaucoup de respect et d'admiration pour Hugo Paviot qui développe des thèmes que beaucoup d'écrivains rejettent bien vite car jugés trop clivants, une partie des élites s'acharnant à rejeter l'humanisme, l'empathie, l'assistance aux plus faibles au rayon des reliques du passé. Mais justement c'est là, dans les questions qui font mal que se trouve souvent la littérature qui compte et qui restera..., si on réussit à échapper à la culture uniforme et aliénante qui menace.
Hugo Paviot joue avec les émotions et moi j'aime ça : « Si les gens savaient rêver, ils n'empêcheraient pas les autres de rêver. Ils ne les traiteraient pas d'idéalistes. Ils ne les tueraient pas pour faire taire à jamais la petite voix qu'ils ont eux-mêmes enfouie au fond d'eux à double tour. »
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Hugo Paviot est né en 1972. Après des études littéraires à la Sorbonne, il a exercé plusieurs métiers avant de se consacrer à l'écriture théâtrale et à la mise en scène de ses textes. Il a notamment écrit et mis en scène Les culs de plomb, La Mante, et Vivre. Sa pièce Dans la peau a été jouée plus de 100 fois et a reçu un prix au festival d'Avignon 2007. Il est l'auteur d'une dizaine de pièces récompensées par plusieurs prix littéraires. Il a aussi écrit un recueil de poésie et traduit des auteurs espagnols contemporains.
Dans ce roman, il a mis beaucoup de son vécu : il anime lui-même des projets culturels en milieu scolaire, en prison ou auprès de personnes âgées. Il adresse d'ailleurs ses remerciements aux élèves et enseignants du micro-lycée de Vitry-sur-Seine où il dit avoir eu la chance de mener de nombreux projets.

Je découvre cet auteur et compte bien le suivre dans ses productions, même au théâtre si j'en trouve l'opportunité. Je recommande vivement la lecture de ce livre aux thèmes multiples, plutôt positif et qui fait un bien fou. On en ressort avec le plein d'énergie, c'est bon si cela se partage. Alors si vous le lisez, n'hésitez pas à me donner votre avis.
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« Les oiseaux rares « est un livre qui reste. Un de ces romans solaires qui marquent. Il raconte l'histoire d'êtres esseulés, perdus dans l'immensité de leur existence. Des êtres qui ont perdu foi en la vie, qui ne vivent plus, qui survivent juste parce qu'il le faut, parait-il.
Sihem, Achir, Émile.
Sihem, une lycéenne d'origine algérienne qui a « décroché ». Elle vit en France.
Achir, un jeune algérien qui ne voit plus d'avenir pour son pays.
Emile, un vieil homme qui connait si bien l'Algérie.
Et puis, Hélène, une professeure de français tellement humaine, humaniste même, qu'elle nous persuade que l'homme est foncièrement bon.
Le point commun de ces vies ? L'Algérie.
Sihem, Achir, Emile vont se rencontrer, se côtoyer. Croisements de chemin qui bouleversent leur parcours. Jusqu'à l'apaisement. Avec Hélène, gardienne fidèle et bienveillante de leur vie cabossée.
La larme vient rapidement en lisant les mots d'Hugo Paviot. Peut-être trop ? Certains penseront sûrement à un sentiment mielleux d'émotion facile. N'empêche !
L'Algérie nous apparait lumineuse, belle, attirante, séduisante dans toute sa blanche beauté. Ce roman redonne espoir. Tout n'est pas si noir même aux moments les plus sombres de l'existence.
Cherchons toujours le positif y compris dans les situations les plus désespérées.
Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil pour leur confiance.
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Quel beau moment de lecture !! Plusieurs fois j'ai voulu m'arrêter de lire pour noter une phrase qui me touchait particulièrement, qui disait tant ce que je ressent sur des moments de la vie ...
Tous ces personnages Sihem, Emille, Rose, Hélène, Achir ... sont tous des personnes blessées par les autres, par la vie, mais seuls puis ensemble ils font front et résistent et emmènent tellement d'humanité pour rendre la vie plus belle. Bref, j'ai beaucoup aimé
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J'ai adoré ce bouquin. le style, avec des dialogues qui en sont mais sans la forme habituelle, surprend un peu au départ mais j'ai bien aimé cette forme, c'est direct et rapide. L'histoire est très sympa et si au départ je me disais : allez encore un vieux parfait et plein de sagesse (ils le sont tous dans les romans, y'a que dans la vie de tous les jours qu'ils sont pas comme ça, en voulant rester gentille) mais non finalement pas si parfait le monsieur, du coup ça lui donne un peu plus de réalisme, même si des petits vieux comme ça t'en croise pas tous les jours.
Cette histoire m'a fait l'effet de lire de la poésie par moment, mais de la poésie pour des gens comme moi, qui d'habitude ne comprennent pas grand chose à la poésie (ou n'ont pas envie de se prendre la tête à comprendre, trop fastidieux).
J'ai fermé ce livre avec le sourire sur les lèvres, ce qui est bon signe, c'est de ceux là dont je me souviens le mieux ;-)
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J'ai achevé la lecture du livre Les oiseaux rares d'Hugo Paviot il y a déjà quelques jours et je garde bien en tête les personnages de cet ouvrage aux thèmes multiples – et tellement d'actualité – qui ne laissera pas le lecteur indifférent.

Les chapitres, assez courts, sont composés de phrases également courtes. Il n'y a pas de dialogues, chaque conversation ou émotion étant relatée par les personnages respectifs. Ce style indirect peut surprendre le lecteur au départ, mais une fois happé par l'histoire, celui-ci n'en fait plus cas. Au contraire, il peut ainsi mieux appréhender ce qui se passe réellement dans leur tête.

On découvre ainsi Sihem, jeune Franco-Algérienne de 23 ans, décrocheuse scolaire, qui tente de reprendre ses études dans un microlycée. Son enfance difficile l'a laissée particulièrement cabossée et mal dans sa peau. Cette fois elle veut y croire, car dans ce lycée heureusement, « on considère les enfants comme des personnes. On a le droit de parler comme on veut. On a le droit de rêver ».

Le hasard faisant parfois bien les choses, elle est hébergée dans une résidence pour seniors autonomes. C'est là qu'elle croise Émile, un octogénaire surnommé Zapata. Dès leur première rencontre, quelque chose les attire l'un vers l'autre. Peut-être est-ce leur parcours difficile ou leur solitude ? Zapata le résume ainsi : « Toi et moi on est pareil. Moi aussi je suis métis. Moitié vivant, moitié mort. Alors je te comprends. » Peu à peu, ces oiseaux rares vont s'apprivoiser, chacun aidant l'autre à avancer.

À Alger, de l'autre côté de la Méditerranée vit le jeune Achir. Malmené par la vie lui aussi, il travaille chez son oncle et vit de petits trafics. Son existence est morose, ses nuits peuplées de cauchemars et il sait qu'il devra sans doute s'exiler comme tant d'autres l'ont fait avant lui pour prendre enfin son destin en main.

L'intrigue se noue doucement et le lecteur se demande comment l'auteur va pouvoir rapprocher des êtres à la fois aussi ressemblants et aussi éloignés.

Deux autres personnages clés vont aider Sihem à prendre sa vie en main. Pour Hélène, sa professeure de français, les élèves « sont des oiseaux qui ne savent pas encore qu'ils peuvent voler ». Dans l'anarchie organisée du microlycée, son but est de redonner confiance à ces jeunes déscolarisés, même si « elle a parfois l'impression d'être Don Quichotte qui se bat contre des moulins ». Grâce à elle, Sihem va reprendre le goût des études et découvrir et aimer la littérature. Hélène saura aussi trouver les mots pour la faire revenir au lycée lorsqu'elle reçoit son appel à l'aide.

Toute aussi généreuse et bienveillante, Rose, la directrice de la résidence chouchoute ses pensionnaires, venus de tous les horizons : Zapata, Raymonde, Madeleine, Monsieur Ving et tous les autres. Chacun est arrivé avec son vécu et ses souvenirs ou, comme Zapata, toute sa vie dans quelques cartons empilés dans son appartement.

Peu à peu, naît une amitié improbable mais réelle entre Zapata et Sihem. le lecteur ne peut que sourire lorsque Zapata fait découvrir la géographie de la France à Sihem grâce aux cartes de restaurant qu'il a accumulé pendant des années dans une boîte à chaussures. Il la motive, la pousse lorsqu'elle doute ou se trouve nulle : « Toi tu n'a pas peur de te montrer comme tu es. Tu peux encore rêver de rester toi-même. C'est le plus beau des talents. »

Avec l'aide d'Hélène et de Rose, Zapata lance l'idée d'un voyage en Algérie et parvient à convaincre une Sihem réticente : « Pour avancer il faut deux jambes. Tu en as une ici, et une là-bas. » Et c'est ainsi que les destins d'Émile, de Sihem et d'Achir vont se croiser sur l'autre rive de la Méditerranée.

Avec eux, nous partons en voyage et prenons grand plaisir à découvrir Alger la Blanche, son front de mer, sa Casbah et ses dédales de rues. Achir, leur guide et ange gardien, est trop heureux de leur faire découvrir les lieux qu'il affectionne par-dessous tout, comme le petit port de la Madrague et les magnifiques ruines romaines de Tipaza. Une soirée avec des amis d'Achir leur fait réaliser à quel point les jeunes Algériens « sont pleins de rêves pour leur pays mais semblent résigner à ne pas les voir se réaliser ». Sans vouloir divulgâcher le dénouement, ce voyage se révèle être un tournant pour Sihem, Zapata et Achir. Zapata a pu se décharger de ses secrets et il est prêt pour le dernier acte de ses aventures sur cette terre. Sihem, enfin apaisée, sait qu'elle va pouvoir voler de ses propres ailes. Elle n'est plus l'animal blessé qu'elle était lors de leur première rencontre.

Ce roman est un ouvrage qui fait du bien, sans mièvrerie aucune selon moi. Les personnages sont attachants et pleins d'humanité. Au fil des chapitres, nous partageons leurs moments difficiles, leurs peines, leurs doutes mais aussi leurs petites victoires ou joies quotidiennes. Et nous nous disons que finalement, avec plus de bienveillance et d'entraide et moins de préjugés, il devrait être possible à chacun de trouver sa place dans la société.

Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil de m'avoir permis de découvrir ce beau premier roman d'Hugo Paviot.

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Lorsque l'on m'a proposé de découvrir ce roman dans le cadre de la masse critique Babelio, j'ai tout d'abord été séduite par les thèmes présentés dans le résumé et abordés dans ce roman. A ma lecture, j'ai été séduite par les thèmes, bien sûr, mais aussi par l'ensemble du roman.

J'ai ouvert ce roman à tâtons, et c'est à tâtons que j'ai entamé ma lecture. En effet, il faut le dire, j'ai tout d'abord eu du mal à me plonger dans le récit haché menu de l'auteur. Des phrases très courtes, une ligne narrative particulière et un enchaînement tout aussi particulier des idées, c'est ce que nous offre "Les oiseaux rares" au premier abord. Hugo Paviot passe d'une pensée à une autre sans s'aider une seule fois du découpage en paragraphes "classique" ; de même, la mise en page n'offre aucun dialogue. Tout est intégré à la narration. Si cela a pu me déstabiliser au début, j'ai vite su apprécier ce positionnement de l'auteur ; finalement, il n'aurait pas pu mieux raconter son histoire.

Son histoire, par ailleurs, a su capter de façon progressive mon attention. Si j'ai été intriguée, au début, par le récit de vie de ces différents personnages - de ces différents destins -, je suis parvenue à m'attacher à eux au cours de ces 200 et quelques pages. Ce roman m'a parlé, m'a dit des choses. M'a apporté des réflexions. Je savais que ces thématiques résonneraient en moi si elles étaient bien traitées : ce fut le cas.

Les oiseaux rares nous parle de la société, de sa division et de l'acceptation de soi. Il nous rappelle que la reconnaissance des autres et de soi-même est importante, qu'elle peut transformer une existence. Sihem, Emile, Hélène, Rose, Achir remettent tous leur existence en question à leur manière. Qui suis-je ? Qu'est-ce que j'apporte au monde ? Pourquoi se battre ? Qu'est-ce que la vie dans ma condition ? Ces introspections mènent à de très beaux passages, de très beaux sentiments, de très belles citations. J'ai été fascinée par la beauté des pensées que l'on peut retrouver dans ce roman. Chaque mot nous invite à mener notre introspection à notre tour.

L'histoire de Sihem, son caractère et ses réactions m'ont parlé. Son évolution au cours du roman est remarquable et touchante. Emile m'a touchée à sa manière, doucement, délicatement puis brusquement à la fin. Hélène et Rose ont suscité mon admiration. Ce sont deux femmes fortes, dévouées, qui peuvent se vanter d'avoir changé des vies (mais ne le font pas, par humilité, et parce que chaque expérience a changé leurs vies également). Achir est sûrement le personnage le plus intéressant de par son ambivalence, ses deux facettes. On le sent profondément humain, pourtant, il est victime de sa propre existence. C'est le personnage pour lequel j'éprouve les sentiments les plus contrastés, et à propos duquel je me pose le plus de questions.

Finalement, Les oiseaux rares, c'est le récit de destins qui s'entremêlent, d'amitiés qui se tissent, d'amours naissantes. Je le qualifierais presque de roman initiatique, de roman d'apprentissage. Et même si certaines réflexions nous donnent une vision sombre, négative, pessimiste du monde, elles nous révèlent aussi que l'espoir est toujours là. Qu'il suffit de l'attraper. Que ce ne sera pas tous les jours facile, mais qu'il faudra persévérer car c'est ça, la vie.
***
"Au fond, c'est ça, la vie. Une partie de cache-cache avec soi-même, où on ne se trouve jamais."
***
Un grand merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour l'envoi de ce roman et cette très belle découverte que je recommande à tous !
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De quoi parle-t-on aujourd'hui ? Je vous le donne en mille : le premier roman de Hugo Paviot, dramaturge et metteur en scène de son état, et apparemment auteur de talent également ! C'est avec plaisir que j'ai accepté la proposition de Babelio & des éditions Seuil de découvrir Les oiseaux rares paru début janvier, et je dois dire que ce fut une excellente surprise, doublée d'une très belle découverte !

Dans le livre d'Hugo Paviot, on rencontre plusieurs drôles d'oiseaux. Des oiseaux cabossés, un peu voire beaucoup maltraités par la vie, des oiseaux qui résistent coûte que coûte… et d'autres qui perdent pieds. Ces oiseaux se nomment Hélène, Sihem, Rose, Emile et Achir.

Sihem est une jeune franco-algérienne de 23 ans, et on la découvre alors qu'elle fait sa rentrée en première au microlycée de Vitry. En première à 23 ans vous vous dites sûrement ? Sihem est une élève décrocheuse. Elle ne manque pas de capacités, ça non, mais voilà, la vie est passée par là, et la colère l'a emporté sur l'envie. le microlycée, elle le prend comme une dernière chance. C'est aussi un défi qu'elle se lance à elle-même. Elle se défie d'arriver enfin à aller de l'avant.
Pour l'aider dans sa démarche, Sihem peut compter sur Hélène, sa prof de français. Ce genre de prof qui donne tout pour ses élèves, au risque de s'oublier elle-même parfois, et de faire passer sa famille au second plan. Hélène sait/sent que Sihem a un bel avenir qui lui tend les bras, si seulement la jeune femme acceptait l'idée que le bonheur, ça peut aussi être pour elle.
Sihem habite à la résidence autonomie Auguste-Blanqui. C'est Hélène qui l'a aidée à trouver ce logement. Là-bas, elle fait la connaissance d'Emile, un vieux révolutionnaire de 82 ans que tout le monde appelle Zapata.
Sihem est un porc-épic, prête à lancer ses aiguilles à qui s'approche trop près. Emile est un vieil ours mal léché qu'il ne faut pas trop chercher. Forcément, ces deux-là était fait pour s'entendre, ils étaient destinés à se trouver. Ensemble ils vont s'apprivoiser, s'aider mutuellement à marcher sur le chemin sur lequel ils n'ont que trop trébuché.

Rose, la directrice de la résidence, regarde se faire les choses d'un oeil amusé, avec tendresse et curiosité. Elle qui s'est retrouvée seule avec ses deux filles après que son mari l'a quittée, voit la rencontre entre Sihem et Emile, deux solitaires dont rien ne semblait pouvoir percer les carapaces, comme une bouffée d'air frais et comme une échappatoire à sa propre solitude.

Et puis de l'autre côté de la Méditerranée, en Algérie, il y a Achir.
Achir est jeune, il est aussi désabusé qu'il a de rêves dans la tête. Il veut du changement, il veut être libre. Il veut partir.

Avec Les oiseaux rares, Hugo Paviot dresse les portraits lumineux, honnêtes et tendres de tout ce petit monde. Ce premier roman est une ode à la seconde chance, une ode au pardon et à l'espoir de voir les choses (et les gens) devenir meilleur. C'est un livre qui, je trouve, nous réconcilie un peu avec l'humain, sans pour autant occulter la noirceur tapie en chacun de nous.

Les oiseaux rares est un livre simple et bienveillant, un livre qu'on lit vite, avec beaucoup de plaisir. Un livre qui fait du bien en somme 🙂

Alors belle lecture !
Le Joli
Lien : https://lesjolischouxmoustac..
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C'est avec une tempête que les Oiseaux rares débute. Une tempête qui agite les rêves d'Achir en Algérie et qui, de l'autre côté de la Méditerranée, remue aussi l'existence de Sihem. Sihem a arrêté l'école, elle reprend les cours dans un Microlycée, un établissement destiné à accueillir les jeunes comme elle. A les recueillir, pourrait-on dire. Car la prof de français, Hélène, et tous ses collègues, prennent soin de veiller sur ces oiseaux tombés du nid qui n'ont plus vraiment d'adultes de confiance vers qui se tourner. Peu à peu, le roman nous fait découvrir aussi Émile, star des seniors, et Rose, directrice du foyer-résidence où il habite et où vit aussi Sihem. L'auteur connaît bien son sujet. de Vitry-sur-Seine à Alger, il nous donne à voir, avec beaucoup de justesse, la vie de ces héros du quotidien et, grâce à son écriture fluide et pleine de poésie, Hugo Paviot nous immerge pleinement en chacun d'eux.
Au fil de ma lecture, je me suis retrouvée dans la rage de Sihem et l'envie de liberté d'Achir, dans la tendresse d'Emile et l'amour de Rose pour ses filles. J'ai vibré avec Hélène pour la passion de son métier. J'ai partagé leurs doutes. Leurs espoirs.
Cette lecture m'a bouleversée. On ne sort pas indemne des Oiseaux rares. L'humanité profonde des personnages est rare. Rare comme l'empathie que l'on sent de la part de l'auteur pour eux.
Un roman magnifique et résolument tourné vers l'espoir !
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