Non loin du camion où ils reposent, à l'entrée du parking du parc, des hommes et des femmes épuisés, des enfants en sueur, s'accrochent à ce que chaque jour leur octroie de survie. Leur passé est enfoui dans les ruines d'Alep et ils rêvent d'un avenir à Berlin. La peur au ventre avec leurs sacs troués, leurs vêtements d'emprunt, leurs regards de réfugiés, ils piétinent le sol de l'Europe frileuse dont la Hongrie est le symbole. Ils sont le présent douloureux du monde.
Les premiers rayons du soleil cirent de miel le portail de bois de l'église.
La rencontre avec soi-même est le but ultime du voyage, c'est à la fois être ce que l'on est et être autre que ce que l'on est.
Mythologie perse
… elle l'aime. Elle n'a pas peur de ce mot qui n'a de sens que dans l'instant. Comme la jouissance.
Vivre, c'est embrasser l'instant.
… nous allons trinquer à la Hongrie, ce mal de nous, …
Dans les pensées de Zâl reviennent comme un mantra les sept étapes qu'il doit franchir : recherche, amour, connaissance, détachement, unicité, stupéfaction, pauvreté.
Une île déserte n'est pas forcément cernée par les eaux.
- Par quoi alors?
- La solitude, les regrets.
… des oies cendrées en période de mue, lourdes et sans plumes, …
Dire adieu sur la pointe des pieds est une bonne façon de rendre libres ceux que l'on aime.
Aucune période ne doit être éternelle.
L’histoire de la Hongrie n’est pas moins nébuleuse que celle des hommes.
La lâcheté est un hochet noir qui arrive dans notre berceau de naissance et nous le faisons tinter quand ça nous arrange.
Je découvre qu’il est plus difficile de s’adapter à ses propres changements qu’à ceux des autres
Le passé est une carapace qui te protège ou t’enferme, il n’y pas de règle précise, chacun s’en débrouille.
Peut-on mourir d'avoir été abandonné ?
Parfois la scène est plus ancienne, moins précise, un tank à étoile rouge roule sur un pont de fer dans un fracas d'enfer, la tourelle du canon semble suivre le moindre de ses mouvements et il court sur ses jambes d'enfant vers la rive alors que le char s'embrase et bascule dans le fleuve.
Il y a si longtemps, l'été 1989, vingt-cinq ans déjà, le 18 août exactement. Comment oublier cette nuit des barbelés, comme la baptisèrent les journaux de l'Ouest, au coude à coude avec des centaines de Hongrois et d'Allemands, fuyant l'Est par la ville de Sopron sur la frontière austro-hongroise, avec balluchons de misère et carrioles à bras...
Dans une maison bleue au toit pentu adossée à une église en béton blanc, deux adultes du siècle dernier et deux enfants dans leur époque respirent le même air étouffant d'un mois d'août autrichien. Ils ajustent leurs histoires par bribes comme on cherche les pièces éparpillées d'un puzzle...aucun ne voudrait rompre l'équilibre en dents de scies qui les rapproche et les lie.