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EAN : 9782226441119
208 pages
Albin Michel (21/08/2019)
3.65/5   26 notes
Résumé :
Dans le lieu-dit la Montagne perdue, Détélina, une jeune femme hantée par la mémoire des mineurs de fond, veille sur son fils Léo, un enfant hors du commun, qui ne s’exprime que par un rituel minutieux de dessins et de couleurs. Quand arrive du Donbass, terre de combats, un étranger sur un side-car d’une autre époque, l’enfant se laisse peu à peu approcher. Mais que cherche cet homme qui bouscule leurs habitudes, ce frère d’exil qui rend leur quotidien plus lumineux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Au coeur des Cévennes, dans un lieu-dit appelé "la montagne perdue", Détélina élève seule Léo, son fils "différent", qui ne s'exprime qu'à travers les couleurs et un rituel connu de lui seul... mais tellement rassurant. le lecteur comprendra peu à peu au fil de l'histoire qu'il est autiste, bien que cela ne soit jamais dit précisément.
Détélina travaille dans un gîte qui accueille de nombreux randonneurs venus profiter du cadre superbe qui les entoure.

En parallèle, elle s'occupe de sa mère placée en institution et qui perd à présent les pédales, sa mémoire lui faisant défaut.
De son passé Détélina sait très peu de chose. Son père était mineur, il est un jour reparti dans son pays de l'est et alors qu'il avait promis de revenir chercher Simone et Détélina, il n'est jamais revenu. Ou peut-être est-ce sa mère qui devait partir le rejoindre et qui ne l'a jamais fait ?
Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle porte un prénom bulgare et que ce prénom est celui d'une plante porte-bonheur qui n'est autre que le trèfle à quatre feuilles.
Si elle ouvrait la boîte de biscuits fermée solidement par un ruban, Détélina déterrerait les secrets dont sa mère n'a jamais voulu parler. Mais elle n'en fera rien, elle préfère embellir sa vie et rêver, ne s'étonner de rien comme le ferait Alice dans son pays des merveilles, honorer les anciens mineurs de fond en descendant dans les puits, en créant ses propres mises en scènes, en colorant différemment sa vie, comme son fils colore la sienne.
C'est alors que son chemin croise celui de Stépan. Il vient d'une région minière de l'Ukraine, si petite (le Dombass) qu'un point rouge suffit à la recouvrir sur un globe terrestre. Il a connu l'horreur des combats à Avdiivka en 2014. A la mort de son père qui était mineur, il est venu jusqu'en France sur un vieux side-car. Lui aussi est à la recherche de ses racines et en particulier d'une femme (peut-être sa mère ?) que son père a laissé en France dans un lieu-dit appelé "la montagne perdue" et dont il n'a pour toute trace qu'une carte postale signée S...le reste du prénom est effacé. Il est heureux d'avoir trouvé du travail ici, même s'il sait que des lieux-dits portant ce nom, il y en a plusieurs sur le territoire français.
Tous deux ont de nombreuses cicatrices à panser et beaucoup de choses à se dire. Mais parfois les mots ne disent pas tout des souffrances et de l'indicible, les couleurs, le silence, le partage permettent de mieux laisser le passé resurgir...

L'auteur nous emmène au coeur des Cévennes, dans cette région tellement magnifique que le touriste oublie qu'elle a été autrefois, un des gisements houillers parmi les plus importants de France.
Aujourd'hui les mines sont presque toutes fermées, mais la pollution reste bien présente et des parcours touristiques permettent, à ceux qui le désirent, de découvrir les vestiges et donc d'en savoir plus sur l'exploitation minière passée.

C'est un roman à la fois ancré dans la réalité de la vie d'aujourd'hui, et empli de poésie, de mystère et de rêves. Les nombreuses références à "Alice au pays des merveilles" et le monde parallèle dans lequel vit le petit Léo, créent une ambiance particulièrement agréable.

Les trois personnages principaux sont très attachants. le petit Léo nous emporte dans ses jeux, dans ses rituels et dans sa propre vision du monde.
Les parents de Détélina et de Stépan ont emporté leurs secrets avec eux et la fin du roman ne permettra pas de tout savoir sur leur histoire. de nombreuses questions restent donc en suspens.
Détélina et Stépan, sont-ils frère et soeur de sang ou de coeur ? La similitude de leur histoire est troublante mais tout est suggéré et laissé libre à l'interprétation et au ressenti du lecteur.
Qu'importe ce qu'ils ont vécu, l'important pour eux est d'avoir accepté de passer un instant, comme Alice, de l'autre côté du miroir...

C'est un roman que j'ai trouvé lumineux et poétique, tout en couleur, en odeur, et en ressenti, parfait pour commencer l'année en douceur, dans un monde coloré teinté d'onirisme.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Ce livre avait tout pour me plaire: une superbe couverture extraite du Clair de lune de Paul Klee, un titre inspiré de Rimbaud, un auteur que j'aime beaucoup et que j'admire pour avoir écrit l'intemporel Matin Brun; à tout cela s'ajoute la Petite Cantate de Barbara.
Trois personnages attachants: le petit Léo (qu'on imagine autiste, mais ce n'est pas dit) sa mère au prénom rare de Détélina (trèfle à 4 feuilles en bulgare), fascinée par la mine et Alice au pays des merveilles et l'étranger venu de l'est en side-car ancien: c'est Stépan imprégné de Rimbaud. Elle n'a pas connu son père et accompagne avec tendresse sa mère en fin de vie dans un Etablissement adapté. Lui vient de perdre son père et est à la recherche de sa mère avec très peu d'indices: un nom de lieu: la Montagne perdue et une carte postale difficile à déchiffrer.
Détélina aime descendre dans la mine désaffectée où elle ajoute des photos d'elle nue aux vieilles photos de mineurs. Elle travaille dans un gîte d'étape (dans les Cévennes?)depuis cinq ans. Léo n'est qu'en partie scolarisé, c'est un enfant mystère, passionné par les couleurs, "il en savait plus sur le monde sensible qui l'entourait que la plupart des autres gamins"mais il supporte mal les contacts avec les autres.Pourtant Léo se laisse peu à peu apprivoiser par Stépan dont il aime le side-car militaire qu'il compare à une sauterelle. Détélina se méfie beaucoup au début de cet étranger venu d'Europe centrale (estonien?) la guerre civile lui a laissé de nombreuses cicatrices. Peu à peu les choses changeront. Il y a aussi la mère de Détélina, petite vieille douce et discrète qui ne reconnait plus sa fille qu'elle appelle Mademoiselle et dont elle aime le parfum de calendula.
Deux personnages en quête de leurs origines qui ont de tels points communs que je les ai cru frère et soeur (j'ai craint la découverte d'un inceste involontaire)
Le mystère persistera puisque Détélina n'ouvrira pas la boite qui contenait peut-être des réponses.
Une belle écriture souvent poétique pour une jolie histoire pleine de mystères.
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Un très beau roman qui envoûte par sa prose magnifiquement poétique, où le monde merveilleux d'Alice se mêle à celui de Détélina, lui permettant d'accompagner son fils Léo qui l'a « devancée dans la Maison du miroir ».

Passionnée et hantée par l'histoire d'une époque révolue peuplée de mineurs de fond, dont un père inconnu parti vers des cieux plus radieux, Détélina s'est repliée sur elle-même, se consacrant à son fils avec sa logique d'enfant extraordinaire dans son univers coloré, et à sa mère pour qui elle est devenue la gentille demoiselle à l'odeur de calendula.

« Elle est en solitude depuis longtemps », pour reprendre les termes de l'auteur, avouant à sa mère : « c'est étrange, j'aime des gens qui n'existent plus... ou comme toi, maman, qui existes si peu...ou comme Léo qui n'existe que pour lui...».

Son fragile microcosme va cependant être bouleversé par l'arrivée de Stepan, sur un vieux side-car vert que Léo adopte et appelle «sauterelle». Un homme dont elle ne sait pas ce qu'il fuit ou ce qu'il recherche, avec ses souvenirs d'un autre pays minier meurtri par la guerre, ses cicatrices physiques et morales, ainsi qu'une carte postale d'un coin de France nommé Montagne Perdue, un trèfle à quatre feuilles et les poèmes de Rimbaud, en héritage du passé de son père.

Je ne peux que vous inviter à vous laisser séduire par cet émouvant récit dans lequel « les merveilles d'Alice et les illuminations de Rimbaud vont à l'unisson à travers la Montagne Perdue », « territoire où viennent s'échouer des mémoires égarées ».
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Un bien joli livre, plein de couleurs, de non-dits, de poésie rimbaldienne avec en balance la noirceur des mines ici (la Montagne Perdue) ou là-bas, à la frontière ukrainienne en guerre. quatre personnages en quête d'une mémoire assourdie: lui le Bulgare/Ukrainien en quête d'une mère française, elle femme au prénom bulgare du trèfle qui porte chance, porteuse de couleurs vives pour plaire à son fils puis en robe à fleurs pour plaire à cet homme, lui l'enfant fragile aux mille couleurs, elle une mère bien au-delà du miroir, incapable d'apporter des réponses mais le souhaitent-ils vraiment? Deux objets qui apprivoisent l'enfant: un side-car qui évoque une sauterelle, une roulotte aux couleurs vives. Et toujours en contrepoint la noirceur des mines et les ténèbres des origines.
On a presque peur en lisant de fracturer ce monde fragile où les pas doivent être légers pour éviter les mines, où les poèmes de Rimbaud parlent au nom des personnages balbutiants, où le monde d'Alice est le seul à exprimer l'au-delà du miroir.
A réserver à un jour de nonchalance, retour aux parfums et aux couleurs d'enfance, à la surface de la tristesse.
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« Par les soirs bleus d'été » de Franck Pavloff @editionsalbinmichel
Vous souvenez-vous de la suite?
....j'irai dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l'herbe menue. »
A. Rimbaud
Je suis restée en «émotion totale» avec ce roman quelques heures durant
En 4eme de couv on peut lire « (...) des « perdants magnifiques » qui vivent aux frontières du réel et de l'imaginaire... » comme c'est juste!

Detelina est « coincée » entre une mère qui ne se souvient plus d'elle et son petit garçon autiste
Et voilà un étranger, homme providentiel qui arrive à cheval sur un side-car d'un autre temps, comme lui, venant d'on ne sait trop quel pays, mais le seul en tous les cas qui parvient à « communiquer » avec le petit Leo.
Lequel apprivoise le mieux l'autre entre ces 3-là.... ? Parmi les 4 si on compte la mère qui pensait à l'époque avant Alzheimer : « sa fille une pauvre idiote qui avait bradé sa jeunesse pour quelques instants de plaisir. »
Leo grandit « l'un se débattait pour se faire une place au soleil, l'autre entrait dans le tunnel de l'ombre. »
Et cet étranger lui fera prendre conscience de sa solitude....
élevé par son père, sans mère, il veut rendre hommage au 1er en partant à la recherche de la seconde...
elle, a grandi sans père, très très proche de sa mère, jusqu'à la fin...
« (...) elle évolue dans des mondes parallèles. Comme son fils. Qui d'elle ou de lui se calque sur l'autre ? »
Lui aussi Stepan, -euh, Stephan ou Stephane? En quête de sa mère avec ce mince indice : une carte postale et un lieu mais 6 portent ce nom dans le monde.... le rapprochement de ces 2 adultes-là nous occupe quasiment tout le livre et c'est tant mieux c'est le meilleur moment d'une rencontre non?
Et « Déchiffrer les notes d'une même partition n'autorise pas à jouer aussitôt en duo. » comme c'est joliment écrit p 134

Alors fricoteront - fricoteront pas?!? Ahaha à vous de le lire pour le savoir!
En revanche on a bien une petite idée sur les intrigants secrets croisés de ces deux « familles... »
Prévisible mais la fin.... ce sera à nous de l'imaginer.... moi j'y pense encore!!!
@oliviadelamberterie un roman « comme un film de Pialat » vous aimerez c'est sur! 😉
Lien : http://www.instagram.com/p/B..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Comme elle, pense-t-il, on dirait que son fils dialogue en couleurs. Derrière son regard fixe on devine un monde grouillant qui maintient tout son corps en tension. Un faux pas et il pourrait perdre pied. Il avance en terrain miné comme un petit soldat du Donbass. Le contour des choses semble peu lui importer, il s'attarde à leur éclat. Les pierres qu'il avait en main l'autre jour n'étaient pas des cailloux, il tenait entre ses doigts du vert. La couleur verte était elle-même l'essence des choses. Qu'elle prenne la forme d'un caillou, d'une branche, d'une casserole ou d'un fer à repasser ne changeait rien à leur réalité, pour lui la lune devait être verte et les étoiles vertes. Pas étonnant qu'il descende et remonte à reculons les marches de sa maison. Pour échapper à l'armada des demi-teintes c'est comme déjouer les ruses de l'ennemi, on n'est jamais assez prudent. Il en sait quelque chose, ses bras en portent les cicatrices.
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Elle n'aime pas être brinquebalée, dès qu'on la laissera tranquille elle retournera vers l'odeur de thym et de lavande. Elle sourit comme une enfant malade. Nature, berce-la chaudement. Elle se recroqueville dans le fauteuil, presque fossile.
Page 145
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Un long silence scelle leur impossibilité d'en dire plus. Ils se sont octroyés la prérogative des interdits et le mystère qu'ils taisent leur vaudrait les foudres des dieux s'ils venaient à l'entendre.
Page 190
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Pour elle, emprunter le chemin de la mémoire, c'était s'enfoncer sous terre et elle découvrait qu'en se déplaçant à sa surface on pouvait retrouver une époque révolue. Comme si hier était aujourd'hui, mais ailleurs.
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Après un moment d'hésitation et malgré le danger qui rôdait, alors que ses amis, prudents, s'en étaient allés, debout, seul sous un méchant crachin, il a dit le poème préféré de son père. Des mots d'espérance:"par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l'herbe menue"
La suite s'est perdue dans le fracas des roquettes russes tirées par un camion militaire à la porte du cimetière et il a dû crier en fuyant"rêveur! j'en sentirai la fraîcheur! à mes pieds! Je laisserai le vent! baigner ma tête! nue!"
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