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Citations sur La France de Vichy : 1940-1944 (52)

Les traditionalistes, ces hommes en vue ayant toutes les sympathies du maréchal Pétain et façonnant la rhéthorique et le style du régime, n'en ont pas moins constaté que durant ces quatre années on s'est irrévocablement éloigné de la France qu'ils rêvaient : équilibrée, rurale, personnelle. D'une part, afin de satifaire aux exigences de l'occupant, il fallait évidemment donner priorité au rendement, à l'efficacité, au dirigisme. D'autre part, les techniciens entrés de plein pied à Vichy après la guerre voulaient faire du neuf, tout comme la Résistance, et ont entraîné le régime dans leur sillage ; la France sera telle qu'ils la voulaient : urbaine, efficace, productive, planifiée, impersonnelle.
Cette tendance s'explique en partie par l'économie de guerre et en partie par le fait que les technocrates, qui n'ont guère été touchés par l'épuration, trouvent un terrain d'entente avec les hommes de la Libération. Ils avaient le même idéal d'ordre que les nostalgiques de Vichy ; ils ont aussi le même idéal de gestion et d'expansion planifiée que les anciens résistants. Les nostalgiques n'ont pas été capables de protéger le pays contre les visées allemandes. Les technocrates et d'autres fervents de la croissance économique vont maintenant affronter la menace de l'heure : l'hégémonie américaine et russe. Ils vont y parer par une nouvelle révolution industrielle.
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Le nombre des agents de la fonction publique qui accusa une très forte progression à la fin des années 30, puis pendant l'Occupation, va donc augmenter encore. Après un bref mais désastreux retour à la suprématie parlementaire sous la IVème République, le règne des administrateurs est consacré par le Vème. De Gaulle et Pétain - son ancien "patron" devenu son adversaire - se ressemblent à bien des égards, mais d'abord et surtout par leur commun mépris pour le "régime des partis".
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La pénurie qui, sous Vichy, a exigé le contrôle le plus rigoureux qu'ait jamais connu la France, se fait presque aussi durement sentir après 1945. Pendant l'hiver 1947, la ration de pain est même moins élevée qu'elle ne l'était sous l'Occupation. Les résistants, d'ailleurs, qui sont contre le retour à l'économie libérale anarchique des années 30, sont des partisans aussi résolus du dirigisme que l'étaient les ministres de Pétain. Enfin, ce que choisissent en 1944 tous les partis, sans oublier le PCF, c'est l'ordre, ce n'est pas la révolution. La IVème République, tout comme Vichy, veut garder la haute main sur l'administration, pas la supprimer. Les grands commis, plus influents que jamais et forts de leur récente expérience de planification, sont solidement armés pour le dirigisme des régimes d'après-guerre et le règne des experts.
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En mai 1942, Bousquet disait à Heydrich, à propos de l'exécution des otages, qu'il fallait se garder de creuser un "fossé de sang" entre la France et l'Allemagne. En 1944, un "fossé de sang" sépare les deux France et c'est Vichy qui l'a voulu en identifiant la Résistance au désordre.
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Les deux premières années qui suivent l'armistice forment un tout. Darlan, comme Laval avant lui, s'est efforcé d'obtenir que la France devienne une puissance autonome et neutre dans l'Europe de Hitler. Les deux hommes ont cherché à convaincre le Fürher que, si on lui lâchait la bride, la France pouvait jouer un rôle utile : écarter les Alliés de l'empire, mettre sa puissance coloniale et maritime au service du nouveau bloc continental. Ils ont été soutenus par le gouvernement (...). Le maréchal a, lui aussi, pris une part active à leur politique.
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Les hommes de Vichy, plutôt que de se cantonner dans des tâches purement administratives, ont délibérément choisi de mettre à profit l'Occupation pour faire une révolution dirigée contre leurs ennemis au lieu d'une union sacrée comme en 1914. Ils ont revendiqué le plein exercice de la souveraineté, en présence de l'ennemi. Au nom de l'ordre, ils ont mobilisé toutes les ressources de l'Etat pour maintenir un armistice n'ayant plus aucun sens. Ils ont en fin de compte récolté ce qu'ils avaient semé, l'écartèlement du pays, et ont été fauchés par ce contre quoi ils avaient voulu se protéger au point de sacrifier tout le reste, le désordre.
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La collaboration ne va pas seulement consister à exécuter une tâche routinière sous l'occupation ennemie. Elle va profiter de la présence d'une armée étrangère pour modifier profondément la façon dont les français étaient gouvernés, instruits, employés.
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Il est difficile aujourd'hui de se rappeler avec quelle fièvre on échafauda des projets. D'aucuns le firent avec la joie qu'apporte la vengeance: la République honnie, la gueuse, était morte. Cependant, les anti-républicains de toujours ne furent pas les seuls à s'épanouir; d'autres, et ils furent nombreux, furent heureux d'être délivrés de procédures sclérosées et de l'immobilisme politique.
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Rechercher un règlement avec l'Allemagne était l'un des deux volets de la collaboration que l'on ne peut appréhender dans son ensemble sans en étudier sa dimension nationale. Accepter l'armistice signifiait, en politique extérieure, croire à la victoire allemande et préférer la paix et la stabilité à une résistance désespérée et, à l'intérieur, avoir la possibilité d'opérer un bouleversement tel que la France n'en avait pas connu dans son histoire depuis 1870, voire 1789.
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"Trop peu d'enfants, trop peu d'armes, trop peu d'alliés" par cette formule lapidaire qu'il emploie dans son discours du 20 juin pour expliquer la défaite, Pétain passe adroitement de la politique étrangère et de la doctrine militaire à la décadence sociale.
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