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Citations sur Le feu de chaque jour (8)


Réveil en plein air

Les lèvres et les mains du vent
le coeur de l'eau
un eucalyptus
les nuages qui bivouaquent
la vie qui naît chaque jour
la mort qui naît chaque vie

je frotte mes paupières :
le ciel marche sur la terre.
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Pétrifiée pétrifiante


Terremorte
terrisombree nopaltoire mesquifiante
bouâtre cendricielle pierrageuse
feu pétrifié
conque vacante
le soleil n'a pas bu le lac
la terre ne l'a pas absorbé
l'eau n'est pas revenue à l'air
les hommes furent les exécuteurs du sable
le vent
vautré sur le lit froid du feu
le vent
sur la tombe de l'eau
récite les litanies de la sécheresse
le vent
couteau cassé dans le cratère éteint
le vent
susurrement de salpêtre

Le soleil
cordianime centrotal calorillustre
brisé
la parole qui descend en langues de feu
défaite

p.61
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Paroles en forme de tourbillon

À José Emilio Pacheco


J'ouvre la fenêtre
qui donne
sur nulle part
La fenêtre
qui s'ouvre vers le dedans
Le vent
élève
soudaines souples
des tours de sable tournoyant
Toutes
plus hautes que la maison
Elles tiennent
sur cette page
Elles tombent et se redressent
Avant de dire
n'importe quoi
à peine pliée la feuille
elles s'effacent

Tourbillons d'échos
aspirés inspirés
par leur même ronde
Maintenant
ils s'ouvrent sur un autre espace
Ils disent
ce que nous avions dit
autre chose toujours autre chose
la même chose toujours
Paroles du poème
que nous ne disons jamais
Le poème nous dit

p.17-19
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Au milieu de cette phrase...

Je ne suis pas sur la crête du monde.
L'instant
n'est pas colonne de stylite,
le temps
ne surgit pas de mes pieds,
n'éclate pas
dans mon crâne, noire explosion silencieuse,
illumination qui aveugle.
Je suis dans une cage suspendue au temps.

Sixième étage :
marée, martèlement,
querelles de métaux,
avalanches de verre,
moteurs rageusement humains.
La nuit
est une rumeur qui s'arrache,
un corps
qui se déchire en son étreinte.
Aveugle, elle resserre à tâtons ses débris,
rassemble
ses noms rompus, les disperse.
Avec ses doigts à vif
s'effleure en songes la cité.

Je ne suis pas au carrefour :
choisir,
c'est se méprendre.
Je suis
au milieu de ma phrase.
Par où m'entraîne-t-elle ?
Vague par vague se dévide,
gestes et jours,
ma dénaissance :
Calendrier qui se démembre
aux cavités de ma mémoire.
Je suis le sac de mes ombres.
...
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Le feu de chaque jour
À Juan García Ponce


Comme l'air
Dresse et dissout
sur les pages de la géologie,
sur les terrasses planétaires,
ses édifices invisibles :
l'homme,
Son langage est à peine un grain,
mais brûlant
contre la paume de l'espace.
Syllabes qui sont incandescences.
Qui sont plantes, aussi :
leurs racines
fracturent le silence,
leurs branches
bâtissent des abris de son.
Syllabes :
elles se nouent et se dénouent,
jouant
aux ressemblances et aux dissemblances.
Syllabes :
mûrissant aux fronts,
fleurissant aux bouches.
Leurs racines
boivent la nuit, mangent l'éclat.
Langages :
arbres incandescents
aux feuillages de pluie.

Végétations d'éclairs,
géométries d'échos :
sur la feuille de papier
le poème se lève
comme le jour
sur la paume de l'espace.
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À vol d'oiseau
À Guillermo Sucre



Furieusement
vire
sur un reflet
pique
à l'aplomb
brusque
blancheur
monte
sanglant déjà le bec
sel dispersé
ligne à peine
en tombant
droit
ton regard
sur cette page
éparse
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Retour

À José Alvarado

Rumeurs à l'angle de la rue
rumeurs
entre les doigts du soleil
ombre et lumière
presque liquides
siffle le menuisier
siffle le marchand de glace
sifflent
trois frênes sur la petite place
Grandit
s'élève l'invisible
feuillage des sonorités
Temps
linge qui sèche aux terrasses
Je suis à Mixcoac
Dans leurs boîtes
des lettres qui pourrissent
Contre la chaux du mur
la flaque du bougainvillier
plaquée par le soleil
tracée par le soleil
pourpre calligraphie de la passion
je remonte à rebours
vers ce que j'ai quitté
qui m'a quitté
Mémoire
imminence de précipice
balcon
sur le vide

Je marche sans me rapprocher
encerclé de cité
L'air me manque
le corps
me manque aussi
la pierre qui est oreiller qui est dalle
l'air qui est nuage et eau
L'âme s'éteint
Midi
lumière poing fermé qui frappe frappe encore
Tomber dans un bureau
ou sur l'asphalte
finir à l'hôpital
peine de mort
qui n'en vaut pas la peine
Je regarde à rebours
et ce passant déjà
n'est plus que brume
...
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Vu et dit

Pierre blanche et noire


Sima
sème une pierre
en l'air
La pierre monte
Au-dedans
il y a un vieil homme endormi
S'il ouvre les yeux
la pierre éclate
tourbillon d'ailes de becs
sur une femme
qui fuit
entre les touffes de l'automne
La pierre descend
flambe
Sur la place de l'œil
fleurit
dans la paume de ta main
parle
suspendue
entre tes seins
langages d'eau
La pierre mûrit
Au-dedans
Chantent les graines
Elles sont sept
sept sœurs
sept vipères
sept gouttes de jade
sept paroles
endormies
sur le lit un verre
sept veines d'eau
au centre
de la pierre
ouverte par la vue

p.91-93
(Traduction Claude ESTEBAN)
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