Citations sur La petite Chartreuse (97)
Viens, Nuit, très ancienne et identique,
Nuit reine qui naquit détrônée,
Nuit intérieurement égale au silence,
Nuit semée d'étoiles pailletées, au rapide éclat sous ton vêtement frangé d'infini,
Viens vaguement,
Viens légèrement, viens toute seule ....
C'est surtout au papier qu'on en voulait, et à l'encre : une vieillerie salissante. Mais on en voulait aussi à ces petits réservoirs de pensées, de visions, de paroles qui se déploient de page en page, tout en demeurant extraordinairement compacte, bien fermés sur eux-mêmes, prêts à être cachés dans une poche, emportés en voyage et ouverts n'importe où, n'importe quand. Parcourus. Dévorés. Feuilletés. Sans électricité . Sans écrans.
c'est mon art le plus cher et ma plus chère méchanceté d'avoir appris à mon silence à ne pas se trahir par le silence
Classant une fois de plus mes livres, je me dis qu'après tout, moi aussi, j'aurais bien aimé devenir libraire, passer le plus clair de mon temps dans la compagnie des écrivains. Les découvrir, les faire lire, les aider à se vendre, favoriser cette prostitution splendide, m'entremettre pour cette marchandise là. Trafiquant de drogue littéraire.
C'est ainsi que des êtres traversent notre vie, y déposant des larves innommables. Ils y pondent les œufs d'une suite imprévisible, puis ils disparaissent tandis que ces larves ou ces œufs semblent mourir ou pourrir. Mais un jour...
- [...] J'ai été affreusement seule. Il n'y a que les femmes seules avec un bébé qui peuvent comprendre.
- Mais quand vous avez eu cette petite fille ? Ce corps fragile... ce regard neuf sur les choses...
- Mais vous ne comprenez rien ! La présence d'un enfant rend la solitude dure comme la pierre. Pas même une solitude de bête : une solitude de chose.
Eva est-elle toujours debout devant l'école ? Avec cette pluie ? La dame de la garderie l'aura mise à l'abri. Eva sait bien que je finis toujours par arriver... Bientôt, elle sera grande, elle aura moins besoin de moi... Un jour, elle me quittera. Nous avons été trop seules, toutes les deux... Elle plus que moi sans doute. Nos solitudes ne communiquent pas...
« Exemples de choses délicieuses, disait le sage chinois, découvrir un grand nombre de contes qu’on n’a pas encore lus. Ou acquérir le deuxième volume d’un récit dont on a apprécié le premier volume…»
Le seul vrai lecteur ; c'est le lecteur pensif.
Qui se souviendra de cette façon de poser son index au sommet de l'ouvrage pour le basculer en arrière, l'attirer à soi, l'ouvrir, le parcourir.
Lire la quatrième de couverture. Debout, dans le bruit des pages tournées, découvrir les quelques mots qui paraissent s'adresser précisément à soi.
L'inespéré noir sur blanc. Intime universel. Musique silencieuse