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sur 39 notes
L'odeur de chlore… celle qui me prend encore à la gorge lorsque j'arrive aux environs d'une piscine, et qui me fait revivre tout ce que l'auteur décrit : le froid, l'humidité, la pudeur mise à mal. Mais j'y ajouterai le sadisme d'un maitre-nageur dont la pédagogie aboutira à me rendre phobique!
C'est dire si j'ai souffert en parcourant les pages de ce récit. Et qu'il m'a été difficile d'apprécier ce qui était dit derrière le paravent des métaphores architecturales.

C'est du corps qu'il s'agit, ce corps en perpétuel devenir, de l'éclosion à l'épanouissement, avant le déclin. » Mignonne allons voir si la rose… ». Ce corps qui ne nous laisse pas le choix, que de cohabiter avec. Parfois maitrisé, au prix des souffrances induites par le contrôle, souffrance encore, dictée par des références éphémères. Ou juste accepté, dans un sorte de guerre froide, en renonçant à comprendre :

« Comment mon corps peut-il être un mystère à moi même ? »


Le récit est sans doute trop court pour qu'apparaisse une unité dans le propos, et j'ai eu du mal à en saisir la cohérence. Mais je dois reconnaître d'indiscutables qualités dans l'écriture. Dommage que les réminiscences parfumées au chlore m'aient créé des difficultés pour vraiment apprécier les intentions derrière les mots.

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Architecte de son corps
Avec «L'odeur du chlore», Irma Pelatan fait resurgir ses souvenirs au rythme des longueurs de piscine et, au fur et à mesure que son corps se transforme, nous raconte l'ambition architecturale du Corbusier.

Lors de la réunion du jury du Prix Orange du Livre 2019, nous avons eu un intéressant débat – notamment avec le sauteurs présents – sur les livres entrant dans la sélection et sur le définition d'un roman. Si je vous en parle aujourd'hui, c'est que le débat pourrait aussi mettre en cause L'odeur de chlore. Pour résumer le choix fait par le jury, il n'y a pas de distinction à faire entre un récit, un récit de voyage, une chronique ou une expérience vécue à condition qu'il s'agisse d'une oeuvre littéraire, ce en quoi ce court récit répond indubitablement, car il est construit sur la recherche stylistique, sur le rythme imposé par la natation. On pourrait même le rapprocher de À la ligne de Joseph Ponthus, cet autre exercice de style qui par son écriture rend déjà compte de l'ambiance, du milieu décrit.
Nous voilà cette fois à Firminy, petite ville du Massif central dont la notoriété, après la fermeture des aciéries, tient au prix national d'urbanisme décerné à la ville en 1962 pour un ensemble architectural dessiné par Le Corbusier et comprenant notamment, outre des immeubles d'habitation, des équipements collectifs et une église – qui ne sera terminée que bien longtemps après la mort de son concepteur.
Parmi les équipements collectifs figure la piscine dont il est question dans ce récit.
Pour la narratrice et pour sa famille, la piscine devient très vite un cocon protecteur: «Quand j'étais de l'autre côté de la vitre, je sentais (…) qu'il y avait une grande force à se montrer presque nue face aux habillés. La vitre était une protection, me rendait inatteignable.»
Membre du Club des Dauphins, c'est là qu'elle va voir son corps se développer, prendre conscience de sa féminité grandissante. «Mon corps est devenu celui d'une femme. Cette piscine a vu mon corps se faire femme, semaine après semaine, elle a vu mes seins pousser, mes hanches naître, elle a su mes règles. Et, de tout aussi loin, elle a vu mon corps grandir et grossir, échapper à la courbe, devenir trop, devenir autre, quitter la norme.»
Au fur et à mesure des longueurs effectuées, des progrès réalisés, des confrontations victorieuses, on se prend à rêver, à faire de cet endroit le point de départ vers d'autres voyages. «On soufflait de l'eau chlorée par les narines, mais ça voulait dire la mer. Ça voulait dire la puissance de la mer, le sel de la mer, la majesté de la mer. L'espace sans limite.» La mer où Le Corbusier finira par mourir, laissant à André Wogenscky le soin de conclure son oeuvre et à Irma Pelatan de comprendre que les apparences sont quelquefois trompeuses, y compris lorsque le veut être l'architecte de sa vie.


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**

Enfant, adolescente puis jeune femme, Irma Pelatan, l'auteur de ce texte étrange, a nagé plusieurs fois par semaine dans la grande piscine de Firminy.

Elle raconte tout au long de ces 98 pages, avec une écriture légère et aérienne, ses souvenirs de nageuse.

On se rappelle alors nous aussi l'odeur particulière qu'il règne dans ces établissements, les grands vestiaires, les bracelets de plastique attribuant un casier et les heures passées dans l'eau, nos doigts fripés et nos cheveux mouillés à la sortie...

Mais j'ai malheureusement peu accroché à ce court texte et je pense être passée à côté de ce que l'auteur voulait nous dire...

Merci aux 68 premières fois pour cette découverte...
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Sublime, intime, étonnamment aérien, ce récit d'Irma Pelatan est un plongeon gracieux dans une piscine des plus mythiques. « N'accablez donc pas celui qui veut prendre sa part des risques de la vie. » « Le Corbusier » « Poème de l'angle droit » Bâtisseur de cet antre emblématique dont les plans, enluminures de renom encensent ce bijou littéraire. L'écriture est ciselée, claire, une brasse vénitienne souple et légère. le ton féminin à peine éclos, en mutation gracile vers cet âge adulte est cette voix qui résonne en écho dans cette piscine parabolique. Il y a dans ce style mature la sagacité et l'envergure d'Annie Ernaux. On sent une jeune sportive en quête d'elle-même dans une initiation allouée au courage et à la transformation symbolique de son corps, Naïade en manichéenne envergure, fragile et courageuse à la fois. L'eau devient le reflet d'une introspection, bataille et reconnaissance. Symbiose de la vie, le corps plongé en elle, l'enfant devient Néréide, femme en puissance. « Je nageais seule, lumières éteintes, dans l'eau sans hiérarchie, l'eau sans limites. J'aurai sans doute pu suivre ce chemin-là. La belle profession. » Le Corbusier en filigrane dans « L'odeur de chlore » est l'hommage rendu à la nage exutoire. Ce récit est une échappée dans les profondeurs où l'Ondine défie la nageuse où la nageuse défie l'enfance qui s'échappe en brasses des plus voluptueuses. »Maintenant je le sais et reste la liberté. Si tu savais comme je suis bien. » le lecteur est ému, troublé, grandissant, serein aussi à contrario. Il pressent détenir dans l'accord du point final, cette formidable conviction que le sport est une porte qui s'ouvre sur le monde. Que l'effort est une bataille contre ses propres angoisses. le refoulement d'une enfance qui s ‘en va en laissant des messages sur l'eau générationnelle. Ce récit d'apprentissage est une valeur sûre, des confidences allouées en Odeur de chlore. A lire près d'une piscine et vous verrez comme tout change ! Lu dans le cadre des 68 premières fois. Les Editions La Contre Allée prouvent une nouvelle fois leur qualité éditoriale hors norme.
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Livre éclairé et sagace, l'auteure va nous décrire la vie de cette piscine où elle est « chez elle ». On trouve les habillés et les déshabillés, les baigneurs et les nageurs, dont elle fait partie, qui ne portent pas de bracelet en plastique qui font partie des piliers du centre de natation.

Un texte épatant sur le corps des femmes, sur ce qui enferme et ce qui libère. L'odeur du chlore envahit le lecteur. Les lignes de la piscine de Firminy se mêlent aux sillons qui tracent les vies des nageuses et des nageurs, de leurs évolutions. Le Corbusier était fort en avance sur son temps et a conçu des bâtiments et lieux de vie qui prenaient en compte tant les habitants ou les usagers que l'environnement. le bassin de Firminy était prévu par Le Corbusier en 1958 dans le plan globale avec l'unité d'habitation, la maison de la culture, le stade et l'église mais, suite au décès de l'architecte, elle est construite par André Wogesncky.

La piscine en béton est là, statique et proportionnée, bâtie selon les règles du Modulor, mais la morphologie change, l'anatomie de la narratrice se modifie, n'est pas, n'est plus aux normes.

J'aime beaucoup la façon dont ce texte est façonné, sculpté.

« Ce récit enfin cette chronique » pour citer l'auteure est un bel exercice d'écriture avec des chapitres courts, rythmés et ciselés.

Un conte sur les courbes et sur les lignes dans tous les sens ! une histoire plaisante et délicate.

Un livre à conseiller.

Merci à Babelio pour la belle découverte d'une maison d'édition que je ne connaissais pas : La Contre Allée
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En 1945, Le Corbusier invente une notion architecturale : le Modulor (travaille sur un système de mesures en accord avec la stature humaine harmonique et idéale)
C'est dans une piscine de la Loire pensée par Le Corbusier que le récit se déroule .
La narratrice y passe beaucoup de temps depuis l'enfance .
Au fur et à mesures de ses longueurs , elle voit son corps se transformer passant de la petite fille à la femme.
Elle évoque le parcours de ce corps qui se transforme ,se performe et même se déforme échappant ainsi à la norme souvent imposée par la société.
Son corps "fait corps" avec le corps architectural de le Corbusier.
Ce récit intime ,pudique ,troublant est sublime .
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L'odeur du chlore, c'est d'abord le récit d'une piscine. La piscine André Wogenscky à Firminy, dans la métropole stéphanoise. La piscine dite le Corbu car inspirée du concept d'après-guerre de le Corbusier : le Modulor. le Modulor, c'est construire les lieux de vie selon la silhouette standard humaine, celle d'un homme d'1,83 mètres. « Un étalonnage né du corps idéal comme lieu de la proportion, le corps qui tend au nombre d'or » dit Irma Pelatan.

L'odeur du chlore, c'est surtout le récit d'une petite fille qui devient progressivement une femme dans ce lieu de l'homme parfait. Des années de natation dans un espace limité où le corps change mais à aucun moment ne peut atteindre cette perfection-étalon de le Corbusier. Une petite fille autrefois trop petite pour le mobilier, une femme aujourd'hui trop volumineuse pour entrer dans les standards. Pourtant, sans cesse, les longueurs de bassin se multiplient, les sauts au grand plongeoir travaillent. La piscine devient aussi le lieu où l'on repousse les limites du corps. le goût de l'effort, de la performance, du geste parfait, ce que l'auteure appelle « l'idéologie du dépassement de soi ». La piscine, c'est le corps soumis, c'est le corps dévêtu, c'est l'acceptation d'un ordre du monde, c'est rêver de l'immensité de l'océan dans un bassin restreint. C'est prendre conscience aussi d'une liberté qui existe et que l'auteure va trouver, à sa façon, dans ce contexte particulier.

En peu de pages, Irma Pelatan a su livrer un monde, son monde de l'enfance, son idée du corps, de la liberté. Irma fait dialoguer les normes, les siennes, celles de la piscine pour interroger notre propre rapport au monde et notre rapport à soi. Personnellement, ce livre m'a beaucoup touchée. Une bien belle réussite.
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L'auteure nous relate dans ce court récit l'évolution de son corps de sa petite enfance jusqu'à ce qu'elle devienne une femme. Ces longueurs de bassin effectuées trois fois par semaine dans la belle piscine de Firminy imaginée par Le Corbusier.
Sa transformation du début d'enfance où très fière, elle nageait dans les lignes pendant que d'autres restaient dans l'autre partie du bassin pour s'amuser.
Rester avec ses amis, elle est très proche des garçons , et plonger à se faire peur, l'adolescence passe et le corps change. On se sent mieux dans l'eau et terminer avec un corps que l'on a envie de dissimuler. La piscine est toujours présente et bienveillante.
Ce récit est précis, net et concis, agréable à lire.
Un livre véritable OVNI parmi les 68 premières fois, et c'est ce qui est intéressant.
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Dans cet espace aquatique, une petite fille devient femme. À force de longueurs, elle voit ce corps qui change, se modifie, évolue et se forge. Peut-être frôle-t-elle la perfection dans ce lieu si normalisé.
« Comment mon corps peut-il être un mystère à moi-même ? »

En un court récit, Irma Pelatan, dessine le parcours du corps. Captivée par son rôle et son devenir au fil de sa vie. Comment il se comporte face à la nature des choses et la place qu'il a parmi les autres. C'est bref et il n'en fallait pas plus pour ce texte tout en pudeur. le rapport du corps à soi et aux autres n'a plus le même goût après cette lecture.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/03/26/37208191.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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"...ce récit, enfin cette chronique, ce machin tant de fois suspendu", la narratrice le construit chapitre après chapitre , évoquant tout à la fois ses souvenirs de la piscine où elle allait trois fois par semaine étant plus jeune, créant sa propre poétique de l'eau, envisageant son corps changeant, toujours hors normes selon elle, ce corps soumis à la discipline de la compétition.
Mais sans doute les dés étaient-il pipés d'avance car cette piscine possédait des proportions particulières, voulues par l'architecte Le Corbusier selon le modèle idéal du Modulor, un homme adulte d'un mètre quatre-vingt trois.Sans compter que, quasi en catimini, glissées en douce dans le chapitre 20, quelques pages évoquent à demi mots un épisode traumatisant dont "L'injonction demeure brûlante comme fer rougi."
L'odeur du chlore, les doigts fripés, la distinction entre les baigneurs et les nageurs , l'ambiance particulière à la fois bienveillante et parfois malaisante de la piscine, disent de manière précise un univers dont la narratrice ne parviendra à identifier le trouble créé en elle que dans le dernier chapitre, ce qui permettra enfin une affirmation victorieuse.
Un texte en apparence léger mais qui sait troubler efficacement son lecteur. l'univers d'Irma Pelatan a su me séduire et pourtant ce n'était pas gagné car je déteste les piscines.
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