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3,29

sur 39 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'odeur du chlore, c'est d'abord le récit d'une piscine. La piscine André Wogenscky à Firminy, dans la métropole stéphanoise. La piscine dite le Corbu car inspirée du concept d'après-guerre de le Corbusier : le Modulor. le Modulor, c'est construire les lieux de vie selon la silhouette standard humaine, celle d'un homme d'1,83 mètres. « Un étalonnage né du corps idéal comme lieu de la proportion, le corps qui tend au nombre d'or » dit Irma Pelatan.

L'odeur du chlore, c'est surtout le récit d'une petite fille qui devient progressivement une femme dans ce lieu de l'homme parfait. Des années de natation dans un espace limité où le corps change mais à aucun moment ne peut atteindre cette perfection-étalon de le Corbusier. Une petite fille autrefois trop petite pour le mobilier, une femme aujourd'hui trop volumineuse pour entrer dans les standards. Pourtant, sans cesse, les longueurs de bassin se multiplient, les sauts au grand plongeoir travaillent. La piscine devient aussi le lieu où l'on repousse les limites du corps. le goût de l'effort, de la performance, du geste parfait, ce que l'auteure appelle « l'idéologie du dépassement de soi ». La piscine, c'est le corps soumis, c'est le corps dévêtu, c'est l'acceptation d'un ordre du monde, c'est rêver de l'immensité de l'océan dans un bassin restreint. C'est prendre conscience aussi d'une liberté qui existe et que l'auteure va trouver, à sa façon, dans ce contexte particulier.

En peu de pages, Irma Pelatan a su livrer un monde, son monde de l'enfance, son idée du corps, de la liberté. Irma fait dialoguer les normes, les siennes, celles de la piscine pour interroger notre propre rapport au monde et notre rapport à soi. Personnellement, ce livre m'a beaucoup touchée. Une bien belle réussite.
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L'auteure nous relate dans ce court récit l'évolution de son corps de sa petite enfance jusqu'à ce qu'elle devienne une femme. Ces longueurs de bassin effectuées trois fois par semaine dans la belle piscine de Firminy imaginée par Le Corbusier.
Sa transformation du début d'enfance où très fière, elle nageait dans les lignes pendant que d'autres restaient dans l'autre partie du bassin pour s'amuser.
Rester avec ses amis, elle est très proche des garçons , et plonger à se faire peur, l'adolescence passe et le corps change. On se sent mieux dans l'eau et terminer avec un corps que l'on a envie de dissimuler. La piscine est toujours présente et bienveillante.
Ce récit est précis, net et concis, agréable à lire.
Un livre véritable OVNI parmi les 68 premières fois, et c'est ce qui est intéressant.
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Dans cet espace aquatique, une petite fille devient femme. À force de longueurs, elle voit ce corps qui change, se modifie, évolue et se forge. Peut-être frôle-t-elle la perfection dans ce lieu si normalisé.
« Comment mon corps peut-il être un mystère à moi-même ? »

En un court récit, Irma Pelatan, dessine le parcours du corps. Captivée par son rôle et son devenir au fil de sa vie. Comment il se comporte face à la nature des choses et la place qu'il a parmi les autres. C'est bref et il n'en fallait pas plus pour ce texte tout en pudeur. le rapport du corps à soi et aux autres n'a plus le même goût après cette lecture.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/03/26/37208191.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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"...ce récit, enfin cette chronique, ce machin tant de fois suspendu", la narratrice le construit chapitre après chapitre , évoquant tout à la fois ses souvenirs de la piscine où elle allait trois fois par semaine étant plus jeune, créant sa propre poétique de l'eau, envisageant son corps changeant, toujours hors normes selon elle, ce corps soumis à la discipline de la compétition.
Mais sans doute les dés étaient-il pipés d'avance car cette piscine possédait des proportions particulières, voulues par l'architecte Le Corbusier selon le modèle idéal du Modulor, un homme adulte d'un mètre quatre-vingt trois.Sans compter que, quasi en catimini, glissées en douce dans le chapitre 20, quelques pages évoquent à demi mots un épisode traumatisant dont "L'injonction demeure brûlante comme fer rougi."
L'odeur du chlore, les doigts fripés, la distinction entre les baigneurs et les nageurs , l'ambiance particulière à la fois bienveillante et parfois malaisante de la piscine, disent de manière précise un univers dont la narratrice ne parviendra à identifier le trouble créé en elle que dans le dernier chapitre, ce qui permettra enfin une affirmation victorieuse.
Un texte en apparence léger mais qui sait troubler efficacement son lecteur. l'univers d'Irma Pelatan a su me séduire et pourtant ce n'était pas gagné car je déteste les piscines.
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Un texte qui se lit rapidement, riche en images et symboles tant l'évolution physique de la narratrice comme son état d'esprit y développent un sens du symbolisme et de la métaphore.

Pour qui que ce soit qui a connu aussi ces cours ou ses sorties à la piscine, enfant puis adolescent, les rapides chapîtres de ce livre reflêtent parfaitement nos propres sentiments. Cette piscine, en plus d'un architecte prestigieux dans sa conception, est bien un monde à la fois magique, mystérieux et le cadre des évolutions corporelles de la narratrice. Une sorte de prolongation naturelle du liquide amniotique maternelle, c'est par l'effort que la narratrice, sa soeur, ses premiers petits amis mettent à parcourir, sans fin, ses longueurs de bassin que cette communauté, ses rites, ses challenges existe et se différencie du reste du monde qui les entoure.

Jamais je n'ai eu l'occasion de lire un tel ouvrage sur le milieu d'une piscine municipale...

Je vais me remettre à la natation.....
Lien : http://passiondelecteur.over..
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J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce "roman" cependant pour moi il ne s'agit pas vraiment d'un roman puisque dans ma définition de roman se trouve une histoire. Ici j'ai plutôt assisté à la remémoration de souvenirs, à la description d'un lieu. D'ailleurs, l'auteur parle de "chronique", ce n'est à mon avis, pas du tout un hasard.

L'exercice m'a vraiment séduite mais lorsque je suis arrivée au dernière page j'attendais une chute. Je ne suis pas habituée à lire ce type d'ouvrage.

Le style est vraiment agréable, chaque mot, chaque adjectif est parfaitement bien choisi. On a l'impression d'être spectateur de la vie d'une piscine ! Bravo !
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C'est l'histoire d'une piscine, celle de Firminy-vert, conçue par Le Corbusier et réalisée par son disciple André Wogenscky. C'est l'histoire d'une jeune fille qui y nage trois fois par semaine toute son enfance et son adolescence. Piscine et nageuse sont intimement liés, c'est ce que raconte Irma Pelatan dans ces presque cent pages où elle évoque l'architecture particulière de ces lieux élaborés sous la mesure du Molitor, les carrelages coupants, les vestiaires collectifs, son corps, l'eau, sa soeur, les longueurs enchaînées sur plusieurs kilomètres. le tout donne un ensemble indéfinissable, une sorte de patchwork aux camaïeux de bleu, dont le but est multiple : rendre hommage au créateur de la Cité radieuse et à son élève, parler de la pratique sportive imposée par le père, et parler du corps, le sien, celui des nageurs, et celui de l'homme idéal d'un mètre quatre-vingt-trois qui a servi d'étalon à Le Corbusier. Un récit inclassable, autobiographique assurément, dont la lecture se fait avec l'aisance du nageur fendant l'eau d'un crawl souple et régulier.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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livre étrange et attachant. qui en dit juste assez pour cheminer dans la tête : Le Corbusier, l'entraînement, Firminy, les municiplaités communistes, la mort, l'élève qui reprend la suite du maître, les souvenirs d'enfance dont on ne sait s'ils font mal ou s'ils font du bien.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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J'ai apprécié ce texte court qui a obtenu le prix Hors Concours. Un devenir d'enfant à femme dans une piscine conçue par Le Corbusier; un rapport au corps à travers la natation.
Sur quatre ans, c'est la seconde fois que les éditions de la Contre Allée sont distinguées par le prix Hors Concours et c'est mérité: ce petit texte de moins de cent pages fait partie de la collection sentinelle où une attention particulière est tournée vers les histoires et parcours singuliers de gens, lieux, mouvements sociaux et culturels. Des rabats, une reliure cousue et non collée, un achevé d'imprimé original...c'est un bel objet livre.
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J'ai lu ce premier roman d'une seule traite , en une demi-heure . Dire que j'ai accroché , ce serait mentir , mes souvenirs de piscine en tant que scolaire ne sont pas impérissables , je détestais l'odeur de chlore et la contrainte d'aller me baigner , me déshabiller dans le froid , la douche tiède , non merci !
La piscine de Firminy , où se déroule le roman , fait partie d'un ensemble architectural conçu par Le Corbusier (prix national d'urbanisme en 1962 ) . C'est dans ce cocon , cette bulle protectrice que la narratrice a vu son corps de gamine se transformer en une jeune femme .
L'écriture est très rythmée , les chapitres courts , un peu comme les compétitions sportives aquatiques ou les sauts du grand plongeoir , l'occasion pour l'autrice de se mesurer aux garçons , jusqu'à leur faire oublier qu'elle est une fille . "Des amis qui ne me regardaient pas comme une fille . Et que c'était précieux , ça , qu'ils m'acceptent , qu'on joue à ces jeux ensemble , qu'ils ne regardent pas comment j'étais habillée ou si j'avais des seins . On discutait , on se disait tout , ils oubliaient que j'étais fille ."
Traduire en mots le langage du corps et donner une voix à l'architecture bétonnière de le Corbusier , voilà peut-être le pari dans lequel s'est engagée l'autrice de cet opus d'à peine 100 pages .
Mais , au fond , j'ai beaucoup de mal à m'impliquer dans ce texte , et , pire encore , je ne suis pas certain d'avoir compris ce qu'Irma Pelatan voulait nous dire à travers ce roman .
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