Peut-on dire de
George Pelecanos qu'il est un touche-à-tout ?
Indéniablement. Ses romans (du DC Quartet à la trilogie Nick Stefanos en passant par la série
Derek Strange & Terry Quinn) ainsi que son étroite collaboration avec le brillant David Simon au scénario de séries télévisées remarquables (The Wire, Treme et The Deuce) en attestent.
Est-ce toujours couronné de succès ? Pas forcément.
S'il est une force qu'on peut lui reconnaître, c'est de savoir poser une ambiance, lui conférer de l'authenticité avec réalisme. Chose plutôt aisée quand la plupart des récits se passent chez lui : à Washington. La capitale américaine est un protagoniste à part entière dont les reliefs, les bâtisses et les gens, petites ou grandes, témoignent d'un vécu. Elle vit par les anecdotes distillées, ça-et-là, constituant une des clés de son univers, tout en nuances.
Dans ce one-shot, l'auteur de "
King Suckerman" fait aussi étalage de son amour pour la littérature noire d'Outre-Atlantique (autant dans son acceptation ethnique que dans sa forme dédiée aux ambiances sombres, teintées de mystère et de crime). À travers les personnages d'Anna et Michael, il convoque plus qu'une appétence : une passion qui se nourrit à tout âge, pour toute personne et qui rassemble.
Là où le bât blesse, c'est que ce récit de rédemption est un peu linéaire. Il manque d'un élan véritablement "romanesque" pour qu'on se prenne totalement au jeu. de plus, hormis les deux protagonistes principaux, on peine à s'attacher au reste du casting. Comprenez bien : on ne s'ennuie pas, ça se lit rapidement mais ça ne laisse pas cette sensation inoubliable, inimitable, qui fait la force d'un récit signé
George Pelecanos.