On m'avait caché que King Suckerman avait une suite !
Le temps de renfiler ma tenue blaxploitation des années 70
pattes d'eph, col pelle à tarte, et de sortir mes disques disco funk
Je me glisse comme un coq en patte dans la soul fiction.
Pas de bol, ça se passe dans le milieu des années 80 !
Dépité , je jette tout mon attirail en vrac
et renfile mon débardeur et ma paire de Rayban.
Rassuré , je retrouve Marcus Clay et Dimitri Karras
la paire de disquaire la plus cool du roman noir
et du ghetto de Washington DC ..
pas du tout au top de leur forme.
Marcus a des ennuis avec sa femme,
Dimitri n'arrête pas de sniffer....
mais ce n'est rien à coté du quartier qui s'embrase
pour un dealer cramé et une valise bourrée de drogue qui se fait la malle.
Toute l'action se déroule en quelques jours.
Les règlements de compte entre gangs s'enchainent
au nez et à la barbe des flics...un peu pourris
Je reste cloué sur mon siège en daim en sirotant un Ice Tea
Et là je me dis :
- Putain que fait Dimitri Karras à part se poudrer le nez ?
- J'ai à peine fini ma bafouille que le vétéran du Vietnam
Marcus Clay (pas le frère de Cassius) et naguère champion de basket
surgit d'une page cornée et fonce vers le panier...de crabes.
Il était temps !
Mention spéciale pour l'agent Tutt et ses blagues de beauf.
Suave comme l'eternité, à mettre en haut du panier !
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1986, Washington DC. La ville d'abord, très présente avec des indications précises de lieu. Des quartiers populaires où vivent et/ou travaillent les personnages. Des "Blacks" pour la plupart. Certains bien établis dans la vie publique, d'autres qui ont pris des chemins parallèles. Et deux flics, un blanc et un noir, qui eux, essaient de profiter des deux systèmes. Tous ont en commun de chercher une vie meilleure, par tous les moyens. Ceux de la drogue, surtout : la cocaïne avec ses consommateurs qui pensent qu'elle pourrait leur apporter "La promesse d'un avenir propre et délivré de la mort" (p. 29, Points, 2002), et ses dealers qui en retirent tout l'argent nécessaire pour vivre et flamber.
On est vite happé par ces personnages haut-en-couleur et attachants, qui essaient tous de se débrouiller comme ils peuvent. de manière légale ou illégale. Peu importe, les vertueux ne sont pas toujours ceux que l'on croît.
Avec pour fil conducteur, une taie d'oreiller remplie de billets, Pelecanos restitue à merveille la vie des quartiers pauvres de la capitale américaine des années 80. Les références musicales, sportives (le basket), les marques de voiture, mais aussi les modèles d'armes et bien sûr le style de l'auteur avec la description des scènes sous les angles différents des personnages restituent l'ambiance de la ville et créent un univers que l'on n'a pas envie de quitter.
Le racisme ordinaire y est latent également. Parfois de manière éclatante, comme avec Eddie Golden, noir et juif : "Son ambition secrète, c'était d'être un beauf bien blanc, comme ses potes" (p. 84, Points, 2002).
Tous ces ingrédients forment un roman noir à la mécanique bien huilée. Une réussite que l'on a envie de retrouver.
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Pour la suite de son DC Quartet, Georges Pelecanos reprend les bonnes vieilles recettes des opus précédents, pour nous livrer encore une fois un superbe polar social. On est plongé dans l'ambiance du Washington des années 80, entre musique d'époque, rails de coke, et gangsters. Une superbe lecture pour un excellent moment.
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Tutt n'aurait jamais voulu habiter un endroit où il se retrouvait en minorité, même si parfois on aurait dit que Silver Spring en prenait le chemin. Quand il regardait dans la rue, il voyait des portos et des blackos, des Punjabs et des Arabes qui se rendaient au métro ou attendaient le bus, ou poussaient leurs petits chariots à deux roues jusqu'à l'épicerie. Tutt se disait qu'il allait peut-être partir à la campagne, du côté de Frederick ou le long de la nationale 29, où on pouvait encore trouver des baraques pas trop chères avec pas mal de terrain. L'aller-retour tous les jours, ce serait l'enfer, mais au moins là-bas, quand on se réveillait le matin, on était entre soi.
Pages 204-205, Points, 2002.
Il avait suffi d'une prise d'otages en Iran pour que toute une génération s'emballe et oublie l'horreur du Vietnam. Les bouquins technico-guerriers, des trucs écrits par des gens qui n'avaient jamais assisté à la mort violente et inutile d'hommes jeunes, faisaient fureur. Les gamins faisaient la queue au cinéma Uptown pour "Top Gun". Les manœuvres en terre étrangère, la menace du communisme, tout ça donnait la pêche. L'augmentation des dépenses militaires stimulait la Bourse et renforçait l'économie. Et une économie forte, ça ouvre la porte des réélections.
Page 61, Points, 2002
J'ai une blague pour toi, short.
- J'écoute.
- Qu'est-ce que le père de Marvin Gaye lui a dit juste avant de le descendre ?
- j'en sais rien..
D'un seul mouvement, tout en fluidité, Tutt sortit son flingue, l'arma et le pointa sur le visage de Monroe.
- C'est le dernier 45 que t'entendras.
Ma tante, elle chantait un gospel, tu sais à l'époque où elle faisait partie d'un chœur, à l'église. Ils parlaient d'aller rejoindre un endroit, "suave comme l'éternité", ils disaient, et ils arrêtaient pas de répéter ça. Toutes ces dames d'église, elles avaient l'air tellement content, putain, en chantant cette chanson. (Linney se frotta le visage.) Ça a l'air bien, non ?
- De toute façon, ça peut pas être pire qu'ici.
Pages 301-302, Points, 2002.
Et Rogers qui se croyait dans un soap opera, avec des petits oiseaux qui lui volaient autour de la tête en faisant cui-cui et tout le bordel, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Pourquoi il en vient pas au fait ? se demanda Monroe. Qu'il bourre la meuf une bonne fois pour toutes, qu'il baise et qu'il se casse et qu'il l'a vire de notre bagnole, putain. Y avait du boulot qui les attendait et les gonzesses avaient rien à voir là-dedans.
Pages 125-126, Points, 2002.
Violences, bavures, corruption au sein de la police de Baltimore : comme souvent chez David Simon et George Pelecanos, l'histoire est authentique. Avec “We Own This City”, les créateurs de la culte “The Wire” reviennent ausculter, de l'intérieur, les arcanes des forces de l'ordre d'une des plus grandes villes du Maryland.
Construite sur deux temporalités, la mini-série HBO, diffusée sur OCS en France, est adaptée de l'enquête au long court de Justin Fenson, journaliste d'investigation au “Baltimore Sun”, où David Simon a aussi travaillé. Ces six épisodes à la réalisation très nerveuse prennent à bras le corps la thématique du racisme systémique dans la police en retraçant les méfaits d'une équipe en roue libre, galvanisée par une hiérarchie qui n'a d'yeux que pour la politique du chiffre.
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