Lorenzo Brown a encore des amis. Et un peu de famille qui l'estime. Il s'est trouvé un boulot qu'il apprécie et ses collègues ont une bonne opinion de lui. S'il continue comme ça, il finira par y arriver. Et réussir sa nouvelle vie. Sorti depuis peu de prison, Brown s'est complètement investi dans son job. Il n'aime vraiment pas ceux qui maltraitent les animaux, alors, se promener au volant de sa camionnette pour dresser des PV pour mauvais traitement ou recueillir des chiens battus, ça lui plait.
Rachel Lopez aussi aime son boulot. Elle est agent de probation, et des types comme Brown, qu'elle voit revenir dans le droit chemin, ça lui donne du coeur à l'ouvrage, ça lui remonte le moral. Ca lui fait se sentir utile et aussi, ça lui permet d'oublier son problème d'alcool et ces soirées de débauches auxquelles elle essaie vaille que vaille d'échapper. Brown a beaucoup d'estime pour Rachel et cette dernière en a autant à son égard.
Nous sommes à Washington D.C., cité rongée par la drogue et où quelques caïds règnent en maitres sur des quartiers bien déterminés. Ces caïds, c'est l'ancien monde de Lorenzo, celui qui l'a envoyé en taule et avec lequel il ne veut plus rien avoir à faire. Mais un jour, il est appelé pour mettre fin à des combats de chiens dans un hangar abandonné. Parmi les participants et les parieurs, Lorenzo retrouve plusieurs anciennes connaissances, dont certaines tenteront de l'impressionner. Trop sage depuis trop longtemps, fatigué de ne plus riposter face à la stupidité, Brown ne s'en laissera cette fois pas conter.
La force de Pelecanos, c'est sans doute d'appliquer à la lettre un vieux précepte d'écrivain : ‘parle de ce que tu connais'. La rue, la drogue, les quartiers difficiles, la violence : c'est son truc. Comme journaliste d'abord, puis comme réalisateur et comme écrivain ensuite. La crédibilité voilà qui caractérise sans doute le mieux ses romans. On s'y sent comme dans une réalité à laquelle on n'échappe que parce qu'on a eu la chance de naître au bon endroit. Pas de place ici pour la poésie ou l'improbable. Les destins croisés de Brown et de Lopez respirent le vécu et sont débarrassées de toute envolée sensationnaliste ou pleurnicharde. A l'image de la série télé ‘The Wire' au scénario de laquelle l'auteur a participé, la tension et le suspense dégénèrent rarement en violence : tout l'art de Pelecanos réside dans une mise en place longue et précise –et toujours captivante- des éléments qui vont y conduire avec certitude. Mais également avec surprise. Car elle ne frappera jamais là où le lecteur s'y attendra le plus. Si vous pensiez que le roman noir était mort, tué par le roi thriller, détrompez-vous : il est toujours présent, mais il a délaissé ses oripeaux des années '50 pour assumer pleinement ceux de notre époque. Ceux que lui dessine
George Pelecanos lui vont comme un gant.