Dunne était assis au comptoir, un verre de quelque chose de transparent posé devant lui.
C'était la brune, les arbres et les branches, tout décolorés, n'étaient plus que des formes gris ardoises qui se détachaient sur un ciel terne. La forêt n'étant pas dense, il apercevait la maison du sentier.
Près du ruban jaune, un agent de sécurité isolé tripotait une tresse piquée de perles de toutes les couleurs qu'il avait mise dans sa poche, comme s'il s'agissait d'un porte-bonheur. Après, il reviendrait chez lui, la glisserait dans un sac en plastique et la cacherait sous la couverture d'un de ses disques de jazz, avec les cheveux prélevés sur Otto Williams et Ava Simmons.
Le titre de l'album, Live Evil, pouvait se lire dans les deux sens.
C'était celui de Miles Davis qu'on entendait dans le séjour de son oncle, la toute première fois où on lui avait infligé des sévices sexuels, dans son enfance.
Ce soir-là, il ne tarda pas à tomber à nouveau du crachin. Les gouttes se firent plus grosses et visibles à la lumière des phares. On entendit des flics présents sur les lieux dire que Dieu pleurait sur la fille dans le jardin. Pour les autres, ce n'était que de la pluie.
FIN.
Dans les toilettes, démocrates et républicains oubliaient ce qui les opposait pour s'envoyer ensemble un max de coke dans le pif. Toutes les radios passaient Money For Nothing, et Simple Minds devait donner un concert à Washington.
" Sergent T.C Cook. Je m'apprête à rentrer chez Reginald Wilson, qui habite le lotissement Good Luck. J'ai des raisons de croire que sa maison recèle des preuves qui permettront d'établir le lien entre M. Wilson et ce qu'on appelle les "meurtres à palindrome" commis dans la ville de Washington en 1985. Je recherche en particulier des cheveux, qui risquent d'avoir été prélevés sur les défunts. Je n'ai pas de mandat. Je ne suis plus policier en service. J'ai agi de concert avec un jeune homme, Dan Holiday, qui est un bon flic. Mais je déclare officiellement qu'il n'a rien à voir avec ce que je vais entreprendre. J'ai agi de ma propre initiative, dans l'espoir d'apporter un peu de sérénité aux familles. Et aussi pour ces enfants superbes que quelqu'un a massacrés"
[.........] jusqu'à ce qu'il aperçoive l'Explorer se garer tout en haut. Il fit pareil et regarda Dunne descendre de la Ford, puis emprunter une passerelle en béton qui reliait le parking à un hôtel existant depuis peu.
Pour lui, les hôtels, c'était bon pour y amener une femme ou aller picoler au bar. Il attendit un quart d'heure, puis il mit sa casquette de chauffeur et emboîta le pas à Dunne.
Certes, il avait ses femmes. Il avait toujours eu le chic pour tomber sur des numéros. Mais aucune avec qui il avait envie de se réveiller le lendemain matin. Ses nuits n'avaient pas plus de signification que ses journées.
- Il se repose, dit Benjamin. Le médecin s'occupe de lui.
- Tu veux dire le toubib des clebs, grinça Raynella. Pas vrai, Raymond ?
- Doc Newman est un type réglo, répliqua Benjamin.
- C'est un véto ! s'insurgea Raynella.
- Exact, mais il assure.
- C'est ce qu'a expliqué Fishhead.
- Il a un nom à la con, ce mec, mais ça veut pas dire qu'il a toujours tort.
- C'est bien de son âge, ce film qu'elle regarde ? demanda-t-il .
- C'est Grease
- Je sais. Mais Travolta donne des coups de hanches, et notre fille l'imite.
- Elle danse, c'est tout.
- C'est comme ça qu'on dit, maintenant ?