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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
♪ Ecrire me semble ridicule, Je m'élance et puis je recule,
Devant une phrase inutile, Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre, D'une rencontre…♫

Et puis si, je me lance… tout de même.

Dans « Toxic blues » de l'irlandais Ken Bruen, le personnage principal Jack Taylor est un alcoolique et junkie mais surtout un drogué au Pelecanos, seule véritable substance sans danger pour sa vie pour le moins agitée. Oui, oui, le Pelecanos c'est de la littérature, pas un cigare cubain…

Mais dites donc, Pelecanos, ça ne sonne pas vraiment irlandais ! Pas plus américain, vous me direz ! Hum, hum…

Pour découvrir cet auteur, je me suis donc lancé dans un de ses romans « Un nommé Peter Karras », « The Big Blowdown » (1996) étant le titre original, figurant dans le D. C. Quartet, le premier de la série dont l'action se déroule principalement à Washington D. C.

« Os », « as »… Il manque plus que le « is » pour parfaire les terminaisons grecques si reconnaissables !

En fait, George Pelecanos est fils d'immigrés helléniques qui se sont installés aux Etats-Unis dans un quartier pauvre de Washington et se plait naturellement à installer des personnages d'origine grecque dans son roman.

Ainsi, en 1933, Peter Karras, le grec, fait partie d'une bande de gamins bagarreurs et passionnés de boxe dont font partie Joe Recevo, Billy Nicodemus, Perry Angelos, Su et Jimmy Boyle.

Puis en 1944, certains d'entre eux combattent dans les Marines sur le théâtre d'opération des Philippines et découvrent malheureusement à leur retour que Billy ne reviendra jamais du front asiatique.

1946. Peter Karras et Joe Recevo tentent de gagner laborieusement leur croute en persuadant, par la force si il le faut, des personnes récalcitrantes de rembourser des sommes qu'ils doivent à Monsieur Burke, leur patron voyou. de leurs côtés, les autres copains sont devenus flics, taxis ou encore comptables.

De nombreux autres personnages graviteront dans l'univers de Peter et notamment un certain Mike Florek, à la recherche de sa soeur droguée qui se prostitue dorénavant à Washington, mais je vous laisserai découvrir seul(e) la suite qui pour moi ne doit pas être dévoilée sous peine de détruire le fragile château de cartes qu'a réalisé de main de maître Georges Pelecanos.

Ainsi, pour brouiller les pistes, l'auteur distille le récit de Peter Karras dans un ordre non chronologique et permet ainsi d'écrire une première partie de roman totalement étrangère au monde du polar ou du roman noir.

A la page cent, je suis même demandé si je ne m'étais pas trompé de livre car on était beaucoup plus proche d'un roman historique sur la seconde guerre mondiale ou de l'étude de la condition des immigrés ou fils d'immigrés européens aux Etats-Unis dans les années 30 à 50.

« Calmos, calmos », dirait Pelecanos qui prend tout son temps pour tisser sa toile et vous laisse patiemment succomber au fil du récit…

Une fois pris au piège, l'auteur ne vous lâche plus et injecte ses doses de noirceur goutte par goutte jusqu'à la fin de l'histoire. Des noirceurs physiques. Des noirceurs sensuelles. Des noirceurs psychologiques...

Dans un style propre et soigné, Pelecanos m'a donc surpris par sa fausse simplicité d'écriture et sa capacité à reconstituer le puzzle de la vie de Karras à travers le regard de chacun des autres personnages. Pour les amateurs de romans originaux et non calibrés, je recommande chaudement ce livre qui se déguste lentement au début puis se laisse croquer ardemment sur la deuxième partie passionnante.

Vous l'aurez compris, pour ceux qui recherchent le thriller comme cela est écrit sur la couverture (ils sont vraiment incroyables ces éditeurs), je vous conseille d'aller voir ailleurs car vous ne tiendrez pas les cent premières pages.

Pour les autres, c'est franchement une occasion de découvrir un grand écrivain américain à l'accent grec très prononcé (des mots grecs sans traduction jalonnent le roman surtout au début) et une construction de roman noir peu commune. Bref, une belle rencontre…

Une rencontre qui en emmènera d'autres. C'est une certitude…


Ps : Les aficionados de Christophe auront noté que j'ai remplacé le mot « Parler » par « Ecrire » dans la première phrase des paroles de la chanson pour mieux coller à la critique.
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DC, vous connaissez ? Non, je ne parle pas du groupe AC/DC ! DC... Washington DC (pour District Columbia), bande de moules.

En suivant le jeune Peter Karras - Spartiate d'origine - lors de sa jeunesse dans les années 30, juste après la Grande Dépression, en passant par la Seconde Guerre Mondiale et jusqu'en 1949, nous suivons aussi la ville de Washington DC dans ce qu'elle a de plus sombre.

De 1933 à 1949, ce sont les quartiers les pauvres que nous explorons aux travers de quelques personnages...

Des immigrés grecs, italiens, chinois, cherchant tant bien que mal à s'en sortir, afin de nourrir leur famille, que se soit de manière honnête ou via la pègre locale, cette tique qui peut vous sauter un jour sur le dos pour vous pomper une partie de votre sang en vous proposant de vous protéger.

Ce qui est le plus étonnant avec ces immigrés grecs et italiens, qui furent eux-mêmes la cible d'un racisme ambiant, c'est qu'ils refusaient que les Noirs mangent dans leurs restos !

Ce n'est qu'ensuite, lorsque leurs petites gargotes eurent moins de monde, qu'ils ouvrirent leurs salles aux Noirs. Mais je ne devrais plus être étonnée de rien, moi.

L'écriture est agréable, presque "simple", pourtant, ce serait une erreur de dire que l'auteur écrit de manière simpliste. C'est... comment dire... ça ressemble à de la simplicité, mais ce n'est pas de la simplicité ! Simply the best...

Par contre, c'est sans concession pour cette Amérique des années 30. On plonge dans les quartiers les plus chauds, peuplés d'immigrés, ceux que les gens d'un statut social "plus élevé" ne veulent pas voir dans leurs rues.

Malgré tout, malgré les défauts et la critique de cette ville, on sent qu'il y a de l'amour derrière. L'auteur la connait, cette ville, lui même étant fils d'immigrés grecs, il l'aime, cette ville, mais il ne se prive pas pour la mettre en scène dans ses coins les moins reluisant.

Au niveau des personnages, c'est bien simple, on a l'impression de les connaître, de les côtoyer depuis des années, on les voit grandir, prendre des mauvaises directions...

Ils ont leurs défauts, leurs qualités, leurs péchés aussi, bien que la messe ne soit pas encore dite tout à fait pour tous. La rédemption peut encore avoir lieu.

Dans ce roman noir, il y a une ambiance terrible dans les pages, des atmosphères sombres, des contextes sociaux extrêmement forts, de la pauvreté, de la débrouillardise, du racisme et de l'amitié.

Qui dit pauvreté dit mafia ou pègre... l'argent peut arriver facilement dans votre poche, couler à flot, vous donner la sensation d'une vie facile, sans tracas, mais vous savez aussi que quand on dort avec son chien, il ne faut pas s'étonner de se réveiller avec des puces.

Le chemin le plus facile n'est pas le chemin le plus honnête... Il faut avoir du courage pour rompre avec certains et adopter une vie correcte, exempte de règlements de compte ou de dette.

Durant ma lecture, je me suis attachée à Peter, à Nick, à Costa, à Joe... et je n'avais pas envie de les quitter en fermant le livre.

Un grand roman noir qui prend son temps pour planter le décor, ressemblant plus, au départ, à un roman "Historique" sur les conditions de vie des immigrés qu'à un polar et dont la construction nous donne même un petit puzzle chronologique de la vie de Peter Karras.

Excellent ! À déguster sans modération mais en prenant son temps afin que le roman fonde dans la bouche.
Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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C'est le portrait d'un héros anonyme que brosse George P. Pelecanos avec ce roman. Un héros qui s'ignore, et qui ne compte à son actif ni exploits grandioses, ni performances extraordinaires. Peter Karras est même bourré de défauts. Il boit trop, n'a pas d'ambition, traite sa femme -à qui il est par ailleurs infidèle- comme une domestique (c'est lui qui le dit), ne sait pas comment se faire aimer de son petit garçon. Il ne se fait d'ailleurs aucune illusion sur lui-même. Et l'apparence d'austérité, d'impassibilité qu'il affiche, dissimule un homme en proie à ses manquements, qui ne connaît pas vraiment la sérénité, et qui s'est toujours senti différent des autres, incapable de se fixer dans une vie sans heurt, ou de planifier son existence. Mais c'est aussi un homme fortement attaché à une éthique personnelle qui place la droiture, la sincérité et la défense des innocents au-dessus de tout, et qui surtout suit cette éthique sans aucune compromission, avec l'humilité de ceux qui ne sont pas conscients de leur courage.

On apprend à le connaître en suivant plusieurs épisodes de sa vie.

D'abord l'enfance, dans les quartiers populaires du Washington des années trente. Fils unique d'immigrés grecs, plus précisément spartiates -une nuance qui compte, dans cette communauté où l'on évite les mésalliances- Peter se partage entre un foyer où son père, alcoolique et aigri, fait régner son humiliante brutalité, et l'effervescence de rues qu'il parcourt en compagnie de sa bande de copains, tous d'origine étrangère, dont les parents tirent le diable par la queue pour nourrir et vêtir leur souvent nombreuse progéniture.

Ensuite la guerre, aux Philippines, où il combat, comme d'autres de ses camarades, contre les japonais. Certains ne reviendront pas. Pour Peter, l'heure de la mort n'a pas encore sonnée. A son retour dans sa ville natale, il retrouve son ami Joe Recevo, l'italien auquel le lie une complicité quasi fusionnelle. Les deux hommes effectuent des missions pour le compte d'un malfrat local, rackettant les commerçants du quartier. le zèle de Peter laisse à désirer, il connait trop les victimes pour se montrer vraiment méchant, et il ne veut surtout dépendre de personne...

A la trame principale que constitue le destin de Peter, se tissent d'autres fils, étoffant l'intrigue : un jeune homme gentil et un peu naïf quitte son patelin pour rechercher sa soeur dans les bordels de Washington, un psychopathe éviscère les prostituées obèses qui ont le malheur de croiser sa route... le tout forme un ensemble parfaitement cohérent, rendu particulièrement vivant par un environnement bien présent, la ville elle-même -dans laquelle Peter Karras aime tant déambuler, s'imprégnant de ses sons et de ses odeurs- formant presque un personnage à part entière, notamment par sa facette nocturne, hantée par ses noctambules, la musique s'échappant de ses clubs de jazz, ou les huées des spectateurs des combats de boxe.
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Davantage un roman noir qu'un polar, ou plutôt un roman d'ambiance au rythme assez lent qui plonge le lecteur au coeur de Washington D.C dans les années 50.

Peter Karras est un mec bien, un type que tout le monde admire (sauf lui-même) et c'est sa vie qu'on va suivre dans ce roman entre tournées des bars, musique jazz et règlements de compte.

Une intrigue policière (avec des meurtres de prostituées) va s'ajouter pour bien ficeler le tout...et ça fonctionne très bien.


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Ce polar mafieux autour de l'immigration italienne et grecque aux États-Unis nous fait du bien. On voit un film au fil des pages et c'est jouissif !
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