Citations sur Eux, c'est nous (16)
Combien sont-ils en réalité, l'homme, la femme, l'enfant qui fuient ces guerres et frappent à notre porte? Cinq cent mille? Un million? Deux?
Combien sommes-nous, ici, en France?
Soixante-six millions,
soixante-six fois plus!
Soixante-six Français ne sont pas assez nombreux pour accueillir un ou deux hommes qui souffrent?
Ils montrent inlassablement les mêmes images : des images de foules. Des grappes humaines accrochées à des bateaux qui coulent, des foules parquées dans des camps qui ne peuvent pas les contenir, d’immenses colonnes de victimes jetées sur des routes jusqu’à l’horizon. Et pendant que nos yeux ne voient que ces images, nos oreilles n’entendent que ces mots :
EXODE
MASSES
HORDES
DEFERLEMENT
MULTITUDE
INVASION
Du coup, ce n’est plus l’homme qui souffre que nous voyons sur ces images, ni la femme ni l’enfant… Ce ne sont plus des êtres humains, c’est un grouillement, un pullulement, un déferlement. Une effrayante menace. Avec ces phrases qui bourdonnent comme des guêpes autour de ces images :
« Nous ne pouvons pas accueillir tout le malheur du monde ! »
« Pas la même culture… »
« Pas la même religion… »
« Pas les mêmes coutumes… »
Dès qu'il s'agit de ne pas aider quelqu'un, on entend tout.
A commencer par le silence.
Les mots 'étrangers' et 'étranges' ont la même racine. L'étranger, c'est « celui qui vient du dehors, de l'extérieur ». Souvent, face à l'inconnu, les premiers réflexes sont la peur et le rejet qui nourrissent la xénophobie (l'hostilité à l'égard des étrangers) et le racisme. Pourtant, tout au long du XXe siècle, la France a accueilli des réfugiés de tous pays. Elle a également fait venir des étrangers quand elle manquait de travailleurs. La plupart d'entre eux sont restés, se sont intégrés, et leurs enfants sont devenus français. Aujourd'hui, un Français sur quatre est d'origine étrangère par ses grands-parents.
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On oppose parfois les migrants qui quittent leur pays parce qu'ils n'ont ni travail, ni avenir, aux réfugiés contraints de partir à cause des violences mettant leur vie en danger. Mais n'est-il pas aussi humain de fuir la misère que la violence ?
Et, petit à petit, c'est comme si chacun d'entre nous se sentait seul et menacé par cette "marée humaine" qui n'a plus rien d'humain. Tout à coup, c'est comme si ces gens qui ne sont plus des gens, qui sont eux et pas nous, étaient beaucoup plus nombreux que nous. Comme s'ils étaient la majorité et nous, la minorité menacée. Et nous voilà tentés de nous refermer sur notre peur, sur notre refus d'aider, sur notre silence.
STOP !
Débranchons-nous. Concentrons-nous. Ecoutons un autre silence : celui dont nous avons besoin pour réfléchir un peu.
Et réfléchissons.
Un peu.
Tous ces gens, nous les avons accueillis pourtant. En raisonnant notre instinct de conservation. En lui expliquant, par exemple, que l'autre peut devenir une aide à son tour, un soutien à son tour, un Français à son tour.
Et ce sont eux, tous ces réfugiés du vingtième, jugés chaque fois trop nombreux, qui font, avec nous, la France d'aujourd'hui.
Comme les réfugiés d'aujourd'hui feront, avec nous, la France de demain.
« Si un homme, une femme, un enfant souffrent et que personne ne veut les secourir, vous entendrez tout. Toutes les excuses, toutes les justifications, toutes les bonnes raisons de ne pas leur tendre la main. Dès qu’il s’agit de ne pas aider quelqu’un, on entend tout. A commencer par le silence. »
Economie
De nombreuses études démontrent que les étrangers rapportent plus à l'Etat français qu'ils ne lui coûtent.
Si l'on connaît l'histoire de notre pays qui s'est depuis toujours construit avec des migrations, on est convaincu que ces arrivées deviendront une chance supplémentaire pour nous tous.