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Les Malaussène tome 4 sur 9
EAN : 9782070403004
644 pages
Gallimard (03/10/1997)
4/5   2806 notes
Résumé :
Et si pour une fois, la tribu Malaussène s'agrandissait par le fils, et non par la mère ? Et si Malaussène, rescapé, recousu, réanimé d'un précédent épisode (La Petite Marchande de prose) décidait de sauter le pas avec sa Julie d'amour, revenue elle aussi d'encore plus loin (La Fée carabine) ? C'est vrai que d'habitude, dans la tribu, on fête une naissance à chaque fois que la mère est amoureuse : elle part vivre son amour loin des yeux mais jamais loin du cœur, et ... >Voir plus
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Cher Benjamin Malaussène,

J'espère tout d'abord que vous me pardonnerez mon impertinence, mais j'avoue que je préfère vous nommer par vos prénom et nom plutôt que de vous donner de l'obséquieux « Monsieur ». Pas que je ne vous estime pas assez respectable que pour ne pas mériter ce titre, mais, pour avoir lu vos précédentes (més)aventures avec la Fée Carabine et la Petite marchande de prose, j'ai l'impression de bien vous connaître, et j'ai trop d'affection pour vous pour y mettre la distance et l'impersonnalité d'un « Monsieur ». Foin de civilités entre nous, nom d'un zèbre ! Et puis d'ailleurs, vu votre ribambelle de frangins, ce costume de "Monsieur" Malaussène est susceptible d'être porté – certes tout aussi mal que par vous – par d'autres mâles membres de votre tribu, ce qui serait sans doute vexant pour tout le monde, étant donné que vous êtes, tout un chacun, un spécimen dans votre genre.

Après ces préliminaires, venons-en au fait, et parlons-en, de votre famille. Comment allez-vous après tout ce temps passé loin de mes yeux de lectrice éblouie par votre ramage bellevillois? J'apprends que vous allez être père? La smala Malaussène s'agrandit? Mais quel bonheur pour les ogres lecteurs que nous sommes! Avouez, Julie et vous commenciez à vous ennuyer, n'est-ce pas ? Ou à vous y sentir à l'étroit, dans cette famille, ou au contraire, au large ? Et qu'à défaut pour votre mère de pouvoir y ajouter un petit dernier, vous avez pris les choses en main (si je puis dire), et décidé de passer à la génération suivante, nous assurant ainsi une suite à vos épouvantablement délicieuses (ou divinement effroyables) histoires ? le comble, c'est que vous en êtes tellement conscient, de cette tragi-comédie qu'est la vie, que vous culpabilisez tous azimuts à l'idée de jeter votre futur rejeton en pâture à ce « meilleur des mondes ». Heureusement pour nous (moins pour vous...), les 640 pages ne se contentent pas d'effeuiller vos états d'âme, d'une lucidité toute malaussénienne, de futur paternel. Vous êtes décidément incorrigible et vous ne semblez pas (pour notre plus grande joie de bibliovores) retenir grand-chose de vos erreurs passées. Il faut toujours qu'on en revienne à votre quintessence, votre tache originelle, j'ai nommé votre statut de Bouc Emissaire devant l'Eternel, vous que l'auteur de vos jours (non, pas le Grand Patron là-haut, ni votre créateur biologique, soldat inconnu au bataillon de Belleville, mais celui qui vous donne vie sur papier) ne se refuse jamais à sacrifier sur l'autel d'une bonne histoire à écrire (vous n'avez jamais pensé à vous révolter, au fait?). Et pour le coup, quel cinéma vous nous faites! Et je ne croyais pas si bien dire, puisqu'on va célébrer à Belleville le centenaire du cinématographe, avec un événement unique et secret, qui ne manque pas de déchaîner les passions. Au centre du tourbillon : vous évidemment, cher Benjamin, qui vous retrouvez accusé de 21 meurtres. Bagatelle, pour un bouc émissaire professionnel, mais quand même, on en a guillotiné pour moins que ça...

Difficile de résumer l'acte d'accusation, l'affaire est aussi emmêlée dans vos histoires de famille que la toison d'un mouton pourrait l'être dans une pelote de barbelés. Qu'il me suffise de dire qu'au départ, il y a des meurtres de prostituées placées sous la protection d'une bonne soeur enceinte du Saint-Esprit (faute d'autre coupable auto-dénoncé), elle-même affublée d'une garde rapprochée en partie double, l'une officielle, l'autre un peu mafieuse, mais toutes deux efficaces (enfin presque, sans quoi vous n'en seriez pas à vous chercher un avocat). Pourquoi tuer des prostituées? pour leurs corps, pardi, ou en tout cas pour leurs tatouages, c'est-à-dire que le tueur, amateur éclairé de peinture et de scalpel, a le bon goût de revendre au plus offrant les peaux de ces dames chapelle-sixtinisées par la grâce d'un Michel-Ange de l'aiguille à tatou. Après, à l'arrivée, il y a aussi les meurtres d'une série de personnes liées à l'événement filmesque du centenaire. Mais pourquoi vous, Benjamin, pourquoi ? Une sombre histoire de vengeance ? On a du mal à y croire, vous connaissant, et pourtant, faut-il que vous soyez animé (ou plutôt Julie, mais au final c'est pareil) d'une folle furie enragée pour que vous quittiez Paris pour un endroit aussi exotique que le Vercors, vous qui n'aviez jamais baladé vos savates hors de Belleville. Enfin, quoi qu'il advienne du verdict, vous avez trouvé un biographe à la hauteur de la tâche, en la personne de votre frangin Jérémy. Tellement investi dans son rôle, celui-là, qu'il réussit à nous faire tomber dans le panneau d'une autre fin de l'histoire. Comprenne qui pourra, mais on ne peut nier qu'il a le sens du spectacle et du rebondissement. Dans le genre extravagant, il a de qui tenir, comme le reste de la tribu, qu'on a tellement de plaisir (sadique, certes) à voir emberlificotée dans ces improbables invraisemblances.

Vous m'épatez encore et toujours, cher Benjamin, vous et votre clan: dans ce gouailleur et solidaire Belleville en triste voie de disparition, votre tendresse et votre sens de l'humour auto-dérisionnel ne sont point de pacotille. Et puis quelle classe, quel style vous y mettez, on peut dire que vous payez de vos personnes pour nous faire suivre vos péripéties avec la larme (de fou rire) à l'oeil, même si cette fois on en verserait bien une pour de vrai, de larme, tant on vous a senti nostalgique, voire effondré, parfois... Mais la vie arrive, et elle veut une suite! Et sachez bien, cher Benjamin, même si je vous l'ai déjà dit, que je vous aime toujours, et qu'il me tarde de vous retrouver au fil d'autres pages.

J'espère que vous ne m'en voudrez pas de la longueur de cette lettre, mais en tant que malaussénophile invétérée, je ne pouvais pas faire moins pour tenter de me hisser (en vain) à la hauteur de ce rocambolesque morceau de bravoure qu'est votre vie.

Malaussènement vôtre (si je puis me permettre),
Viou
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Ouais, je sais… J'avais annoncé que je faisais une pause dans la lecture des aventures des Malaussène. Mais demande-t-on à un alcoolo de renoncer à la bouteille ?

Et je n'ai pas regretté d'avoir repiqué au truc.

‘'Monsieur Malaussène'' est un bon cru:
- élégant, comme le discours rassurant de Matthias (obstétricien) à Ben, futur père inquiet
- limpide, comme le cours sur la reproduction chez les humains de Petit à son ado de frère Jérémy
- franc, comme la lettre de Clément à ses parents
- charpenté, comme l'organisation des saisies de justice par Cissou La Neige
- profond, comme la foi de Gervaise

C'est même un excellent cru car il n'est pas :
- éventé, comme le divisionnaire Legendre
- acide, comme les discours du Professeur Berthol
- pourri, comme l'huissier La Herse
- déséquilibré, comme Marie-Ange

Bien sûr, les problèmes ne manquent pas mais ce clan a « une aptitude à la digestion des pires vacheries, comme disait Thian »



PS - J'ai commencé à écrire cette critique en ouvrant le livre. Et j'ai halluciné, en arrivant au chapitre 29, avec Julie et Ben décidant de faire la route des vins, parcourant la Bourgogne et le Jura et multipliant les dégustations avec les commentaires d'une Julie oenologue très experte.
De deux choses l'une : soit je me suis imprégnée de Pennac au point de deviner ses trouvailles littéraires avant de les découvrir, soit (et ça m'inquiète beaucoup) je me suis trop imprégnée de Thérèse, la devineresse de la tribu…
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Ça faisait longtemps que je n'avais pas rejoint Belleville et le clan Malaussène.
Le roman commence doucement mais longuement au sein de la famille Malaussène. Une roman familiale drôle et théâtral. Ce n'est qu'avec la mort d'un des personnages principaux que le roman policier s'annonce. Un nouveau tueur en série, de nouvelles accusations qui se referment sur Benjamin. de drames en catastrophes, une mise en abyme qui prend le lecteur en otage. Ce qui fait que l'enquête s'étire et garde longtemps tous ses mystères. Ça perturbe un moment car trop de personnages parmi les vilains.
Un bouquet final digne d'un feu d'artifice.
Daniel Pennac sait utiliser les mots, il joue avec la langue française pour donner une belle prose à ses romans. L'humour est toujours au rendez-vous du début à la fin.
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Un petit bijou-Pennac de plus. On ne s'en lasse pas. On admire, comme toujours, les trouvailles sémantiques et les formules inédites qui surgissent sans flonflon, même quand l'action ne mérite pas un effort littéraire particulier. Un exemple parmi des centaines, extrait de la page 609 de l'édition Folio :
"l'éternité est ainsi faite que les morts et les zanaître ne se causent pas. Ils communiquent par les prières des vivants. le chagrin creusé par ceux qui partent fait le nid de ceux qui arrivent dans le coeur de ceux qui espèrent."

Comme j'espère moi que l'éducation nationale fait découvrir cet auteur aux classes laborieuses...
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"Monsieur Malaussène", quatrième tome de la saga. Ou comment continuer en beauté. Daniel Pennac nous a déjà habitué à ses histoires invraisemblables qu'il a l'art de rendre crédibles dans ce Belleville coloré, chahuté et bruyant. Petit rappel pour ceux qui auraient manqué les trois premiers tomes : Benjamin Malaussène est l'aîné d'une grande fratrie sur laquelle il veille avec bienveillance. Son métier ? Bouc-émissaire chargé de recevoir les plaintes des clients, d'abord dans un grand magasin, puis dans une grande maison d‘édition. Malaussène a le don de s'attirer les ennuis. Après des attentats à la bombe dans "Au bonheur des ogres", "La Fée carabine" nous montre des petites vieilles qui cachent un P 38 dans leur cabas. Dans "La Petite Marchande de prose", Malaussène prend une balle dans la tête, passe la plus grande partie du livre en coma dépassé, et finit par ressusciter.
Cette fois-ci, Benjamin va devenir papa. Julie est enceinte ! Soumis aux angoisses de sa future paternité, Benjamin est en plus impliqué dans de nouvelles affaires criminelles : l'assassinat en série de prostituées repenties qui ont la particularité d'avoir l'épiderme tatoué de tableaux de maîtres, et la quête sanglante d'un film extraordinaire qui doit être l'événement du Centenaire du cinéma. de nouveaux personnages aussi font leur apparition dont Gervaise, sa soeur bonne-soeur, enceinte et vierge ( !) et inspecteur de police. Et pour changer un peu du décor de Belleville, on part aussi dans le Vercors. Voilà pour le tableau.

Ce quatrième volet est riche en histoires invraisemblables, comme d'habitude. Mais on découvre toujours à la fin la logique de chaque mystère. Certes, ils sont nombreux mais le style de Pennac est enlevé, on ne s'ennuie pas. Après un troisième opus qui m'avait un peu moins séduite, me voici de nouveau enchantée par la vie des Malaussène.
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Citations et extraits (110) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui vous perd, Monsieur Malaussène, c'est le sens du sacré. Vos mobiles sont si limpides...
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BENJAMIN MALAUSSENE : Mais enfin, bon Dieu, qui aurait pu croire un truc pareil ?
LEGENDRE : Précisément, Monsieur Malaussène. Pour que votre thèse fût crédible, il fallait qu'elle fût difficile à croire.
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il faudra bien que ton bon Dieu, cet enfant de salaud, nous bénisse. Puisqu'Il nous a faits comme ça, c'est justice qu'Il nous bénisse comme nous sommes.
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D'où ça te vient, cette religion de l'amour, Benjamin? Où est-ce que tu l'as chopée, cette vérole rose? Petits coeurs qui puent la fleur, Ce que tu appelles l'amour.. au mieux, des appétit. Au pis, des habitudes. Dans tous les cas, une mise en scène. De l'imposture de la séduction jusqu'aux mensonges de la rupture, en passant par les regrets inexprimés et les remords inavouables, rien que des rôles de composition. De la trouille, des combines, des recettes, la voilà la belle amour... Cette sale cuisine pour oublier ce qu'on est; Et remettre la table tous les jours; Tu nous emmerdes, Benjamin Malaussène, avec l'amour; Change tes yeux; Ouvre la fenêtre; offre-toi une télé; lis le journal; Apprends la statistique; Entre en politique; Travaille; Et tu nous en reparleras de la belle amour......
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En évoquant le bonheur des femmes, je contourne mes légitimes inquiétudes de père, nuance ! Parce que le bonheur , le bonheur, il n'y a pas que le bonheur dans la vie, il y a la vie ! Naître, c'est à la portée de tout le monde ! Même moi, je suis né ! Mais il faut devenir, ensuite ! devenir ! grandir, croître, pousser, grossir (sans enfler), muer (sans muter), mûrir (sans blettir), évoluer (en évaluant), s'abonnir (sans s'abêtir), durer (sans végéter), vieillir (sans trop rajeunir) et mourir sans râler, pour finir.......un gigantesque programme, une vigilance de chaque instant.... c'est que l'âge se révolte à tout âge contre l'âge, tu sais! Et s'il n'y avait que l'âge........mais il y a le contexte ! Or, le contexte, mon pauvre petit......
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Videos de Daniel Pennac (131) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniel Pennac
À l'occasion de la 19ème édition du salon "Lire en Poche" à Gradignan, Daniel Pennac vous présente son ouvrage "Le cas Malaussène Vol.2 : Terminus Malaussène" aux éditions Gallimard.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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