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Les Malaussène tome 2 sur 9
EAN : 9782070403707
306 pages
Gallimard (03/10/1997)
4.11/5   4841 notes
Résumé :
Daniel Pennac

La fée carabine

" Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c'est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? "
Ainsi s'interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (181) Voir plus Ajouter une critique
4,11

sur 4841 notes
C'est mon premier Pennac, et franchement, si tous les autres sont comme ça, ça fait quelques heures de bonheur en perspective ! Pour faire simple, j'ai adoré ce livre.
L'intrigue : plusieurs enquêtes policières qui vont se rejoindre et s'entremêler : la nuit à Belleville, on égorge des vieilles dames, une vieille dame dézingue un flic à la carabine, un autre flic s'infiltre dans le quartier pendant qu'une jeune femme est balancée par-dessus un pont et que la drogue circule dans les veines des petits vieux grâce à une infirmière… le suspense et les rebondissements sont omniprésents.

Les personnages : tous plus dingues les uns que les autres : la famille Malaussène avec Benjamin comme chef de clan. Bouc émissaire de profession (si, si, demandez à la Reine Zabo…), c'est naturellement vers lui que convergent tous (mais alors tous) les soupçons. Les grands-pères et la veuve Hô (un brin schizophrène…), Stojil et son autobus de mamies en goguette, l'infaillible inspecteur Pastor (je l'aime, celui-là) et le bienveillant divisionnaire Coudrier, et même le chien Julius, épileptique… Tous tellement attachants, drôles, émouvants.

Le style et le décor : Belleville, quartier populaire et multiculturel (comme on dit aujourd'hui), est un personnage à part entière, merveilleusement décrit, dans un style familier, avec gouaille et argot parisiens en prime, qui rendent vraiment bien l'atmosphère, entre sentiment d'insécurité quand tombe la nuit, et solidarité et amitié entre gens de peu.

Cette histoire est facile à lire, drôle, légère malgré les drames qui s'y déroulent, pleine de suspense et de morceaux de bravoure. Bref, un bonbon, une friandise, un régal, un vrai coup de coeur !

Un bout de phrase pour illustrer le style : « On se les gèle à moins douze, et pourtant Belleville bouillonne comme le chaudron du diable. A croire que toute la flicaille de Paris monte à l'assaut. Il en grimpe de la place Voltaire, il en tombe de la place Gambetta, ils rappliquent de la Nation et de la Goutte d'Or. Ca sirène, ça gyrophare et ça stridule à tout va. La nuit a des éblouissements. Belleville palpite. Mais Julius le Chien s'en fout. Dans la demi-obscurité propice aux régals canins, Julius le Chien lèche une plaque de verglas en forme d'Afrique. Sa langue pendante y a trouvé du délicieux. La ville est l'aliment préféré des chiens ».

Le mot de la fin à l'inspecteur van Thian, qui nous cite un proverbe taoïste : « Si demain, après ta victoire de cette nuit, te contemplant nu dans ton miroir, tu te découvrais une seconde paire de testicules, que ton coeur ne se gonfle pas d'orgueil, ô mon fils, c'est tout simplement que tu es en train de te faire enculer ».
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Benjamin et toute la fatrie Malaussène sont de retour. Et alors que la mère attend son septième enfant d'un père qui une nouvelle fois répond aux abonnés absents, Benjamin chapeaute tout ce petit monde avec tendresse. il sert toujours de souffre-douleur pour les Editions le Talion, son job consistant à prendre les engueulades à la place de la directrice. Et voilà qu'à Belleville, on dessoude à tour de bras, vieillards, flics et journalistes. Et devinez qui récolte les emmerdes ?
Pennac est un génie, savoir donner autant de plaisir et de bonheur à ces lecteurs, il faut toute son écriture incroyablement imagée et riche pour réussir un tel pari. La fée carabine est celui de la série qui remporte la palme, drôlissime, inventif, poétique, des rebondissements en veux-tu, en voilà tout est parfaitement proportionné, Pennac est un orfèvre, un magicien, un bienfaiteur. Vous ne regarderez plus les grand-mères de la même manière, c'est certain.
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Pour ceux qui ont déjà lu "Au bonheur des ogres", premier opus de la trilogie de Daniel Pennac, revoilà la tribu Malaussène. C'est le retour !
Pour les autres, voici un style à découvrir impérativement.
Ce n'est pas du Céline, cela frôle parfois Frédéric Dard. En tout cas, il y a une langue. Une langue au service d'histoires incroyables, et pourtant passionnantes.

On retrouve les personnages de la fraterie, emmélés comme toujours dans des énigmes multiples qui concernent des "petits vieux" camés à leur insu par une prétendue assistante sociale de la mairie, et de "petites vieilles" qui soit sont la cible de tueurs, soit dézinguent à tout va ce qui semble les menacer.

Bien sûr c'est l'occasion de multiples rebondissements avec des personnages à fort caractère qui vivent un quotidien compliqué contrebalancé par une petite part d'onirisme bienvenu.

Daniel Pennac est la preuve que l'on peut encore inventer en termes de littérature. Qu'il en soit remercié.
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Le livre commence par un meurtre improbable : un jeune policier pense sauver une vieille dame d'une agression. Il traverse la rue, s'approche de la supposée victime. Elle l'abat de sang-froid. Mais que se passe-t-il dans le quartier de Belleville ? Les vieilles femmes se font agresser et voilà que l'une d'elles tue un policier.
Belleville, c'est le quartier où vivent les Malaussène. Aux personnages déjà rencontrés dans Au bonheur des ogres, s'ajoutent Pastor, un policier surdoué de l'interrogatoire et van Thian qui se déguise en veuve Hô pour traquer les assassins.
Savoureux.
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Ce deuxième volet, le plus célèbre, de la saga Malaussène, est une vraie réussite. L'aîné est toujours bouc émissaire et se retrouve mêlé bien malgré lui à une nouvelle enquête policière. Les péripéties s'enchaînent, tout semble très embrouillé et au final tout se tient (beaucoup mieux que dans Au bonheur des ogres). Il y a des petits vieux et des petites vieilles qui retrouvent la pêche, des meurtres, un policier qui se travestit, la disparition de Julie, de la drogue, et même une naissance. Il y a de tout, de l'action, de l'amour, du suspense, et de l'humour en prime. Les situations sont cocasses et surtout, rien n'abat cette famille dont les membres ont résolument la pêche. J'adore le ton, le côté Gavroche et Zazie dans le métro. J'adore l'humour avec lequel sont abordés des thèmes très sérieux (vieillissement, racisme, abus de pouvoir). Dire qu'à l'époque de sa sortie je n'avais pas voulu le lire tellement tout le monde autour de moi ne parlait que de ça ! Quelle erreur ! Mais je compte bien me rattraper, je crois bien que je suis en train de devenir fan de Pennac avec quelques décennies de retard.
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Citations et extraits (148) Voir plus Ajouter une citation
Mlle Verdun Malaussène : portrait d'un nourrisson. Trois jours déjà !
C'est gros comme un rôti de famille nombreuse, rouge viande tout comme, soigneusement saucissonné dans l'épaisse couenne de ses langes, c'est luisant, c'est replet de partout, c'est un bébé, c'est l'innocence. Mais gaffe : quand ça roupille, paupières et poings serrés, on sent que c'est dans le seul but de se réveiller, et de le faire savoir. Et, quand ça se réveille : c'est Verdun ! Toutes les batteries soudain en action, le hurlement des shrapnels , l'air n'est plus qu'un son, le monde tremble sur ses fondations, l'homme vacille dans l'homme, prêt à tous les héroïsmes comme à toutes les lâchetés pour que ça cesse, pour que ça retrouve le sommeil, même un quart d'heure, pour que ça redevienne cette énorme paupiette, menaçante comme une grenade, certes, mais silencieuse au moins. Ce n'est pas qu'on dorme soi-même si elle se rendort, on est bien trop occupé à la surveiller, à prévoir ses réveils, mais au moins les nerfs se détendent un peu. L'accalmie, le cessez-le-feu... la respiration de la guerre. On ne dort que d'un oeil et sur une oreille. Dans notre tranchée intime, le guetteur veille. Et, dès le premier sifflement de la première fusée éclairante, à l'assaut, bordel ! Tous à vos biberons ! Repoussez-moi cette offensive ! Des couches, les infirmières, des couches, nom de Dieu ! Ce qui est englouti d'un côté déborde presque aussitôt de l'autre, et les hurlements de la propreté bafouée sont encore plus terrifiants que ceux de la famine. Des biberons ! Des couches !
Ca y est, Verdun s'est rendormie. Elle nous laisse debout, hébétés, chancelants, l’œil vide fixé sur l’ample sourire de sa digestion. C'est le sablier de son visage, ce sourire. Il va se rétrécir peu à peu, imperceptiblement, les commissures vont se rapprocher, et, quand la bouche toute rose ne sera plus qu'un poing noué, le clairon sonnera le réveil des troupes fraîches. De nouveau, le long hurlement vorace jaillira des tranchées pour investir les cieux. Et les cieux répondront par le pilonnage de toutes les artilleries : voisins cognant au plafond, martelant à la porte, jurons explosant dans la cour de l'immeuble... Les guerres sont comme les feux de broussailles, si on n'y prend garde, elles se mondialisent. Trois fois rien d'abord, une petite explosion dans la tête d'un Duc, à Sarajevo, et cinq minutes après tout le monde se fout sur la gueule.
Et ça dure...
Verdun n'en finit pas.
Trois jours déjà.
Ce que Jérémy, les yeux au milieu de la figure, résume par cette question exténuée en se penchant sur le berceau de Verdun :
– Mais ça ne grandit donc jamais ?
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- C'est vrai, oncle Stojil, j'ai vu une fée, elle a transformé un mec en fleur.
- Ça vaut mieux que le contraire, répond Stojil sans quitter l'échiquier des yeux.
- Pourquoi ?
- Parce que le jour où les fées transformeront les fleurs en mecs, les campagnes ne seront plus fréquentables.
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Il y a ceux que le malheur effondre. Il y a ceux qui en deviennent tout rêveurs. Il y a ceux qui parlent de tout et de rien au bord de la tombe, et ça continue dans la voiture, de tout et de rien, pas même du mort, de petits propos domestiques, il y a ceux qui se suicideront après et ça ne se voit pas sur leur visage, il y a ceux qui pleurent beaucoup et cicatrisent vite, ceux qui se noient dans les larmes qu'ils versent, il y a ceux qui sont contents, débarrassés de quelqu'un, il y a ceux qui ne peuvent plus voir le mort, ils essayent mais ils ne peuvent plus, le mort a emporté son image, il y a ceux qui voient le mort partout, ils voudraient l'effacer, ils vendent ses nippes, brûlent ses photos, déménagent, changent de continent, rebelotent avec un vivant, mais rien à faire, le mort est toujours là, dans le rétroviseur, il y a ceux qui pique-niquent au cimetière et ceux qui le contournent parce qu'ils ont une tombe creusée dans la tête, il y a ceux qui ne mangent plus, il y a ceux qui boivent, il y a ceux qui se demandent si leur chagrin est authentique ou fabriqué, il y a ceux qui se tuent au travail et ceux qui prennent enfin des vacances, il y a ceux qui trouvent la mort scandaleuse et ceux qui la trouvent naturelle avec un âge pour, des circonstances qui font que, c'est la guerre, c'est la maladie, c'est la moto, la bagnole, l'époque, la vie, il y a ceux qui trouvent que la mort c'est la vie.
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Et elle pressa sur la détente.
Toutes les idées du blondinet s'éparpillèrent. Cela fit une jolie fleur dans le ciel d'hiver. Avant que le premier pétale en fût retombé, la vieille avait remisé son arme dans son cabas et reprenait sa route.
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Incipit

C'était l'hiver sur Belleville et il y avait cinq personnages. Six, en comptant la plaque de verglas. Sept, même, avec le chien qui avait accompagné le Petit à la boulangerie. Un chien épileptique, sa langue pendait sur le côté.
La plaque de verglas ressemblait à une carte d'Afrique et recouvrait toute la surface du carrefour que la vieille dame avait entrepris de traverser. Oui, sur la plaque de verglas, il y avait une femme, très vieille, debout, chancelante. Elle glissait une charentaise devant l'autre avec une millimétrique prudence. Elle portait un cabas d'où dépassait un poireau de récupération, un vieux châle sur ses épaules et un appareil acoustique dans la saignée de son oreille. A force de progression reptante , ses charentaises l'avaient menée, disons, jusqu'au milieu du Sahara, sur la plaque à forme d'Afrique. Il lui fallait encore se farcir tout le sud, les pays de l'apartheid et tout ça. A moins qu'elle ne coupât par l'Érythrée ou la Somalie, mais la mer Rouge était affreusement gelée dans le caniveau. Ces supputations gambadaient sous la brosse du blondinet à loden vert qui observait la vieille depuis son trottoir.
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Vidéo de Daniel Pennac
À l'occasion de la 19ème édition du salon "Lire en Poche" à Gradignan, Daniel Pennac vous présente son ouvrage "Le cas Malaussène Vol.2 : Terminus Malaussène" aux éditions Gallimard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2670947/daniel-pennac-le-cas-malaussene-vol-2-terminus-malaussene
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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