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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux ans avant la chute du Shah d'Iran et à l'instigation de l'impératrice Farah Pahlavi soucieuse de promouvoir les relations culturelles de son pays avec l'étranger, est inauguré à Téhéran un musée abritant la plus vaste collection d'art moderne et contemporain jamais rassemblée en dehors de l'Occident. Monet, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Derain, Picasso, Dali, Rothko, Pollock, Vasarely, Warhol... : la fortune inouïe des Pahlavi a permis de réunir un trésor artistique inestimable, qu'en 1979, la Révolution iranienne et l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny menacent directement. Alors que la rigueur islamiste s'abat sur le pays, que vont devenir ces oeuvres, jugées choquantes et décadentes par le nouveau régime qui vomit l'Occident ?


Seul à n'avoir pas fui, un jeune et modeste employé du musée, qui, avant d'en devenir le factotum, n'avait jamais eu le moindre contact avec l'art, endosse la lourde et dangereuse responsabilité de leur sauvegarde. A force de ruses, il parvient à détourner l'attention des religieux fanatiques et à maintenir les tableaux dans l'oubli des sous-sols de l'institution, qui, désormais aux mains d'un comité révolutionnaire, n'expose plus que des oeuvres de propagande glorifiant les martyrs du soulèvement. Il faut attendre 2017 et l'approche d'élections présidentielles en Iran, pour qu'une partie de la collection – intacte, grâce à son ange-gardien improvisé, si ce n'est le portrait, irrémédiablement lacéré, de l'impératrice par Andy Wharol – commence à retrouver le grand jour et les cimaises du musée.


Grand reporter à l'international et spécialiste des conflits du Moyen-Orient, Stéphanie Perez connaît bien l'Iran. Les difficultés posées par la réalisation d'un reportage sur cette histoire vraie l'ont poussée à la travestir en roman et à faire apparaître le véritable gardien du musée iranien sous les traits d'un personnage de reconstitution. Marqué par une patte néanmoins très journalistique dont on pourra regretter l'écriture et la trame narrative malgré tout assez plates, le récit suit scrupuleusement le déroulé historique des faits pour en dresser un tableau d'une parfaite clarté.


De la montée de la rage populaire – quand, entre misère et terreur redoutablement entretenue par la police politique, les Iraniens observent le luxe tapageur dans lequel baigne le pouvoir et se scandalisent de réformes déconcertantes menant brusquement le pays vers une modernité à l'occidentale – à l'espoir de changement porté par les représentants d'une certaine tradition religieuse, puis aux désillusions d'une nouvelle dictature encore plus violente que la précédente, l'on vit avec les personnages la fatalité d'une privation de libertés qui trouve ici son acmé symbolique dans le sort incertain d'un patrimoine artistique d'une valeur inestimable pour l'humanité tout entière, mais aussi dans la résistance humblement héroïque d'un homme ordinaire jeté au coeur de la mêlée, frappant écho à l'actualité insurrectionnelle iranienne.


Récit de l'incroyable destin d'un héros ordinaire, ce premier roman retrace quarante ans d'une histoire iranienne dont s'écrit peut-être, aujourd'hui, un nouveau chapitre décisif. Au coeur des enjeux de pouvoir et des combats pour la liberté, deux symboles cristallisent toujours les tensions autour de l'obscurantisme : les oeuvres d'art et les femmes. Si les trésors du musée de Téhéran ont commencé à retrouver la lumière, les Iraniennes tentent toujours de se débarrasser du voile que leurs grands-mères avaient d'abord revêtus en signe de dissidence et de défiance au régime de leur époque.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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J'ai entendu parler de ce roman, car il s'agit bien d'un roman même si les faits sont réels, par son auteure, un jour à la télévision. Et cette histoire m'a aussitôt tentée.
Ce gamin des rues, engagé d'abord pour transporter les toiles achetées par Farah Diba, se retrouve bientôt le gardien de ce trésor.
Une fortune colossale a été consacrée à cette collection alors que le peuple criait famine. On comprend mieux ce qui a permis aux ayatollahs de prendre le pouvoir. Hélas, la lumière qui brillait si vivement en Iran s'est peu à peu éteinte et le noir s'est étendu jusqu'aux vêtements. le Moyen-Age a remplacé la modernité.
Stéphanie Perez est grand reporter. Elle a parcouru le monde. Elle sait de quoi elle parle. Et c'est aussi une belle romancière.
Ne ratez pas ce voyage en Iran. Vous ne verrez plus ce pays de la même façon.
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Il a sauvé le musée de Téhéran

Stéphanie Perez a délaissé le grand reportage pour retracer la vie de Cyrus Farzadi, un homme du peuple devenu un héros national en oeuvrant pour la sauvegarde du musée d'art contemporain de Téhéran.

Tout commence par la fête de couronnement du Shah d'Iran en octobre 1967. Non, tout commence avec l'arrivée de l'ayatollah Khomeiny en mars 1979 et la mainmise des islamistes sur le pouvoir. À moins que cette histoire ne débute vraiment en 1977 avec l'inauguration du Musée d'art contemporain où travaille Cyrus Farzadi. Engagé comme chauffeur pour transporter les oeuvres des artistes contemporains internationaux et iraniens, il s'est pris de passion pour ces oeuvres et pour ces artistes dont il ne sait rien ou si peu. Il est avide de savoir et ne manque pas une occasion de connaître l'histoire d'une toile, le parcours d'un peintre, la place qu'il occupe dans le monde de l'art.
Il se lie notamment d'amitié avec le directeur du musée et avec Donna Stein, l'américaine mandatée par la Shahbanou pour dénicher les plus belles oeuvres. Un travail qu'elle mènera à bien avec zèle et grâce aux revenus du pétrole. Des collections privées aux grandes ventes chez Sotheby's, elle parviendra à mettre la main sur des oeuvres des impressionnistes et sur les grands artistes contemporains tels que Rothko, Jackson Pollock ou encore Andy Warhol. Ce dernier fera même le voyage de Téhéran et réalisera, comme il l'a fait avec Marilyn Monroe une série avec la riche mécène comme modèle. L'histoire raconte que ce tableau sera lacéré par les gardiens de la Révolution lorsqu'ils ont investi les propriétés du Shah.
Car si l'argent coule à flots, la population gronde contre ces fastes dont elle ne peut récupérer que des miettes. «Qom, Tabriz, Mashad, Ispahan. Après un démarrage timide dans les provinces au début de cette année 1978, les manifestations grossissent de semaine en semaine. La révolte est en marche, la clameur de la rue enfle, encore et encore. Depuis son exil irakien, l'ayatollah Khomeiny appelle à renverser le souverain vendu aux États-Unis, le vieil imam barbu a rassemblé une armée de mollahs qui fait se lever les mosquées. Son portrait sévère domine certains cortèges. La religion face à l'insupportable ostentation, le Coran contre le bâillonnement.» le fruit est mûr, il va tomber.
Après la fuite du Shah et l'intermède Chapour Bakhtiar, l'ayatollah Khomeiny débarque dans la liesse populaire. Et c'est avec ce changement de régime que le destin de Cyrus Farzadi va virer à l'épopée héroïque. le directeur du musée a aussi pris la poudre d'escampette, si bien qu'il se retrouve seul en possession des clés et du code de la chambre forte ou ont été déménagées à la hâte les oeuvres prestigieuses, à commencer par celles de Francis Bacon et d'Auguste Renoir, déjà condamnées par le nouveau régime. «De lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran. À 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges.»
Stéphanie Perez, qui a ressemblé une solide documentation, raconte alors les épisodes qui ont transformé Cyrus en héros et permis la sauvegarde de ces chefs d'oeuvre. Des épisodes pleins de rebondissements que je vous laisse découvrir. Cette page méconnue de l'histoire de l'art contemporain est aussi l'occasion d'une réflexion sur le pouvoir et sur l'envie émancipatrice de tout un peuple. Une aspiration à la liberté qui peut conduire à de nouveaux drames et un obscurantisme qui fait aujourd'hui encore des ravages.
Ce roman, qui se lit comme un thriller, vient aussi nous rappeler que la soif de culture et l'émotion ressentie face aux oeuvres d'art peuvent déplacer des montagnes. La passion devient alors un moteur très puissant.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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C'est au cours d'un reportage pour France Télévision que Stéphanie Perez fait la connaissance d'un petit gardien de musée. Dans le gardien de Téhéran elle raconte l'histoire étonnante d'un homme que rien ne le destinait à devenir le conservateur d'oeuvres artistiques modernes, rarement vues, souvent cachées.

Pour son premier emploi, à Téhéran, Cyrus Farzadi devient chauffeur en 1977. Mais, ce qu'il transporte ce ne sont ni des touristes ni des autochtones, mais des oeuvres d'art à partir de leur réception à l'aéroport.

En effet, Farah Pahlavi, femme du Chah d'Iran avait une passion pour l'art contemporain européen et américain. Au cours de ses années de règne, elle rassemble un ensemble d'oeuvres exceptionnelles et constitue le fond du nouveau musée d'art contemporain de Téhéran qui s'ouvre en 1977.

Seulement, le faste de la famille royale tranche avec la misère du pays et deux ans plus tard, le Shah et sa femme sont obligés de quitter leurs trônes devant la colère de son peuple.

Stéphanie Perez décrit parfaitement la rencontre, l'attraction et le respect entre un homme et des oeuvres dont il doit garder la réalité afin de les préserver des ravages de l'obscurantisme.

Objets d'un culte presque exclusif, les oeuvres seront protégés au péril de la vie de cet homme simple et peu éduqué qui sous leurs attractions, en devient un véritable passionné. Mais, le gardien de Téhéran est aussi roman politique puisque Stéphanie Perez décrit en profondeur les arcanes d'un pays qu'elle connaît bien.

Mais, le gardien de Téhéran décrit en profondeur la valeur universelle d'une oeuvre d'art. Ce choc émotionnel décrit différemment selon les divers protagonistes rencontrés y est largement commenté.

Ce premier roman dans un pays tourmenté par les chimères qui l'ont traversé, le gardien de Téhéran de Stéphanie Perez rend compte de façon aiguisée de la réalité politique et sociale d'un peuple qui actuellement nous interroge par leur demande de liberté.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Avec ce roman, j'ai découvert la très riche collection de la Shabanou, femme du dernier Shah d'Iran, un couple trop en avance sur son temps.

J'ai aimé Cyrus, d'abord jeune garçon sans instruction chargé de convoyer des tableaux, qui se prend de passion pour cet art majeur qui croise sa route.

J'ai aimé sa soif de savoirs, son auto-formation au gré des ouvrages qu'il trouve, des personnes qu'il rencontre.

J'ai eu de la peine pour les deux jeunes filles qui croisent sa route, dont l'une connaitra une fin tragique.

J'ai aimé découvrir la révolution iranienne de l'intérieur, avec des habitants de Téhéran qui pour certains pensent pouvoir vite se débarrasser des Mollahs.

J'ai aimé suivre la découverte de certaines oeuvres avec Cyrus (Suicide de Warhol, Nature morte à l'estampe japonaise de Gauguin, Gabrielle à la chemise ouverte de Renoir).

J'ai aimé le contraste entre la magnétique et vivante Shabanou et le regard minéral froid de Khomeini.

J'ai aimé que Cyrus, dans l'ombre, soit le gardien des oeuvres face à la force et la destruction.

J'ai aimé apprendre que son fils prenait sa suite. J'ai aimé son carnet noir dans lequel il consignait toutes ses trouvailles, et son trousseau de clefs unique.

Merci à l'autrice d'avoir mis la lumière sur cet homme de l'ombre qui a très bien fait son travail loin des appareils photos versatiles.

L'image que je retiendrai :

Celle du bâtiment construit spécialement pour la Collection et qui devait rivaliser avec le Guggenheim de New-York.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-g..
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Stéphanie Perez nous raconte la création d'un musée d'art moderne à la fin des années 80 en Iran. Initié par le pouvoir en place, il a traversé le temps passant par différents statuts.

Le destin de Cyrus, le « gardien », nous fait traverser un pan important de l'Histoire du pays. On assiste au coup d'état qui s'est produit, non sans heurts, en 1979. Aidé par le peuple, l'ayatollah Khomeini dégage le Chah Pahlavi de son trône et prend par la même occasion le pouvoir. Mais ce changement de gouvernance n'est pas seulement politique. Il a surtout de grosses conséquences sur la vie des citoyens. Et le musée se retrouve au centre de conflit.

Les Iraniens passe d'un pays débridé, ouvert sur les sociétés occidentales à un pays refermé sur lui-même et régi par la religion. le bouleversement est total. Cette aventure permet de mettre en lumière les défauts et les carences de ces deux régimes, en tous points opposés. Et on comprend une nouvelle fois que ce sont toujours les habitants qui subissent le résultat des doctrines extrémistes.

Cyrus, simple employé inculte, devient au fil du roman un connaisseur et surtout un défenseur de l'art. Il n'a pas vraiment choisi son camp dans l'affrontement de sa nation, mais il décide de tout faire pour conserver le trésor dont il est le gardien. Grâce au combat de cet homme, l'autrice interroge sur la place de l'art dans nos sociétés. Les oeuvres doivent-elles être en dehors des croyances et des idéologies et doivent-elles continuer à exister dans ce sens ? Faut-il séparer l'homme et ce qu'il représente, de l'artiste ?

Tiré d'une histoire vraie, ce roman de Stéphanie Perez est une plongée très instructive sur les évènements marquants du passé de l'Iran et une belle déclaration d'amour à l'art et à son universalité. A découvrir !
Lien : https://youtu.be/Za2EhMVvKM0
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Le gardien de Téhéran de Stéphanie Perez une journaliste de France Télévisions qui a couvert plusieurs conflits en Iran nous raconte une histoire vraie. Un jeune homme de 23 ans qui pour l'histoire se nommera Cyrus Farzadi. L'impératrice de l'Iran Farah Pahlavi veut avoir un musée que même l'occident enviera, elle achètera 300 tableaux de grands maitres. Son but faire connaitre au peuple l'impressionnisme de Monet le pop art d'Andy Warhol ou encore le cubisme de Picasso. Mais cela a un prix, plusieurs millions de dollars et réservé à l'élite. Cyrus va être engagé comme chauffeur pour chercher les tableaux à l'aéroport. Puis arriva l'impensable, la chute du Chah en 1979. La révolution est confisquée par les Islamistes. Cyrus demeure seul au musée et se donne comme mission protéger les tableaux qui sont considérés comme impies par l'Ayatollah Khomeini. À travers cette histoire, nous voyons le clergé chiite manipuler la gauche et les communistes pour assoir leur main mise sur l'état. Un peu ce que le printemps arabe est devenu. L'autrice nous raconte l'enfer de ce peuple qui est passé d'une dictature (Savak) à une autre encore pire avec les Gardiens de la Révolution. Une bonne histoire que j'ai adorée lire en pensant que l'Iran un jour sera libre des barbus.
https://www.youtube.com/watch?v=l0X_B4x2eBc
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"Le gardien de Téhéran" est le premier roman historique de Stéphanie Perez, journaliste par ailleurs, que j'ai découvert grâce aux éditions @plon et à @NetGalley. Je tiens à les remercier vivement pour cette belle découverte.

D'emblée, j'ai été attirée par la couverture Pop Art accrocheuse qui fait référence aux oeuvres provocatrices d'Andy Warhol. Cet artiste controversé a séjourné en Iran en 1976 à la demande de l'Impératrice des arts Farah et de son époux, le Chah Mohamed Reza Pahlavi. Durant leur règne qui dura 37 ans ( jusqu' à la Révolution islamique de 1979 ), l'Iran a acheté 300 tableaux au monde entier pour les exposer au Musée d'Art Moderne de Téhéran.

Le protagoniste de l'intrigue est Cyrus Farzadi, issu d'une famille modeste, qui obtient un premier emploi comme chauffeur auprès de Kamran Diba, cousin de l'Impératrice et directeur de ce musée. Il doit transporter les tableaux de Monet, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Picasso, Roy Lichtenstein, Jackson Pollock ou Andy Warhol jusqu'au musée avec Reza, le chef des manutentionnaires.

Peu à peu, Cyrus découvre ce milieu culturel inconnu et apprend l'histoire de chacun de ces tableaux qu'il apprécie de plus en plus. Ce musée devient son sanctuaire et il en devient l'unique gardien lorsque la théocratie s'installe avec l'arrivée au pouvoir de l'Ayatollah Khomeiny en 1979.

Dès lors, il n'aura qu'un seul objectif : protéger ces chefs d'oeuvres d'art moderne jugés "impies" par les Gardiens de la Révolution, au péril de sa vie. Que deviendront ces joyaux jugés anti-islamiques par des religieux fanatiques ? Seul, lui, peut les sauver...

J'ai trouvé ce roman historique à la fois instructif et divertissant car il plonge le lecteur dans un univers où l'art demeure le seul espoir pour le héros de l'intrigue : Cyrus se trouve confronté à un choix déterminant pour tout un pays face à la menace de l'obscurantisme. En son âme et conscience, il choisit de protéger ce patrimoine culturel envers et contre tous. La psychologie du personnage est bien détaillé, ce qui le rend touchant et attachant. le lecteur ressent de l'empathie pour ce jeune homme réservé qui fait preuve de courage et d'humilité.
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L'histoire vraie et touchante sous forme de roman du gardien du Musée d'art contemporain de Téhéran, engagé comme chauffeur de camionnette pour le transport des oeuvres acquises sous le Shah d'Iran au milieu des années 60, collection voulue par Farah Diba et achetée par son directeur artistique. Puis fait irruption en 1979 la contre-révolution islamique de Khomeiny qui chasse les anciens souverains et leur odieux régime. Les oeuvres du musée (des Picasso, Renoir, Bacon, Rothko, Pollock, Warhol...) risquent la destruction par les obscurantistes gardiens de la révolution. le gardien du musée, autodidacte ému par toutes ces oeuvres, va les préserver de la destruction pendant des dizaines d'années en les masquant derrière des oeuvres insignifiantes. Une histoire très touchante sur l'universalité de l'art. Il semble que ces oeuvres, toujours dans le musée d'art contemporain de Téhéran, ne seraient pas visibles du public, mais vu leur valeur incommensurable, elles sont conservées précieusement. Elles appartiennent désormais au peuple iranien.
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1979, Cyrus Farzadi, 25 ans, se retrouve, par les circonstances, gardien du musée d'arts de Téhéran, musée construit très peu de temps auparavant, volonté de Farah Pahlavi, femme du Shah. Issu des bas quartiers de la ville, rien ne le prédestinait à entrer un jour dans un musée.

En ce mois de mars 1979, la révolution islamique menée par l'ayatollah Khomeini n'est plus qu'une question d'heures. Cyrus s'attend au pire face à l'ignorance et à la morale des mollahs. Il ferait tout pour que les toiles de grands maîtres ne soient pas détruites, mais pourra-t-il les sauvegarder de la destruction ?

Le roman débute par ce mois de mars 1979, puis revient en arrière pour nous faire assister à la construction du musée, puis à l'embauche de Cyrus, en 1977 comme chauffeur chargé du transport des oeuvres achetées partout dans le monde, à des prix exorbitants. le règne du pétrodollar.

J'ai eu peur un moment que l'autrice ne laisse de côté la pauvreté du pays, la censure et la répression contre les opposants au profit de la description des oeuvres et de l'occidentalisation de la société iranienne. Mais que nenni, très vite, elle s'attelle à montrer l'énorme différence entre les très riches et les très pauvres. le faste de l'empereur, pour son couronnement, pour fêter les 2500 ans de l'empire perse, les fêtes où le champagne importé de France coule à flots... pendant que les pauvres ne parviennent pas à se nourrir, vivent dans des taudis et que les opposants sont emprisonnés, torturés par la Savak, la police politique du pouvoir : "Cyrus pense à cette blague qui circule dans toutes les familles : dès lors qu'au moins trois Iraniens sont réunis, l'un d'eux fait forcément partie de la Savak." (p.33)

Bref, tout cela est dit, parfois trop, un peu comme si Stéphanie Perez voulait à chaque fois qu'elle parle du musée érigé à coups de millions de dollars, évoquer la pauvreté pour s'excuser. Ce n'est pas toujours habile si subtil, cela rajoute des pages, certes, mais superflues.

Nonobstant ces remarques, le roman a des qualités comme cette montée de l'islamisme dans le peuple fatigué du régime du Shah et l'aveuglement du Shah et de sa cour : "Mais l'Iran danse sur un volcan. La terre gronde, de plus en plus fort, la secousse menace, l'éruption n'est qu'une question de jours, les flots de colère vont se répandre inexorablement, un magma révolutionnaire et fumant qui menace de recouvrir le pays." (p.108). Les hommes jusqu'alors assez ouverts se referment, obligent leurs femmes à porter le voile, se réunissent à la mosquée. On sent au fil des pages que le mouvement prend de l'ampleur et qu'il sera difficile d'échapper à un changement radical.

Malgré mes réserves, ce roman fluide se lit aisément et il permet d'apprendre sur l'Iran, sur les raisons de la révolution de 1979 qui amènent un régime sans doute pire encore que celui du Shah et sur un homme né dans les quartiers pauvres qui va consacrer sa vie à protéger des oeuvres d'art inestimables. Ce roman s'inspire d'une histoire vraie.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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