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EAN : 9782266340991
240 pages
Pocket (14/03/2024)
4.14/5   146 notes
Résumé :
L'histoire du gardien du musée de Téhéran, un homme seul face à la menace des religieux fanatiques qui a réussi à sauver 300 chefs d’œuvre d'art moderne, le trésor de l'Impératrice des arts.

Printemps 1979, Téhéran. Alors que la Révolution islamique met les rues de la capitale iranienne à feu et à sang, les Mollahs brûlent tout ce qui représente le modèle occidental vanté par Mohammad Reza Pahlavi, le Chah déchu, désormais en exil.
Seul dans le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Deux ans avant la chute du Shah d'Iran et à l'instigation de l'impératrice Farah Pahlavi soucieuse de promouvoir les relations culturelles de son pays avec l'étranger, est inauguré à Téhéran un musée abritant la plus vaste collection d'art moderne et contemporain jamais rassemblée en dehors de l'Occident. Monet, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Derain, Picasso, Dali, Rothko, Pollock, Vasarely, Warhol... : la fortune inouïe des Pahlavi a permis de réunir un trésor artistique inestimable, qu'en 1979, la Révolution iranienne et l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny menacent directement. Alors que la rigueur islamiste s'abat sur le pays, que vont devenir ces oeuvres, jugées choquantes et décadentes par le nouveau régime qui vomit l'Occident ?


Seul à n'avoir pas fui, un jeune et modeste employé du musée, qui, avant d'en devenir le factotum, n'avait jamais eu le moindre contact avec l'art, endosse la lourde et dangereuse responsabilité de leur sauvegarde. A force de ruses, il parvient à détourner l'attention des religieux fanatiques et à maintenir les tableaux dans l'oubli des sous-sols de l'institution, qui, désormais aux mains d'un comité révolutionnaire, n'expose plus que des oeuvres de propagande glorifiant les martyrs du soulèvement. Il faut attendre 2017 et l'approche d'élections présidentielles en Iran, pour qu'une partie de la collection – intacte, grâce à son ange-gardien improvisé, si ce n'est le portrait, irrémédiablement lacéré, de l'impératrice par Andy Wharol – commence à retrouver le grand jour et les cimaises du musée.


Grand reporter à l'international et spécialiste des conflits du Moyen-Orient, Stéphanie Perez connaît bien l'Iran. Les difficultés posées par la réalisation d'un reportage sur cette histoire vraie l'ont poussée à la travestir en roman et à faire apparaître le véritable gardien du musée iranien sous les traits d'un personnage de reconstitution. Marqué par une patte néanmoins très journalistique dont on pourra regretter l'écriture et la trame narrative malgré tout assez plates, le récit suit scrupuleusement le déroulé historique des faits pour en dresser un tableau d'une parfaite clarté.


De la montée de la rage populaire – quand, entre misère et terreur redoutablement entretenue par la police politique, les Iraniens observent le luxe tapageur dans lequel baigne le pouvoir et se scandalisent de réformes déconcertantes menant brusquement le pays vers une modernité à l'occidentale – à l'espoir de changement porté par les représentants d'une certaine tradition religieuse, puis aux désillusions d'une nouvelle dictature encore plus violente que la précédente, l'on vit avec les personnages la fatalité d'une privation de libertés qui trouve ici son acmé symbolique dans le sort incertain d'un patrimoine artistique d'une valeur inestimable pour l'humanité tout entière, mais aussi dans la résistance humblement héroïque d'un homme ordinaire jeté au coeur de la mêlée, frappant écho à l'actualité insurrectionnelle iranienne.


Récit de l'incroyable destin d'un héros ordinaire, ce premier roman retrace quarante ans d'une histoire iranienne dont s'écrit peut-être, aujourd'hui, un nouveau chapitre décisif. Au coeur des enjeux de pouvoir et des combats pour la liberté, deux symboles cristallisent toujours les tensions autour de l'obscurantisme : les oeuvres d'art et les femmes. Si les trésors du musée de Téhéran ont commencé à retrouver la lumière, les Iraniennes tentent toujours de se débarrasser du voile que leurs grands-mères avaient d'abord revêtus en signe de dissidence et de défiance au régime de leur époque.

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1977. A Téhéran, le chah et son épouse règnent en despotes sur le pays, affichant un faste qui contraste avec les difficultés quotidiennes du peuple, dont une part croissante survit à peine. Sans compter la crainte obsédante de la Savak, la milice qui traque les potentiels ennemis du régime, pour les emprisonner et les torturer.

L'une des passions Farah Palahvi, la Chahbanou, est la peinture. Ne faisant pas les choses à moitié, elle acquiert pour une fortune des tableaux de maître qu'elle souhaite mettre en valeur dans le musée créé pour cette collection. Étalage de richesse et provocation envers la religion rendent l'inauguration de l'édifice cahoteuse.

C'est dans cet univers qu'il découvre que le jeune Cyrus trouvera son premier emploi, chargé de convoyer les précieuses oeuvres depuis l'aéroport jusqu'au musée. La découverte de cet art transforme sa vie.

Vient le temps de la révolte et de la destitution du dictateur. Après une courte période de liesse, les Iraniens voient avec stupeur et désespoir, leurs espoirs de jours meilleurs s'envoler sous le joug d'une nouvelle oppression, celle de l'imam Khomeini et de ses zélés serviteurs. Que deviendra le musée et ses toiles sulfureuses ?


Passionnante évocation des années désastreuses qui ont métamorphosé l'Iran et créé un bastion solide pour les islamistes intégristes. La chute est d'autant plus douloureuse qu'elle fait suite à un rêve d'égalité et de justice.
Le musée né des lubies sans limites de l'impératrice et la vocation qu'il suscite chez Cyrus, l'enfant du pays échoué par hasard dans ce milieu dont il ne soupçonnait même pas l'existence est un havre de paix au coeur du pays supplicié. Les oeuvres qu'il abrite deviennent pour le jeune gardien l'objet d'un culte pour lequel il donnerait sa vie.

La politique et l'art sont au coeur de ce premier roman passionnant et émouvant. Entre révolte et admiration, le lecteur vit avec le héros ces sentiments disparates et les conflits de conscience que la situation provoque.

La lecture renvoie de plus à l'actualité la plus récente alors que le peuple d'Iran est à nouveau dans la rue.

240 pages Plon 2 mars 2023
Sélection Prix Orange 2023

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Réservation Librairie Chantelivre/ Issy- 5 avril 2023

Un éblouissement complet que ce roman issu d'une histoire réelle !

L'histoire débute en 1977, en Iran, sous le règne du Shah...Un extrait parfait pour camper notre histoire et
" notre héros ", Cyrus...dont on va suivre l'incroyable destinée de 1977 aux années aussi terribles sous la férule de Khomeiny..et au-delà ( jusqu'aux années 2015-2016)...

"De Farah Pahlavi, il ignorait presque tout au moment de son couronnement. (...)
C'était " l'impératrice des arts".L 'empereur lui accordait toute confiance et elle faisait ouvrir les musées les uns après les autres.Qu'est-ce qu'il y connaissait, lui, à l'art, à la culture, à la peinture moderne, le gamin timide qui avait arrêté l'école à 15 ans, fils d'un jardinier et d'une couturière ?
(...)
Et pourtant.Aujourd'hui, en ce mois de mars 1979 chahuté par le révolution islamique, il est l'un des derniers survivants d'un monde en voie d'effondrement. (...)
De lui dépend l'avenir du Musée d'Art moderne de Téhéran, le préféré de l'impératrice, le plus mystérieux aussi. de lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran.A 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges. "

Début du récit avec le mariage dispendieux du Shah avec sa deuxième épouse, Farah Diva...débauche de luxe, de dépenses, de fêtes royales...alors que le peuple iranien vit dans la misère, et une partie dans des bidonvilles, sans omettre la répression sauvage et abusive pour toute opposition au régime...

Le mécontentement du peuple gronde de plus en plus...le couple impérial d'aveugle ou se trouve "déconnecté " des réalités du quotidien des Iraniens.

Dans le même temps, Farah, " L' Impératrice des Arts" ( comme elle est surnommée) a une ambition et une passion: elle voudrait ouvrir son pays " à la modernité ", et pour ce faire, elle veut réaliser, élaborer un vaste Musée d'art moderne, débutant avec les Impressionnistes, qu'elle affectionne, tout particulièrement...mais aussi l'artiste du moment, très en vogue: Andy Warhol...

Les débuts du roman s'attardent sur la mise en place gigantesque de ce fabuleux musée, qui se veut " unique" en soi !

C'est là qu'intervient notre " jeune héros ", Cyrus Farzadi, 25 ans, sans formation particulière, qui se voit propulsé " chauffeur " mais pas n'importe lequel...Chauffeur, " homme de confiance" qui réceptionne l'arrivée des oeuvres d'art, provenant des 4 coins du monde, vérifie, contrôle et les transporte au futur Musée....

Inauguration flamboyante avec tout " le gratin politique et artistique " mondial pour honorer cet exceptionnel musée !

Cyrus est bien conscient que les réalités de son pays sont nettement moins " reluisantes "!! Toutefois, ce travail, ses responsabilité, la découverte de l'Art," hors frontières " ...tout cela va être un " vrai coup de foudre" pour Cyrus....

A un tel point qu' il y consacrera toute sa vie, toute son énergie, en dépit des risques, en louvoyant avec l'arrivée du nouveau régime et le brusque renversement du couple impérial....

"Bien sûr, la face sombre du régime ne lui échappe pas, contrairement à ce que lui reprochait Azadeh, bien sûr, qu"il juge intolérable de voir son peuple trembler de peur, qu'il est écartelé entre deux mondes.Mais la vérité, c'est qu'il se sent chaque jour un peu plus à sa place dans ce Musée et qu'il n'a aucune envie de le quitter. Il y a trouvé un cocon rassurant et feutré, préservé des soubresauts extérieurs et de la tempête qui gronde.Il s'éveille, à sa grande surprise, aux émotions artistiques, avides d'apprendre, de savoir, il aime la folie de ces étrangers qui apportent toute leur énergie créatrice, il apprécie leur contact même s'il n'est pas des leurs et qu'il ne le sera jamais.Lorsque Monsieur Diba réfléchit pendant des heures à la meilleure place pour mettre en valeur un tableau, il est ému. (...) Ce Musée le fait voyager vers des territoires inconnus et insoupçonnés, mais il sait que son oncle Ali, en ce moment, maudit l'art des Pahlavi, et toute leur dynastie."


Ce simple chauffeur- gardien va devenir "la cheville ouvrière " , indispensable de ce temple de l'Art.Il s'adaptera, composera comme il pourra. ..En parallèle de ce personnage romanesque à souhait ...on assiste aux violents soubresauts du pays, des changements radicaux dûs à la Révolution de Khomeiny...Une autre dictature au nom de la Religion et de la haine de l'Occident, diabolisé à l'extrême....

Cyrus navigue, des années durant, avec astuce, intelligence, diplomatie, ruse, pour contourner ou éviter les censures, en laissant cachées les " oeuvres impies " , mais aussi de convaincre le nouveau pouvoir de ne surtout pas vendre les oeuvres, tout cela, avec une grande habileté...

Une histoire EXTRAORDINAIRE, tel un conte de fées, qui nous éblouit sans réserve, à travers cet homme, merveilleux exemple de personnalité pacifique, son esprit s'ouvrant et se délectant de cet Amour de l'Art, de la Création artistique...qui eux, n'ont pas de frontières...

*** je voudrais faire une petite parenthèse en remerciant abondamment l'amie kittiwake, d'avoir attiré mon attention sur cet ouvrage, par sa chronique très incitative !

Sans omettre ....Un immense Merci à Stéphanie Perez...pour cette fabuleuse histoire, qui illumine, nous fait vibrer...nous interpelle dans une actualité brûlante !

**** est jointe in-fine une liste non exhaustive des oeuvres occidentales du Musée d'Art contemporain de Téhéran ( un.peu plus d'une cinquantaine de toiles)

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Il a sauvé le musée de Téhéran

Stéphanie Perez a délaissé le grand reportage pour retracer la vie de Cyrus Farzadi, un homme du peuple devenu un héros national en oeuvrant pour la sauvegarde du musée d'art contemporain de Téhéran.

Tout commence par la fête de couronnement du Shah d'Iran en octobre 1967. Non, tout commence avec l'arrivée de l'ayatollah Khomeiny en mars 1979 et la mainmise des islamistes sur le pouvoir. À moins que cette histoire ne débute vraiment en 1977 avec l'inauguration du Musée d'art contemporain où travaille Cyrus Farzadi. Engagé comme chauffeur pour transporter les oeuvres des artistes contemporains internationaux et iraniens, il s'est pris de passion pour ces oeuvres et pour ces artistes dont il ne sait rien ou si peu. Il est avide de savoir et ne manque pas une occasion de connaître l'histoire d'une toile, le parcours d'un peintre, la place qu'il occupe dans le monde de l'art.
Il se lie notamment d'amitié avec le directeur du musée et avec Donna Stein, l'américaine mandatée par la Shahbanou pour dénicher les plus belles oeuvres. Un travail qu'elle mènera à bien avec zèle et grâce aux revenus du pétrole. Des collections privées aux grandes ventes chez Sotheby's, elle parviendra à mettre la main sur des oeuvres des impressionnistes et sur les grands artistes contemporains tels que Rothko, Jackson Pollock ou encore Andy Warhol. Ce dernier fera même le voyage de Téhéran et réalisera, comme il l'a fait avec Marilyn Monroe une série avec la riche mécène comme modèle. L'histoire raconte que ce tableau sera lacéré par les gardiens de la Révolution lorsqu'ils ont investi les propriétés du Shah.
Car si l'argent coule à flots, la population gronde contre ces fastes dont elle ne peut récupérer que des miettes. «Qom, Tabriz, Mashad, Ispahan. Après un démarrage timide dans les provinces au début de cette année 1978, les manifestations grossissent de semaine en semaine. La révolte est en marche, la clameur de la rue enfle, encore et encore. Depuis son exil irakien, l'ayatollah Khomeiny appelle à renverser le souverain vendu aux États-Unis, le vieil imam barbu a rassemblé une armée de mollahs qui fait se lever les mosquées. Son portrait sévère domine certains cortèges. La religion face à l'insupportable ostentation, le Coran contre le bâillonnement.» le fruit est mûr, il va tomber.
Après la fuite du Shah et l'intermède Chapour Bakhtiar, l'ayatollah Khomeiny débarque dans la liesse populaire. Et c'est avec ce changement de régime que le destin de Cyrus Farzadi va virer à l'épopée héroïque. le directeur du musée a aussi pris la poudre d'escampette, si bien qu'il se retrouve seul en possession des clés et du code de la chambre forte ou ont été déménagées à la hâte les oeuvres prestigieuses, à commencer par celles de Francis Bacon et d'Auguste Renoir, déjà condamnées par le nouveau régime. «De lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran. À 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges.»
Stéphanie Perez, qui a ressemblé une solide documentation, raconte alors les épisodes qui ont transformé Cyrus en héros et permis la sauvegarde de ces chefs d'oeuvre. Des épisodes pleins de rebondissements que je vous laisse découvrir. Cette page méconnue de l'histoire de l'art contemporain est aussi l'occasion d'une réflexion sur le pouvoir et sur l'envie émancipatrice de tout un peuple. Une aspiration à la liberté qui peut conduire à de nouveaux drames et un obscurantisme qui fait aujourd'hui encore des ravages.
Ce roman, qui se lit comme un thriller, vient aussi nous rappeler que la soif de culture et l'émotion ressentie face aux oeuvres d'art peuvent déplacer des montagnes. La passion devient alors un moteur très puissant.

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J'ai entendu parler de ce roman, car il s'agit bien d'un roman même si les faits sont réels, par son auteure, un jour à la télévision. Et cette histoire m'a aussitôt tentée.
Ce gamin des rues, engagé d'abord pour transporter les toiles achetées par Farah Diba, se retrouve bientôt le gardien de ce trésor.
Une fortune colossale a été consacrée à cette collection alors que le peuple criait famine. On comprend mieux ce qui a permis aux ayatollahs de prendre le pouvoir. Hélas, la lumière qui brillait si vivement en Iran s'est peu à peu éteinte et le noir s'est étendu jusqu'aux vêtements. le Moyen-Age a remplacé la modernité.
Stéphanie Perez est grand reporter. Elle a parcouru le monde. Elle sait de quoi elle parle. Et c'est aussi une belle romancière.
Ne ratez pas ce voyage en Iran. Vous ne verrez plus ce pays de la même façon.
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critiques presse (2)
Marianne_
09 mai 2023
Dans son premier roman, la journaliste Stéphanie Perez dépeint les dilemmes du gardien du musée d’art contemporain de Téhéran au printemps 1979. En pleine révolution islamique, ce jeune garçon a endossé les habits – un peu trop grands — de gardien d’un trésor à protéger contre l’ignorance et la morale des mollahs.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Actualitte
17 avril 2023
Inspiré d’une histoire réelle – Stéphanie Perez a rencontré le gardien du musée –, le roman s’abrite derrière Cyrus pour raconter l’histoire d’un musée d’art, véritable personnage au cœur de la tornade qui frappera l’Iran.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
— Tu as décidé de porter le hijab ?
— Ah, ça ? C’est juste pour leur montrer qu’on ne veut plus de leur modèle américain ! On est contre la société de consommation ! On est Iraniens, il faut respecter nos racines !
— Mais… tu ne fais pas tes prières, tu ne vas jamais à la mosquée. Tu crois vraiment que le Coran peut organiser la société ? Tu peux manifester sans te voiler, non ?
— Cela n’a rien à voir, Cyrus ! Ce n’est pas un signe religieux ! On montre notre opposition de cette manière, c’est un moyen de reconnaissance. Cette révolution n’est pas religieuse ! Je porte un foulard comme les femmes du reste du pays, nous sommes toutes unies contre le chah !
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De Farah Pahlavi, il ignorait presque tout au moment de son couronnement. (...)
C'était " l'impératrice des arts".L 'empereur lui accordait toute confiance et elle faisait ouvrir les musées les uns après les autres.Qu'est-ce qu'il y connaissait, lui, à l'art, à la culture, à la peinture moderne, le gamin timide qui avait arrêté l'école à 15 ans, fils d'un jardinier et d'une couturière ?
(...)
Et pourtant.Aujourd'hui, en ce mois de mars 1979 chahuté par le révolution islamique, il est l'un des derniers survivants d'un monde en voie d'effondrement. (...)
De lui dépend l'avenir du Musée d'Art moderne de Téhéran, le préféré de l'impératrice, le plus mystérieux aussi. De lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran.A 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges.

( p.13)
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(Les premières pages du livre)
Avertissement
Ce roman s’inspire d’une histoire vraie, celle du musée d’Art contemporain de Téhéran, ouvert en 1977. Un musée dont le destin est intimement lié à celui de son gardien, gamin des bas quartiers, qui a contribué à sauver et à conserver les trésors de l’impératrice Farah Diba lors de la révolution islamique de 1979.
Pourquoi un roman, et pas un document ? Parce que l’Iran est un pays complexe, où la parole est contrôlée, et parce que la mémoire de certains protagonistes est aujourd’hui fragile. La fiction s’est alors naturellement imposée pour combler les pages blanches.
Le nom du gardien du musée a été changé, et des traits de sa personnalité ainsi que des détails de sa vie hors de l’établissement relèvent de la pure fiction. De même, les noms de plusieurs personnages qui gravitent autour de lui ont été modifiés, et certaines scènes inventées pour la cohérence du récit.
En revanche, les éléments historiques sur la création du musée, l’élaboration de la collection, son inauguration, son évolution sont avérés et ont fait l’objet de nombreux entretiens et recherches, tout comme les événements qui ont précédé l’exil du chah et suivi le retour de l’ayatollah Khomeiny.
L’histoire du musée d’Art contemporain de Téhéran et de son modeste gardien épouse celle de l’Iran d’aujourd’hui, et c’est en cela qu’elle est particulièrement fascinante.

Prologue
Téhéran, mars 1979
Dehors, en ce froid matin de 1979, Téhéran se recouvre peu à peu de noir. Plus rien ne peut arrêter la vague révolutionnaire chargée d’écume de colère qui submerge la capitale iranienne. Le danger est là, désormais, à la porte du musée, impossible de lui échapper. Son ombre se glisse dans les salles vides, s’immisce dans les couloirs silencieux, plane dans le petit office sombre de l’entresol, prête à dévorer le passé et ses trésors. Les hommes armés de l’ayatollah Khomeiny vont se présenter tôt ou tard, ce n’est plus qu’une question de jour. Une question de vie. Et de mort. Seul dans l’établissement déserté depuis le début de la révolution, Cyrus Farzadi convoque la lumière et la chaleur de ses souvenirs comme un vieux film en Technicolor qu’on rembobine. Face à la menace du présent, ils sont tout ce qu’il lui reste. Si seulement ces fichus tremblements pouvaient s’arrêter. Le jeune homme n’arrive plus à contrôler ses mains qui se tordent d’angoisse et le font terriblement souffrir.

1967. Il s’en souvient comme si c’était hier : la liesse dans les rues scintillantes de Téhéran, les joyeux embouteillages, les femmes maquillées paradant sur les capots des voitures, la musique qui s’élève des échoppes et enveloppe la capitale iranienne de ses notes de fête. Cyrus entre dans l’adolescence, son père vient d’acheter leur première télévision, un événement pour toute la famille, et cette journée est celle du sacre de l’empereur d’Iran. La cérémonie est filmée pour la première fois en couleurs grâce à un nouveau procédé français. Devant les yeux ébahis du petit adolescent des quartiers ouest, le carrosse d’ébène et de perles aux vitres blindées roule sur les mille tapis persans qui recouvrent les avenues, des avions affrétés spécialement larguent 17 532 roses sur la ville, autant de fleurs qu’il y a eu de journées dans la vie du chah, et Téhéran revit les légendes de la Perse ancienne, replongeant avec exaltation ses habitants dans la grandeur de son passé.
Farideh, sa mère adorée, a sorti des tréfonds de son armoire la robe en soie qu’elle a dessinée elle-même et qu’elle porte uniquement pour les grandes occasions, noire avec un discret col brodé, elle a mis du rouge sur ses fines lèvres d’habitude si sèches, et s’est parfumée de jasmin. C’est sa façon à elle de se sentir invitée, même si elle reste sur le bas-côté. Avec ses yeux d’enfant, il la trouve si gracieuse, si différente des autres jours où la lassitude et le poids des années semblent l’écraser. Mais elle n’est pas aussi belle que la future impératrice, Farah Diba, qui aimante tous les regards. À la télévision, la souveraine de presque 29 ans surgit comme une apparition, majestueuse dans sa robe immaculée dessinée pour elle par la maison française Christian Dior, avec sa cape de velours et vison incrustée de pierres précieuses. Une œuvre d’art. Armin et Neda, les voisins du cinquième étage, n’ont pas la télévision, alors ils sont venus profiter de la retransmission avec leur fille Azadeh, âgée de 13 ans comme Cyrus. Le cœur en fête, Farideh sert du thé, des pâtisseries aux amandes et du nougat d’Ispahan, elle a disposé de confortables coussins sur le tapis fleuri. La joie est entrée dans la maison, pour quelques heures, ils oublient tous les ruelles crasseuses de leur quartier, les immeubles délabrés, les immondices sur les trottoirs et les visages du désespoir. Aujourd’hui, tout n’est que féerie, rêverie, et pierreries, dans cet autre Téhéran où ils ne s’aventurent que rarement. Tous, ils en restent bouche bée. La salle du trône du palais de Niavaran étincelle de toutes ses mosaïques, ses miroirs et ses lustres. Dans cette salle des Mille et Une Nuits, au son des trompettes, le roi, grand admirateur de Napoléon, se fait empereur. Avec des fastes d’un autre âge, il se couronne lui-même, et sacre son épouse, une première depuis la fondation de la monarchie persane, il y a vingt-cinq siècles. Farah Diba devient officiellement la « Shahbanou ». Cyrus n’a d’yeux que pour cette couronne que le chah dépose avec précaution sur la tête de sa femme, agenouillée à ses pieds. Selon l’empereur, ce geste symbolise l’émancipation de la femme musulmane. L’impératrice renchérira plus tard : « Cette couronne affirme solennellement l’égalité de l’homme et de la femme, après des siècles d’humiliation. » Quelle merveille ! Le prestigieux quotidien anglais The Times écrira le lendemain qu’elle était aussi « spectaculaire qu’une ville en feu ». 105 perles, 36 rubis, 36 émeraudes et 1 469 diamants, un joyau de 2 kilos spécialement fabriqué par le maître parisien Van Cleef & Arpels. Elle a nécessité vingt-quatre voyages à Téhéran et six mois de création minutieuse sur place. À travers l’écran de télévision, la couronne impériale brille de ses éclats sacrés, et Cyrus, en fermant les yeux, s’imagine la caresser du bout des doigts. Serrés les uns contre les autres sur le tapis de la salle à manger, la famille et les voisins se plongent avec délice dans ce royaume enchanté qui les fait voyager. Azadeh, la petite voisine, roule des yeux devant les invitées parées de tiares, de diadèmes et d’émeraudes plus éblouissants les uns que les autres. Elle s’imagine elle aussi héroïne d’un conte de fées au bras d’un prince charmant qui l’enlèverait dans son carrosse en diamants. Tous les rêves sont possibles aujourd’hui, après tout rien n’avait prédestiné l’impératrice Farah, autrefois petite étudiante roturière à Paris, à ce destin de papier glacé.
En ce jour férié, le temps est suspendu, le pays a envie de croire, même brièvement, aux promesses de l’empereur autoproclamé. Sur son trône d’or, paré de sa ceinture de rubis, de son sceptre et de toute sa mégalomanie, le « chah des chahs », « l’ombre du Tout-Puissant », âgé de 48 ans, pose ses lèvres sur le Coran, promet un meilleur avenir à ses sujets et jure de défendre la souveraineté de l’Iran. 101 coups de canon actent symboliquement la force de ce jour historique. Une journée lumineuse. Personne n’imagine alors qu’adviendra une époque où il sera interdit d’en parler, où les souvenirs seront enfouis sous les tapis persans.

C’était il y a douze ans. Déjà. Une éternité. La première fois que Cyrus rencontrait l’impératrice, sans imaginer que sa route croiserait réellement le chemin de la souveraine, ni qu’elle changerait le cours de son destin. De Farah Pahlavi, il ignorait presque tout au moment de son couronnement. Sa Majesté voulait développer la culture en Iran, disait-on. Faire de l’ancienne et glorieuse Perse un pays moderne et ouvert sur le monde. C’était « l’impératrice des arts ». L’empereur lui accordait toute confiance et elle faisait ouvrir les musées les uns après les autres. Qu’est-ce qu’il y connaissait, lui, à l’art, à la culture, à la peinture moderne, le gamin timide qui avait arrêté l’école à 15 ans, fils d’un jardinier et d’une couturière ? C’était une tocade des riches des quartiers nord, un hobby de nantis désœuvrés, les classes populaires de l’ouest et du sud n’avaient pas de temps à perdre pour le superflu. Ce n’est pas ça qui aidait à boucler les fins de mois. Le chah avait beau avoir promis d’apporter la prospérité dans chaque famille, sa révolution sociale laissait beaucoup de foyers sur le carreau, creusait des inégalités de plus en plus visibles, et semait les germes profonds de la rancœur. Alors les inaugurations fastueuses, les coupés de rubans à la chaîne, ce n’était ni son univers ni sa préoccupation. Il n’était pas né pour ça, ce n’était pas sa place, ce n’était pas son histoire.
Et pourtant. Aujourd’hui, en ce mois de mars 1979 chahuté par la révolution islamique, il est l’un des derniers survivants d’un monde en voie d’effondrement. Son destin va se jouer dans les heures ou les jours prochains. Par l’un de ces soubresauts dont seule la grande Histoire a le secret, le voici investi d’une mission qui le dépasse et le terrorise. De lui dépend l’avenir du musée d’Art moderne de Téhéran, le préféré de l’impératrice, le plus mystérieux aussi. De lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l’obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu’un religieux au turban noir a mis la main sur l’Iran. À 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d’un trésor qu’il faut protéger à tout prix contre l’ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges. À cet instant, les souverains autrefois rois de leur monde ne sont plus qu’un couple déchu poussé à un exil humiliant de pays en pays. L’ayatollah Rouholl
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Le chef-d'oeuvre de l'Américain Jackson Pollock, " Mural on Indian Red Ground", sort de l'obscurité et dévore la lumière.
(...)
Cyrus reste muet, il n'a jamais entendu parler de ce peintre capable de déclencher de telles émotions, mais pour une raison qu'il ignore, les larmes lui montent aux yeux.Pleurer devant un tableau, quelle expérience inattendue !.Mais oui, il est submergé par des sentiments inconnus, cette oeuvre lui parle et le bouleverse au plus profond de son être, il sort son petit carnet noir et note discrètement le nom de cet artiste new- yorkais sur lequel il se promet de se renseigner.Il comprend pourquoi l'art peut devenir la passion d'une vie.

( p.70)
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Qom, Tabriz, Mashad, Ispahan. Après un démarrage timide dans les provinces au début de cette année 1978, les manifestations grossissent de semaine en semaine. La révolte est en marche, la clameur de la rue enfle, encore et encore. Depuis son exil irakien, l’ayatollah Khomeiny appelle à renverser le souverain vendu aux États-Unis, le vieil imam barbu a rassemblé une armée de mollahs qui fait se lever les mosquées. Son portrait sévère domine certains cortèges. La religion face à l’insupportable ostentation, le Coran contre le bâillonnement. p. 108
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