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3,53

sur 117 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une curiosité que ce court roman écrit en 1915, paru sous la forme d'un feuilleton dans une revue. Toute l'oeuvre de son auteure, la sociologue et écrivaine américaine Charlotte Perkins Gilman, a eu une influence majeure sur le militantisme féministe outre-Atlantique.

Elle a choisi la forme d'une utopie à la Jonathan Swift, le monde imaginaire de « Herland » permettant de dénoncer les dysfonctionnements du monde réel, en l'occurence, le patriarcat et ses conséquences sexistes. Trois Américains aux profils différents découvrent un peuple de femmes qui vit en autarcie depuis 2000 ans, sans homme, se reproduisant par parthénogenèse, dans une société paisible, rationnelle, très avancée intellectuellement et du point de vue intellectuel tout en vivant en harmonie avec la nature.

On sent la sociologue derrière chaque page. Les personnages n'ont pas d'existence propre, pas de chair, rien qui ne nous touche, ils sont juste là pour étayer les thèses de l'auteur. L'écriture est un peu empesée, très scolaire. En 1915, cela devait être très novateur mais en 2019, cette utopie m'a semblé très vieillie, et pour le moins très discutable :

- toute la société de Herland tourne autour de la maternité qui est érigée en quasi religion, le grand projet collectif étant de donner naissance à d'autres femmes, les bébés étant élevés en commun, un peu comme dans une ruche.
l'individu n'a que peu de place dans cet espace très organisée, impossible de s'y exprimer et de se détacher des autres « soeurs »
- les relations sexuelles n'existent pas, complètement évacuées
- surtout, ces femmes sont de souche aryenne, l'eugénisme a sa place puisque les femmes jugées les moins aptes physiquement et psychologiquement sont écartées de la reproduction.

Inversement, ce qui m'a semblé toujours très pertinent et finalement visionnaire, c'est la place que Herland accorde au respect de la nature, ces femmes vivant en symbiose avec leur environnement, l'agriculture mise en place étant très proche des idées de la permaculture actuelle.

A lire donc pour parfaire sa connaissance historiographique du féminisme, sans perdre de vue ce qu'il y a derrière cette gynocratie utopique. A quoi ressemblerait donc une utopie féministe inventée en 2019 ?
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Il y a quelques semaines, en flânant entre les étals recouverts de livres plus alléchants les uns que les autres, mon oeil fut attiré par une couverture, un titre : Herland. Déniché dans le rayon féminisme et avec pour illustration quelques phrases chocs comme, "le roman culte du féminisme américain", je ne pouvais que craquer ! Imaginez trois aventuriers scientifiques américains, découvrir sur une haute montagne un mystérieux petit pays peuplé exclusivement par des femmes. Impossible ! Comment font-elles pour se reproduire ? Et puis s'il n'y a pas d'hommes comment font-elles pour se nourrir, elles, ces pauvres petites choses délicates ? Ecrit en 1915, le livre de Charlotte Perkins Gilman est à la croisée entre essai sociologique et roman. Malheureusement, le fond comme la forme m'ont à plusieurs reprises fait cligner de l'oeil. Bah ouais, j'suis comme ça moi, je cligne de l'oeil quand ça ne va pas ! Pourquoi ? Un style un peu trop académique et quelques idées "tendances" de l'époque, comme l'eugénisme, m'ont légèrement refroidi. N'empêche, il fallait être sacrément courageuse pour exprimer l'idée d'un féminisme, même si je n'adhère pas à tous les arguments de la romancière. Prémices d'une réflexion sociétale, Herland ouvre la voie d'une pensée réformatrice. Merci Charlotte !

Au début du XXe siècle, trois amis américains passionnés de sciences et d'aventures découvrent lors d'une expédition lointaine, un mystérieux petit territoire. Enclavé dans de hautes montagnes, dans un pays que Van, notre protagoniste, ne mentionnera jamais par mesure de protection, ce peuple est exclusivement composé de femmes. Premiers hommes à fouler ce petit territoire baptisé Herland par leur soin, et avec leur regard scientifique, mais surtout d'homme occidental, nos trois amis découvrent un monde différent où l'idée d'une féminité telle qu'il la connaisse est balayée. Prisonniers, pour l'instant, de ce merveilleux et luxuriant pays, Terry, Jeff et van sauront-ils s'adapter à ce nouvel environnement ? Leur perception des femmes changera-t-elle ?

Sociologue de métier, il n'est pas étonnant que Charlotte Perkins Gilman ait voulu utiliser cette discipline au service de son roman. Sous forme de carnet de bord, l'auteure a prêté son oeil scientifique à son protagoniste principal, Vandyck Jennings, afin de traiter le sujet féministe qui n'en ai qu'à ses débuts. Critique sans fard de la société patriarcale dans laquelle elle évolue et est sans cesse confrontée, l'auteure, amène à plusieurs pistes de réflexions comme la définition de la féminité. Quelle est-elle sinon une définition fixée par l'homme et pour l'homme ? Représentée par des codes extérieurs, où l'apparence et l'attitude revêtent une importance capitale, celle-ci ne dépend que du regard que l'homme porte sur la femme. Pis, celui-ci confond féminité et maternité.

Et parlons-en de la maternité. Sujet de discorde pour moi, l'idée est ici menée à son paroxysme ! Bye-bye la sexualité épanouie, bonjour la maternité, pleine, entière, merveilleuse. Un peu trop peut-être... Reproduites par parthénogenèse, ces femmes élèvent la maternité au rang de religion. La femme telle quelle, est effacée au profit de l'éducation. Alors oui, cette utopie dans laquelle vit cette communauté est alléchante : non-violente, écologique à souhait, tolérante... Sauf que toutes les femmes ne sont pas aptes à engendrer. Seules celles considérées comme les plus fortes ont le droit de donner la vie. D'où le principe d'eugénisme... Pas terrible n'est-ce pas ? Et le plaisir, on en parle ? Bah pas vraiment puisqu'elles n'ont pas besoin d'hommes pour procréer. Et je ne vous parle même pas du non-désir d'enfants. Bon, n'oublions pas que nous sommes en 1915... Autant vous dire que cette partie tient plus à du cauchemar qu'au rêve pour moi !

Grâce aux voix de ses trois personnages, Charlotte Perkins Gilman, donne corps aux idées ridicules que les hommes véhiculent sur les femmes. Qu'ils soient misogynes, sexistes ou à l'inverse trop complaisants, l'auteure utilise ces arguments pour mieux les retourner, quitte à véhiculer elle-même des idées parfois douteuses. le reflet d'une époque ?

Happée par la curiosité de ce monde, j'ai vite été rattrapée par un style trop professoral qui marque ces 278 pages de lourdeurs. Intéressant, ce livre fait évidemment la part belle aux femmes, mais aussi à un modèle écologique novateur pour l'époque. Ainsi, leur communauté étroitement liée à la nature, est à l'image de celle-ci, abondante, luxuriante, tout comme disciplinée.

Un livre étonnant, parfois brillant, mais teinté d'idées houleuses.
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Herland ou la terre des Femmes !
Une utopie écrite par Charlotte Perkins Gilman en 1915 et, qui a eu un grand succès auprès des féministes, puis est tombé dans l'oubli pour resurgir avec les nouvelles générations féminines dans les années 60/70 !
Trois américains : Terry, Jeef et Vanduck ( le narrateur ) découvrent avec étonnement en haute montagne un petit pays, isolé peuplé exclusivement de femmes !
Ils découvrent des Herlandaises robustes, acrobates et intelligentes qui vont les tenir emprisonnés pour leur apprendre leur langue apurée pour être plus facilement assimilable et pouvoir comparer leur mode de vie matriarcal à celui des 3 invités !
Elles vivent depuis 2000 ans éloignées de toute civilisation, suite à une éruption volcanique et des tremblements !
Elles ont du s'organiser à plusieurs niveaux :
***Pas d'hommes : elles pratiquent la parthénogenèse et, se consacrent principalement à l'éducation de leurs enfants !
Mais elles ont tout planifié même en ce domaine : la limitation des naissances par l'eugénisme et, les mamans n'ont leur bébés que durant 2 ans car ensuite : ce sont des soeurs spécialisées qui vont s'occuper d'eux pour obtenir une éducation collective !
Sur le plan économique : elles ont supprimé les élevages, le bétail (sauf celui des chats ) car ils prenaient trop de place et leur propre lait leur suffit !
Elles ont planifié les cultures et mettent en valeur les arbres, elles recyclent leurs déchets ...
Que demander de plus dans cette société sororale ? elles ont la paix, l'abondance, la beauté, la bonté et l'intelligence et surtout pas de jalousie, de criminalité ! Un monde parfait crée par les femmes pour les femmes ,mais nos 3 invités vont s'éprendre de leurs 3 belles guides : et vont se marier sous l'autorité de la Grande-sur-Mer et son cercle de Grandes conseillères du Temple !
Hélas,Terry va vouloir concrétiser son union et, ils vont être obligés de partir de ce "paradis " féminin !
Un roman avec des personnages qui ne servent qu'à valoriser les thèses de Gilman !
Un roman culte du féminisme américain sans concession pour le patriarcat mais, qui présente un intérêt pour voir quelle sera l'évolution de nos féministes actuelles !

L.C thématique d'avril 2021
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Trois hommes, médecin, explorateur et sociologue, découvrent par hasard un pays enclavé, autarcique, où vit une population exclusivement féminine.
Comment est-ce possible me direz-vous ? à l'instar de nos trois mâles en goguette, qui seront invités à suivre les « cours » de langue et d'histoire de ce pays, on apprend que cette très ancienne civilisation, oubliée du reste du monde se multiplie par parthénogenèse et pratique l'eugénisme pour se maintenir au top (l'idée est évidemment choquante ! c'est que le livre date de 1915 et qu'à cette époque le concept d'amélioration de la race humaine est à la mode)
Bref, nos touristes un poil macho verront leurs idées reçues sur la gente féminine déboulonnées les unes après les autres au contact de ces femmes qui prônent la sororité comme valeur première de leur société.

L'idée de départ, audacieuse et originale, me plaisait beaucoup, mais malheureusement l'autrice s'embourbe un peu dans son concept et peine à développer l'intrigue. le ton est très didactique, l'écriture linéaire. du coup j'ai finit par m'ennuyer un peu.
Le propos se veut féministe mais ne l'est qu'à moitié, (il faut mettre cela, je pense, sur le compte de l'époque : par exemple la maternité comme ultime accomplissement, ou encore cette histoire d'idéal féminin « fabriqué » génétiquement, me paraissent franchement datés) mais il y a aussi quelques idées qui m'ont fait sourire.
Que cette population de Herland soit finalement très peu genré devait être une idée très novatrice au début du siècle dernier !

Une curieuse lecture, intéressante mais qui ne m'a pas subjugué.
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Trois hommes, van – le narrateur du récit, proposé sous forme de journal rédigé après coup –, Jeff et Terry, font la découverte d'une contrée restée en autarcie depuis 2000 ans, pour des raisons naturelles. Cette contrée légendaire, dans laquelle ils parviennent enfin à se rendre, après diverses péripéties, a la particularité d'être exclusivement féminine, et d'avoir une reproduction permise par la parthénogenèse. Au fil des pages, van nous décrit très précisément l'organisation de la société dans laquelle nos trois hommes vont évoluer pendant un certain temps, jusqu'au drame, annoncé dès les premières pages, qui les fera en partie rentrer chez eux.

Franchement inspirée des récits de voyage fictif omniprésents durant les Lumières, donnant lieu à la découverte de contrées et de sociétés poussant à la réflexion quant à nos propres sociétés, en bien comme en mal – ici plutôt en mal du point de vue de notre protagoniste, Herland est un roman qui est intéressant en ce qu'il propose un regard qui tente de montrer les travers d'une société patriarcale, tout en proposant une alternative en une société matriarcale censément dénuée de tous ces travers. Regard précis, intellectuellement dense, particulièrement réfléchi d'ailleurs.

Mais ce regard n'en a pas moins vieilli depuis sa publication, en 1915 : il y a en effet quelque chose de très puritain proposé dans cette vision, dans laquelle la femme s'épanouit principalement par l'intermédiaire de la maternité – directe ou indirecte : toutes n'ont pas le droit de se reproduire, vive l'eugénisme, mais toutes s'occupent des filles qui vont naître –, et dans laquelle, finalement, l'intrusion d'hommes dans son « harmonie » semble être un peu trop salutaire – chassez le naturel du patriarcat pendant 2000 ans, il revient au galop –.

Pas mécontente d'avoir enfin lu ce classique, même si les limites philosophiques, morales, ou encore sociologiques, en sont nombreuses.
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Cette utopie féministe datant de 1915 est à découvrir en tant que telle, c'est à dire davantage comme un récit fictif de voyage inspiré de l'Utopie de Thomas More plutôt que comme un roman de Science-fiction qui décrirait une communauté de femmes ayant banni les hommes de leur société.
Pour Charlotte Perkins Gilman, qui est davantage sociologue que romancière, il s'agit de démontrer, par le biais de trois voyageurs masculins, que des femmes peuvent parfaitement subvenir à leurs besoins, et même créer une société exemplaire en recourant à la parthenogenese pour se reproduire. Tout l'enjeu de ce récit est donc de pointer les défaillances d'une société patriarcale inapte à assurer le bonheur de chacun et un développement harmonieux de la civilisation.

Certes, la démonstration est parfois lourde et le ton très didactique. Mais la critique est pertinente et la perfection de Herland, en ce qui concerne les relations interpersonnelles et le bien-être de tous, creuse évidemment le fossé entre les deux sociétés. L'auteure parvient ainsi habilement à interroger le lecteur sur l'origine de ces différences et de ces échecs, qu'il est aisé d'imputer à un fonctionnement trop inégalitaire.
La surprise vient également de la réflexion écologiste menée par ces femmes: elles respectent profondément la nature, soutiennent sa diversité et élaborent des techniques de permaculture très développées. Elles sont végétariennes, ont abandonné l'élevage et planté des forêts comestibles. La rationalisation des espaces de culture est même menée conjointement avec une réflexion esthétique de manière à préserver la beauté de la nature. En 1915, ces réflexions progressistes sur l'agriculture sont passionnantes tout comme celles sur l'éducation des enfants, inspirées des travaux de Maria Montessori.

Il est vrai que, sous d'autres aspects, le récit porte la marque de son temps.
On peut ainsi lui reprocher d'élever la Maternité au rang d'objectif suprême, mais c'est malgré tout ne pas voir qu'il s'agit d'une autre maternité que celle que nous connaissons. Il ne s'agit pas de prôner l'épanouissement dans l'éducation des enfants , puisque la plupart des mères n'éduquent pas leur propre enfant dans cette société, mais de travailler à l'éducation d'une génération qui vise à la perfection.
Cet objectif va de pair avec une idéologie nettement plus redoutable. Vouloir l'amélioration de la race humaine, concept à la mode à l'époque, conduit tout droit à l'eugénisme, pratique utilisée pour limiter la population et n'en reproduire que les meilleures.

Charlotte Perkins Gilman était une femme engagée, nièce d'Harriett Beecher Stowe, et elle connut une dépression post partum après la naissance de sa fille. A cette époque, maris et medecins preconisaient l'abandon de la lecture, pratique dangereuse pour des femmes trop fragiles... Fort heureusement, elle divorca et voulut prouver aux hommes que des femmes trop fragiles étaient capables de créer une société bien supérieure à celle des hommes... Et ce livre en fait le récit.
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J'avais entendu parler de cette utopie par une booktubeuse que je suis régulièrement. Ce roman est perçu comme le premier - ou l'un des premiers, cela serait plus juste - roman féministe (de science-fiction féministe pour être exact). Lorsque l'on regarde de plus près les éléments biographiques de Charlotte Perkins Gilman, on en comprend davantage les raisons, non seulement par son implication dans le mouvement des suffragettes (et elle est aussi une descendante de Harriet Beecher Stowe, et vient d'une lignée d'abolitionnistes et de féministes) mais aussi par sa vie privée. En effet, le père de Charlotte Perkins Gilman a abandonné sa famille quand il a compris que son épouse ne pourrait plus avoir d'enfant, ce qui a laissé la jeune Charlotte songeuse quant au mythe autour de la famille, notamment la place de la femme dans le foyer puisque sa mère a dû subvenir à leurs besoins, rôle dévolu au père dans la société du 19ème siècle. D'autant que ce sont les femmes de la famille de son père qui ont aidé sa mère à élever les enfants. Ayant été éduquée, la jeune Charlotte se destine à une carrière littéraire, on ne parlait de carrière à l'époque que pour les femmes célibataires. Or, elle s'est mariée une première fois, a eu une fille, s'est enfoncé dans la mélancolie. le médecin, soutenu par le mari, préconise alors qu'elle arrête d'écrire, et de lire, car c'était ces activités qui la mettaient dans tous ses états... Après plusieurs mois, elle et son mari se séparent d'un commun accord, Charlotte reprend sa liberté, et sa liberté de penser et d'écrire.

Herland s'inscrit donc naturellement dans ce processus: il s'agit de montrer, par le biais d'un narrateur masculin, que les femmes peuvent se suffire à elles-mêmes, que, finalement, les femmes n'ont pas besoin des hommes pour subvenir à leurs besoins, et même pour procréer. Scandale bien évidemment... L'auteure nous raconte ici l'aventure de trois hommes, qui représentent chacun un pan de la société patriarcale, du Masculin, au pays des femmes.

A bien des égards, ce roman est assez instructif sur le comment et le pourquoi d'une telle société, il pourrait s'apparenter à une étude sociale de cette époque, presque un essai qui préconiserait des solutions.
A contrario, je trouve également que le roman à un poil mal vieilli, une réécriture - et une traduction - plus moderne pourrait le rendre plus accessible et attractif.

En bref, un roman intéressant dans l'ensemble, original et moderne pour l'époque, mais qui mériterait d'être préfacé (peut-être l'est-il dans une autre édiction que la mienne) pour les lecteurs d'aujourd'hui.
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Trois hommes américains débarquent dans un pays coupé du monde dans lequel tous les hommes ont péri plusieurs siècles avant. Ils sont les premiers hommes à découvrir Herland, une société pacifique, extrêmement bien construit et organisée, très respectueuse de son environnement. Un peuple uniquement de femmes qui se reproduisent par parthénogenèse.

Les trois jeunes hommes qui débarquent dans cet univers inexploré et inconnu, aux tempéraments forts différents découvrent alors une société paisible, solidaire, unie, fondée sur une conception de la maternité et de l'éducation. Un monde totalement irréel pour ces trois américains.

Charlotte Perkins Gilman profite de Herland pour mettre en avant les clichés de l'époque sur les rapports hommes-femmes., tout en faisant passer ses critiques sur des institutions telles que le mariage. Malheureusement, même si l'idée de départ me paraissait originale et voir audacieuse, mon ressenti est moindre, mi figue-mi raisin, du bon comme du moins bon : une écriture trop linéaire qui ennuie vite, le développement de l'intrigue qui peine, l'histoire se veut féministe mais qu'à moitié en fin de compte (peut-être à cause de l'époque), avec une pensée plutôt puritaine.

Publiées sous forme de feuilleton en 1915, les idées sont en phases avec l'époque, voilà peut-être pourquoi mon avis est mitigé sur ce roman. L'autrice élève la maternité au rang de religion, la femme se retrouve effacée au profit de l'éducation. Un monde utopiste certes car pas de violence, tolérante, écologiste mais un monde qui prône l'eugénisme et la diabolisation de l'homme.

Un roman intéressant dans son ensemble, original, moderne pour son temps mais au style professoral, qui rend le récit lent et lourd. "Herland" est étonnant, certains sujets sont brillants mais aussi dépassés, avec un grand manque de romanesque qui se termine par une fin abrupte.
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1re utopie féministe, Herland est une sorte de roman à thèse écrit par la sociologue C. Perkins Gilman, inconnu en France et redécouvert par les féministes dans les années 60. Il lui permet de dénoncer les dérives sexistes et sociétales du système patriarcal américain du début du XXe siècle. Il conte les aventures de 3 jeunes Américains en balade dans une sorte de petit avion qui tombent sur un territoire difficilement accessible, peuplé uniquement de femmes, en haut d'une montagne. D'abord faits prisonniers, ils vont finalement apprendre la langue et les coutumes de ces étranges femmes, à la fois douces et fortes, qui se reproduisent par parthénogenèse depuis 2000 ans et ignorent tout de la sexualité, des individus de sexe masculin, des rapports homme-femme, de la religion révélée ou encore de la criminalité. Elles vivent dans une sorte de jardin d'Eden ultra propre et secure, verdoyant et regorgeant d'arbres fruitiers. Les 3 amis ont des caractères très différents, ce qui sert le propos de l'autrice, et tomberont amoureux de 3 habitantes de Herland : l'un est très galant, il donnerait sa vie pour sa chérie, l'autre est un macho bouffi d'orgueil qui essaiera de violer celle qui acceptera de guerre lasse de devenir sa "femme" et le 3e, le narrateur, représente la voie du milieu. D'abord décontenancé, il est prêt à tout pour garder sa promise près de lui, y compris à ne pas la "posséder". Pendant les 12 mois que durera leur séjour, c'est lui qui tente d'expliquer aux femmes les valeurs et la culture américaines, alors qu'elles se révèlent très douées mine de rien pour les pousser dans leurs retranchements et mettre au jour les contradictions d'un système injuste et pas si avancé que ça... J'ai trouvé ce roman vraiment avant-gardiste pour l'époque (elle évoque Montessori), qui soulève des questions pertinentes et actuelles ! Il existe une suite, non traduite en français : With Her in Our Land. Espérons que les éditeurs français ne mettront pas un siècle avant de la traduire.
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Pour moi, la lecture de Herland a débutée comme une mise en abime : une femme (en l'occurrence l'auteure : C.PERKINS GILMAN) raconte l'histoire de 3 jeunes hommes (Terry, Jeff et Van) dont l'un d'entre eux (Van) raconte à son tour l'histoire de Herland.
Une première partie du récit est dédiée à la quête puis à la découverte de Herland et de sa population par nos 3 explorateurs.
La deuxième partie du roman perd un peu en intensité, avec un rythme un peu plus lent, quelques longueurs et répétitions, mais l'histoire mérite d'être lue jusqu'au bout.

Ce livre décrit un monde utopique, un univers parfait, une communauté exclusivement féminine vieille de 2.000 ans dans laquelle tout n'est qu'amour et au sein de laquelle les "idées horribles" n'ont pas de place.
Herland est un état qui vit en totale autarcie, dont les habitantes sont travailleuses, respectueuses de leur environnement, vivent en communion avec la nature et au rythme des saisons.
La religion n'y est qu'amour : c'est une "puissance aimante qui vous traverse".
Les jeunes femmes qui peuplent ce pays sont dotées de ce qui semble être une forme d'intelligence supérieure. Elles cherchent toujours à s'améliorer, et à faire progresser leur société de manière constante, au fil des générations.
La maternité est la thématique récurrente du livre.
Tout tourne autour de la maternité et de sa conception toute particulière au sein d'Herland (totalement différente de la maternité et du rôle de la mère dans nos sociétés).

Dans ce livre, l'auteure tend à démontrer que les femmes sont tout à fait capables de vivre sans les hommes.
D'ailleurs, elles vivent bien mieux sans la gente masculine.
A Herland : pas de violence, pas de crime, les femmes sont autonomes, fortes, se soutiennent, chacune a son rôle à jouer...et elles peuvent même donner la vie (grâce à la parthénogénèse - "reproduction sans intervention d'un mâle" - je ne connaissais pas🤔).
L'arrivée de Terry, Jeff et van va amener son lot de questions; mais va surtout conduire nos 3 américains à se confronter à tous les grands principes liés à la religion, l'éducation, le travail, le sexe, le couple, le mariage, le rôle des femmes...qui leur ont été inculqués dans la société dite moderne.
Le choc sera tel, et la remise en question si profonde qu'ils en arriveront à la conclusion qu'une autre vie, avec d'autres valeurs, est possible.

Une histoire très moderne, très féministe pour l'époque à laquelle elle a été écrite (1915).
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