Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna

Les histoires de famille ont cette complexité toute relative associée au silence et aux non-dits. La famille Das a longtemps voyagé avant de s'établir définitivement aux États-Unis. Au Ghana et puis à Londres, l'Inde est un lointain souvenir. Pourtant, les coutumes suivent la famille et sont même essentielles à cet équilibre précaire de l'exil, un ancrage vital.


Ranee a été mariée de force. Un de ces mariages arrangé qui fait la fierté des familles, une de ces coutumes ancestrales qui se doit d'être respectée. Ranee est une femme de caractère qui sait ce qu'elle souhaite. Une famille heureuse, un homme qui rapporte assez d'argents à la maison pour pouvoir offrir à leurs filles une éducation sans faille.


Tara est l'aînée. Son rôle au sein de la famille, elle ne sait pas très bien le définir. Entre les exigences des uns et des autres, ses désirs sont mis sur la touche. Elle adore le cinéma et n'hésite pas à devenir ses personnages féminins préférés dans la vie de tous les jours. L'accent, la manière de s'habiller, la gestuelle, elle copie et devient ses héroïnes. Est-ce-que New-York sera la terre propice à la réalisation de son plus grand rêve ?


Sonia est la tête pensante de la famille. Surdouée, elle adore la lecture et l'écriture. À New-York, elle découvre le féminisme et considère ce combat essentiel pour la société. Tête brulée et n'ayant pas sa langue dans sa poche, elle n'hésite pas à remettre en question les comportements des uns et des autres. Et lorsqu'elle rencontre l'irrésistible Lou, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.


Chantal, fille de Sonia, métisse, est fière de sa double origine. Mais ses grands-mères veulent à tout prix, que l'une ou l'autre prédomine dans son éducation. Chantal ne l'entend pas de cette oreille et assure qu'il y a de la place pour les deux. Tiraillée par le comportement souvent indigeste de ses mamies qu'elle adore, elle tente de trouver un terrain d'entente pour que leurs relations deviennent saines.


Anna, fille de Tara, a grandi au coeur de Bombay dans une institution religieuse. Les coutumes sont essentielles à sa vie et rejoindre New-York, le lycée et une nouvelle société a tout pour la faire sortir de ses gonds. Pas après pas, elle va découvrir cette vie loin des sentiers battus et s'accommoder. Elle mettra à profit son talent pour la mode et la couture.


Cinq femmes, trois générations aux attentes divergentes. La place et la quête de l'identité ont une place primordiale au coeur de ce roman haut en couleurs. Chaque personnage est minutieusement détaillé et l'on conçoit facilement leurs désirs. Toutes les cinq vont porter leur pierre à l'édifice qui est cette famille hors norme. Leurs blessures personnelles vont peu à peu s'étouffer pour offrir un quotidien apaisé. Mitali Perkins parle avec beaucoup d'émotions de ces femmes qui portent à bout de bras leurs rêves, leurs rêves américains, terres de tous les possibles. La matriarche porte le lourd souvenir de sa terre natale et de cet héritage douloureux. Il n'est pas question ici de la perte d'identité mais de concilier avec harmonie le moderne et l'ancien. Un roman lumineux que j'ai pris plaisir à découvrir. J'ai été admirative de ce parcours atypique et hors norme que tout exilé se voit confronter.


Une joli hymne à la liberté et aux traditions.
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Ce roman est l'histoire de cinq femmes de la même famille. Nous avons Ranee, la grand-mère Bengali qui a immigré aux États-Unis avec son mari et ses deux filles, Sonia et Tara puis, Chantal et Anna, leurs deux filles respectives. L'histoire se déroule des années 1960 à 2000. On y traite de nombreux sujets : l'intégration, l'héritage, la tradition, la nationalité mais aussi le féminisme. J'ai beaucoup aimé le partie consacrée aux deux soeurs, Tara et Sonia qui ont grandi dans les années 1960/1970. Ce sont deux personnages au caractère fort qui vont bousculer leurs parents et leurs idées. J'ai trouvé ce livre très bien écrit et j'y ai appris de nombreuses choses sur la culture indienne. Cette saga familiale est très prenante et les pages défilent rapidement. J'aurais peut-être souhaité plus de passages sur Ranee et mieux comprendre certains moments de sa vie. Pour conclure, sous cette couverture colorée se cache une histoire palpitante qui peut plaire aux adolescents comme aux adultes.
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5 femmes. 3 générations. Saga familiale mais le tout dans un oneshot.
L'avantage c'est certainement en coût, en temps, en possibilité ainsi.
Le désavantage sera que de traiter 5 femmes dans un oneshot de 345 pages peut donner une impression de trop peu par moment, on pourrait avoir envie d'en savoir plus.

La lecture est très fluide, très agréable. Nous avons plaisir à retrouver les femmes de la famille Das. Nous les suivons quelque part sur des années mais sans avoir tous les détails, sans tout savoir.
Chacune a son caractère, sa manière d'être, et elles sont toutes attachantes à leur manière, mais également par moment agaçantes.
De laquelle vous sentirez-vous le plus proche ?

C'est une histoire qui aborde énormément de choses, beaucoup de thématiques, et qui fait réfléchir. Nous allons des années 1960 aux années 2000. Ainsi il y a l'évolution, des conflits générationnels, une façon différente de voir, d'appréhender les choses.
Nous sommes toujours placée avec une des femmes de la famille Das, une de ces cinq femmes, ce qui nous permet de mieux comprendre chacune.
Nous sommes au milieu de plusieurs cultures, de plusieurs pays, avec toute la richesse que cela peut apporter, mais également tous les doutes,
les conflits, les disputes, ...

Nous retrouver ce côté ironique de la vie, le fait de ne jamais savoir à quoi s'attendre et de devoir trouver le moyen d'avancer. Et parfois, c'est même un peu dingue à dire, il faut un électrochoc, un évènement bouleversant pour qu'une personne reprenne du poil de la bête, évidemment l'inverse est vrai aussi, un électrochoc qui vous fait perdre foi, courage, et vous empêche d'avancer.

J'ai aimé leur unité, malgré leurs disputes. On sent que c'est une famille unie, et qu'ils sont là les uns pour les autres. C'est très touchant.

J'ai été surprise par pas mal d'évènements qu'on ne voyait pas venir, et qui quelque part nous sont assénés d'un coup sans aucun ménagement, sans aucune préparation,
et nous laisse sans voix.
Chacune porte son caractère, sa façon d'être, ce en quoi elle a choisit de croire à un instant, ses blessures et pas seulement celles physiques, qui ne sont pas les
plus marquantes et indélébiles. Mais elles portent aussi le poids de leur culture, éducation et expérience de la vie.

J'ai aimé découvrir un pan de leur culture bengale, les saris, etc. C'est vraiment très intéressant, ça nous change, et ça nous permet d'ouvrir nos esprits.

Dans la dernière partie, abordant Chantal et Anna, nous effleurons à peine leurs mères et ce qu'elles sont devenues. Bref, nous n'aurons plus l'occasion de vraiment les revoir et tout comprendre. Cela peut être un peu dur et déstabilisant, du coup je vous préviens.

L'autre chose qui peut être déstabilisant ce sont les différents prénoms utilisés, selon qui appelle un personnage. D'ailleurs c'est expliqué, ça s'est cool, mais il faut avoir tout cela en tête.

Pour finir parlons un peu de ces 5 femmes qui tentent de faire leurs vies.

Ranee, la maman de Tara et Sonia, migre du Bengale, d'abord à Londres en Angleterre (on y sera pas longtemps, très peu évoqué), puis aux Etats Unis d'Amérique. Pour une vie meilleure.
Ranee porte beaucoup le poids de sa culture, de comment elle a grandit. C'est souvent leur père qui va faire office de médiateur et calmait les choses.
Elle peut être extrêmement dure, exigeante voire intransigeante. Mais ce sera une grand-mère très à l'écoute de ses petites filles, même si elle a gardé une forme de maladresse.

Tara, la plus âgée des filles, belle, joue un rôle. C'est assez triste de la voir s'obliger de jouer un rôle dans la vraie vie, mais c'est ainsi qu'elle se fait sa place, qu'elle tente
de s'adapter. C'est aussi quelqu'un qui aime jouer et qui est douée.

Sonia, est studieuse, intelligente, elle aime les bibliothèques qui lui offre la possibilité de lire des livres, elle relit les livres qu'elle a aimé, elle s'engage. C'est quelqu'un pour les amoureux des livres, de la culture, qui ont soif de découverte qui est très vite attachante.

Chantal, la fille de Sonia, a grandit aux USA, elle a adopté ce pays. Sa famille s'en sort à peu près normalement.
Chantal est prise entre ses deux grands mères, qui se font une lutte permanente. Elle est donc prise en étau entre ses deux origines.

Anna, va devoir faire une partie de sa scolarité aux USA, c'est la fille de Tara. C'est plus compliqué pour elle car elle a grandi en Inde, et elle est attachée à ce pays. Sa famille est riche.
Chantal l'accueille de bon coeur.

Chantal et Anna sont cousines, unies par des liens familiaux, et très différentes.

Ces femmes vivent pleinement, suivent ce qu'elles croient être juste, bien pour elles, rencontrent des gens, et même tombent amoureuses.
Cela ne se passe pas toujours très bien. Sonia provoque de gros problèmes avec la personne dont elle est tombée amoureuse qu'ils vont longuement portés, et pourtant il y a de quoi s'enrichir encore plus

Je finirai par dire que parfois elles se font de fausses idées les unes sur les autres. Vous savez cette tendance à voir l'herbe plus verte ailleurs.

Le livre vaut la lecture, il est intéressant, prenant, surprenant, c'est une véritable valse émotionnelle qui nous assaille, mais compliqué de traiter ces cinq femmes en si eu de pages.
Il pose beaucoup de questionnements intéressants, aborde beaucoup de choses, nous ouvre les portes de plusieurs cultures, nous montre différentes façons d'être, et comme les choses peuvent être fragile parfois.
Une jolie fresque familiale, on aurait sans doute aimé en savoir plus, que ce soit plus étoffé.

Merci à Babelio et Bayard Jeunesse pour cette lecture et découverte.