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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une magnifique couverture aux couleurs attrayantes où la statue de la liberté se trouve au centre d'un arbre de vie avec cinq prénoms, une tranche d'un jaune citron nous invitent à nous plonger dans ce roman choral : Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna. Ce titre fait référence aux cinq héroïnes, de trois générations différentes que nous allons découvrir tout au long de ce bouquin et qui tentent chacune à leur façon d'intégrer deux pays, deux cultures, faisant au cours de leurs vies respectives des allers-retours entre ces deux pays, L'Inde et les États-Unis, physiquement/et/ou mentalement.
L'histoire va se dérouler depuis les années 1965 pour se terminer en 2006, se divisant en trois grandes périodes : 1) Étrangers / 1973-1974, 2) Voyageurs / 1976-1981 et 3) Intégrés / 1998/2006.
À noter cette originalité : un beau mandala orne la tête de chaque chapitre !
Ranee est mariée à Rajeev. Ils ont deux filles Tara et Sonia, nées en Inde. Ils se sont installés à Londres quand Tara avait neuf ans. Tara, alias Starry est l'aînée, admirée par tous, elle se sent obligée de jouer un rôle pour se sentir aimée et sa passion pour le théâtre puis le cinéma ne se démentira jamais. Sonia, alias Sunny, elle, a besoin de deux choses seulement pour se sentir chez elle n'importe où : les livres et son cahier qui lui sert de journal intime.
Ils vont quitter Londres pour New York alors que Tara a 17 ans et Sonia 15 ans. Même si Ma, la maman se plaint et veut sans cesse le meilleur pour sa famille, elle ne veut à aucun prix retourner au Bangladesh où est né son mari et devoir vivre sous la coupe de sa belle-famille. Elle n'y retournera pas davantage au décès de Rajeev, Baba pour les filles.
C'est donc cette famille Das et principalement les femmes, celles déjà citées auxquelles s'ajouteront Chantal, fille de Sonia et Anna, fille de Tara que Mitali Perkins nous fait rencontrer dans ce roman et ce sont les aventures folles et rythmées de ces femmes et filles que nous découvrons, à la recherche de leur propre voie, souvent tiraillées entre leur culture indienne et le fameux rêve américain auquel elles aspirent.
J'ai vraiment apprécié cette immersion dans cette culture indienne que Mitali Perkins, elle-même originaire de Calcutta en Inde, a su faire renaître dans cette saga, n'hésitant pas à utiliser les termes bengalis pour nommer les différents vêtements ou aliments. J'ai ainsi beaucoup appris sur les coutumes indiennes et leur évolution dans le temps et imaginé avec plaisir les nombreux saris et salwars que portent les personnages du roman. Elle n'omet pas les tensions raciales qui malheureusement font partie de la vie américaine et du fragile équilibre que ces femmes vont devoir tenter de trouver pour s'affranchir et pour vivre pleinement. J'ai été admirative de la volonté qu'elles déploient pour y parvenir et séduite par leur implication dans les engagements et projets qu'elles soutiennent comme par exemple ceux de Tara pour la défense des droits des femmes ou ceux de Sonia pour l‘égalité des sexes.
Ce n'est pourtant pas un livre sombre, bien au contraire. Il nous entraîne dans un tourbillon de vie époustouflant car toutes ces héroïnes sont différentes, font preuve de beaucoup de caractère et d'imagination et outre le féminisme et l'égalité des sexes, nous confrontent aussi au deuil, aux rituels selon le mode bengali, à la religion, ainsi qu'au pouvoir des mots et des livres et à bien d'autres sujets encore.
C'est un roman jeunesse assez feel-good et la fin l'est, à mon goût un peu trop, mais, de temps en temps, ça n'est pas si désagréable. Il suffit d'être un peu réaliste et penser que dans la vraie vie, ce n'est pas aussi facile.
Un livre pour les adolescents, certes, mais agréable et intéressant à lire par les adultes aussi.
Merci à Babelio et aux éditions Bayard.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Un roman assez savoureux qui parle d'intégration...
Une famille , trois générations de femmes, leurs différences, leurs complémentarités.
En premier , on a la mère, Ranee, une femme bengali mariée de force dés ses 18 ans à Rajeev Das. Quand on fait leur connaissance en 1965, ils habitent déjà à Londres et sont déjà parents de deux adolescentes Tara (l'aînée ) et Sonia. Ils parlent d'aller à New York pour le travail de Rajeev. On assiste à leur installation , le lycée, un déménagement. Puis très vite on est avec Tara et Sonia adultes et leurs filles respectives. 1965 donc, puis , 1973-1974 et enfin 1976-1981, jusqu'à l'intégration définitive : 1998-2006.
Portraits de filles , de femmes à cheval sur deux (voir trois) cultures, la façon dont elles renoncent à certains aspects de l'une ou de l'autre selon leurs affinités, et ce qui les arrangent...
Portait d'une intégration plus que réussie.
Si vous avez aimé des films comme : "Joue-là comme Beckam", ou "Coup de foudre à Bollywood " de Gurinder Chadha, ou la série télévisée " Mes premières fois" , vous aimerez ce roman, vous y retrouverez un peu la même atmosphère.
Jusqu'au deux tiers du roman, j'avais oublié que j'étais dans un roman pour adolescents tellement je me régalais des différences de culture, des informations sur les coutumes bengali, car même à quelques milliers de kilomètres, Ranee continue à observer les règles de son pays d'origine. C'est savoureux et instructif.
Dommage que la partie concernant la troisième génération cède aux sirènes consuméristes de "la charte" de la "culture" ado... marque de voiture, métier de Tara, réussite financière , j'aurais préféré plus de sobriété ("heureuse" !) . j'aurais aimé qu'elles réussissent moins bien. L'intégration ne passe pas forcément par cette case, elle peut passer aussi par la banalité, l'ordinaire, le moyen.. Cette partie là est moins intéressante.
L'autre "défaut " ( qui n'en est pas un vraiment) , c'est que pour raconter trois générations, l'autrice passe très vite sur certains détails, sur des cheminements amenant à ... Moi, j'aurais aimé passer plus de temps avec Ranee, Tara et Sonia, ce roman est trop court ! Il aurait pu être décliné en trilogie tellement le propos est riche.
A l'instar de Sonia relisant sans cesse Orgueil et Préjugés car elle aime tellement être dans le salon des Bennet , moi aussi j'aurais bien aimé traîner encore un peu, juste quelques pages , avec ces trois femmes tellement vivantes, fortes, fières, combatives et futées.
Un roman qui, un peu étoffé, donnerait très bien en série télé..
Merci aux Editions Bayard et à Babelio pour cette Masse critique privilégiée.

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J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette fresque familiale et dévoré ce livre en deux soirées.

Nous découvrons la famille Das, une famille indienne qui va s'installer aux Etats Unis après avoir vécu au Ghana et en Angleterre. Comment les femmes de la famille, car il s 'agit avant tout de portraits de femmes, vont elles s'intégrer dans ce nouveau pays, dans cette nouvelle culture? Vont-elles devoir renoncer à leur culture indienne?

1965. Ranee (Ma) est mariée à Rajeev (surnommé Baba). le couple va tenter sa chance à New York et décide de quitter Londres avec leurs deux filles: Tara et Sonia.
. Tara (Starry), l'aînée 17 ans, est une belle jeune fille qui a pour passion le théâtre et le cinéma. Sonia (Sunny) ma préférée, 15 ans, a la peau plus sombre, ne cherche pas à être féminine ou à plaire. Elle est brillante et adore lire ou écrire dans son journal intime.
Ma se plaint beaucoup (du manque d'argent, du quartier...) mais une chose est sûre elle n'est pas prête à remettre les pieds au Bangladesh où elle serait sous la coupe de sa belle famille. Elle veut ce qu'il y a de mieux pour sa famille tout en respectant les traditions.

Les deux dernières héroïnes sont les filles de Sonia et Tara, Chantal et Anna. le troisième partie m'a moins intéressée car je m'étais attachée à Sonia et Tara et les grands mères m'ont un peu agacée.


J'aurais préféré que la vie de Sonia et de Tara soient plus développées en particulier quand elles tombent toutes les deux amoureuses. J'ai trouvé que cela allait trop vite par moment. En fait, j'aurais bien vu une trilogie !


Par contre, j'ai adoré l'immersion dans la culture indienne : les aliments, les vêtements, les traditions mais aussi les années 60/70.

Je remercie Babelio et les éditions Bayard pour leur confiance et l'envoi de ce livre qui fut une belle découverte.
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Ce livre m'a été proposé par Babelio dans le cadre d'une opération Masse critique privilégiée. Comme souvent, je me suis empressée d'accepter sans prendre la peine d'en lire le résumé.
La surprise fût donc totale à la réception.
J'ai supposé avant même de l'ouvrir que ce livre allait me procurer un agréable moment.
L'habit ne fait pas le moine, comme chacun sait, même si j'ai toujours eu la faiblesse de ne pas être totalement d'accord.
Pour en revenir au livre, comment un si bel écrin pourrait-il contenir un texte insipide ?
La première de couverture est un régal pour les yeux, elle m'a fait penser à Holi, la fête des couleurs que l'on célèbre en Inde chaque année à l'arrivée du printemps où il est coutume de s'asperger de colorants pour la plus grande joie de tous.

Dans l'avion qui l'emmène vers la liberté et la promesse d'une vie meilleure, Sonia se confie à son journal tandis que sa mère dort à point fermé et que Tara, sa soeur flirte avec son séduisant voisin. New-York est un eldorado pour la famille Das.
D'origine indienne, les deux soeurs ont des personnalités bien différente.

Sonia aime se réfugier dans la lecture, rêvant sa vie à travers celles de ses héroïnes afin d'oublier son physique qu'elle trouve banal et sans charme, à côté de Tara tellement belle.
« Grandir avec une soeur ainée aussi belle que Starry, c'est comme porter un voile. »
Tara, sa soeur aînée, s'imagine une vie de star. A peine arrivée, elle se cherche un modèle à copier pour « coller » aux critères de beauté américains. Les séries télé qu'elle regarde pendant des heures ne sont pas des distractions mais de la documentation.

Entre modernité et tradition la famille Das se fait peu à peu une place dans la société américaine.
La vie s'écoule entre bonheurs et drames.

Dans la deuxième partie du roman, nous suivons le destin de Chantal et Anna, les filles de Tara et Sonia.

Sous des dehors légers, Mitali Perkins aborde de graves problèmes, tels les mariages arrangés qui ont toujours cours en Inde, les mariages mixtes qui sont si difficiles à accepter dans beaucoup de familles, les choix de vie qui posent problème.
L'auteure dépeint avec justesse les relations familiales et fraternelles mais aussi les émotions humaines, la vie en somme. Elle dresse avec beaucoup de finesse le portrait et le parcours de vie de chacun des personnages, leurs blessures et leurs fragilités.
J'ai beaucoup aimé ce roman choral avec des héroïnes, courageuses et attachantes qui vont au bout de leurs convictions pour pouvoir vivre leurs rêves.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Bayard jeunesse.


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C'est une nouvelle fois une très belle découverte que je fais grâce à Babelio, c'est il faut le dire une roman vers lequel je ne me serai pas tourner sans cette opération Masse critique. Nous découvrons avec émotion l'arrivée de la famille Das aux Etats-Unis, le père qui travaille, les a installées, ce dernier prend grand soin de sa femme Ranee et de ses deux filles qui sont ses trésors. L'aînée Tara est une beauté, elle rêve au métier d'actrice, sa jeune soeur Sarah est une intelligente, l'avenir et les grandes écoles lui ouvrent leurs portes. Pourtant, tout ne se passe pas tel que Ranee le souhaiterait, difficile pour elle d'accepter que ses filles souhaitent vivre à l'américaine. Cette famille qui vient d'un pays où les traditions sont si nombreuses, doit trouver l'équilibre entre son identité et le pays qui les accueille.
C'est une histoire de femmes avant tout bien-sûr, mais c'est aussi un constat sur l'intégration dans les années 60 en Amérique, le pays de tous les rêves, qui malgré toutes les chances qu'il offre, fait toujours état de la couleur de peau, à tel point que Ranee elle-même montre des réticences aux fréquentations de ses filles. Nous suivons deux générations tout au long de cette lecture et certains personnages vous toucheront plus que d'autres, pour ma part, c'est le lien entre Tara, Sarah et leur père, qui m'a particulièrement touchée. La part à l'art est y est également importante, le talent et l'ambition de toutes ces femmes mérite d'être souligné, elles sont talentueuses, pleine de ressources et de caractère.
Lien : https://livresque78.com/2021..
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Je remercie énormément Bayard Jeunesse et babelio pour l'envoi, dans le cadre d'une masse critique privilégiée, du roman pour ados : Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna de Mitali Perkins.
Ranee migre avec sa famille du Bengale à New York pour une vie meilleure.
Tara, sa première fille, est admirée par tous, mais se sent obligée de jouer un rôle pour continuer à être aimée.
Sonia, sa cadette, rebelle et engagée, provoque un véritable séisme au sein de la famille lorsqu'elle tombe amoureuse.
Chantal, la fille de Sonia, talentueuse danseuse et athlète, est prise dans une lutte entre ses deux grands-mères et ses origines.
Anna, enfin, reproche à sa mère, Tara, de l'avoir forcée à quitter l'Inde pour les États-Unis et doit trouver sa place à New York.
Le fragile équilibre que les femmes de la famille Das peinent à trouver est chaque jour menacé par des blessures qui mettront des générations à cicatriser...
Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna ce sont donc cinq femmes que nous découvrons des années 1960 aux années 2000.
Nous les suivons à plusieurs âges de leur vie. Chacune est la narratrice à un moment ou un autre et l'histoire se déroule peu à peu. Évidemment, certains personnages apparaissent uniquement dans la dernière partie car Chantal est la fille de Sonia et Anna la fille de Tara.
Ces cinq femmes cherchent leur propre voie, entre leur culture indienne et le rêve américain auquel elles aspirent.
Elles sont très différentes de caractère et dans leur façon d'être. Certaines sont plus libres que d'autres dans leurs idées et leurs idéaux.
Tara et Sonia vont déménager de Londres à New York, elles sont de culture hindou et elles vont essayer de se fondre parmi les autres. Tara va essayer, en imitant les autres comme elle sait bien le faire. Sonia est un esprit plus libre, elle sait ce qu'elle veut et s'en donne les moyens.
Leur maman Ranee n'est pas toujours attachante. Elle est du Bangladesh, a déménagé plusieurs fois et elle a un sacré caractère. Elle n'est pas toujours facile avec ses filles et son mari, qu'elle n'a pas choisi. Et oui, à son époque (pourtant pas si lointaine) les femmes étaient mariées sans donner leur avis.
Chantal et Anna sont cousines, elles ont été élevées dans des pays différents et il est intéressant de découvrir les pensées parfois rétrogrades d'Anna. Elle est plus coincée que sa cousine par moment. Chantal a été élevé aux États-Unis, elle défend les droits de la femme, a une culture un peu différente de sa cousine. Ce choc des cultures entre deux jeunes filles qui ont pourtant des origines communes est bien retranscrit.
Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna est une intéressante peinture des personnes ayant parfois du mal à se construire quand elles sont déracinées et se retrouvent dans un pays avec une culture différente. On apprend les coutumes de l'Inde, des choses passionnantes sur les aliments et les vêtements de ce pays. J'ai pris plaisir à les imaginer dans leurs saris et salwars. L'écriture est très parlante et donne vraiment envie de découvrir l'Inde et ses coutumes.
C'est un roman lumineux, même si c'est peut-être un peu trop facile par moment mais cela ne m'a pas dérangé.
J'ai été touché par ces cinq femmes, leurs parcours, leurs façons de voir les choses.
J'ai pris plaisir à lire ce roman pour ados d'une traite (vive les vacances) et je lui met quatre étoiles.
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Grosse surprise avec ce livre que j'avais perçu très différemment de ce qu'il propose ! Je m'attendais à un « feel good » féministe avec cette couverture hautement colorée et au final c'est une histoire jeunesse sur les origines, qui aborde des sujets sérieux de façon originale.
Une table des matières ainsi qu'un arbre généalogique en début d'ouvrage permet de bien cadrer le récit : ce sera l'histoire d'une famille partie d'Inde et arrivée jusqu'aux U.S.A. en étant passée par le Ghana et l'Angleterre entre temps. Plus précisément l'histoire des femmes de cette famille : la mère, ses deux filles et leur fille unique respective.
Des années 60 jusqu'aux années 2000, on suit l'évolution de ces femmes par le biais de la mode vestimentaire, de la musique, des programmes télévisés et des lectures. La mère souhaite maintenir les traditions liées à leur origine et cela ne va pas sans mal. Ses principes se heurtent souvent au fameux rêve américain et aux soient disant libertés.
Famille de migrants s'il en est, il est intéressant de voir comment, tout en essayant de s'intégrer, la mère refuse de côtoyer d'autres immigrés sous prétexte qu'ils n'ont pas la peau suffisamment blanche et fait preuve d'un racisme outrancier. En Inde le système de caste est terrible. Même dans la misère, on ne se mélange pas ! Cette mère va-t-elle évoluer au fil du temps ou ne pourra-t-elle jamais s'habituer à un autre système de valeurs ?
J'ai beaucoup apprécié les caractères de Tara et Sonia, ainsi que leur combat respectif, et j'ai regretté qu'on les perde de vue dans la dernière partie où l'attention est portée sur leur descendance.
L'écriture de Mitali Perkins est agréable, alternant habilement narration et dialogues, ce qui donnent du rythme. Les notes d'humour sont régulières, on sent que l'auteure aime ses personnages et elle parvient à nous faire comprendre les subtilités de la pensée indienne au quotidien.
Un roman dans lequel l'ouverture d'esprit est de mise…

(A déplorer tout de même, côté éditeur, le grand nombre de coquilles au long du texte – oubli de mots très souvent… qui gâche le plaisir à force !)
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Cette saga familiale se déroule des années 1960 aux années 2000.


Ranee a forcé son mari à quitter l'Inde, leur pays d'origine. Alors que lui regrette la terre de son enfance, la mère de famille ne veut plus y vivre, bien qu'elle soit Bengali jusqu'au bout des ongles. Pourtant, elle ne veut plus habiter avec sa belle-mère et ne supporte plus d'être le centre des conversations au sujet du fait de ne pas avoir de fils. Elle a deux filles, Tara et Sonia. Si elle devait habiter à Calcutta, elle devrait vivre dans un appartement avec sa belle-famille, car la ville est surpeuplée. Et cela, elle ne peut plus l'endurer. Après quelques mois au Ghana, la famille a vécu en Angleterre, avant d'émigrer aux États-Unis. le roman commence lors de leur installation.


Tara et Sonia espèrent que leur nouvelle vie va apaiser les tensions entre leurs parents et que leur mère va, enfin, se sentir à sa place. Elles aussi espèrent trouver la leur. L'ainée, Tara, se prépare pour la rentrée. Elle cherche un personnage à imiter pour se démarquer et s'intégrer. Sa recherche d'identité passe par les rôles qu'elle joue, ne s'assumant pas assez pour être elle-même. Pour se sentir bien, sa cadette, Sonia, a besoin de livres et d'intimité pour écrire dans son journal. Cependant, sa personnalité est déjà bien affirmée et dès son arrivée, elle montre un tempérament impétueux dans lequel se devinent ses futurs engagements féministes. Les deux soeurs n'ont pas les mêmes aspirations, mais elles sont très proches et elles veillent l'une sur l'autre. Leur complicité est touchante et leur permet d'affronter les opinions de leur mère qui sont à l'opposé des leurs.


Dans la deuxième partie, les deux filles ont perdu un soutien capital face à l'intransigeance de leur mère. Cette dernière est, quant à elle, soutenue par des membres de sa communauté. Alors que Tara et Sonia veulent être libres, Ranee tente de les enfermer dans les traditions. de plus, ses préjugés racistes créent des conflits. Chacune de ses enfants s'émancipe à sa manière.


Dans la troisième partie, la place est laissée aux filles de Tara et de Sonia. La première, Chantal, est le centre d'une rivalité affective entre ses grands-mères. Aussi, elle a une influence sur son aïeule maternelle. La deuxième, Anna, correspond exactement à ce que Ranee attend d'une fille hindoue. Mais contre toute attente, un évènement qui a endeuillé la terre entière, transforme Ranee. Ses proches sont obligés de freiner ses démarches d'intégration, afin qu'elle ne se renie pas. Elle est émouvante, en raison des efforts qu'elle fournit pour changer et s'intégrer, même si elle va trop loin. Elle est, également, un soutien formidable pour Anna, afin qu'elle puisse s'épanouir dans sa double culture, même si la conclusion montre que le chemin est encore long.


J'ai aimé la manière dont sont traités les thèmes du déracinement et de la difficulté à se construire pour des jeunes filles, lorsque le quotidien scolaire laisse entrevoir l'indépendance, alors que la vie familiale se fonde sur des traditions dans lesquelles la femme n'est pas libre. Sonia et Tara ont appris à jongler entre leurs propres désirs et ceux de leur mère. J'ai souvent été énervée par les préjugés de Ranee et j'ai été sensible aux attitudes de ses filles à ce sujet. En revanche, j'ai été déroutée par le changement de Ranee. En effet, même si j'étais heureuse de sa prise de conscience, ses excès m'ont semblé exagérés pour être crédibles. Enfin, j'aurais aimé connaître plus de détails sur l'éducation reçue par Anna. J'ai compris ses pudeurs, qui sont communes aux filles du monde entier et j'ai aimé le chemin qu'elle choisit pour changer ce qui la gêne, mais j'aurais voulu comprendre pour quelle raison, la fille de Tara est aussi ancrée dans les traditions ancestrales. Malgré ces bémols, j'ai passé un très bon moment avec ce roman et, dans quelques années, je le confierai à ma fille.


Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Bayard pour cette masse critique privilégiée.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna... derrière ce titre intrigant se cachent trois générations de femmes américano - indiennes que l'on va découvrir à trois époques successives. D'abord les années 1970, quand Ranee et son mari décident d'émigrer vers les Etats-Unis avec leurs deux filles adolescentes. Puis une dizaine d'années plus tard : Tara et Sonia sont devenues adultes. Et enfin, après une dernière éclipse temporelle, c'est maintenant la 3e génération qui prend la parole avec le récit des deux petites filles de Ranee, Chantal et Anna.

Ce livre a bien failli être un très gros coup de coeur pour moi mais hélas la 3e partie, un peu décevante, m'a empêchée de lui accorder sa 5e étoile ! Mais commençons par le positif : voici un récit comme je les adore où on découvre la vie d'une famille suivie sur plusieurs générations. L'auteur brosse avec beaucoup de finesses de beaux portraits de femmes : Ranee, la mère, pilier du foyer, prête à se battre pour assurer la réussite sociale et scolaire de ses filles et souvent vue comme la "méchante" par celles-ci pour les querelles incessantes et les reproches qu'elle fait à son mari, notamment sur les aspects financiers, Tara et Sonia, les deux soeurs si différentes et pourtant si complices. La description des Etats-Unis des années 70 est savoureuse également : ah les pantalons pattes d'eph, la musique de la Motown, les quartiers populaires afro-américains où habite d'abord la famille Das à son arrivée aux Etats-Unis. le roman est très visuel et rend parfaitement l'atmosphère de l'époque, on a parfois l'impression d'être dans un film.

A petites touches, Mitali Perkins en dit également beaucoup sur le racisme latent de l'époque (tous ces américains censément gentils et bien pensants qui demandent à la famille Das si elle parle anglais et qui s'entendent répondre que l'Inde fait partie depuis de longues années du royaume britannique ! mais aussi le racisme dont fait preuve Ranee vis à vis de la communauté noire dont elle craint la mauvaise influence sur ses filles) et surtout sur la difficulté à émigrer et à naviguer entre une double culture. le roman est plein de scènes très belles et très justes sur les vas-et-viens incessants auxquels les personnages sont confrontés, les filles ou petites filles étant tantôt tentées de rejeter complètement leurs racines indiennes pour devenir de "vraies" américianes, tantôt rappelées à la richesse et à l'importance de leur héritage et de leur culture. L'auteur fait revivre toute une époque sous nos yeux et j'ai très vite été embarquée dans cette histoire et me suis complètement attachée à Tara et Sonia, d'abord adolescentes puis adultes.

Dommage que la dernière partie, consacrée aux deux petites filles, Chantal et Anna, s'éloigne de cette finesse et ce côté doux amer et nostalgique pour verser soudainement dans l'humour et la caricature. La plume de l'auteur reste vive et alerte mais le propos devient totalement prévisible et beaucoup moins subtil : ainsi l'opposition frontale entre les deux grands-mères de Chantal, l'une voulant en faire une afro-américaine et lui rappelant à tout bout de champ ses racines noires et l'autre insistant sur sa culture bengali et indienne est certes amusante mais paraît très artificielle. Quant à Anna, la seconde petite fille, sa volonté de construire sa vie en Inde et son désespoir à l'idée de continuer ses études aux Etats-Unis, forcée par ses parents, sont survolés et se dissolvent vite dans quelques scènes gentillettes. Alors que les deux premières parties du roman me semblaient s'adresser tout autant à des adultes qu'à des adolescents, cette fin m'a donné l'impression de viser cette fois de jeunes adolescents avec les scènes convenues de romance, les histoires de lycéens américains déjà vues mille fois et le comique revendiqué de chaque scène. Bizarre et un peu déroutant ce changement de registre soudain et dommage car il affadit la conclusion de ce beau roman.

Malgré ce petit bémol, cela reste une vraie lecture plaisir dont j'ai tourné les pages à toute allure en regrettant que ce roman ne soit pas plus épais. On aimerait partager plus longtemps la vie de la famille Das et il m'a été difficile d'abandonner ces personnages à la fin du roman... ce qui me paraît être un excellent indicateur d'une lecture réussie !
Un grand merci à Babélio et à l'éditeur Bayard Jeunesse pour cette belle découverte via une Masse Critique privilégiée.
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Des mères et des filles remplissent les pages de ce roman pour adolescents qui se concentre sur trois générations d'une famille bengalie.
Cette saga raconte l'histoire de Ranee Das, la matriarche, qui déracine sa famille du Ghana (puis du Royaume-Uni, pour finalement s'installer aux États-Unis), de Sonia et Tara, ses filles, qui luttent avec l'identité et l'acceptation ; et celle d'Anna et Chantal, les petites-filles de Ranee.
La famille Das quitte Londres pour l'Amérique au début du roman et la majeure partie du récit se déroule à New York. Chaque génération, chaque femme relève les défis d'une manière différente. le roman est divisé en trois parties : "étrangers", dans lequel les jeunes Tara et Sonia font connaissance avec l'Amerique, tout en essayant de se souvenir –et de garder– leur héritage indien. Les jeunes étudiantes vivent à l'époque de "jeans/tee-shirts/walkman", en train de regarder The Brady Bunch ( série télévisée populaire de l'époque), et pratiquent aussi l'harmonium et les chants de Rabindranath Tagore.
Dans "voyageurs", Tara et Sonia voyagent jusqu'à l'âge adulte. Sonia se joint à la lutte pour l'égalité des droits et tombe amoureuse d'un camarade de classe afro-américain, qui a divisé sa famille pendant des années ; et Tara,devenue actrice de renom, se surprend à tomber amoureuse. Enfin, dans "intègres" , les filles de Sonia et Tara, Chantal et Anna, sont aux prises avec des identités coupées. Chantal est bengalie et afro-américaine, et Anna est américaine, mais a vécu la majeure partie de sa vie à Mumbai. Tous deux sont de jeunes étudiantes brillantes qui recherchent à s'épanouir malgré l'ambiance familiale pas toujours au top.
Les relations de Sonia, Tara et leur mère Ranee sont au centre de plus de la moitié du livre. Ces jeunes femmes et leur mère partagent de nombreuses choses comme les gènes, la culture et l'adaptation à plusieurs pays au fil du temps. C'est la magie des familles. Nous partageons souvent tellement de choses, mais nos personnalités et nos expériences individuelles nous façonnent et nos identités se distinguent les unes des autres (heureusement) . Alors que les jeunes femmes tentent de vivre leurs rêves, elles se séparent également de leur mère et du passé auquel elle s'accroche. En proposant cette histoire sous tant de perspectives, les lecteurs peuvent voir la diversité présente au sein d'une famille élargie.
Personellement, je trouve que la première moitié du livre était très bien racontée et plus complexe, alors que la seconde est légèrement en dessous. Les personnages de Chantal et Anna ne sont pas aussi peaufinés que ceux de leurs ainés, j'aurais aimé quelques pages de plus pour mieux raconter leur histoire.
J'aime bien l'écriture de Mitali Perkins. C'est une écriture forte et riche, mais étonnamment discrète aussi, permettant à l'histoire de se dérouler naturellement pour le lecteur. Elle lie des thèmes récurrents dans le livre : musique, danse et...romance. Elle permet à ses personnages d'être racistes parfois et pourtant d'apprendre, de changer au fil du temps et de voir leurs opinions et leurs valeurs changer également.
Je dois dire que la plus belle chose à propos de ce livre est la façon dont la culture bengalie est décrite tout au long. Mitali Perkins insiste sur le fait que chaque individu peut et doit exprimer sa culture comme il l'entend. Bien que toutes les femmes de cette histoire soient différentes, elles présentent toutes divers aspects de la culture bengalie à leur manière, soulignant davantage l'idée que la culture est unique à l'individu et que l'expression de ses racines doit provenir de convictions et de jugements personnels.
le style d'écriture est captivant, les personnages ont une relation qui transcende l'âge, la race et les barrières culturelles et l'histoire elle-même est assez passionnante.
Globalement, c'était très divertissant, diversifié, authentique, souvent drôle, informatif, tant des points essentiels ont été abordés, notamment le féminisme, l'égalité des sexes, la crise d'identité, le patriotisme, les problèmes des immigrés, et tout ça, dans un langage accessible. Je recommande cette lecture pour les 13 ans + .















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