Je dis que Droit est mort, et Loyauté éteinte
Quand le bon roi est mort, la créature sainte
Qui chacune et chacun faisait droit à sa plainte...
À qui se pourront mais les pauvres gens clamer
Quand le bon roi est mort qui les sut tant aimer ?
In Les Regrets de la mort de saint Louis
Lumière du Moyen-Âge, Régine Pernoud, p. 76
Dès l'instant où l'on abandonne les manuels pour se plonger dans les textes, cette notion des "trois classes de la société" vous apparaît comme factice et sommaire.
Tout ce qui touche au savoir est ainsi honoré au Moyen-Age "A déshonneur meurt à bon droit qui n'aime un livre" disait un proverbe et il suffit de se pencher sur les textes pour retrouver trace des mesures par lesquelles tout appétit de sciences était encouragé et alimenté.
Si l'on a pu nommer les vitraux : "la Bible des illettrés", n'est-ce pas parce que les plus ignorants y déchiffraient sans effort des histoires qui leur étaient familières - accomplissant en toute simplicité ce travail d'interprétation qui de nos jours donne tant de mal aux archéologues !
Ce n'est pas un mince étonnement que de trouver, dans les traités de morale de l'époque, huit pêchés capitaux énumérés, au lieu des sept que nous connaissons ; or, le huitième, c'est, chose inattendue, la tristesse, tristitia.
Le peuple n'est pas fait pour le prince, mais le prince pour le peuple. (St Thomas)
"Lorsqu'une machine de guerre est trop meurtrière, la Papauté en interdit l'emploi; l'usage de la poudre à canon, dont on connait les effets et la composition dès le XIIIe siècle, ne commence à se répandre que du jour ou son autorité n'est plus assez forte, et ou, déjà les principes de la Chrétienté commencent à s'émietter."
"Du futur chevalier, on exige des qualités précises, que traduit le symbolisme des cérémonies au cours desquelles on lui décerne son titre. Il doit être pieux, dévoué à l’Église, respectueux de ses lois : son initiation débute par une nuit entière passée en prières, devant l'autel sur lequel est déposée l'épée qu'il ceindra. C'est la veillée d'armes, après laquelle, en signe de pureté, il prend un bain, puis entend la messe et communie. On lui remet alors solennellement l'épée et les éperons, en lui rappelant les devoirs de sa charge : aider le pauvre et le faible, respecter la femme, se montrer preux et généreux; sa devise doit être "Vaillance et largesse". Viennent ensuite l'adoubement et la rude "colée", le coup de plat d'épée donné sur l'épaule : au nom de saint Michel et de saint Georges, il est fait chevalier."
"La première de ces mesures a été la Paix de Dieu, instaurée dès la fin du Xe siècle : c'est aussi la première distinction qui ai été faite, dans l'histoire du monde, entre le faible et le fort, entre les guerriers et les populations civiles. Dès la date de 1023, l'évêque de Beauvais fait jurer au roi Robert le Pieux le serment de la Paix. Défense est faite de maltraiter les femmes, les enfants, les paysans et les clercs; les maison des cultivateurs sont, comme les églises, déclarées inviolables. On réserve la guerre à ceux qui sont équipés pour se battre. Telle est l'origine de la distinction moderne entre objectifs militaires et monuments civils - notion totalement ignorée du monde païen. L'interdiction n'a pas toujours été respectée, mais celui qui la transgressait savait qu'il s'exposait à des sanctions redoutables, temporelles et spirituelles."
Une bonne partie de la production littéraire du Moyen Age reste encore à l'état de manuscrit, enfouie dans nos bibliothèques, alors qu'on réédite sans cesse les mêmes oeuvres. (page 136)