On supporte tout, la guerre, la souffrance, l'exil, etc. C'est le passage d'un état à un autre qui est terrible. Le temps de s'installer.
Il n'y a qu'un moment qui m'intéresse chez l'homme, quoi qu'il fasse ou soit, c'est celui où il se retrouve seul, soit sur un banc de square, soit dans les chiottes, soit sur un lit d'hôpital. Et ce qu'il fait de ce moment.
La vie rétrécit au lavage mental
Je ne peux pas concevoir un homme sans cesse occupé de ce qu'il fait, a fait, va faire. Quoi qu'il fasse. L'homme m'est impensable qui n'éprouve pas, tous les jours, fût-ce un quart d'instant, le vide, l'impossibilité à vivre. C'est ce quart d'instant qui me passionne. Qui a fait ma vie.
Je suis plus sensible aux êtres quand j'y pense que quand je les vois. Tout ce qqui s'ensuit... L'amour difficile.
Quand on connaît bien les coulisses, plus question d'aller dans la salle. Encore moins sur scène. Où?
Ce que j'ai appris, c'est qu'il est plus difficile d'écrire simplement qu'hermétiquement. L'hermétique doit être absorbé par le simple. Hölderlin le savait. Et Artaud.
Le cancer, c'est le Verdun de la santé. On en « réchappe ».
On meurt tous jeunes.
Notre postérité c'est le présent.
La peinture fait obstacle à la vision pour mieux capter l'invisible.
Je n'ai pas quitté Paris. Aucune raison. Je lui ai simplement préféré la Bretagne. Dans une sorte de pari, sans jeu de mots. Sans trop savoir si je n'allais pas me casser les reins. J'y suis allé doucement. D'abord six mois, tous les ans, automne-hiver, tout seul à Saint-Malo, qui est une ville parfaitement sinistre, sans doute à cause de ses habitants. J'aime trop la rue, la vie dans la rue, pour m'y être éternisé. Ici, dans le Finistère, c'est le contraire, on a l'impression de rentrer dans une grande famille. Tout se passe dans la rue, dans les cafés, enfin tout ce qui m'intéresse, ce que je demande aux autres, ces mille et un riens qui font la psychanalyse permanente des êtres. [...]
Il y a des choses qui passent en nous, qui nous traversent, nous travaillent, comme on dit que la mer est travaillée, sans que nous en soyons le maîtres. Ni les esclaves. Le matériau nous ignore, nous lui sommes parfaitement indifférents. A prendre ou à laisser. L'art n'est pas autre chose que la récupération difficile de ces signes qui échappent au quotidien élémentaire, mais comme le tout échappe au détail.
On se saoule pour être à la hauteur de l'indifférence des autres
Il ne se passe rien et quand il se passe quelque chose, c'est la mort.