Lorsque la maison d'édition de l'Archipel m'a demandé de choisir dans son catalogue des romans pouvant faire l'objet de services presse, j'ai immédiatement demandé un autre roman historique de Patrick Pesnot. En effet, en octobre dernier, j'avais également reçu le premier tome de la saga, La Malédiction des Médicis, Laurent le Magnifique et j'avais eu un coup de coeur. En ce qui concerne
La Rose et le Bourreau, bien que j'ai beaucoup apprécié ma lecture, je reste néanmoins partagée.
Au milieu du XVIIIème siècle, Julienne a vingt ans lorsqu'elle décide de quitter son foyer cancalais. Son père, capitaine de vaisseau, n'est pas souvent présent et la jeune fille a beaucoup de mal à s'entendre avec sa belle-mère. Empruntant les vêtements de son frère cadet, elle décide de se travestir en homme et de partir sur les routes en quête d'aventure. Si son habit masculin la protège des mauvaises rencontres dues à son sexe, elle risque aussi la prison pour travestissement. Julienne doit alors se montrer extrêmement prudente et ne pas se trahir aux yeux de ses homologues masculins : c'est ainsi qu'elle rentre au service d'un prêtre pendant quelques temps puis, sitôt arrivée sur Paris, elle rejoint les rangs de l'armée et part guerroyer en Bohème avant de finir apprenti d'un bourreau, à Marseille…
Une jeune femme qui se travestit en homme au milieu du XVIIIème siècle pour devenir soldat puis bourreau, vous trouvez cela trop rocambolesque? Et bien, détrompez-vous car elle a réellement existé! En effet, pour son personnage de Julienne, Patrick Pesnot s'est inspiré de la véritable histoire de Marguerite le Paistour, née en 1720 à Cancale, et dont le récit incroyable a été rapporté par son confesseur, le prêtre Jean-Baptiste Richard. Ainsi Julienne et Marguerite partagent plusieurs traits communs : elles ont toutes deux quitté leur foyer pour le même motif, été commis pour un prêtre, soldat dans l'Armée de Louis XV et bourreau (ou plutôt bourrelle) à Lyon avant de connaître la même fin (mais cela, bien entendu, ne comptez pas sur moi pour vous la dévoiler!).
Ensuite, l'auteur s'est éloigné de la biographie de Marguerite le Paistour pour s'approprier et construire son propre récit autour de Julienne.
– il a par exemple fait des références subtiles : le nom de famille de Julienne est Desroches (le nom d'épouse de Marguerite était Roche) ou le nom de son amante prénommée… Marguerite!
– il a modifié certains évènements : par exemple, Julienne rencontre son maître-bourreau à Marseille alors que Marguerite l'a connu à Strasbourg.
– ou il en a ajouté d'autres comme l'agression de l'aubergiste, la relation sapphique avec Marguerite à Marseille ou la rencontre étrange avec une secte de convulsionnaires, dans un château situé entre Lyon et Marseille. Et c'est là où le bât blesse pour moi car si ces ajouts mettent en avant un récit picaresque, ils le rendent aussi poussif et remettent en question sa crédibilité. C'est un peu dommage.
En revanche, j'ai retrouvé dans le texte de Patrick Pesnot les qualités que j'avais beaucoup appréciées dans le tome 1 de la Malédiction des Médicis : une écriture fluide et travaillée ainsi qu'un souci du détail dans les descriptions. Par exemple, lorsque l'auteur décrit la ville de Paris, le lecteur se retrouve complètement immergé dans le récit grâce au fourmillement de détails qui touchent non seulement au sens de la vue mais aussi de l'ouïe et de l'odorat.
En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ma lecture de
la rose et le Bourreau en raison d'une plume de qualité, d'un récit documenté et le fait que ce dernier s'appuye sur la biographie d'une personne ayant réellement existé. Dommage toutefois que la multiplication des faits et rebondissements rajoutés par l'auteur nuisent un peu à la crédibilité du périple de Julienne. Néanmoins, cette petite ombre au tableau ne m'empêchera pas de découvrir le tome 2 de la Malédiction des Médicis sur Cosimo 1er, sorti le 2 janvier 2019.
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