Le poème de Fernando

Ce livre, ce texte, est un petit bijou !!!
A lire à voix haute, à partager...
Il m'a fait penser à des albums pour enfants comme "Frédéric" de Léo Lionniou "Ceci est un poème qui guérit les poissons" pour tenter d'expliquer l'inexplicable : la poésie.
Mais il aborde aussi, à travers le personnage de Fernando, la question de la lecture, du rapport au livre et à l'écrit qui peut faire peur mais qui apporte tant de bonheur "superflu" quand on s'y plonge.
J'ai adoré la personnification du livre-Poème.
Et l'engagement final contre l'illettrisme.

C'est un petit livre d'apparence fragile pour un texte court mais d'une émouvante puissance.
C'est l'histoire de Fernando qui, en marchant dans la rue, trouve " le Poème" au sol. Et le ramasse.
Oui mais voilà. On a toujours dit à Fernando qu'il n'était pas fait pour la poésie.
Et pourtant...
Le Poème s'installe et apprivoise Fernando qui succombe, émerveillé, à la magie des mots. Il devient l'homme qui veut offrir la poésie, partageant le Poème à tous ceux qui, comme lui, en ont terriblement besoin.
Eric Pessan livre ici une ode aux pouvoirs infinis de la poésie.
"Le poème peut : soulevez une montagne, aller dans l'espace sans fusée ni combinaison, nager longtemps en respirant sous l'eau, écrire le mot liberté sur les murs de la ville, partir dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne, posséder des ailes de géant qui l'empêche de marcher, cueillir dès aujourd'hui les roses de la vie, avoir des yeux si profonds qu'en se penchant pour boire on y voit tous les soleils y venir se mirer, être insoucieux de tous les équipages... Il sait presque tout faire, sauf obliger les gens à le lire."
"A ceux qui disent que l'on peut sans problème se passer de poème, Fernando répond : bien sûr, on peut aussi se passer de joie et de bonheur."

"-Tu sais, c'est à toi de t'occuper du Poème maintenant.
- Mais il va te manquer ? Fernando trouve la force de sourire, il rend le Poème à Alvaro.
- le Poème vit en moi, répond-il, je le connais par coeur."
Comment une histoire si courte fait-elle pour dire autant et toucher aussi juste ? Eric Pessoa ou Fernando Pessan nous invite à célébrer le pouvoir si discret et pourtant si efficace de la poésie dans le quotidien de nos gestes même les plus ordinaires. le point de départ : s'ouvrir à l'autre, la main tendue, la générosité de savoir ne pas garder pour soi ce qui est beau. Ainsi Alvaro (de Campos ?) grandit qui finit par incorporer le Poème (P majuscule, il faut bien ça, non ?).
Courte histoire donc, qui fait mouche : petit livre à mettre au fond de sa poche au moment de prendre la ligne 5 du vieux tram de Lisboa. Pensez-y sans faute ! Puis, laissez-le sur le siège au moment de sortir du tram : qui sait si un autre Alvaro ne s'en emparera pas ?

Ce livre est un vrai petit bijou ! Cette collection est vraiment fantastique !! Dans cette histoire nous faisons la connaissance de Fernando qui vient au secours d'un Poème. Ou est-ce que ce n'est pas le Poème qui vient à son secours ? L'écriture est vraiment magnifique et on déguste cette lecture comme un bon petit gâteau.