Tenir debout dans la nuit

Lalie a accepté l'invitation de la mère de son camarade Piotr à New-York pour des vacances. D'abord opposée, sa mère avec laquelle elle a des relations compliquées accepte au prix du mensonge de Lali qui prétend que deux cousines de Piotr seront aussi présentes. Lali n'aura qu'à payer le prix du billet avec ses économies. Mais à peine arrivé·es, la mère de Piotr comme convenu suit le programme qu'elle avait prévu et les deux adolescent·es se retrouvent seul·es. Ce qui n'est en revanche pas prévu c'est ce que Piotr a en tête pour occuper leur temps. Il affirme par ses mots et son attitude qu'avoir des relations sexuelles était inclus dans les projets. Lalie abasourdie tente de désamorcer la situation mais ce retrouve en danger de viol et de kidnapping. Elle réussi à s'échapper sans papier, argent, ni téléphone. On la suit dans on errance.
On suit le parcours de Lalie pendant la nuit dans les rues de New-York. Sa déambulation suit également le rythme de ses pensées et peu à peu on voit comment elle essaye de donner du sens à ce qui lui arrive et à ses propres réactions. Les rencontres qu'elle fait indifférentes ou aidantes permettent au récit de voir l'évolution de son état d'esprit. Au delà du traumatisme d'avoir échappé au pire Lalie doit faire face à sa culpabilité d'avoir le sentiment de ne pas avoir été suffisamment claire. le chemin qu'elle parcourt durant cette nuit va lui permettre de comprendre que ce que Piotr a voulu lui imposer aurait du lui être demandé pour obtenir son consentement.
A lire de toute urgence
La professeuse documentaliste de cdicollegeguisthau

Si vous devez lire ce roman, c'est avant tout pour la plume.
Elle m'a paru si originale, dans le sens authentique. Elle m'a touché, la lecture est de plus en plus poignante car le narrateur est un je qui peut très bien être le je de toutes les femmes d'aujourd'hui.
Et voilà, je vous spoile déjà un peu : ce livre parle de ce qui fait qu'on a peur la nuit, quand on est une femme, et ce qui fait qu'au quotidien, on a des raisons de craindre de montrer nos faiblesses.
Par l'histoire de Lelia, on retrouve une réalité glaçante que l'on vit toutes mais que nous ne sommes pas toutes en mesure d'y mettre des mots. Là, c'est Eric Pessan qui nous en donne un aperçu, avec sa plume subtile et son personnage poignant.

Si vous deviez devenir un jour féministe ou non, si vous deviez devenir responsable d'un petit être humain sachant qu'il relèvera aussi de votre devoir de lui inculquer le respect, alors lire et partager sur ce roman, ce serait un bon moyen de faire un pas pour changer les choses. Porter de l'attention et de l'intérêt pour ce qui fait la condition des femmes est toujours une chance, un droit, un DEVOIR. Ce livre est particulièrement bien fait car il dénonce mais ne craint pas de le faire.
L'impression de partager exactement le même sentiment de peur que l'héroïne quand je marche seule dans la nuit, ce sentiment qui ne devrait pas exister puisque les hommes eux n'ont pas cette même révélation qui pointe à tout bout de champ : toute situation où la vulnérabilité peut apparaître est une situation dangereuse et à éviter. Chaque page est touchante et révèle un petit bout de femme qu'est Lalie, autant de souvenirs et de sensations qu'elle partage et qui pourtant ne semble pas la libérer du poids qu'elle porte cette nuit-là.
Pour conclure
Ce n'est pas que dans notre tête, et je déteste entendre ça quand une femme se confie sur sa peur et sur ses sentiments à propos d'être femme et de ne pas pouvoir porter de jupes courtes sans se faire insulter de "salope" ou "putain".

Ce livre est à lire. Il est poignant, révoltant, plein de peines mais aussi plein d'espoir.
Il emprunte les mots justes pour exprimer ces maux de la société que les femmes affrontent. Ces insultes, ces traitements de "faveur" (mais à la faveur de qui au juste ?), ces agressions. La violence des hommes. Je vous le recommande, à tous.
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