Chaque livre a une histoire. Il y a celui que l'on choisit après avoir longtemps hésité, d'autres nous rencontrent par hasard. «
Intérieur nuit» est venu à moi. Une amie l'a fourré entre mes pates avec un «Mais ouiiii !!! Je suis sure qu'il va te plaire… mais heu je sais plus… t'aimes les thrillers toi non ?». Je venais de terminer «La vérité sur l'affaire Harry Quebert», je n'avais pas forcément envie de lire un polar (je ne vais pas recommencer sur Harry Quebert, je l'ai déjà assez critiqué comme ça). Bon, j'ai regardé l'escalier en colimaçon de la couverture et j'ai pensé au film «Vertigo» d'
Alfred Hitchcock. C'était un bon présage. Alors je l'ai fourré dans mon (grand) sac (c'est un pavé quand même). Je l'ai commencé une heure plus tard au bord d'un terrain de foot, sans même en savoir ni le sujet, ni l'auteur. Alors que je venais de tourner la première page, et que je lisais «Mon histoire avec Cordova commença pour la deuxième fois par une soirée pluvieuse d'octobre, à l'époque où, comme beaucoup d'autres, je courais en rond et me dépêchais d'aller nulle part.» j'ai senti que c'était parti. J'ai su que la mienne venait aussi de commencer, un après-midi pluvieux, assise par terre (juste avant que mon fils cadet se mette à courir frénétiquement derrière un ballon jaune). J'étais entrée dans l'addiction «
Intérieur nuit». En y réfléchissant, je me suis trouvée dans le même état, il y a quinze ans, lisant «La sirène rouge» puis «Les racines du mal» de Maurice Dantec. Quelque part, il y a comme une analogie entre ces thrillers noirs, qui fouillent le coté sombre de l'âme humaine (c'est là qu'une personne sensée se demanderait si il lui faut une thérapie, ce qui n'est pas mon cas, Dieu merci).
J'aimais les insertions de documents, les références au web caché, le style, j'aimais Scott McGrath, les pianos à queue, les jupes patineuses de Nora. Au fil des pages tournées, j'espérai que le tout tienne la distance. J'ai vu arriver la page 341 et j'étais toujours scotchée à Ashley Cordova. Je trimballais le livre avec moi au cas où, comme un grigri, allons savoir… si j'avais cinq minutes….
Cent pages plus tard, je me suis endormie sur le canapé à la fin d'un chapitre et je me suis réveillée en plein cauchemar (je crois avoir hurlé un immense NON silencieux) comme oppressée, glacée et au bord de l'étouffement. J'ai ouvert les yeux et j'ai eu l'impression que le livre me regardait (c'est là qu'une personne sensée se demanderait si il lui faut une thérapie, ce qui n'est pas mon cas, Dieu merci).
Marisha, jeune femme au visage d'ange, conteuse hors pair, amatrice de l'italique en veux-tu en voilà, vous m'avez piégée, avec talent, avec brio. Marisha au nom imprononçable, je tiens à vous dire que vous avez pondu un sacré bon polar, juste au cas où vous en doutiez.
Et je suis toujours étonnée de voir comment la magie noire et le surnaturel sont souvent présents dans la littérature et le cinéma américain. Je le mets sur le compte de l'omniprésence de la religion dans la société (le fameux god bless america) mais aussi du vaudou, du chamanisme amérindien. Je me dis que peut être nous, les européens, avons brulé tout ça il y a bien longtemps, et sommes conscients que nous avons déjà vendu notre âme au diable (habillé en Prada ou Chanel).
Attention : A consommer avec modération, risque d'addiction et d'état de manque. Veuillez m'excuser, je vous laisse, je dois filer acheter «
La physique des catastrophes»… tout de suite..
(...alors moi qui avait mis plein de mots en Italique pour faire genre c'est raté sur Babelio..)