AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un singulier regard (47)

Et je me demande à quoi cela servira d’avoir écrit toutes ces lignes, ou n’importe quelles autres lignes – toutes les lignes si bien alignées qu’on a écrites de par le monde… L’univers est une grille entrouverte sur une porte fermée. Nous créons des mythes sur ce seuil et des théories sur les serrures – mais sans clefs, en serruriers imaginaires qui n’entrent jamais.
Commenter  J’apprécie          00
Je ne sais qui je suis, ni quelle âme est la mienne.
Quand je parle avec sincérité, je ne sais quelle est cette sincérité. Je suis diversement différent d’un moi dont je ne sais s’il existe.
[..] Je me sens multiple.
Je suis comme une pièce garnie de miroirs innombrables et fantastiques, déformant en reflets factices une réalité centrale unique, qui ne se trouve en aucun d’eux et se retrouve en tous.
[..] Agir, c’est intervenir. Un bras tendu prend de la place et devient, par là même, une sculpture métaphysique. Je n’ai jamais pu m’empêcher de donner à ce fait insignifiant une importance ailée, survolant le quotidien.
Je n’ai jamais vu en moi autre chose qu’un long cortège d’inconsciences défilant vers l’Automne de mes intentions. Les longues heures que j’ai passées, penché sur le flux de mon être, ont fait naître des fleuves à la surface de l’existence.
[..] Être, pour moi, a toujours signifié oser ; et vouloir a signifié se risquer. L’inertie m’a paru le comble de la sainteté, et le non-vouloir l’équivalent des bonnes mœurs. Je me suis ainsi construit une morale bourgeoise de la pensée, une recherche constante de la commodité et de la décence, en entretenant soigneusement le mystère. La conscience excessive, que j’ai toujours eue, de mes moments [intérieurs] m’a toujours blessé comme quelque chose de mystérieux et de divin. Je ne me suis jamais compris, surtout quand je me suis surpris à vivre les contenus inconscients de mes instincts, et le choc, somme toute banal, de mes réflexes nerveux.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis triste, et ne sais
Ce qui me désole…
Lire… me perdre… trouver
Au fond de moi […]
Seule la science console.
Seule la science absout et console. La destinée sentimentale d’un érudit passant sa vie à lire et relire, dans le silence de son cabinet, m’a toujours paru ce qui pouvait le mieux convenir à des nerfs malades tels que les miens. L’éloignement de tout, et l’abdication solennelle – tel un roi abdiquant son trône – de tout ce qui est la vie !
Le calme ! qui nous donnera le calme ? Qui endormira l’insomnie de nos désirs, qui réchauffera le froid de nos ambitions inutiles ?
Commenter  J’apprécie          00
Autrefois, je savais lire. Aujourd’hui, quand je lis, je m’égare.
La métaphysique – cette boîte pour contenir l’Infini – me fait toujours penser à cette définition que m’a donnée un jour un petit garçon : « Sais-tu ce que c’est qu’une boîte ? lui ai-je demandé, je ne sais plus pourquoi. – Bien sûr, me répondit-il, c’est une chose qui contient d’autres choses. »
Commenter  J’apprécie          20
Ce fut le plus grand rêveur de tous les rêveurs. Son incapacité à tenir compte de la réalité était totale. Son attitude envers les choses était toujours gauche et fausse, oscillant sans cesse d’un extrême à l’autre, en pensée ou en action. Cela s’applique aussi bien et aussi profondément à ses opinions fondamentales – si toutefois l’on peut parler d’opinions fondamentales chez quelqu’un qui n’en possédait aucune – qu’à ses actions les plus banales.

[..] Dans sa vie – sa vie irréelle, comme il le disait parfois –, il apparaissait tantôt d’une timidité puérile et maladive, tantôt d’une audace impétueuse et maladroite. Le pire était qu’il manquait de constance jusque dans la ligne d’action qu’il s’était choisie : tantôt il était pris d’un accès incongru de timidité, au beau milieu d’une action complètement folle et irréfléchie, tantôt il émergeait brusquement de cette timidité de la façon la plus étrange et la plus extravagante.
Commenter  J’apprécie          10
Je suis perpétuellement consumé par un profond, un inextinguible amour de l’humanité, un profond désir de faire le bien, de défendre les faibles, de réaliser des choses prodigieuses.
Bien souvent, je sens ma volonté si faible, mes projets si incertains, que je me dis : je vais abandonner toutes mes idées d’altruisme. Peut-être ne profiterai-je pas de la vie, mais au moins je ne me soucierai plus de rien, j’abandonnerai tout.
Mais je ne peux pas, heureusement, je ne peux pas.
Il y a plus de bon en moi que de mauvais.
Est-ce bien ce que je pense ? Quels seront mes actes à l’avenir ? Quelle horreur, quelle horreur que ce doute.
Je sais que je ne prostituerai jamais, par la luxure ou le vice, ce que je peux avoir de talent. Je sais que je ne défendrai jamais des choses fausses. Pourtant, mes actes seront-ils bons et purs – les actes de ma vie privée, si proches de moi ? Que me réserve l’avenir – cet avenir où la perte, où le gain, ce sera moi-même ?
Commenter  J’apprécie          00
Je ne compte pas jouir de la vie ; je n’y pense même pas. Je veux seulement en faire quelque chose de grand, même si pour cela mon corps et [mon âme ?] doivent être le bois alimentant ce brasier.
Je veux en tirer le bien de toute l’humanité, même si cela doit me faire perdre ma propre vie.
C’est de plus en plus ma conviction. Et je place de plus en plus dans l’essence animique de mon sang le dessein, tout impersonnel, de grandir ma patrie et de contribuer à l’évolution de l’humanité.
C’est la forme que prend en moi le mysticisme […] de notre Race.
Commenter  J’apprécie          20
Dans le vertige physique, on sent tournoyer le monde extérieur autour de soi ; dans le vertige moral, c’est le monde intérieur qu’on sent tournoyer. Il m’a semblé perdre, pour quelques instants, le sens des relations véritables entre les choses, perdre la compréhension, tomber dans un abîme de somnolence mentale. C’est une sensation effrayante, qui vous frappe d’une peur démesurée. Ces sensations me deviennent familières, et semblent frayer la voie à un nouvel état mental, qui sera, évidemment, la folie.
Commenter  J’apprécie          00
Mon sens intérieur domine à tel point mes cinq sens que je vois les choses de cette vie – j’en suis convaincu – différemment des autres. Il existe – ou il existait – pour moi une signification d’une grande richesse dans une chose aussi ridicule que la clef d’une porte, un clou dans le mur, les moustaches d’un chat. Je trouve une sorte de plénitude spirituelle dans une simple poule et ses poussins traversant crânement la route. Je trouve une signification plus profonde que les peurs humaines dans l’arôme du santal, dans les boîtes de conserve jetées sur un tas d’ordures, dans une boîte d’allumettes tombée dans le caniveau, dans deux bouts de papier crasseux qui, par un jour de grand vent, tournoient et se poursuivent en dévalant la rue.
Commenter  J’apprécie          00
J’ai été un poète inspiré par la philosophie, et non pas un philosophe doté de facultés poétiques. J’admirais passionnément la beauté des choses, j’apercevais, dans l’imperceptible et le détail minuscule, l’âme poétique de l’univers.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (110) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philo pour tous

    Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

    Les Mystères de la patience
    Le Monde de Sophie
    Maya
    Vita brevis

    10 questions
    441 lecteurs ont répondu
    Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}