Les Lames du Cardinal - Intégrale

Les Lames se rassirent, partagés entre la joie d'avoir connu Breteville, la fierté de l'avoir aimé et la tristesse de l'avoir perdu.

On n'exige pas ce qui est dû.

Craint parce qu'il était influent et d'autant plus influent qu'il était craint, le cardinal de Richelieu pouvait ruiner un destin d'un trait de plume ou hâter tout aussi aisément une carrière vers les sommets.

Tu es un chef. Ton rôle est de t'inquiéter de ce dont les autres se moquent, de penser à ce que les autres oublient, de voir ce que les autres ignorent

Ballardieu, tu n'es pas un homme compliqué, grommelait-il dans la cohue. Tu n'es pas un homme compliqué pour la raison que tu n'as beaucoup d'esprit et que tu le sais. Tu as de la loyauté et du courage, mais guère d'esprit, c'est ainsi. Aussi, tu fais ce que l'on te dit de faire et le plus souvent sans rechigner. Ou même sans rechigner trop fort, ce qui est pareil. Tu es un soldat et même un bon soldat. Tu obéis. Mais je sais que tu apprécierais grandement que l'on te fasse I'honneur de t'expliquer, parfois, de loin en loin, pour le seul plaisir de rompre avec les habitudes, les ordres que l'on te donne...

- Tu voulais que je t'accorde un mot ? C'est entendu. Vas-y, je l'écoute.
- Gabrielle, commença le Gascon sur un ton conciliant...
- Voilà. Un mot. Tu l'as dit. Maintenant, adieu.

Son visage aux traits marqués trahissait la volonté des hommes d'honneur et de devoir, et que rien ou presque n'émeut parce qu'ils savent tous les maux du monde.

Étrangement fasciné, le Gascon déglutit.
Il n'avait jamais vu de drac semblable, mais ce n'était pas sa taille qui rendait celui-ci extraordinaire. Ce n'étaient pas non plus ses crocs jaunes et pointus, humides de salive épaisse. Ni les griffes acérées de ses mains puissantes. Ni même la lueur bestiale dans ses yeux reptiliens.
Ce drac là avait deux têtes.
Voilà au moins qui expliquait l'ampleur des ronflements, ne put s'empêcher de songer Marciac.
- Euh...Amis? hasarda-t-il.
Le monstre émit un grognement sourd.

- Soyez sûr que l'Italienne ment.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle ment toujours. Et lorsqu'elle ne ment pas, c'est qu'elle dissimule. Et lorsqu'elle ne ment ni ne dissimule, c'est qu'elle trompe.

Parfois, se jeter dans la gueule du loup est le meilleur moyen de trouver son antre.