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Je découvre Diane Peylin avec ce roman, et cela grâce à la proposition des Éditions Pocket. Je les remercie beaucoup car c'est à travers une bien jolie plume que j'ai pu m'immerger au sein d'une famille dans laquelle on ne dévoile pas ses sentiments, ni par les gestes ni par la parole. C'est avec délicatesse que l'auteure nous conte l'histoire de ces hommes qui n'ont pas appris à aimer autant qu'ils l'auraient voulu.

« Cette enclume sur ses trapèzes est une résultante, elle existe parce qu'il y a toutes ces particules, parce qu'il y a toutes ces années, parce que sa mère est morte quand il avait onze ans, parce que son père n'a jamais su l'aimer, parce que son grand-père était un bonimenteur, parce que chez les Orozco, câliner c'est aussi écraser. »

Nous faisons connaissance tour à tour avec Salvi, Valente et Rafa Orozco, respectivement petit-fils, fils et père. Trois hommes à différents stades d'une vie : 30 ans pour Salvi, 47 ans pour Valente et 77 ans pour Rafa. Nés sur une île, ils n'échappent pas à l'image bourrue que l'on se fait parfois des insulaires. Des hommes rudes, sans sentiment ni sensibilité apparents. Toutefois, avec la nouvelle génération incarnée en la personne de Salvi, nous sentons bien que des changements majeurs s'opèrent, aussi bien dans la façon de penser que dans les décisions, et notamment celle de ne pas devenir pêcheur et surtout, de quitter l'île.

« Chez nous on sait pas dire bonjour, comment ça va, merci, je t'aime, on sait pas, c'est pas dans les gènes, y a rien à faire, c'est plus fort que nous, ça fracasse tout, on croit que c'est plus simple de rien dire mais en vrai… On dit rien, c'est pas un mensonge de rien dire, juste un oubli. »

L'auteure nous dévoile certains pans de leur vie, au fil des chapitres. Certains passages étant leurs propres mots, et non en narration à la troisième personne. J'ai trouvé ce choix judicieux, il apporte une vraie consistance au récit et un rythme non négligeable.

Il y a cette description sensible des émotions, ce mélange avec les éléments, ce rapport à la mer, omniprésente.

« (…) Valente se noie depuis sa naissance, il boit la tasse, recrache l'eau de mer, a la nausée, toujours mal, toujours en souffrance. »

Ce qu'ils ne peuvent dire ni ressentir les rend malades. Ils désirent parfois se soigner mais c'est plus fort qu'eux, ils ne peuvent que « se taire jusqu'à l'étouffement. » C'est comme une prison de laquelle il est impossible de sortir. Les mots et les sentiments sont prisonniers de leurs corps et cela les fait souffrir. Ne pas dévoiler certaines vérités leur apparaît alors telle la meilleure solution. Mais ce comportement ne finira-t-il pas par les mener tout droit à leur perte ? Salvi réussira-t-il à se dépêtrer de cette malédiction familiale et vivre une existence la tête hors de l'eau ?

« Chez les Orozco les papas n'existent pas, on parle de pères, de paternels, de géniteurs, d'hommes, et on les appelle en général par leur prénom. Ce ne sont pas des papas. »

Nous sentons le regret lancinant tout autour d'eux, et c'est là le risque quand on ne s'ouvre pas. Les conséquences peuvent s'avérer bien malheureuses. Mais tout n'est pas si noir dans ce texte. Diane Peylin a su justement doser les sentiments afin que l'on navigue dans un entre-deux terres, terre d'un passé douloureux et terre d'espérance.

C'est donc un beau récit familial qui est conté délicatement par l'auteure, c'est la souffrance des mots qui se perdent, des gestes qui manquent, de l'amour inexistant en surface et qui blesse. C'est la mer qui se retire alors que l'on aimerait baigner en son sein. C'est la nausée qui s'insinue et qui fait souffrir, c'est le mal de la mer. C'est un mal de pères.
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Diane Peylin signe avec "Même les pêcheurs ont le mal de mer" son roman le plus puissant, le plus poignant aussi. L'histoire de la famille Orozco se tisse, se dévoile à travers le récit de chacun de ses personnages: Salvi le fils, Valente, le père et Rafa, le grand-père. Tout à tour, ils nous entraînent dans le sillage de leur vie, nous apportent leur voix, et reconstituent par là même le puzzle de l'histoire familiale, avec ses drames, ses non-dits... C'est un magnifique roman qui vous traverse et qui laisse son empreinte. Il y a des livres qui comptent, qui vous font dire qu'il y a eu un "avant" et "après" à leur lecture. "Même les pêcheurs ont le mal de mer" fait partie de ces perles rares!
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