Ainsi le mot peuple ne désigne pas la population française dans sa totalité, mais une entité abstraite qui réunit ceux qui adhèrent aux valeurs idéologiques. Ceux qui rejettent les principes de la Révolution, fussent-ils paysans ou artisans, ne font pas patrie du peuple ; ce sont « des ennemis du peuple » et des « aristocrates ». Le mot patrie ne désigne plus la terre des pères mais le contrat social. Servir la patrie, ce n’est pas servir la France mais servir la Révolution. Ainsi un patriote est nécessairement révolutionnaire ; un adversaire de la révolution est ipso facto un étranger, un traître en puissance.
Louis XVI ne se faisait aucune illusion sur le sort qui l'attendait. Depuis plusieurs mois déjà, il se préparait à mourir. Il avait lu à plusieurs reprises la vie du roi Charles d'Angleterre afin d'y puiser une source d'inspiration. Le jour de Noël 1792, alors que ses défenseurs travaillaient à la plaidoirie qu'ils prononceraient le lendemain, le Roi rédigea son testament.
Ce testament est un texte d’une grande élévation spirituelle. Si Louis XVI a rarement su dominer l’événement, il domine son malheur avec une dignité et un courage exceptionnels.
Plus la révolution se radicalise, moins elle est suivie ; plus son assise populaire réelle est faible, plus la contrainte doit être forte, plus le climat de terreur doit être pesant. Le paroxysme de cette radicalisation sera atteint, par étapes successives, au cours de l’hiver 1793-1794 au moment des colonnes "infernales" qui sillonnèrent la Vendée, des noyades de Nantes, des fusillades d’Angers et des canonnades de Lyon.
Cet ordre repose sur la philosophie des Lumières. Il se fonde sur une conception individualiste de l’homme, sur une conception contractualiste de la société, et sur une conception scientiste de la connaissance.
Les hommes de 1789 sont nourris de la lecture de Hobbes, de Locke et de Rousseau. Pour la pensée contractualiste, la société n'est pas une famille de familles. Aucun corps intermédiaire ne vient faire écran entre l’individu et l’État, dont la puissance se trouve ainsi considérablement renforcée.
Pour régénérer l’homme, les jacobins se servirent de plusieurs instruments : la loi, l’éducation, le calendrier, le religion civile, la guillotine et les colonnes infernales.
Légitimité et représentation.