Darwin et l'évolution expliqués à nos petits-enfants

« En effet, une espèce n'évolue pas seule, mais avec sa communauté écologique. Les angiospermes ont besoin des insectes pour la fécondation des fleurs. Une fois fécondée avec le pollen apporté par un insecte, la fleur devient un fruit. »

L'histoire de la vie est bien étonnante. Une catastrophe, la quatrième grande extinction, donne l'avantage aux dinosaures et aux oiseaux, puis arrive la cinquième grande extinction, celle de l'extinction partielle des dinosaures à la fin du Cétacé. Ce n'est pas la plus grande extinction puisque de nombreuses lignées en profitent pour se déployer, notamment les oiseaux et les mammifères.

Toute la diversité des êtres vivants qui nous entourent découle de cette grande histoire naturelle qu’est l’évolution

L’évolution, c’est à la fois une théorie scientifique qui explique ce qu’est la vie et aussi un grand récit qui reconstitue son histoire.

Les agriculteurs et les éleveurs ont créé des milliers de variétés ou de races végétales et animales à partir de quelques espèces sauvages, en faisant de la sélection et en quelques milliers d’années. Darwin transpose ce mécanisme de variation/sélection dans la nature et découvre la sélection naturelle qui opère sur de très longues durées, celles de l’histoire de la Terre.

— Mais au fond, c’est quoi la vie ?
— Disons que c’est l’apparition de molécules de très grande taille capables de se dupliquer ou, si tu préfères, de se reproduire. La vie se définit par deux fonctions, celle de reproduction et celle d’évolution. Car dès que des molécules se dupliquent, elles doivent se procurer les éléments chimiques nécessaires dans le milieu où elles baignent et, à un moment ou un autre, il y a compétition et sélection. 



Tant que les populations d'une espèce maintiennent assez de diversité, il y a probablement des individus susceptibles de résister à un changement de leur environnement. Donc c'est une sorte de course, qu'appelle la "course de la Reine rouge", d'après l'histoire de Lewis Carroll, "De l'autre côté du miroir."

- Je n'ai pas l'impression que la sélection naturelle soit un conte de fée.

- L'appellation de Reine rouge s'inspire d'une scène où, dans le pays imaginaire, Alice court, mais sans avoir l'impression d'avancer car le paysage la suit. Elle ne comprend pas pourquoi elle doit toujours courir. Elle rencontre la Reine de cœur, la Reine rouge, qui lui explique: "Ma fille, dans ce pays, il faut courir le plus vite possible pour rester à sa place." Il est ainsi de la survie des espèces: une course incessante pour se maintenir dans un environnement qui change tout le temps.

Le génie de Lamarck est d’avoir compris que les lignées se transforment dans la rencontre entre leurs capacités à s’adapter et les circonstances, c’est-à-dire, en termes plus modernes, les facteurs de l’environnement.

Pour la théorie synthétique, l’unité de variation est le gène : mutations, combinaisons et recombinaisons de gènes, remaniements chromosomiques, etc. L’unité de sélection est l’individu : s’il survit (viabilité), il peut se reproduire et transmettre une partie de ses caractères à sa descendance (succès reproducteur). L’unité d’évolution est la population : c’est le nombre relatif de tous les gènes portés par les individus et issu du succès reproductif différentiel des individus de la génération précédente. Ces changements de génération en génération donnent la microévolution.

[On a trop souvent considéré les fossiles] comme les témoins de l'évolution, comme les pièces manquantes d'un puzzle dont on pensait connaître l'image. Or la paléontologie raconte son histoire des espèces, bien qu'elle dise peu de choses sur les mécanismes de l'évolution. Beaucoup de confusions et de malentendus viennent de là. Dans la théorie de l'évolution au sens large, il faut distinguer deux deux approches complémentaires. D'un côté, il y a l'étude des mécanismes de l'évolution, (...); la sélection naturelle, la sélection sexuelle, les modes de spéciation, la dérive génétique, les sources de variabilité, l'adaptation, la Reine rouge, etc. D'un autre côté, il a l'histoire de la vie, qui s'inscrit dans le temps et dont les faits sont les fossiles et les classifications, ce qui inclut les espèces actuelles, car leurs relations de parenté sont la conséquence de l'évolution. En d'autres termes, il y a les recherches sur "comment peut se faire l'évolution" et "comment s'est faire l'évolution". Tous les mécanismes qui agissent sur l'évolution des espèces sont encore en action dans la nature actuelle, puisqu'on les observe et on peut les reproduire en laboratoire. Par contre, pour savoir ce que ces mécanismes ont provoqué au cours de l'histoire de la vie, il faut s'en remettre à la systématique et à la paléontologie, notamment pour les rythmes de l'évolution.