Je ne suis pas cynique, je suis lucide : je regarde les choses sans émotion. La seule et unique émotion qui pourrait encore me confondre, mais la vie semble vouloir m’en préserver, ce serait de me retrouver face à ma mère. Un jour pourtant je la reverrai. Un jour, avant sa mort. Cette conviction reste abstraite, mais c’en est une, comme la certitude que la Terre tourne autour du Soleil. » p 154 a - 10
C’est une erreur du sens commun de croire que le parfait tueur ne doit laisser aucun indice sur le lieu de son crime. Au contraire, le parfait tueur doit suggérer des pistes, infiltrer l’esprit des enquêteurs, leur laisser quelque chose en pâture. » p 160 a 2
Une certaine virginité se recompose en moi quand je descends les quais de la Limmat ou quand je monte en haut du Liedenhof pour contempler la rivière qui bouillonne froidement comme si elle vidait le lac. Zurich est devenu ma ville, je n’étais pas né pour l’aimer. Comme ces mariages de raison qui durent plus longtemps que les unions fondées sur la passion, je lui suis devenu fidèle. Je lui ai juré que jamais je n’y tuerai une fille, et jusqu’à aujourd’hui j’ai tenu ma promesse. » p 160 a 15
On ne sait pas toujours qui tient notre cœur, Amleto. On se rend compte tout d’un coup que la personne qui nous est la plus proche n’est pas celle qu’on croyait. Alors on voudrait réparer le passé… Parfois c’est la vie qui s’en charge, quand un enfant est le fruit de l’amour. » p 236 a - 16
C'est moi qui commande, je dois préparer mon coup à l'avance. C'est moi qui choisis ma proie, ce n'est pas elle qui me choisit. Je prends mon temps, j'emporte avec moi tout ce qu'il me fait, j'abandonne sur place les indices que j'entends y laisser, je compose la scène de crime telle qu'elle me plaît. La passion est une théâtre, mais pas un théâtre de rue.