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Citations sur Des orties et des hommes (72)

Dans les tiroirs de Nonna, il y a du bruit à l’ouverture et à la fermeture. Les souvenirs crient de voir le jour.
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Sa colère coule jusqu’au sourire qui remonte à ses yeux. La tendresse chez lui, c’est tout au fond comme dans l’obscurité de l’étable où il se tient solitaire avec sa fourche à fumier. Faut savoir le trouver.
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Pour la vente du lait, on préfère y aller à deux pour compter la monnaie. Les mémés de Cellefrouin sont gentilles même avec leurs bises piquantes. Ce soir, c’est le type qu’on n’aime pas, celui qui passe tous les dimanches sur sa mobylette pour aller voir son film cochon à Chasseneuil, la ville des magasins. Sous le béret de traviole, ses yeux sont bombés et brillants comme son bidon en aluminium. On ne le regarde jamais en face. Je verse le lait sans dire un mot. Il aime bien m’impressionner pour que je rougisse. Un jour, je mettrai de la mort aux rats dans son lait. À condition d’en trouver de l’incolore.
(La narratrice une gamine de 10 ans)
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À notre retour, la journée clapote doucement avec la polenta dans la marmite. On vit en rond mais on a déjà le cœur séparé. Demain, la maison se videra. Les parents travailleront sans nous. Nos devoirs, nos pensées seront tendus vers le lointain. Inévitable. Nous irons au-delà des frontières tendres de Cellefrouin. La rivière, le château, la charmille ne nous appartiendront plus. Nous nous en écarterons à mesure que tomberont nos dépouilles de gamins. Déjà on ne court plus sur la route qui descend au bourg, plus personne ne saute à chaque entrée d’une voiture dans la cour. On n’a plus la joie des chiens. On ne crie plus pour s’interpeller. On ne siffle plus entre nos doigts. On a laissé l’enfance sauvage pendue dans un séchoir à maïs vide, là où on se planquait pour manger des Carambar.
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Je vais chez le cordonnier avec Mila. Lui, c’est presque notre ami. On peut rester des heures dans son atelier, à suivre ses gestes, sans parler. Il a toujours accrochés aux lèvres un mégot de Gitane ou des clous minuscules qu’il tire au fur et à mesure. Il n’y a pas de place pour les mots. C’est un magicien des vieilles godasses, il leur redonne des années de vie même si ce n’est pas ce qu’on espère. On préférerait en avoir des neuves. Les odeurs de colle et de cuir lui font un mélange de mystère tout autour. Je le trouve drôle avec son vilain crâne couvert de graviers.
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On court jusqu'au grenier. Elle veut me montrer un truc de là-haut par la lucarne. "Regarde-bien, toutes les génisses dans le pré, eh bien avec le taureau, c'est parti. Parti où ? Ben il va toutes les remplir !" L'inséminateur ne vient donc pas jusque-là ? C'est parce qu'ils sont loin du village ? Elle rit, elle se moque. "Chez nous, c'est gratuit. Le gros, là, il va droit au but. Je pense aux bisons des westerns. C'est encore sauvage ici. Je lui demande s'ils reçoivent Tout l'Univers. "Non." C'est bien ce que je pensais.
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Et voilà qu’on doit se débrouiller sans véto pour le vêlage et je suis la première étonnée. Nos vaches ne savent pas faire leurs petits toutes seules ? Elles si fortes, remplies du soleil des prés qui suivent les mêmes lignes de vie en toute saison. Cette coulée verte à travers leur carcasse jusqu’au lait magique qui fait la crème de nos jours. Les mères de nos paysages, elles ont besoin de nous pour vêler ?
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Maman a préparé un gâteau. Elle roule l'amour des siens dans la farine. Le chagrin de nous avoir loin d'elle pendant des jours,elle le pétrit et l'aplatit comme elle peut.
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Ce matin,autour du hameau,l'air est transparent. Une lumière qui nous rend tous égaux dès qu'on a le pied à terre,à s'égailler dans la ferme, à demander des nouvelles d'un tel, à remarquer les motifs de la toile cirée neuve,les cartes des cousins d'Italie,à lire les journaux.Évidemment, on demande pour -le pain sur la planche-,qu'est-ce qu'on peut
faire ? Chacun retrouve une parcelle de soi où tendre la main,se rendre utile.On se croise les bras chargés, on se chambre,on râle. Ça fait combien de temps qu'on n'a pas occupé tout l'espace,ici à la ferme,tous ensemble ? Pour un peu,on s'offrirait un petit verre de foie de morue à l'apéritif.
(p304)
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Aujourd'hui,on va aux cosses où papa nous embarque pour une corvée de rêve : ensevelir la décharge. C'est là qu'on trouve des trésors de toute sorte,des restes de guerre,le pélican de Robert Desnos et surtout la honte des gens d'ici. (...)Chez nous on ne connaît pas les ordures.Tout est recyclé ou jeté au feu.Après le champ de cailloux,c'est le dépotoir la décharge sauvage,un terrain qu'aucun agriculteur ne voulait,mais papa sait que sous l'océan de crasse,il y aura encore du rêve à creuser.Partir de rien toujours, planter du futur là où personne n'y croit. (p121)
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