Jour après jour,
les murmures du feu foisonnent au cœur de ton corps.
Les bêtes, les arbres s'approchent de toi.
Tu n'es sûr de rien.
L'harmonie du monde s'exile dans les flammes.
Tu dis «couivre » avec le O de l’or.
Ça roule en bouche,
c’est heureux de dire le «couivre ».
Ça vaut cher.
Tu épluches des câbles électriques,
les tresses, en fais des fagots.
Tu les mets à part.
Tu pèses.
Avec l’argent gagné, payer les dettes.
Acheter un arpent de cailloux aux Cosses.
L’alchimie du rêve.
Changer le cuivre en terre.
On en remplit des pleins seaux de ces pierres…
On en remplit des pleins seaux de ces pierres.
Tu laboures, il en sort de nouvelles.
Un lac de cailloux.
Plus tard, dis-tu, « On construira un manège ici ».
Plus tard, tu sèmes du maïs.
ça ne donne pas beaucoup sur cette terre
qui a du mal à respirer.
Il faudra retourner aux cailloux, des jours et des jours,
déterrer parfois des fossiles consolateurs,
trophées de notre préhistoire.
Partir de tes mains, posées…
Partir de tes mains, posées
oh, pas longtemps et une à la fois seulement
sur la toile cirée. Jamais blanches.
La terre autant que la ferraille
les agite du matin au soir.
Mains à charrue écrivait Rimbaud.
Mains à moteur.
Un eczéma les renouvelle sans cesse.
Peau à renaître au savon noir.
Noir sous les ongles.
Vivre est clair.
A la Saint-Michel, payer le fermage.
Se laver, se frotter, se faire beau,
pour aller au guichet du Crédit agricole.