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Critique de GuillaumeTM


L'auteur de ce livre dresse une liste non exhaustive d'extraits d'ouvrages de grands écrivains français du XIXème siècle ayant comme point commun d'être doté d'une forte charge raciste ou antisémite. Les plus dubitatifs parleront du contexte historique favorable à ce genre de dérive, les autres prendront exemple sur ces écrivains qui n'ont jamais succombé aux sirènes de la facilité de récupérer tous les plus ignobles préjugés de leur époque.

Il épingle en flagrant délit de bêtise le philosophe Proudhon ou dans une moindre mesure Baudelaire, en rapport à son poème judicieusement intitulé « Une nuit que j'étais près d'une affreuse juive », il est dommage que l'auteur n'ait pas mentionné cet extrait de ses journaux intimes : « Belle conspiration à organiser pour l'extermination de la Race Juive. » Était-il vraiment sérieux ou était-ce encore une de ses lubies de dandysme tyrannique ?

La palme de la stupidité revient à Alexandre Dumas, dans un récit de voyage en Algérie. Son sentiment de supériorité face à la population autochtone d'Algérie s'en ressent à chaque ligne, allant même jusqu'à tenir de curieux propos sur les noirs, sachant que lui-même était métis. Mais il s'agirait peut-être ici d'un racisme de commande, étant donné que les frais de son voyage ont totalement été payés par l'État français, il n'y a qu'à voir comment il fait l'éloge, dès qu'il le peut, de la France.

Les caricatures des juifs (et aussi d'autres peuplades) étalées dans les livres de Jules Verne sont assez connus, donc pas besoin de revenir là-dessus.

Alphonse Daudet est l'un des antisémites les plus virulents référencés dans ce livre, n'hésitant pas à nommer un personnage juif, dans « Les lettres de mon moulin », Iscariote ! Idem dans Tartarin de Tarascon, n'étant point avare en clichés de toute sorte, faisant des noirs des idiots capables de manger du sparadrap ! Et dire que ses livres font partie de ceux qu'on étudie à l'école !

Les frères Goncourt sont, en ce qui concerne l'antisémitisme, de la même veine qu'Alphonse Daudet, surtout en ce qui concerne leur roman « Manette Salomon » tombé dans l'oubli au profit de leur journal qu'aimait lire le narrateur d' »A la recherche du temps perdu », un journal ponctué de quelques gouttes d'antisémitisme du genre : « Les juifs, les juifs seuls, sont capables d'actes d'une lâcheté inqualifiable et comme aucun chrétien n'est susceptible d'en commettre. ».

Victor Hugo, le grand humaniste, ancien monarchiste devenu socialiste par la force des choses, n'en sort pas franchement grandi, bien que dans son cas, le racisme soit inconscient voire latent, il est en effet peu aisé d'échapper aux idées prédominantes de son époque. Dans son discours sur l'Afrique par exemple, il prononce cette phrase ambiguë quant à sa pensée : « Devant Dieu, toutes les âmes sont blanches. » Pourquoi les âmes seraient-elles blanches et pas noires ou jaunes ? Sa position au sujet du colonialisme est elle assez claire, les puissances industrielles comme la France se doivent de coloniser les pays africains dans un devoir de civilisation des peuples arriérés soi-disant pour la fraternité et non pour d'autres raisons.

Puis vient le tour de Pierre Loti et Maupassant dont le racisme est souvent mâtiné de misogynie, et le livre s'arrête quelques instants sur des contre-exemples avec Chateaubriand, Lamartine et son « Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute », Nerval qui voyagea jusqu'en Orient et, pour finir, le flamboyant Gustave Flaubert.

Les raisons de toute cette haine ? Elles sont assez simples : pour certains il ne s'agit que de récupérer tous les préjugés honteux de son époque à des fins purement mercantiles, pour d'autres ce ne sont que des convictions durement ancré en eux. Mais la raison peut être aussi que tous ces écrivains restent en fin de compte, malgré leur intelligence et leur grande érudition, des bourgeois amoureux de l'ordre et de la sécurité.
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