Citations sur Le président des ultra-riches (26)
Les interconnexions de ce personnel technocratique sont tellement denses, entre fonction publique et management privé, que les conflits d'intérêt sont la règle plutôt que l'exception. Lorsqu'ils deviennent trop flagrants, de petits scandales éclatent dans la presse, mais l'arbre cache la forêt.
L'appartenance de classe ne se définit pas par la seule richesse économique. Outre les biens, il y a les liens. Les femmes et les hommes qui disposent aujourd'hui du pouvoir politique, bien loin de l'ancienne figure des "serviteurs de l'Etat", entretiennent des relations étroites avec une myriade d'intérêts privés dont ils sont trop souvent les obligés.
Une boutique de souvenirs propose même des produits dérivés à l'image du président. Lors de notre séjour, nous avons ainsi acheté une une boule à neige à l'effigie d'Emmanuel Macron ornée de sa formule favorite " Et en même temps...". Notez qu'à la moindre secousse, le président disparaît sous l'avalanche et, prisonnier dans sa bulle, son message devient illisible.
Dès l'annonce de sa candidature, le 16 novembre 2016, Emmanuel Macron est allé se recueillir à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. Il s'agissait de s'inscrire symboliquement dans la lignée d'une ancienne dynastie, se parer d'une aura monarchique. Un procédé parfaitement cohérent avec sa conception verticale du pouvoir.
Aux think tanks et aux clubs s'ajoutent, dans la fabrique de l'influence, les cabinets de lobbying qui pullulent autour des assemblées parlementaires. À Bruxelles par exemple, le lobby de la finance emploie quelque 1700 salariés dans divers clubs et associations, soit quatre fois plus de fonctionnaires européens chargés de la régulation financière.
La vie mondaine est est ainsi faite de variations à l'infini sur la même trame, celle des rituels dînatoires obligés et des réseaux d'interconnexion de ceux qui appartiennent à l'oligarchie. Cette structuration conviviale de la grande bourgeoisie s'étend à la sphère politique. À la faveur d'un buffet, les frais de bouche se transmuent en levée de fonds pour un candidat ami, un allié en puissance.
Dans son parcours personnel, la stratégie d'accès aux plus hautes fonctions passe prioritairement par la technologie et le réseautage feutré plutôt que par la démocratie et l'engagement dans le débat public.
Car les capitalistes n'ont qu'une seule peur, celle de la solidarité des travailleurs avec la conscience juste et fondée d'être la véritable source de production de richesses à laquelle ils ont laissé leur vie et leur santé.
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À peine trois ans avant la présidentielle, le visage d'Emmanuel Macron était inconnu du grand public. On a assisté à l'une des opérations de construction de notoriété les plus fulgurantes de l'histoire politique française. Les médias dominants ont joué un rôle essentiel dans cette Blitzkrieg de l'image. Sans leur appui, sans cette complaisance, il n'aurait pas été possible de propager de façon aussi accélérée le récit de cette pseudo-disruption qui formait l'axe stratégique de cette campagne de communication : que tout change pour que rien ne change...
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Christophe Castaner déclarait, le 7 décembre 2018, qu’ « environ 10 000 « gilets jaunes » dans toute la France, ce n’est pas le peuple, ce n’est pas la France, c’est une petite minorité ». Le prenant au mot, nous lui répondons ceci : quelques milliers d’ultra-riches en « costard sombre » ce n’est pas le peuple, ce n’est pas la France, c’est une petite minorité. On ne peut pas les laisser, ces factieux à Rolex, ces casseurs en col blanc, continuer à piller nos vies.